Le chemin de l’artiste

Le voyageur au-dessus de la mer de nuages (Caspar David Friedrich, 1817).

Voilà un livre dont je vais vous parler alors que je n’en suis qu’au premier chapitre. Il s’agit en effet d’un livre de cours, d’un programme en 12 semaines pour « découvrir et retrouver votre moi créatif ». The artist’s way (la voie de l’artiste) de Julia Cameron est un guide de la créativité pour artistes bloqués et frustrés. En français, il s’appelle Libérez votre créativité et vous pouvez le trouver aux éditions J’ai Lu.

Pendant la Berlinale, j’étais en train d’écrire un texte qui me posait de sérieux problèmes de développement. Ma confiance en moi et mon quelconque talent étaient au plus bas. Debby, une jeune réalisatrice anglaise dont je venais de faire la connaissance, me suggéra fortement ce livre, qui l’avait d’après elle tiré plus d’une fois d’un mauvais pas.

Le programme de Julia Cameron s’adresse non seulement à tous les artistes (peintres, écrivains, danseurs, musiciens, potiers, etc.) mais aussi à celui qui sommeille en chacun de nous (banquier, comptable, secrétaire dans un cabinet immobilier, dame-pipi, prof, infirmier, président des États-Unis). Si vous avez jamais rêvé de faire de la peinture sur soie ou de réaliser le meilleur film de tous les temps, alors vous pouvez tenter, vous aussi, l’expérience de Julia Cameron. Cela vous demandera, maximum, une à deux heures par jour.

Julia Cameron

Julia Cameron était scénariste à Hollywood dans les années 70 et buvait comme un trou pour stimuler sa créativité. Âgée de trente ans, elle décide de décrocher de l’alcool et s’enfuit à Taos, au Nouveau-Mexique, pour méditer devant les montagnes. Afin de ne pas se jeter sur la bouteille de scotch dès le réveil, elle écrit n’importe quoi, au hasard, jusqu’à ce que l’envie se calme. Une méthode est née.

Tous les matins, après avoir fait pipi et bu votre verre d’eau, il vous faudra écrire trois pages à la main, trois pages spontanées, folles, désarticulées s’il le faut : trois pages qui doivent sortir de votre inconscient. Ce sont les morning pages. Il ne faut pas les censurer. Vous ne les relirez jamais. Sans même que vous le vouliez, dans ces pages se glisse subrepticement tout ce qui gêne votre créativité : manque de confiance en soi, râleries en tout genre, mal-être, hargne envers le bus qu’on a raté hier et le mauvais film qu’on a dû se taper après au cinéma… C’est bien. Ces petites choses sont maintenant sur papier et ne devraient plus trop vous polluer.

Toutes les semaines, il vous faudra rencontrer votre propre moi créatif pendant ce que Cameron appelle « The artist’s date » (le rendez-vous de l’artiste). C’est un espace de deux heures minimum pendant lequel vous partez en excursion faire quelque chose de vraiment marrant, régressif ou poétique. Encore une fois, sans aucune censure.

Mon artist’s date de la semaine : je suis allée dans une papeterie et j’ai feuilleté tous les magazines féminins, en me moquant des conneries écrites dedans. J’ai acheté un Kinder Bueno et je l’ai mangé en regardant les anorexiques en jean slim sur papier glacé. C’était très fun – et très libérateur.

Tout au long de la semaine, vous ferez quelques petits exercices recommandés par le livre, afin de développer votre créativité et de mettre un peu de côté votre sens de la logique et de l’ordre des choses. Exemple : choisissez cinq « vies » que vous auriez aimé avoir, sans réfléchir. Notez-les. Choisissez-en une. Dans la semaine, vous allez faire une activité liée à cette vie non-vécue, à ce vieux fantasme jamais assouvi.

