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Et si les agriculteurs s’orientaient

                                                                       vers les énergies renouvelables…

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Depuis 2001, des cabinets spécialisés dans la création et la vente de projets éoliens, se sont lancés dans une course effrénée à l’implantation d’aérogénérateurs. Leur objectif est de faire racheter leur électricité par EDF, aux conditions d’un arrêté du 8 juin 2001, obligeant Electricité de France à acquérir l’énergie éolienne à un prix supérieur à celui de l’électricité nucléaire. L’acquisition du foncier rural, par location, est donc la priorité de ces investisseurs lorsqu’elle permet d’implanter les machines sur des régions à fort potentiel.

Pour encadrer le territoire national au plus vite et pour bloquer  la concurrence, ces cabinets font signer des promesses de baux aux propriétaires de fonciers agricoles, contrats qui engagent définitivement ces derniers alors que l’opérateur ignore le potentiel même du site et n’est pas sûr de s’y implanter… Au grand désarroi des fermiers en place et plus généralement des riverains, ces investisseurs, peu attachés au milieu local et ignorant le principe même de concertation, promettent aux propriétaires fonciers et aux élus locaux une source importante de revenu, en se gardant bien d’expliquer les réalités économiques et environnementales d’un parc éolien. Ainsi, le monde rural subit toutes les contraintes de ces nouveaux projets mais n’en tire pas véritablement les bénéfices.

Pour que la valeur ajoutée générée dans le milieu rural, enrichisse le milieu rural, il est nécessaire que ses habitants développent  eux-mêmes des fermes éoliennes. Dans c’est conditions, les agriculteurs n’ont ils pas leur rôle à jouer dans l’investissement éolien ?


1- La prospection du site éolien : l’année 1

A- Créer une association pour mieux faire face au projet

On ne s’improvise pas investisseur éolien  du jour au lendemain. Cette filière a beau être jeune dans notre pays, de nombreuses entreprises étrangères, Allemande et Danoises notamment, ont déjà pénétré le marché français. Elles ont su profiter des vides juridiques, ainsi que du peu de recul des élus et des propriétaires fonciers, pour se positionner au mieux sur le territoire national, profitant de la politique de développement éolien de l’Etat. Elles sont suivies de près par des industriels français en mal de diversification dont les moyens financiers sont tels qu’ils peuvent acheter des projets « Clefs en mains », montés de toutes pièces par des opérateurs éoliens dont c’est l’unique activité.


La création d’une filière locale passe donc par  des stratégies de regroupement et de positionnement spécifique à l’échelle d’un investissement plus modeste… Dans ces conditions, les agriculteurs semblent être les acteurs locaux les plus aptes à former le noyau dur d’un projet d’investissement éolien et ce pour trois raisons :


- Ce métier véhicule, de nouveau, des concepts forts : qualité de vie, respect de l’environnement, et retour à la nature. Ainsi, les exploitants agricoles semblent beaucoup plus crédibles que les investisseurs industriels dans ce genre de projet.


- Parce il est logique que l’agriculteur tire les fruits du milieu qu’il cultive.


- Au sein du monde rural, les exploitants agricoles sont les plus compétents pour faire face à un tel investissement : esprit d’entreprise, connaissance de leur territoire et du marché foncier, rapport      plus grand avec l’environnement ainsi qu’avec les administrations s’y rattachant, possibilité de s’entourer de partenaires compétents pour les aider à investir : Centres de gestion, Chambres d’agriculture…
  

Une association « loi 1901 » est très intéressante dans ce cas, car elle est facile à réaliser et peu onéreuse. Ce statut d'association permet de créer une entité juridique distincte de ses membres, afin d'ouvrir un compte bancaire pour recevoir des subventions nécessaires au financement de journées de formation utiles pour les futures investisseurs éoliens : formation sur les énergies renouvelables, formation sur les montages financiers et juridiques… De plus, ce type de personne morale est bien perçu par la population, et ce, par son caractère « non lucratif ». Une attention particulière doit être portée au nom de cette structure ainsi qu’à son objet ; ils peuvent, en effet, véhiculer des valeurs fortes liées au souci de protection de l’environnement et permettre de développer d’autres projets axés sur les énergies renouvelables (chauffes eaux solaires, chauffage au bois…) :

- « Association pour le développement des énergies renouvelables de la Somme »

- « Association de développement des éoliennes bretonnes »

B- Réaliser un état des lieux du site

Avant de se lancer dans des  études  techniques coûteuses : campagne de mesure, étude d’impact… et  une  procédure administrative longue et complexe, le groupement local éolien doit d’abord réaliser « une étude de pré faisabilité » pour éviter toute perte de temps et d’argent en cas d’impossibilité d’implantation sur telle ou telle zone.

