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Entreprise familiale par tradition, l’exploitation agricole
s’inspire désormais de plus en plus de ses consœurs
commerciales ou industrielles. Par sa grande souplesse, la
formule sociétaire permet d’apporter des solutions aux
multiples problèmes susceptibles de se poser :
- regroupement de moyens matériels, financiers, humains
;
- pérennité de l’entreprise ;
- installation et transmission progressive de
l’exploitation ;
- distinction entre patrimoine professionnel et personnel ;
- différenciation du capital foncier et du capital
d’exploitation.
1.) Les Entreprises
sociétaires ou individuelles : avantages et inconvénients
- L’entreprise individuelle : c’est une plus grande liberté
d’action et moins de contraintes pour prendre les
décisions de gestion. Elle permet aussi
d’assurer une protection sociale à tous ceux qui
participent aux travaux de l’exploitation : conjoint, aide
familial. Ces deux statuts
sociaux ne peuvent êtres obtenus que par rapport à un chef
d’exploitation individuel ou à un membre de GAEC.
- L’Entreprise
Sociétaire : son
principal avantage résulte de la séparation entre le
patrimoine personnel et celui de l’entreprise, mais il faut
réfléchir. En principe, en cas de
difficulté financière, les créanciers de
l’entreprise agricole ne peuvent pas saisir les biens personnels. Et pourtant dans la plupart des cas
cette protection est illusoire parce que les emprunts sont garantis par
des cautions qui, dans la majorité des cas sont les parents ou
les frères et sœurs du chef d’entreprise qui ont
engagé leur consentement sur leurs biens privés. La société permet de
gérer en commun des moyens matériels, humains et
financiers et de faciliter la transmission de l’exploitation ou
de l’entreprise.
2.) Une société mais laquelle ?
Les
sociétés civiles :
GAEC (groupement agricole d’exploitation en
commun),
EARL (Exploitation agricole à responsabilité
limitée), le GFA (groupement foncier agricole),
SCEA (société civile d’exploitation agricole).
Les
sociétés commerciales :
SARL (société à
responsabilité limitée),
EURL (société unipersonnelle à
responsabilité limitée),
SA (société anonyme),
SNC (société en nom collectif).
Le choix entre ces types de société
doit être effectué en fonction des règles
spécifiques à chacune d’elles. Il doit être
tenu compte notamment du nombre d’associés, du montant
minimum du capital social, de la responsabilité
financière des associés.
En faisant le choix d’une forme
sociétaire il faut penser à :
- assurer la protection sociale de toute une famille,
- garantir ses droits à la retraite et ceux de son conjoint,
- s’assurer de pouvoir faire face aux cotisations.
Seul
le chef d’entreprise peut décider : c’est
là encore un choix difficile dont les conséquences
ne seront perceptibles que dans 10, 15 ou 20 ans.
3.) Un choix qui doit être
mesuré...
Le choix doit être réfléchi
avec l’aide de conseillers. La MSA peut vous aider en vous
indiquant les conséquences de votre choix en matière
sociale.
- Coûts de
constitution.
Les frais de conseil (sauf ceux de la MSA qui sont
intégralement gratuits).
Les frais fiscaux
La constitution d’une société nécessite une
dépense et l’accomplissement de formalités de
publicité.
Grâce à son immatriculation au Registre du Commerce et des
Sociétés (RCS), la société acquiert la
personnalité morale et elle devient titulaire de droits et
d’obligations.
- Mais penser à tout.
Les gérants :.
Quelle que soit la forme sociétaire, les associés
désignent une personne, le gérant ou le P.D.G.,
chargée de la gestion au quotidien et de représenter la
société auprès des tiers.
En cas de difficulté de l’entreprise, il aura la
responsabilité de la représenter devant les
créanciers et les Tribunaux.
Dans l’hypothèse d’une mauvaise gestion, il sera
responsable à titre personnel sur ses biens propres.
Les gérants ont des obligations particulières en
matière de cotisations.
- Les associés :
Ils participent aux
décisions les plus importantes lors des assemblées.
L’assemblée des associés doit se tenir au moins une
fois par an afin d’approuver les comptes.
En cas de carence du gérant, ils assumeront collectivement les
erreurs de gestion.