Puisque je suis votre cobaye, voilà mes cinq vies non-vécues : danseuse étoile, chanteuse de jazz, responsable d’ONG en Amérique Latine, horticultrice et… mannequin (au début, j’avais écrit « styliste » et je me suis aperçue que c’était un hideux mensonge destiné à cacher mon narcissisme). J’ai donc choisi d’aller reprendre des cours de danse classique. Cela me fit l’effet d’une bombe, car j’y suis retournée deux fois dans la semaine ; lentement, j’ai même commencé à mûrir un texte sur l’histoire d’une jeune fille de province qui voudrait devenir danseuse étoile, mais en réalité son père qui…et… mon imagination s’emballait déjà.

Bien.

Je n’en suis qu’à la première semaine, mais les résultats ne sont pas mal du tout.

1. J’ai travaillé mon roman tous les jours (oui, j’écris un roman), sans relâche, et sans me demander si c’était bien, ou si je ferais mieux de tout arrêter et de devenir vraiment horticultrice.

2. J’ai les fesses plus fermes grâce à la danse classique, en dépit du Kinder Bueno englouti pendant l’artist’s date.

3. Une ombre au tableau : j’ai trop d’idées. Le programme a déjà provoqué un déluge d’envies artistiques. J’ai du mal à m’y retrouver, mais ça devrait venir en semaine 2.

Tiens, j’aimerais vous demander quelles seraient vos cinq vies non vécues à vous?

45 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

45 réponses à “Le chemin de l’artiste

  1. Je vais jouer l’avocat du diable (mon rôle préféré ces temps-ci, peut-être que dans une autre vie … ;) ) : tu fais quoi si tu es du genre crevée au réveil incapable de tenir un crayon et encore moins d’écrire, même n’importe quoi ? Tu fais quoi si tes blocages sont tellement forts qu’ils interviennent même parfois pendant tes rêves ? Tu fais quoi si tu es déjà en surabondance d’idées paralysante à l’état normal et sans le moindre effort ? Et pourquoi toujours opposer créativité et logique ? Ne serait-il pas plus intéressant d’essayer d’allier originalité et logique, d’arriver à donner un semblant de logique au truc le plus saugrenu ?
    Et comment ne pas réfléchir quand on te dit de ne pas réfléchir (c’est comme à la messe avec les mauvaises pensées) ?

    • Devant cette avalanche de questions, j’ai du mal à répondre, euh…

      Bon. Ce livre est destiné aux artistes bloqués, donc, si tu ne peux pas tenir un crayon, je te dirigerai plutôt d’abord vers un osthéo, et ensuite je te dirai que tu peux les faire, tes trois pages : quoi qu’il arrive (ça m’arrive de les faire dans le bus). C’est une simple question de discipline. C’est comme se laver les dents.

      Évidemment que tes blocages interviennent dans tes rêves. Le blocage est un produit de l’inconscient, donc son antidote aussi. A vrai dire, le jour où j’ai commencé le programme, j’ai justement eu un rêve de « déblocage ». Voilà pourquoi la « logique » ou plutôt l’aspect matérialiste, « produktorientiert » comme on dit ici, de la création, doit être absolument un peu oublié. Le temps de guérir.

      Les trucs saugrenus, on leur donnera de la logique – quand on sera capable d’avoir des idées saugrenues D’ABORD. Voilà le postulat du bouquin. Sur moi, ça fait un effet bœuf car ce qui me paralyse le plus, c’est l’obsession du « produit fini » qui nous fait vite oublier qu’une œuvre n’est PAS un produit mais un lent processus.
      Et puis c’est pas compliqué de ne pas réfléchir trop, de prendre un crayon et d’écrire le plus vite possible tes cinq vies non-vécues.

