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La cornemuse en Irlande

 

Définition et description :

Le Uilleann Pipes est le nom donné à la cornemuse irlandaise. C'est l'une des cornemuse les plus sophistiquées de l'histoire des cornemuses, partageant sa place avec le Northumbrian Small Pipes. La cornemuse irlandaise ou uillean pipes ("uillean" = le coude) est constituée de trois bourdons, de régulateurs à douze clés (pour l’accompagnement), d’un soufflet actionné par le coude, d’un sac (coincé contre la hanche) et d’un chalumeau à deux octaves. L’instrument à percussion le plus utilisé porte le nom de bodhrán; mesurant environ 60 cm de diamètre et 12 cm de haut, son cadre est en frêne et sa peau de chèvre, parfois en daim ou lévrier, est frappée par un petit bâton de frêne ou de houx d’à peu près 20 cm de long. Formé d’une partie centrale semblable à un gros crayon à chaque bout duquel on trouve une partie ovaloïde, ce tipper est tenu entre les doigts, l’essentiel du travail étant effectué par le poignet. Les autres instruments utilisés sont le violon, toujours appelé fiddle, plusieurs types de flûte (principalement l’Irish concert flute –en bois, relativement proche du traverso baroque– et les whistles, flûtes à bec en métal ou en bois généralement à 6 trous, l’accordéon diatonique et sa petite sœur, la concertina (sorte de petit accordéon hexagonal, surtout en usage dans le comté de Clare).


L'instrument a une tessiture de deux octaves sur le Chanter (l'équivalent du levriad d'une cornemuse classique), ainsi qu'un jeu de clefs permettant de jouer les altérations. C'est également, avec le Small Pipes, la seule cornemuse capable de ne produire aucun son; les autres cornemuses jouent les notes produites par les bourdons de manière continue, et ne peuvent interrompre la mélodie. Pour ce faire, le musicien dispose d'une clef sur la souche des bourdons, permettant d'interrompre le flux d'air qui leur est envoyé, ainsi qu'un petit morceau de cuir qu'il pose sur son genou, pour y poser l'extrémité du chanter afin de boucher toutes les sorties d'air et d'interrompre le flux d'air produisant la mélodie ; cela lui permet notamment de jouer staccato.

L'entrée d'air dans le sac se fait par le biais d'un soufflet, fixé d'un côté à la taille et de l'autre côté au niveau du biceps ; le mouvement du bras active ce soufflet. Ce geste explique le nom de l'instrument, uilleann signifiant "coude" en gaélique. Un tuyau souple relie ce soufflet à la poche de la cornemuse afin de la remplir d'air.

Le Uillean Pipes dispose classiquement de trois bourdons, accordés à trois octaves différentes, ce qui est inhabituel dans la mesure où les bourdons sont généralement accordés à la quinte et l'octave sur une cornemuse plus classique. Il y a également quelques rares instruments dotés de quatre bourdons.(mais le facteur Alain Froment a équipé certains de ses sets d'un bourdon à la quinte, et cette configuration n'est plus si rare)

A côté des bourdons, on trouve un jeu de régulateurs, qui sont utilisés pour jouer des notes pour accompagner la mélodie, actionnés par le poignet du musicien ; le nombre de régulateurs varie de zéro à cinq. Il faut noter dans la musique traditionnelle la similitude de jeu entre le fiddle et le uilleann pipes, particulièrement flagrante entre le jeu de Kevin Burke et Paddy Keenan au sein du groupe The Bothy Band ; le piper joue sur ses régulateurs les mêmes notes que le fiddler sur ses cordes ; produisant les mêmes accords ; le fiddle et le pipes jouant à l'unisson.

On trouve beaucoup d'instrumentistes ne disposant ni de bourdons, ni de régulateurs, sur des instruments (set) appelés généralement à tort practice set (littér. "instrument d'étude"). En fait, nombre de pipers utilisent ces instruments toute leur vie. On trouve également sous les nom de half set ("demi-instrument") des cornemuses équipées uniquement des bourdons, sans régulateurs. Enfin, on trouve des trois-quarts de set, où le régulateur basse, dissocié des autres, est omis.

Ces instruments incomplets le sont généralement pour des raisons de coût et de complexité d'entretien. Le réglage des bourdons, régulateurs et du chanter sont très difficiles à faire, et il faut compter environ 1500 euros pour un practice set, le double pour un half set, le triple pour un full set.

Cet instrument si caractéristique doit sa forme et son utilisation à une réglementation très stricte en matière de musique imposée pendant de nombreux siècles aux Irlandais par les Anglais. Ne souhaitant plus voir de joueurs de cornemuse sur leurs terres, ils avaient interdit de souffler dans un instrument, et tout simplement même de jouer debout ( source : Na Piobairi Uilleann).

Certains chanters de uilleann pipes peuvent porter jusqu'à 7 voire 8 clefs donnant accès à des notes intermédiaires, et sont généralement accordés en ré ("D concert set") ou en do, do#, si, ou plus rarement, sib ou même la, qu'on appelle des "flat set". Les chanters peuvent être équipés d'une stop key, un clef qui interrompt le flux d'air et permet donc d'accorder les bourdons et régulateurs sans que le chanter n'émette de son.

