Un pressentiment

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Paris dans les années 30 : Brassaï, « La colonne Morris ».

Les pressentiments régissent mon univers, me fascinent, me passionnent. Et ce, depuis l’enfance. C’est bien pour cela que j’aime tant le cinéma de Kieslowski (voir article ici) qui mieux que quiconque, réalise des films où l’intuition a toute sa place. Aussi mon amie Madame de… m’a-t-elle mis entre les mains un roman d’Emmanuel Bove, Le pressentiment.

On dit d’Emmanuel Bove qu’il est un auteur oublié, et pourtant, je n’ai jamais autant entendu parler de lui qu’en ce moment. A Paris justement, aux « Trois baudets », se donne actuellement une pièce de théâtre musical inspiré du roman Mes amis d’Emmanuel Bove : Victor Bâton. Bove, donc, a écrit Le pressentiment. Drôle de titre, peu en lien avec l’histoire qui s’y déroule. Écrit dans les années 30, ce très court roman relate le choix d’un riche avocat de se retirer de son milieu, de sa famille, de sa profession, pour vivre seul dans un misérable immeuble du 14e arrondissement de Paris. C’est là qu’il se rendra compte, bien malgré lui, qu’on ne se défait jamais de sa condition sociale.

C’est une belle histoire, écrite simplement, et qui sonde le cœur d’un homme qui voudrait n’être qu’homme – et non déterminé par sa naissance ni par sa richesse. En cela plutôt révolutionnaire, Emmanuel Bove fait un triste portrait de plusieurs couches sociales, avec une noirceur étrangement philanthrope.

Pourquoi, alors, ce titre de Pressentiment? Seulement pour cette phrase, à la fin du roman : « Maintenant je comprends beaucoup de choses. Charles devait avoir le pressentiment de sa mort ». Une phrase dite à l’enterrement du héros, par un de ses anciens amis, qui n’a jamais pu comprendre qu’on puisse volontairement vouloir se débarrasser de ses oripeaux sociaux et culturels.

Le livre fut adapté par Jean-Pierre Darroussin au cinéma, en 2006.

pressentiment

Emmanuel Bove, Le pressentiment, éditions Points, 8,50 euros.

13 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

13 réponses à “Un pressentiment

  1. le pressentiment de sa mort ? sourire

    alléché

  2. mira

    suis chaque fois enchantée par ton blog
    très souvent nous avons lu, vu ou aimé les mêmes auteurs.
    Puis-je vous connaître un jour ?

    soleil pour ton coeur, mira

  3. « Un agent, qui a été socialisé dans un certain monde social, en conserve, dans une large mesure, les dispositions, même si elles sont devenues inadaptées… » (Pierre Bourdieu)

  4. Absolument rien à voir mais… comme tu ne sais pas quoi faire de toi en ce moment, je t’ai taggée ;-)

  5. Emmanuel Bove revient en effet en force ces derniers temps. Pour ce qui est du Pressentiment, je n’ai pas lu le roman, mais j’ai à lépoque vu le film de Daroussin, qui est plutôt bien fichu. A voir si tu en as l’occasion !

  6. CM

    passe dans le coin à l’invite de Maud…loin d’être si imparfaite d’ailleurs…aaah Manu Bobovnikoff, son « sens touchant du détail! » comme disait Beckett…ses lecteurs ne sont pas légion…c’est peut-être mieux comme ça.. avec ce sentiment de se le garder pour soi, jalousement..viens d’achever Bécon-les-Bruyères réédité cette année aux Editions Cent Pages d’Olivier Gadet…Si tu aimes Bove, tâche d’aller fouiner chez mon ami Bitton, c’est ici : http://www.emmanuel-bove.net/ …le work in progress de sa bio publiée en 1994…pour le reste, je repasserai, sois-en sûre! CM

    • Merci pour toutes ces infos… je ne suis pas une fam immense de Bove, même si j’ai été touchée par le livre, mais je recommanderai ces infos à une de mes amies qui m’a fait découvrir cet auteur et qui en est très admirative.

      Merci d’être passée – je suis passée chez toi aussi du coup!

      • CM

        « je suis passée chez toi du coup! »..avé l’exclamation…pour établir une vraie correspondance, j’attends toujours de vous..de te lire sur pièce, sur toile…CM

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