      Mais là encore, souvent, on y rechigne quand on est vraiment bloqué. Genre c’est impossible, c’est quoi ce trip new-age. Eh bien, franchement, je suis assez soufflée par ce que je vis en ce moment, moi. Et j’étais TRES bloquée – oh oui… ;-)

      • C’est très bien si cette méthode a pu t’aider mais j’ai en fait vraiment l’impression que nous partons à la base de problèmes différents. Je n’ai mais alors aucun mal à imaginer des trucs saugrenus par contre beaucoup à rester longtemps sur un projet, à ne pas tout de suite rejeter toutes mes idées et à visualiser le produit fini. Et si, pour moi c’est extrêmement difficile de ne pas réfléchir (à part dans des situations de danger physique: je frappe d’abord et pose des questions ensuite), je ne fais que ça toujours, tout le temps, c’est épuisant (d’ailleurs le coup du crayon c’était en référence à une fatigue extrême et non à des difficultés motrices ;) ) et quelqu’un a oublié de prévoir un interrupteur.
        Quant aux cinq vies, d’une part cinq c’est beaucoup, d’autre part je ne suis pas sûre que mes réponses correspondraient à l’exercice et surtout c’est une question très personnelle à laquelle je préfère peut-être ne pas répondre sur internet. Mais on peut en discuter en vrai à l’occasion ;) .

  2. Et bon courage pour ton roman (non là ce n’est plus le malin ni son personnel juridique qui parle) :) .

  3. Je suis ravie que tu nous parles de ce livre car il avait l’air vraiment chouette quand tu me l’as montré et je vais le commander. C’est une très bonne idée d’écrire un roman car je trouve que tu as une belle plume, même si ça demande énormément de discipline et de travail. Alors mes cinq vies non vécues; écrivain (moi aussi, j’espère écrire des contes et un roman un jour), tap danseuse (j’ai grandi avec Ginger et Fred, pas ceux de Fellini ;-)), pâtissière (quelle surprise!), joueuse de tennis et photographe. Je vais essayer avec les 3 pages par jour mais ça va être difficile, voire impossible pendant la semaine avant d’aller au travail. Par contre, l’idée manger des gâteaux en regardant de photos des mannequins anorexiques me plaît bien!

    • Mmmh, à mon avis, tu vas bien aimer le bouquin, car il incite beaucoup à la rêverie, au plaisir de la vie quotidienne, à l’attention portée aux petites choses…
      Je ne suis pas étonnée par tes cinq vies non vécues, elles te ressemblent, sauf la joueuse de tennis qui me surprend et je trouve ça vraiment fun!

  4. Mo

    Comme Agnès, je suis toujours un peu sceptique face à ce genre de méthode. Je trouve ça trop beau pour être vrai, un peu trop « il suffit d’y croire ». Mais bon, en fait, c’est peut-être un moyen déguisé que mes blocages utilisent pour que je ne me lance pas, va savoir…
    Mes cinq vies, ça aurait été archéologue, musicienne, tenancière d’un hôtel-restaurant, libraire, écrivain.
    En fait, quand j’étais toute petite, c’était Jacques Chirac. Pas présidente ou maire ou député ou quoi, non, je voulais faire Jacques Chirac.
    On revient de loin, quand même.

    • « Mais bon, en fait, c’est peut-être un moyen déguisé que mes blocages utilisent pour que je ne me lance pas, va savoir… » : oui je crois aussi hein :-)

      Jacques Chirac a beaucoup de charisme, il tombe les plus belles femmes et voyage beaucoup en Afrique, y a pire comme vie.

      Archéologue, c’était mon rêve d’enfant! tu viens de le déterrer dis-donc!

      Tenancière d’un hôtel-resto, c’est classe, j’ai l’impression d’être dans un vieux film de Renoir…

  5. Premier commentaire après quelques mois de lecture assidue de ce blog qui me plaît beaucoup : d’abord, bravo.

    Ensuite, au sujet de la méthode Cameron : trop beau pour être vrai, peut-être, mais trop tentant pour ne pas essayer … J’ai préparé carnet et stylo pour demain matin, et on verra si la recette marche aussi pour la recherche !