Cette étude consiste en une prospection des sites éoliens susceptibles de répondre aux attentes du projet ( situation géographique, surface du site, potentiel attendu, contraintes diverses…). Elle peut se faire sur le terrain (recherche de la présence de collines, de plateaux, de vallée…et même d’anciens moulins !) mais aussi au moyen des différents documents et études techniques mises à la disposition des investisseurs par les services publics ( tel que l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie : ADEME) ou à se procurer auprès de cabinets d’études spécialisés. On peut noter que ces démarches peuvent donner lieu à une première prise de contact avec les acteurs administratifs, élus locaux et propriétaires fonciers.

La durée de cette étude de pré faisabilité est très variable d’un projet à l’autre ( de 9 mois à plus d’1 an et demi ). Elle s’explique par la difficulté à trouver les informations désirées et les bonnes personnes ressources :

Informations

1.  Proximité  d’un poste source.

2.  Atlas éolien des vents, Rose des vents.

3.  Campagne de mesure.

4.  Servitudes de classements de zones et de sites.

5.  Servitudes radioélectriques.

6.  Servitudes aéronautiques civiles.

7.  Servitudes aéronautiques militaires.

8.  Servitudes de pompage d’eau.

9.  Servitudes d’urbanisme.

10. Intégration paysagère des éoliennes.

11. L’avis favorable du Maire.

12. Promesse(s) de baux.

Personnes ressources

1.  Réseau de Transport d’Electricité (RTE).

2.  Météo France, aéroport proche ou ADEME.

3.  ADEME, cabinet spécialisé.

4.  DIREN, AFB.

5.  DRIRE.

6.  DGAC.

7.  RAMED (Armée de l’air).

8.  DASS.

9.  Commune(s), Com de Com, DDE.

10.CAUE.

11.Conseil Municipal, Maire.

12.Les propriétaires fonciers (avec accords des fermiers)


C- Préparer les bases d'une bonne concertation

a.) Les Collectivités territoriales


Dans toutes les étapes d’un projet éolien, la commune, l’intercommunalité, le département et la région, apparaissent peu à l’heure actuelle. S’il n’y a pas de modification de Plan d’Occupation des Sols (POS) ou de Plan local d’Urbanisme (PLU), le déroulement du projet peut se faire sans la moindre intervention, ni information des collectivités territoriales. Aujourd’hui, même si ces dernières se sentent concernées, elles sont démunies de moyens et de méthodes devant cette situation nouvelle.



Or, les collectivités sont concernées, surtout la commune ou l’intercommunalité d’accueil, et ce pour diverses raisons :



- Les éoliennes ont un fort impact sur le paysage des communes et que la cohérence des projets entre eux demande une concertation communale, intercommunale, départementale ou régionale.

- Leur implantation nécessite une concertation étroite avec la population.

- Les éoliennes peuvent avoir des retombées positives sur l’économie locale et sur les ressources des collectivités (tourisme, taxe professionnelle…).



Ainsi, l’arrivée d’un projet local éolien devrait être une opportunité pour développer une véritable procédure locale de concertation et pour se différencier des  projets éoliens plus « industriels ». Dans cette logique, l’appui du Conseil Municipal et du Maire permettrait aussi de faire accepter plus facilement la démarche vis à vis des propriétaires fonciers et des habitants de la commune concernée.

b.) Les propriétaires fonciers et leurs fermiers

C’est l’une des démarches les plus importante dans le montage d’un projet éolien. En effet, une distance raisonnable doit exister entre le « poste source EDF » et la ou les terres servant à l’implantation de la ferme éolienne. Il faut aussi tenir compte de l’impossibilité d’implanter les aérogénérateurs à moins de 500 mètres de toutes habitations. Pour éviter ces problèmes, tout les opérateurs éoliens s’accordent à dire que les parcelles agricoles sont des sites idéals pour l’activité éolienne. Trois solutions s’offrent donc à l’investisseur local pour se procurer un terrain :

- L’implantation sur des terres appartenant à un propriétaire associé au projet.