Contrairement à une idée largement répandue, les
associés non-gérants ne sont pas systématiquement
dispensés de cotisations.
4.) Les formes sociétaires
en agriculture.
Le GAEC et l’EARL sont réservés
aux exploitants agricoles.
L’EARL offre l’avantage de pouvoir être
constituée par une seule personne, ce qui permet de dissocier
les biens professionnels et privés.
Le GAEC repose sur la transparence économique, sociale et
fiscale, c’est à dire qu’il permet aux
associés d’être traités comme des chefs
d’exploitation individuels.
Société
|
Objet
de l’activité
|
Associés
|
Capital
|
Gestion
|
Droits
et obligations
|
GAEC
|
Agricole
|
De
2 à 10 personnes physiques
|
Mini.
: 10.000 francs
|
Gérant
choisi parmi les associés
|
Responsabilité
limitée au double des apports
|
EARL
|
Agricole
|
De
1 à 10 personnes physiques
|
Mini :
50.000 francs
|
Gérant
choisi parmi les associés
|
Responsabilité
du passif indéfinie, au prorata des apports
|
SCEA
|
Civile
|
2
Minimum
|
Pas
de mini ni de maxi
|
Gérant
associé ou non
|
Responsabilité
du passif indéfinie, au prorata des parts
|
SARL
|
Civile
ou commerciale
|
De
2 à 50.
|
Mini :
50.000 francs
|
Gérant
associé ou non
|
Responsabilité
du passif dans la limite des apports à l’égard des
tiers
|
Société
Anonyme
|
Civile
ou commerciale
|
Minimum
7
|
Mini :
250.000 francs.
|
PDG
et Conseil d’Administration
|
Responsabilité
du passif dans la limite des apports
|
- Votre statut dans la société
Vous dépendez du régime de protection
sociale agricole en raison de l’activité que vous exercez
au sein de la société.
Certaines formes sociétaires vous permettent d’avoir le
statut social de salarié et d’autres le statut de
non-salarié agricole.
Par exemple, tous les associés de GAEC ont le statut de
non-salarié agricole.
-
Le tableau ci-dessous présente de façon simplifiée
le statut social des membres de
société
participant aux travaux.
Société
|
Statut
de salarié
|
Statut
de non Salarié
|
GAEC
|
L’associé
apporteur de parts en Industrie
|
Tous
les associés
|
EARL
|
Les
associés dans certaines limites
|
Tous
les associés participant aux travaux
|
SCEA
|
Les
personnes réellement subordonnées et
rémunérées
|
Les
autres associés
|
SARL
|
Les
personnes réellement subordonnées et
rémunérées
|
Les
autres associés
|
Attention : Le statut de salarié
s’apprécie par rapport à 3 critères : un
travail, un lien de subordination et une rémunération.
Le choix entre ces types de sociétés
doit être effectué en fonction de règles
spécifiques.
Le fonctionnement d’une société
civile est plus souple que celui d’une société
commerciale.
5.) Le GAEC
Le Groupement Agricole d’Exploitation en
Commun (GAEC) est une société civile destinée
à privilégier la réalisation d’un travail en
commune dans des conditions comparables à celles existantes dans
les exploitations familiales. Ainsi tous les associés doivent
participer aux travaux d’exécution menés en commun,
ainsi qu’aux responsabilités de la conduite de
l’entreprise. Leur nombre est limité de même que
celui des salariés.
Ces exploitations de type familiales bénéficient des
faveurs suivantes :
- responsabilité des associés limitée à
deux fois la part de capital de chacun ;
- conservation par chaque associé du statut individuel de
chef d’exploitation sur le plan économique et social et
par conséquent, des droits et avantages en découlant
(prêts, subventions, indemnités, livraison de produits
contingentés, régime social) ;
- attribution d’aides et de prêts spécifiques
à la constitution de GAEC ;
- avantages particuliers au plan économique, au plan fiscal
et au plan social.
En contrepartie, le GAEC est encadré par des règles
strictes dans sa constitution et son fonctionnement. L'idée
directrice est d'éviter tout détournement par rapport
à l'objectif fondamental qui demeure la constitution
d’exploitations de type "familial". Il est soumis, notamment,
à l’agrément préalable et au contrôle
d’un comité départemental des GAEC, qui veille
scrupuleusement à l’application des critères.