    Mes cinq vies : contorsionniste dans un cirque, vulcanologue, écrivain, rock star et premier ministre.

    Mo, ne t’en fais pas trop, mon père voulait devenir Général de Gaulle quand il était petit, je crois que le mal est répandu. Si ça se trouve, il y a même de charmants bambins qui rêvent de devenir Nicolas Sarkozy. Enfant, j’avais très peur de lui, pour moi il ressemblait à un vampire, mais ça a pu lui passer avec l’âge …

    • Merci Algue pour tes encouragements!

      Tu es dans la recherche? Puis-je te demander ce que tu fais?

      J’espère que les « morning pages » vont te plaire. Il faut s’accrocher. Il y a des jours où c’est horrible, on n’a pas envie, on écrit des choses incompréhensibles. Mais c’est justement là que c’est le plus efficace pour le déblocage, d’après Cameron.

      Vulcanologue, ça c’est vraiment un job incroyable…

      Qui ressemble à un vampire : Sarkozy, DE Gaulle ou Chirac?

      • Algue

        C’est Sarkozy qui me faisait (et me fait toujours) penser à un vampire. Je suis malheureusement tout à fait incapable d’expliquer pourquoi …

    • Mo

      Oui, bon, mais moi je suis une fille, et j’ai paraît-il longtemps hésité entre Simone Veil et Chirac, pour finalement choisir Chirac.
      Bref. J’avais pas complètement tout intégré, ou alors en fait j’étais super moderne, comme gamine. On va dire ça.

  6. très sympa

    moi j’ai une idée de film c’est l’histoire d’une artiste qui lit un livre de méthode sur les artistes, un truc qui va motiver sa création et pis manque de bol elle a trop d’idées…

    sans dec
    j’ai des pages de roman aussi
    on en parlera un de ces jours
    je m’intéresse de plus en plus à l’écriture
    je sais
    et ça (écrivain) je ne le mettrai pas dans les vies non vécues

    sinon les 5

    acteur de cinéma, rugbyman professionnel, détective, maire de la ville où j’ai grandi, et avoir un groupe un groupe de rock

    hahah
    tu dois te marrer, imagine le rugbyman acteur de cinéma détective à ses heures perdues qui a eu un groupe de rock dans sa jeunesse

    la seule de ces cinq vies qui me tenterait bien est la première, mais bon

    • héhé c’est un bon script de film et tu le ferais tourner par qui?

      Détective mais c’est totalement fou! Je t’imagine très bien dans la peau d’Hercule Poirot, tu serais drôle. Avec toi, ce sont surtout les cas qui seraient absurdes à mon avis. Tiens, c’est une chouette idée de script aussi ça non? Filmé par Wes Anderson? Ou par Nani Moretti?

      Pour être acteur de cinéma il n’est pas trop tard, tu sais…

      • hahah

        ça me fait rire
        et ça me tente bien le coup de poirot
        punaise
        ça me plairait

        nan mais je ne sais pas si je suis bon comédien
        et j’en doute même
        mais bon

  7. @ Agnès : « Je n’ai mais alors aucun mal à imaginer des trucs saugrenus par contre beaucoup à rester longtemps sur un projet, à ne pas tout de suite rejeter toutes mes idées et à visualiser le produit fini. » : Pour ça, on est jumelles. Donc je te le dis, cette « méthode » ou plutôt ces exercices pourraient te faire du bien. Attention, je ne vends pas le bouquin de Cameron dans des réunions tupperware.

    Je peux juste te dire que moi, ça m’a déjà appris à ne pas arrêter sous prétexte que « de toute façon bidule écrit mieux que moi, de toute façon personne ne financera ce film, de toute façon je pers mon temps j’ai bientôt 30 ans et je ferai mieux de refaire du business comme à l’école de commerce ».