- L’achat de parcelles à un ou des propriétaires en dehors du projet.

- La location de terres.


Signé entre l’investisseur éolien et le propriétaire foncier, la promesse de bail est la solution la plus couramment utilisée dans le cadre de la prospection éolienne et ce pour bloquer un territoire intéressant. Bien souvent, dans la pratique, ce « précontrat » occulte totalement le fermier en place sur les parcelles ce qui peut nuire à ce dernier car une sous location de la parcelle entraîne résiliation du bail agricole (ART L.411-35 du Code Rural).


Ainsi, il n’est pas rare de constater que les « Conventions de mise à disposition de terrains » ou « Promesse de bail en vue de la réalisation d’un parc éolien » prennent beaucoup de précautions et de garanties pour le compte des investisseurs mais, qu’en contrepartie, ces conventions demandent au propriétaire foncier de s’engager irrévocablement pour la signature d’un bail emphytéotique. Ceci se fait sans assurer les intérêts des propriétaires et des exploitants en place et sans garantir, l’avenir du site ainsi que la relation avec un autre exploitant éolien, en cas de cession du projet. Il est donc conseillé, lors de la réalisation de promesses de baux, de respecter le Protocole éolien national du 24 octobre 2002 signé par l’APCA, la FNSEA et le SER et qui pose les bases d’un bail éolien tripartite.

 

c.) La population

 
Selon un sondage de janvier 2002, réalisé sur 2800 français par l’Institut français de Démoscopie,  « La perception de l’énergie éolienne en France » est la suivante :

- L’énergie éolienne est propre et sans déchet. (55%)

- est écologique et naturelle. (33%)

- est économique. (51%)

- est une bonne substitution au nucléaire. (27%)

 
Dans ce climat, les projets éoliens menés dans la clarté et la transparence sont, en généralement, bien acceptés par la population et font vite partie de l’identité du pays. C’est le cas dans le Nord (Dunkerque, Wideheim…), en Bretagne (Dineault, Goulien sur le Cap Sizun, Plouarzel), dans l’Aude (Port-la-Nouvelle, Sigean, Treilles).


Cependant, l’acceptation du projet par la population, passe par la concertation. Pour se faire, il est possible de créer un « Comité de suivi » ou « Comité local d’information » : composé des élus locaux, des représentants des investisseurs, des représentants d’associations locales, de personnalités locales, des différents intervenants professionnels et éventuellement de la presse. Il serait constitué sous la responsabilité de l’élu chargé de la communication du projet et animé par une personne dont la personnalité fait l’unanimité. Les réunions de ce groupe de suivi permettraient aux acteurs locaux qui le souhaitent de suivre l’élaboration de l’étude d’impact et de discuter des choix possibles d’aménagement.


2- Les procédures administratives : l’année 2

A-Créer une société d'investissement éolien

Après une période de concertation et d’étude de préfaisabilité (1 an et demi environ), le groupement d’agriculteur concrétise son projet dans le cadre d’une société d’investissement (SAS, SA, SARL, SEM…) permettant à ces derniers d’acquérir une personnalité juridique commune, apte à les représenter dans leurs démarches administratives, dans le contrat de location de parcelles, ainsi que dans le montage financier, clef de voûte de la création du parc éolienne.

Le choix d’une SAS est judicieux car ce type de structure offre une grande souplesse dans la rédaction de ses statuts, dans son fonctionnement, ainsi que par sa sécurité juridique en cas de problèmes d’ordre économique…

 

B- Réaliser l’étude d’impact

L’exigence d’une étude d’impact pour les projets éoliens est explicitement inscrite dans la directive européenne du 27 juin 1985 relative à l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement (paysage, faune et flore, acoustique…), récemment modifiée par la directive 97/11 du 3 mars 1997. Les objectifs de l’étude d’impact sont : 


-D’identifier l’état initial du site et de son environnement.