6.) L'EARL
L’Exploitation Agricole à
Responsabilité Limitée (EARL), est une
société civile dont l’objet exclusif doit
être une activité agricole et dont les associés,
obligatoirement personne physique et majeures, mais pas
forcément tous exploitants, ne sont responsables des dettes
qu’à concurrence de leurs apports. Elle peut ne comprendre
qu’un associé ou en réunir un maximum de dix. Sa
surface de mise en valeur ne doit pas excéder dix fois la
superficie minimum d’installation (SMI). Son capital doit
être au minimum de
7 622 €. Il peut être
variable. Les apports en nature doivent être
évalués dans les statuts. En principe, cette valeur est
fixée au vu d’un rapport établi par le commissaire
aux apports et annexé aux statuts. Mais les associés
peuvent, à l’unanimité, s’en dispenser sous
certaines conditions.
Le législateur lui a imposé des règles
strictes :
- obligation de mentionner dans les statuts ceux des
associés qui sont "exploitants" ;
- obligation pour les "associés exploitants" de
détenir ensemble plus de 50 % du capital social ;
- obligation de choisir le gérant parmi les "associés
exploitants".
7.) La SCEA
La Société Civile
d’Exploitation Agricole (SCEA) est une société de
droit commun soumise aux règles du code civil. Le nombre des
associés, le mode de gestion, la répartition des
bénéfices relèvent des statuts
décidés par les associés dans la limite des
règles de droit commun. Ses associés peuvent être
des personnes morales, et même ne pas être agriculteur.
Elle peut exploiter les immeubles de son patrimoine comme ceux dont
elle est locataire. Dans les deux cas elle doit se conformer à
la réglementation des structures agricoles. En devenant
associés, les agriculteurs perdent leur statut individuel de
chef d’exploitation au titre des régimes fiscaux et
sociaux. Les associés sont responsables indéfiniment mais
sans solidarité des dettes de la société,
proportionnellement à leur part dans le capital.
8.) Le GFA
Le Groupement Foncier Agricole (GFA) est une
société civile particulière conçue afin de
rassembler les biens fonciers. Utilisée notamment dans un cadre
familial pour préserver l’unité foncière
formant le support de l’exploitation, il bénéficie
d’avantages fiscaux lorsque les biens faisant partie de son
patrimoine sont donnés à bail à long terme
(exonération partielle de droits de succession et pour
l’ISF). C’est essentiellement dans cette perspective que
cette formule sociétaire a été envisagée et
adoptée. Mais rien n’empêche d’y avoir recours
pour une mise en valeur directe de ses biens : le régime fiscal
favorable lié au bail à long terme ne lui est alors pas
applicable, mais elle n’en bénéficie pas moins
d’autres avantages qui sont loin d’être
négligeables :
- exclusion des droits de mutation sur les apports des biens
immobiliers grevés d’un passif pris en charge par le GFA ;
- régime de faveur sur les cessions de parts entre
apporteurs, conjoints survivants ou ayants droit à titre
gratuit, pour les parts représentatives d’apports indivis
;
Quatre contraintes, toutefois :
- obligation pour le GFA de limiter les apports aux immeubles et
droits immobiliers à usage agricole ;
- limitation à 15 fois la SMI (surface minimum
d’installation) de la surface totale pouvant appartenir à
un seul groupement ;
- obligation de nommer comme gérant statutaire un
associé "exploitant" les biens fonciers appartenant au
groupement ;
- obligation d’insérer dans les statuts, une clause
prévoyant que les dispositions de dissolution ne pourront
prendre effet qu’à l’expiration d’un
délai de 18 mois à compter de la signification de ces
décisions au gérant statutaire.
9.) Le GFR
Le Groupement Foncier Rural est une
société civile particulière qui permet de
réunir dans la même structure juridique, les terres
louées par bail à long terme et les bois et forêts.
Son statut emprunte les règles et les avantages du groupement
foncier agricole. Si les terres doivent être louées par
bail rural à long terme, les bois et forêts doivent
être soumis à un plan de gestion agréé
pendant trente ans. Pour bénéficier des avantages fiscaux
lors d’une transmission par donation ou successorale, il importe
que chaque part sociale ventile la quote-part de chaque type de biens :
immeubles agricoles ou bois et forêts.