    J’écris, et certes le doute est toujours là, mais je me raccroche à ma méthode dès qu’il fait irruption. Et ça marche, très très très bien pour l’instant. Ce n’est pas un miracle : c’est logique, aussi contradictoire que cela puisse paraître. J’apprends à arrêter de penser au produit. Ça prend du temps mais ça vient.

    Oui oui on parlera en private de tes cinq vies :-) !!!

  8. @ Stéphane : ben essaie et tu verras bien si ça te plaît ou pas :-)

  9. Fafa

    le retour de la mouche du coche … il y a des personnes créatives comme certaines sont rationnelles c’est un trait de la personnalité et pas une possibilité offerte à chacun. Je ne supporte pas ces injonctions contemporaines qui veuille qu’un chanteur de bel canto, marlon brando, génie de la cuisine ou agregé de logistique sommeille en chacun de nous. bullshit je réponds : à chacun ses possibilités et à chacun son envie de le développer ou pas…cela réduit magistralement la crédibilité de certains domaines. bizarrement on ne dit pas qu’en chacun sommeille un athlète de haut niveau car l’évidence pour de telles disciplines est que le travail et l’investissement personnel sont indispensables…or c’est la même chose pour les disciplines artistiques.

    Je l’ai déjà dit, je ne supporte pas cette époque ou l’on ne respecte plus le savoir et la maitrise d’oeuvre, à force de s’entendre dire que « tout est possible ». Les conséquences sont dramatiques et pour les personnes qui ne savent faire que créer » et qui voient leur possibilités de financement se faire phagocyter par des commerciaux avec des idées. mais aussi pour le mec qui aurait été super doué en compta et qui s’acharne a vouloir « être un artiste » puisque c’est censé être facile et à la portée de tous et fout juste sa vie en l’air.

    Nizan avait déjà anticipé sur le problème que poseraient les injonctions de ce type il y a quelques décennies … dommage qu’il soit mort il en aurait chié des ronds de chapeaux et surement produit d’excellents livres car lui avait cette capacité « artistique »

    • Math

      C’est une vision des choses qui a sans doute un fond de vérité, et qui est peut être plus vraie que la plupart des gens a envie de croire, mais votre ton est déplaisant et votre propos élitiste.

      Voilà mon humble avis sur la question: si vous êtes artiste et « professionnel » vous devez aussi savoir vous vendre, si vous ne voulez pas qu’un « mec qui aurait été super doué en compta et qui s’acharne a vouloir « être un artiste »  » vous pique la place. Ah oui, précise: j’ai cru lire de la frustration et de l’aigreur dans vos propos.

      A bon entendeur, salut.

    • Math

      Oups, mea culpa, j’avais raté le « mais ». Oubliez ce que je viens de dire (si mon message peut être supprimé, je n’y verrais pas d’inconvénient).

      Encore navré.

      • Je me demande pourquoi vous prenez le temps d’écrire des commentaires agressifs sur mon blog si vous ne souhaitez pas ouvrir une quelconque discussion. Je ne vois pas en quoi mon propos est élitiste, mais visiblement vous souhaitez juste m’insulter et non pas argumenter. Je n’ai pas pour habitude de supprimer les commentaires. Censurez-vous vous-même si cela vous intéresse.

    • @ Fafa : Je ne pense pas que ce que tu dises soit contradictoire avec les idées proposées par le livre de Cameron. Ce livre s’adresse à ceux qui veulent vraiment se faire chier à créer et à bosser comme des bêtes sur leur boulot artistique.

      Je suis persuadée, personnellement, que chacun a un potentiel créatif. J’en suis intimement convaincue. Je le vois chez les gens, je le sens ; je vois, en tant qu’actrice, le besoin de chaque spectateur de se fondre dans les personnages qu’on lui offre, je vois à quel point l’Homme a besoin de créer, de produire lui-même, de ne pas être une graine stérile. Et je pense que c’est une chose merveilleuse.