-D’analyser les critères environnementaux à des échelles d’appréhension adéquats (locale).

-De démontrer l’opportunité du projet et localiser l’implantation du site à l’issue de l’analyse environnementale.

-De proposer les mesures pour supprimer, réduire ou compenser les effets induits du projet.

-D’inclure toutes les opérations liées à la réalisation du projet lorsqu’il est fractionné dans l’espace et le temps.


Les services de l’Etat (Préfecture, DDE, DIREN, DDAF, DDASS, SDAP, DRAC, DRIRE, TG) examinent le dossier et rendent leur avis sur la qualité du projet. Dans le département, les services de l’Etat se prononcent de façon collégiale, dans le cadre de la « Commission éolienne départementale » présidée par le Préfet.


La validation de l’étude d’impact ouvre droit alors à la demande de permis de construire. Ce document est la principale autorisation à obtenir pour les éoliennes de hauteur supérieure à 12 mètres. Il est aussi délivré par le Préfet (ART R.421-33 à 36 du Code de l’Urbanisme) et non par le Maire, même dans les communes dotées d’un PLU. C’est la Direction Départementale de l’Equipement qui instruit le dossier. Le dépôt du dossier se fait auprès de la mairie concernée qui accuse réception, puis délivre dans les 15 jours un avis comportant un numéro de dossier et de délai d’instruction prévu par les textes. Ce dernier transmet ensuite le dossier aux services instructeurs. Le permis doit être accompagné d’une lettre signée du Maire ou d’une délibération du Conseil Municipal dans laquelle ce dernier doit en quelque sorte exprimer son point de vue sur le projet. Le délai d’instruction minimale du permis de construire est de 2 mois, majoré en fonction de la nature des consultations et peut aller jusqu’à 1 an.

 
L’étude d’impact, puis la demande de permis de construire restent des démarches administratives lourdes, avec au moins un an et demi de procédure. Pour éviter d’étaler les diverses procédures et études dans le temps, chaque démarche ne doit pas être cloisonnée. Il est donc parfois nécessaire d’en réaliser simultanément : étude avifaunistique et étude sonore ; demande de permis de construire et demande de raccordement électrique

C- Préparer le raccordement du site

 
Le raccordement au réseau électrique demande des démarches longues et complexes. Depuis la loi du 10 février 2000, le réseau de transport d’électricité est géré par le Réseau de Transport d’Electricité (RTE), entité autonome au sein d’EDF, et les réseaux de distribution par les Réseaux de Distribution d’Electricité (RDE) régionaux.
Cette mutation venant tout juste de rentrer en vigueur, les procédures sont parfois floues. En tout état de cause, l’accès de tous les utilisateurs (consommateurs et producteurs) aux réseaux est une mission de service public introduite dans la nouvelle législation française. Cet accès ne peut donc pas être refusé.

 
Il faut être très clair sur un point : si des travaux de renforcement de réseau sont nécessaires, ils ne sont pas à la charge du producteur éolien, mais ils sont mutualisés par le biais du tarif d’accès aux réseaux que paient tous les producteurs. Le décret 2001-365 du 26 avril 2001 le précise, mais les centres locaux d’EDF n’ont pas toujours intégré cette notion nouvelle. En revanche, le coût du raccordement est à la charge du producteur : c’est à dire le raccord des éoliennes par des câbles enterrés et le poste de transformation, jusqu’au réseau électrique du RTE.


Ce raccordement pose des problèmes techniques : puissance fluctuante en fonction du vent, ainsi que des problèmes de capacité d’accueil du réseau. La première démarche de l’investisseur auprès de RTE est donc une demande d’étude exploratoire qui fournit une première évaluation des possibilités techniques et des coûts. Il se créait alors une liste (file d’attente) dans laquelle ne pourront rentrer que ceux qui auront déposé un permis de construire, l’accusé de réception en faisant foi. Cela permet de libérer les files d’attentes de nombreux projets non réalistes. Ensuite, la règle du « premier arrivé, premier servi » s’appliquera. Après cette entrée en liste, l’investisseur a 2 mois pour décider s’il demande une étude détaillée ou s’il abandonne. Cette étude demande 3 mois aux services RTE, puis l’investisseur a 3 mois pour signer et verser un acompte.

