ILS ONT SPOLIE TA TERRE ET TA CAUSE
By: Elias Bejjani
16/9/02

Bachir, en ce jour, ton charisme nous manque cruellement. Aucun leader n’a pu servir sa patrie et son peuple comme tu l’as fait. Tu nous manques d’autant plus que le Liban a été privé de force de ses chefs fidèles à ton idéologie.

Bachir, ils t’ont trahi et trahissent ta patrie livrée à la surenchère.

T’ont trahi les députés, qui t’avaient élu, en ratifiant l’accord de Taef. Ils on abandonné le combat de la résistance et les principes de la dignité. T’ont trahi tous les Judas qui feignaient d’aimer leur maître mais moins son Golgotha. Ils ont perdu jusqu’à la dernière parcelle de courage, de liberté et d’indépendance. T’ont trahi même nombre de tes camarades qui ont marchandé sur tes principes, se sont écartés de ton chemin et se sont moqués de tes enseignements. Ils sont finis aliénés et avilis.

Si tu pouvais être parmi nous pour voir de tes propres yeux la défaite cuisante de ton peuple et son humiliation, encouragées par ceux supposés te reprendre le flambeau. Ils persécutent tes compatriotes et les forcent à l'expatriation aux quatre coins du globe. Qu’ils fassent partie de la caste des politiciens ou du clergé, ces reptiles rampant aux pieds de l’ennemi ont spolié nos terres et souillé nos airs, mers et nos esprits de leurs idéologies barbares. Ils ont occulté tes engagements sacrés et ont saigné le pays jusqu’à la dernière goutte d’orgueil. Ils ont omis les nuits de lutte sacrée et les épopées héroïques. Ils ont négligé les enlèvements, les génocides, les bombardements, la terreur et les nuits d’horreur dans les abris. Ils ont passé sous silence le long cortège des cercueils renfermant la fleur de nos martyrs et défilant devant les veuves et les orphelins en larmes. Ils ont oublié l’acharnement de nos soldats à défendre les derniers retranchements  de justice et liberté. Le sang pur de nos martyrs prit pour eux une autre couleur, la couleur du marchandage et de la controverse. Ceux-là même restent sourds à tes paroles prophétiques qui résonnent dans nos cœurs et esprits, et leur arrogance les a poussé jusqu’à dénigrer leur moralité et leur conscience pour se livrer, sans pudeur, corps et âme  aux instigateurs de la guerre des « cent jours » et aux gardiens des geôles de « Mazzé » regorgeant encore de nos enfants.

Bachir, tu étais grand parmi les grands, un leader visionnaire, tel un messie au pays des cèdres, alors que les autres végétaient tout à fait insignifiants. En ces moments de décrépitude, alors que le ciel semble nous abandonner à notre triste sort, nous prions le tout puissant afin qu’il chasse de notre temple tous les mercantiles qui se moquent de ta mémoire et de la misère de ton peuple. Pour la vingtième commémoration de ton assassinat, nous implorons les cieux de nous venir en aide et de nous débarrasser des judas et autres pharisiens. Dieu tout puissant, éclairez nos cœurs et esprits afin d’accomplir le rêve de Bachir.

Bachir, tu respires en chacun de nous, et ton peuple continuera de braver toutes les tempêtes sur tous les fronts pour protéger les 10 452 km2 de liberté.