      Je ne crois pas en l’art torturé et au fait qu’il faille s’ouvrir les veines pour être un bon artiste. Chaque être a ses blessures. Il ne s’agit pas de les rouvrir, il s’agit de les regarder, de les comprendre. C’est déjà très dur. La méthode de Julia Cameron ne promet pas un jardin de roses. Mais elle ne violente personne non plus.

      Comme toi, je pense aussi que tout le monde n’a pas envie de développer son potentiel créatif, et que le besoin n’est pas le même pour tout un chacun.

      Mais pour ceux qui veulent exploiter leur créativité, alors ce bouquin est un guide intéressant. Ce n’est pas une recette miracle, cette auteur n’est pas un charlatan. Voilà mon avis.

      Et les Bukowski, Nizan, Rimbaud et autres « modèles de la souffrance artistique » me fatiguent. On en a fait des icônes de la douleur (bien malgré eux!). On en a oublié que, tous, ils célébraient la joie et la beauté, qu’ils recherchaient ces choses passionnément. Sinon, leur art ne nous aurait jamais touchés.

  10. @ Algue : peut-être parce qu’il EST un vampire, non? Il suce le sang de l’économie française, en quelque sorte. Héhé.

  11. fashion

    Cette méthode me plaît bien, elle a le mérite comme tu le dis de ne pas être violente et de nous pousser à sortir de blocages superficiels (à mon avis quand ils sont très profonds, ça ne suffit pas). Mes cinq vies rêvées : écrivain, boucher, pilote de chasse, actrice, libraire. Je vais peut-être me mettre à écrire, c’est le plus facile au vu de cette liste. ;)

    • Boucher ?! Faut que tu t’expliques, là ;) .

      • Comme Agnès, je m’étonne (et m’extasie devant la grâce surprenante des contradictions humaines) : boucher? (et pourquoi pas bouchère?)

        A vrai dire, la méthode a des aspects vraiment bluffants. Je ne pensais pas que cela pouvait provoquer de telles émotions. Disons que j’ai pleuré un quart d’heure avec tendresse sur un événement joyeux et oublié de mon enfance (et lié secrètement à mon métier), après avoir fait un exercice d’apparence tout à fait neuneu.

        Je ne sais pas encore à quel point ce livre peut « débloquer », mais plus j’avance, plus je suis soufflée.

        Cela dit, j’ai toujours le problème de déborder d’idées déclenchées par les exercices. Ça fait désordre.

  12. superfaustine

    Rah punaise, mes 5 vies? L’excellente analyste freudienne que tu es s’en donnerait à coeur joie parce que j’aurai aimé surtout être quelqu’un de très célèbre et mort en pleine gloire, genre John Kennedy, Marylin Monroe, James Dean et compagnie.
    C’est sûr, c’est pas en étant libraire que ça va m’arriver :)
    Sinon, mes 5 vies rêvées : égyptologue, poète, chanteuse de jazz, comédienne à la Comédie Française (ben oui, pourquoi viser ailleurs?) et maman.
    On verra si ça finit par arriver un jour! (surtout poète!)

    • Je trouve ça fou ton toc de vouloir être célèbre et mourir en pleine gloire. Lis « Blonde » de Joyce Carol Oates, ça devrait te dégoûter de cette idée. :)

      Egyptologue, c’est vraiment trop génial, c’est fabuleux, rien que d’y penser ça m’excite. Chanteuse de jazz : comme moi! Comédienne au Français : moi, je suis déjà comédienne et j’aurais plutôt rêvé de rentrer à la Volksbühne (Berlin) et puis, avec ce que je sais très directement de la Comédie Française, euh… y a de quoi reculer.
      Maman : ma chère, ça ne tient qu’à vous! C’est une très jolie vie rêvée…

  13. fashion

    Les filles, je ne comprends pas : boucher vous étonne (bouchère, je n’aime pas, va comprendre) mais pas pilote de chasse ? C’est vous qui êtes étonnantes. :-) Plus sérieusement, oui, j’aime découper et manipuler la viande, ne me conspuez pas, je sais, c’est étrange.
    Et je tiens quand même à préciser que je fais le métier que je rêve de faire depuis l’âge de 11 ans, c’est pas rien.