 

3- Le montage de la ferme éolienne : l'année 3

A- Créer une société d’exploitation éolienne

Une différenciation peut être faite entre « la société d’investissement » et « la société d’exploitation ». En effet, la vocation de la société d’investissement est principalement de monter un projet éolien et ce en obtenant le permis de construire, les baux de location et l’emprunt bancaire. La société d’exploitation, quant à elle, à pour rôle d’obtenir l’autorisation d’exploiter et le contrat de vente à EDF.  Il peut être alors dangereux de mélanger la réalisation et l’exploitation de sites éoliens et ce pour 2 raisons majeures :


- Un site éolien qui connaît un problème d’exploitation, ne doit pas pénaliser directement  sa société d’investissement, cette dernière pouvant se focaliser, à ce moment, sur un nouvel investissement éolien.


- Si l’on souhaite intégrer financièrement la population locale au projet, est-il souhaitable de le faire au sein de la société d’investissement, alors que cette même société serait susceptible de réaliser d’autres projets sur un territoire totalement étranger au premier site ? Une entrée massive de nouveaux sociétaires dans la société d’investissement pourrait créer des mésententes.


Ainsi, si la société d’investissement compte se focaliser sur de nouveaux projets, la création de sociétés d’exploitation (autre SAS, autre SARL, SCA, ou SICAE…) peut se justifier pour cloisonner chaque ferme éolienne. Dans le cas contraire, la société d’investissement peut être aussi la société d’exploitation.

 B- Le montage financier du projet

Le succès d’un projet éolien nécessite l’implication des organismes financiers à un stade relativement précoce du projet. Cela permet éventuellement de faire évoluer juridiquement le projet afin de le rendre acceptable pour ces financiers et d’optimiser sa rentabilité après impôts. A ce moment, c’est à la société d’investissement, titulaire de son permis de construire, de choisir le mode de financement de son projet. Quel mode de financement choisir : crédit classique, crédit-bail ou location financière ? Cela dépend notamment des garanties susceptibles d’être apportées et de la forme juridique du débiteur.

- Crédit-bail : Est une technique de financement qui consiste à ce qu’un établissement de crédit achète un bien et le donne en location pendant une période à l’issue de laquelle le locataire peut acquérir le bien auprès de l’établissement de crédit pour un prix tenant compte des loyers antérieurement versés (loyers : remboursement du capital et des intérêts).

- Location financière : Est une technique de financement semblable au crédit-bail mais à l’issue de la période de location, l’établissement n’a pas consenti d’accord pour la vente des équipements au locataire. Ce type de financement adapté à des situations spécifiques peut présenter des avantages très importants notamment en terme d’impôts locaux.


Un certain nombre d’établissements financiers ont développé une expertise dans le financement de tels actifs. Ce sont les seuls le plus souvent, à accepter d’accorder un crédit à la société porteuse du projet, parfois dotée d’un faible capital et d’un fort endettement. Après une analyse financière approfondie de ce projet, des contrats et des garanties spécifiques permettent alors une prise de risque acceptable par tous. De tels établissements peuvent également aider à optimiser la rentabilité de l’investissement pour l’exploitant. Ainsi, certains montages permettent de réduire les taux d’intérêt du financement ou les charges fiscales (impôt sur les sociétés, impôts locaux). Ils peuvent permettre également un traitement comptable plus avantageux.

C- Réaliser l’implantation des éoliennes

 
Le financement bouclé, la phase de construction peut alors débuter. Dans un souci de respect de l’environnement, un plan général de coordination en matière de suivi environnemental assure le respect des restrictions du permis de construire et la mise en place des solutions de réduction des impacts sur la flore et la faune rédigées en dernière partie de l’étude d’impact. Ce document fait partie intégrante du contrat signé avec chacune des entreprises impliquées dans le projet et est garant « d’un chantier propre ».

 
Les grandes phases du chantier éolien sont :

-   La mise en œuvre des contrats d'assurance chantier, de contrôle technique et d'hygiène et sécurité.

-   Les travaux de génie civil.

-   La mise en place des éoliennes.