Le uilleann pipes le plus complexe connu à ce jour est équipé de 5 bourdons et de 5 régulateurs au lieu des 3 habituels.

Elle a plus de ressemblances avec la musette de cour qu'avec la grande cornemuse des highlands:

En plus d'une poche et d'un chalumeau qu'elle partage avec toutes les cornemuses, elle comporte:

  • un soufflet , actionné par le coude (d'où le nom de l'instrument: uilleann est le génitif de uille qui signifie coude), qui permet de gonfler la poche avec de l'air sec.
  • des bourdons, en général au nombre de 3 qui sonnent respectivement à l'unisson (ténor), une octave au dessous (baryton), et deux octaves au dessous (basse) de la note la plus basse du chalumeau; mon instrument a également un 4ème bourdon qui sonne au choix la quinte ou la quarte entre le ténor et le baryton.
  • des régulateurs, en général au nombre de 3 qui sont des sortes de chalumeaux supplémentaires, pourvus de clés actionnées par le poignet, et qui permettent d'ajouter un accompagnement rythmique, ou harmonique, ou une ligne de basse.

Le chalumeau de la cornemuse irlandaise a la particularité rare de pouvoir jouer sur une étendue d'environ 2 octaves (de 11 notes pour les plus mauvais instruments à 16 pour un bon instrument ,bien anché, pendant une météo favorable).

Composants

Histoire

Autrefois la cornemuse irlandaise et la cornemuse écossaise étaient un seul et même instrument, qui ressemblait à la cornemuse écossaise  actuelle (piob mor) avec un seul puis deux bourdons. A l'époque de Cromwell (?) la cornemuse fut interdite pour différentes raisons dont le répertoire trop nationaliste et l'utilisation traditionnelle d'accompagnement des "terroristes" (comme on appelle les résistants sous tous les régimes totalitaires ou impérialistes).

Pour la remplacer les irlandais conçurent un nouvel instrument sur la base de la cornemuse pastorale (pastoral pipes), qui ressemblait à l'actuelle cornemuse du Northumberland. Les régulateurs furent introduits au tout début du XIXème siècle, et ce n'est qu'au XXème siècle que l'instrument se standardisa quelque peu.

Le pastoral pipes fut lui-même inventé par les facteurs des border lands, depuis la musette de cour française importée en Ecosse après 1680.

Tant que la cornemuse irlandaise resta un instrument limité à l'Irlande, son volume sonore resta faible, sa tonalité plutôt grave (entre si bémol et do dièse), et sans lien avec le diapason (l'instrument de Jimmy OBrien-Moran est accordé à peu près exactement à mi chemin entre si et si bémol). Avec la grande vague d'émigration aux Etats-Unis, un nouveau besoin se fit sentir de sonoriser des salles de concert ou de danse. Différentes solutions furent testées dont des chalumeaux à perce multiple, et surtout l'utilisation d'une perce plus large associée à une tonalité plus aigüe (ré) correspondant à celle des autres instruments qui entraient alors dans la pratique des musiciens traditionnels.

Aujourd'hui c'est cet instrument accordé en ré, dit "concert pitch", plus précisément un instrument fabriqué sur le modèle des instruments réalisés par Léo Rowsome, qui constitue la grosse majorité des cornemuses irlandaises qu'on peut rencontrer, même si les puristes préfèrent les "flat sets" au son plus doux, plus faciles à jouer, à fabriquer et à ancher.

Cet instrument est visible lors de sessions irlandaises dans les pub, bar, etc, ou, lors de festivals, fêtes de la musique à caractère celtique

Pour en savoir plus aller sur le site http://lanredec.free.fr/UP/index.html (site avec une méthode pour apprendre les bases)

Quelques grands joueurs de cornemuse irlandaise :

Liam O' Flynn, Paddy Keenan, Jerry O'Sullivan, John MacSherry, Davy Spillane...

Méthode pour apprendre :

http://www.alain-pennec.com/edition/methode_uilleann_pipe.html

Quelques sites à visiter d'urgence :

http://www.raysloan.com/

Cornemuse irlandaise de Lanredec.free.fr

http://www.uilleann.com/

Na Pioairi Uilleann (association des joueurs de Uilleann Pipes)

site de l'Association Gan Ainm qui regroupe les uilleann-pipers de Bretagne

Site du facteur d'instruments Andreas Rogge (en anglais)

Site du facteur d'instruments Brian Howard

Site officiel de Davy Spillane

Page consacrée à Liam O'Flynn]

Site officiel de Paddy Keenan

David Daye met en ligne des quantités invraisemblables d'informations sur la cornemuse irlandaise et la grande cornemuse des highlands. (attention, plusieurs liens sont en absolu vers www-bprc.mps.ohio-state.edu au lieu de polarmet.mps.ohio-state.edu)

http://www.uilleannobsession.com/ : carnet d'adresses de personnes et de sites en rapport avec l'instrument de Pat D'Arcy

Thomas Johnson possédant une discographie monumentale du Uilleann pipe.

http://www.raysloan.com/Uilleann.html : Facteur de cornemuse

Charles Roberts  : Facteur de cornemuse

Source d'infos et de recherches : http://wikipedia.org/ et http://lanredec.free.fr/UP/index.html

Photos des instruments créés par Ray Sloan

http://www.raysloan.com/

Extrait de Irish Uilleann Pipes "D"