    • Mais pilote de chasse, c’est un rêve presque compréhensible… Boucher, faut avoir le cœur bien accroché.

      Je ne te conspue pas, je suis pleine d’admiration. Un steak haché cru me donne le vertige. J’ai songé plusieurs fois à devenir végétarienne mais je n’y arrive pas. J’aime trop le bœuf bourguignon, la blanquette de veau, les chipolatas, le poulet rôti, l’agneau au curry, le…

      pourtant, un ami surfer Australien me dit toujours : « don’t eat what you can’t kill yourself ».

      Si je suivais son conseil, je serais anorexique, car j’entends presque le blé crier quand on le fauche.

      Moi aussi, je fais le métier de mes rêves d’enfant! C’est vrai, je n’y avais jamais vraiment… pensé. C’est merveilleux, non? Ça te fait quel effet, à toi?

      • fashion

        Les jours où tout se passe bien (souvent donc, soyons honnête, surtout depuis 2 ans), ça me remplit de bonheur, pas un bonheur bruyant, mais un bonheur de fond, un bonheur en sourdine, celui qui me dit que j’ai fait le bon choix, que je sers à quelque chose et qu’en plus je prends mon pied en le faisant. Le vrai bonheur donc ? ;)

  14. Neige

    ah la la je tenterais bien ce programme boosteur de créativité… impossible d’écrire une ligne, depuis des mois… en fait, depuis que je me suis entièrement tournée vers mon ventre… puis vers le petit être qui en est sorti!

    alors, les 5 vies rêvées…
    – Aventurière genre Alexandra David-Neel
    – Punk-teufeuse baroudeuse en camion avec sa tribu
    – Journaliste
    – « Curator », commissaire d’expo
    – Violoncelliste

    Et je rêve toujours d’être écrivain… je n’y ai pas encore tout à fait renoncé

    mais en fait ça me déprime un peu d’évoquer ces vies rêvées… je ne peux pas m’empêcher de me dire que je suis passée à côté de certaines choses…

    ah tout ça me laisse songeuse

    biz

    • Mais c’est super créatif d’être mère! Tu as créé la plus belle chose au monde, faut pas déconner :)

      Je ne suis pas étonnée par tes cinq vies rêvées, elles ressemblent à tes goûts et à tes activités, donc tu vois que tu n’es pas très bloquée!

      Écrivain? Tu l’es sur ton blog, toujours merveilleusement écrit ma chère. Et ce qu’il y a de bien avec l’écriture, c’est que c’est comme le bon vin : meilleur avec le temps et avec l’âge!

  15. excellent… je vais retourner ciel et mère pour le dénicher!!!@

  16. Je m’empresse de retourner ciel et mère à la recherche de cette perle… merci!

  17. Bonjour,

    Je viens de découvrir votre blog qui me plaît déjà beaucoup! Je suis une inconditionnelle de Julia Cameron que j’ai découverte en 2001 et qui a radicalement changé ma vie. Je me réjouis de vous lire encore.

    Meilleurs messages

    Sonia

    • Bonjour Sonia, ravie de vous voir par ici!
      En effet, Julia Cameron est fantastique. J’aurais beaucoup aimé participer à ses séminaires, mais Los Angeles est un peu loin!