-   Les travaux électriques.

-   Les essais et la mise en service.

 
Il est essentiel qu’une information préalable sur le démarrage du chantier, ses modalités et ses étapes, les gênes et nuisances occasionnées soit réalisée (réunions du conseil municipal, presse écrite, bulletin municipal, réunion publique…). Cette information doit concerner de façon prioritaire :
 

- Les élus avec lesquels est mené l’examen de la voirie utilisée par les différents poids lourds et convois devant accéder au chantier (un constat contradictoire sur l’état de la voirie peut être établi à cette occasion).
 

- Les exploitants agricoles concernés par l’emprise du chantier : pour atténuer les quelques dérangements causés durant les travaux d’installation des éoliennes, ceux-ci seront coordonnés en fonction des travaux des champs. De plus, si des compensations sont prévues pour d’éventuels dommages ultérieurs. Quoi qu’il en soit, les cultivateurs pourront continuer à travailler dans les champs sans difficultés.
 

- Les riverains les plus proches.


L’identification d’un responsable de chantier, interlocuteur unique des élus et de la population, peut faciliter la résorption des éventuels problèmes. Un affichage sur le chantier est obligatoire.

D- Préparer l’avenir de la ferme éolienne

a.) L'avenir de la vente d'électricité éoliennne

Actuellement, l’obligation de rachat par EDF est la seule solution pour viabiliser et rentabiliser, à moyen terme, une ferme éolienne de plusieurs mégawatts. Ce système ayant fait ses preuves dans les autres pays européens, tout investissement devrait, aujourd’hui,  passer par ce type de vente.

Cependant, avec l’ouverture du marché électrique français aux fournisseurs privés, les sociétés d’exploitation possédant des sites éoliens amortis (en 10 ans environ) pourront se détacher de leur contrat de vente EDF et proposer leurs services aux professionnels (dès juillet 2004) et aux particuliers dès 2007. Dans cette configuration, la vente de l’électricité éolienne pourrait être proposée à des Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole d’Electricité (SICAE), des industries et des entreprises locales…

 

b.) La Ferme éolienne et tourisme

 

Le Danemark est un modèle pour le monde entier. Entre 1999 et 2001, l’Île  de Samsoe, au centre du Danemark, sur laquelle 11 éoliennes ont été installées, a accueilli près de 2 000 « touristes éoliens » et on estime que 2,5 nouveaux emplois à plein temps ont pu ainsi être crées dans l’hôtellerie. Les autorités de cette île, qui passe de 4 000 à 12 000 habitants en haute saison touristique, ont choisi de présenter les éoliennes en première page de leur guide touristique ainsi que comme symbole principal repris sur les cartes postales distribuées gratuitement dans leur centre info tourisme.

Dans les zones touristiques françaises (côtières par exemple…), une implantation d’éoliennes peut aussi favoriser indirectement l’emploi touristique (restauration, hôtellerie, gîtes ruraux…). Mais le « tourisme industriel » peut aussi générer directement des emplois. Il suffit de voir le nombre de curieux qui viennent visiter les fermes éoliennes dans le cadre de leurs vacances pour se rendre compte que l’embauche d’un guide serait rentable. Celle-ci peut avoir lieu dans le cadre de la société d’exploitation éolienne (SEM, SCIC, SICAE…) qui désirerait promouvoir son site aux touristes, aux écoles ou aux habitants des alentours. Les collectivités locales tel que les Conseils Généraux ou les Conseils Régionaux peuvent aussi jouer un rôle dans la création d’un centre d’information sur les énergies renouvelables (expositions, visites, centre d’information…).

 

c.) La Fermeture d’une ferme éolienne

 

C’est un point très peu soulevé à l’heure actuelle et ce par manque d’intérêt des urbanistes et des aménageurs vis à vis du monde rural et du secteur agricole. Cependant, ce dernier valorise plus des deux tiers du territoire national et est une source non négligeable de richesse pour le pays (exportation de spiritueux, de céréales et de produits agroalimentaires…). On est alors en droit de se demander si les multiples projets d’implantations d’éoliennes au niveau local, ne font pas de « l’avenir des fermes éoliennes » un enjeu national. 