  18. Soella

    Bonjour Madga
    J’ai découvert votre blog en cherchant des conseils pour suivre la méthode du livre « libérez votre créativité »de Julia Cameron.
    Actuellement en semaine 2, je résiste… à l’exercice numéro 6, d’où l’intérêt de le faire.
    Quelques éclaircissements techniques m’aideraient bien
    -« Replongez-vous dans la semaine 1 et lisez les affirmations »…celles sur lesquelles j’ai déjà travaillé ? ou des nouvelles de la liste proposée ?
    – « Notez celles qui ont déclenché le plus de réaction en vous. » celles qui ont déclenché des réactions en moi durant la semaine 1 OU qui me déclenche actuellement des réactions ?
    – « Écrivez 3 affirmations choisies 5 fois par jour dans vos pages du matin  » ces 3 affirmations je l’ai écrit 5 fois, c’est à dire chacune sur 5 lignes ? ou une seule fois et je le refais 5 fois par jour! ? ou les deux ?
    – est-ce en fait refaire le même exercice que celui de la semaine 1 , écrire l’affirmation sur dix lignes, notez les propos impulsifs et les convertir en affirmations positives ?
    Merci d’avance si vous vouliez me répondre
    Bonne journée
    Soella

    • Chère Soella,

      Vos questions sont bien difficiles, j’ai fait tout ce travail il y a un bon moment déjà et ne suis pas spécialiste de Julia Cameron…

      je crois que le problème tient à la traduction, parfois très bizarre en effet. J’ai lu le livre en anglais et c’est beaucoup plus clair.

      En ce qui concerne les affirmations, il s’agit des affirmations de la semaine 1, vos affirmations, donc.

      Quant aux réactions, inutile d’être aussi précise! Une réaction est une émotion (pas une équation!), écrivez ce que vous sentez, ce que vous avez senti cette semaine, ce n’est pas un travail mathématique de décortiquage jour par jour :)

      Pour votre dernière question il s’agit de choisir 3 affirmations qui vous touchent particulièrement, et de les écrire chacune 5 fois, tous les jours, avec vos pages du matin.

      Bonne chance! et ne vous prenez pas trop la tête : il ne s’agit pas de vous mettre une note sur 10! le but est de s’affranchir des habitudes scolaires et rigides qui régissent nos existences et pourrissent notre créativité. Faites les exercices exactement comme vous le sentez, soyez libre et amusez-vous bien : ce bouquin est un bijou!

  19. Soella

    Bonjour Madga
    Merci de vos bons conseils.

    En effet la traduction parfois incompréhensible me complique la pratique..
    Ce qui réveille et augmente mon angoisse, entre autres de passer à côté des bienfaits possibles de ce livre. Ne pas me prendre la tête et lâcher prise…tout un programme (sourire). J’ai perdu malheureusement complètement confiance en moi.

    Je me permets encore, concernant ma dernière question, les 3 affirmations choisies à écrire 5 fois, sont-elles celles déjà choisies en semaine 1 ou en prendre de nouvelles dans la liste proposée de la semaine 1 ? ou dois-je le faire comme je le souhaite ?

    Comme vous appréciez Sophie Calle , sachez qu’elle a actuellement une installation au Palais de Tokyo, à Paris, « Rachel, Monique » 20 oct au 27 nov 2010, à voir sur réservation…
    Bonne journée

    • Chère Soella,

      En ce qui concerne Sophie Calle, je vis à Berlin donc je ne serai pas là au moment de l’exposition. Merci de me l’avoir conseillée!

      Je vous recommande fortement de faire exactement tout comme vous le souhaitez! Prenez les affirmations qui vous plaisent et c’est tout! Il n’y a pas de règle d’or dans ce livre de Julia Cameron, en dehors des pages du matin et du rendez-vous d’artiste.

      Avoir commencé ce programme est déjà un grand pas vers la confiance en soi retrouvée… courage, lisez ce livre avec plaisir, faites les exercices comme un jeu et non pas comme des problèmes de maths, sinon vous allez souffrir… retrouver le sens du jeu, c’est le but de cette « méthode ».

  20. Soella

    Ici Paris
    Bien reçu 5/5
    merci pour vos francs conseils
    Peut-être à une prochaine fois

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