La course à l’implantation, n’a lieu que depuis le programme  Eole 2005, il y a 5 ans. La durée d’exploitation normale d’un site éolien étant de 25 ans, nous n’avons que peu de recul pour connaître les effets de l’implantation de telles machines sur le long terme. Les dirigeants de notre pays, habitués à réagir au « coups par coups », à tous problèmes d’ordre national, doivent comprendre qu’il ne faut pas attendre une vingtaine d’année avant de se soucier des risques liés au démontage des aérogénérateurs.


Bien sûr, la loi 2003-590 du 2 juillet 2003 prévoit que la société d’exploitation mettra en place un fond de garantie financier pour assurer les frais de remise en état du site éolien : mais comment définir la somme à prévoir pour la réhabilitation d’un site ? Les investisseurs industriels de l’éolien aiment souvent à rappeler que le seul prix rapporté par la vente de la ferraille issu des machines suffit à couvrir les coûts de remise en état du site, ce qui minimise l’importance de ce fond (un décret en Conseil d’Etat doit définir les conditions dans lesquelles ces garanties seront constituées).


Mais contrairement à cette idée reçue, le fond de garantie éolien est réellement nécessaire pour la destruction partielle (arasement) ou totale des fondations de l’éolienne qui, rappelons le, n’est que très peu détruit par les professionnels de l’éolien. Il est donc impératif de retirer les 150 m3 de béton armé par éolienne (360 tonnes) pour :

- Ne pas faire baisser la valeur des terres en cas de remembrement, vente ou échange de terre.

- Permettre aux outils agricoles de cultiver le sol à bonne profondeur de travail : profondeur pouvant aller jusqu’à 80 cm en cas de décompactage du sol.

- Préserver la qualité du milieu rural pour les générations futures.

Il serait donc important pour les pouvoirs publics :

- De forcer les opérateurs éoliens à prévoir, dès la conception du site, un système facilitant l’arasement des fondation, voir de supprimer totalement ces dernières à la fin de l’exploitation des machines. Il existe à juste titre une solution qui consiste à créer, dès la réalisation des fondations, des cavités permettant d’accueillir des cartouches d’explosifs. Ces dernières permettraient de pulvériser et de retirer, en grande partie, le bloc de béton lors du démontage des machines.

- Dans le cas d’un simple arasement, de prévoir une indemnisation (grâce au fond de garantie) au propriétaire pour « baisse de la valeur des terres » : rappelons qu’un locataire en place, tel que l’exploitant agricole ou l’exploitant éolien doit rendre les parcelles dans l’état où il les a trouvé…

Conclusion

En conclusion, un tel projet demeure dangereux pour les néophytes. La filière éolienne française reste l’affaire d’industriels, disposés à mettre beaucoup d’argent pour acheter des projets clefs en mains.  Nous pouvons nous rendre compte, qu’il est nécessaire de créer un « projet alternatif » pour éviter la forte concurrence : association avec une Collectivité locale, intégration d’actionnaires locaux ou utilisation du site à des fins éducatives, touristiques et publicitaires …   

Cependant, il faut être prêt à dépenser du temps et de l’argent, pour un résultat qui n’arrivera qu’à long terme. Le désir d’adopter une telle démarche ne devrait donc pas s’appuyer sur le seul appât du gain mais aussi sur la volonté de développer un territoire et d’assurer l’avenir des générations futures.

 

J.C Le Mouël

CNAGEA (Soissons)


 La filière éolienne en danger ! ! !

Le 16 mars 2005 : Les industriels des énergies renouvellables ont estimé qu'un amendement proposé, en commission par la majorité, au projet de loi sur l'énergie "allait définitivement condamner la filière éolienne en France".

L'amendement déposé mercredi matin par Patrick Ollier et deux autres députés UMP propose que le tarif d'achat préférenciel de l'électricité d'origine renouvelable  (garant de la rentabilité et de la viabilité des projets éoliens français) ne s'applique plus qu'à de très grands parcs (de 30 à 50 MW) et à de très petits parcs isolés de 0,03MW de puissance maximale.
Il demande de surcroît que les très grands parcs soient construits uniquement dans des "Zones de développement" restant à définir!

Les projets en instance totalise 2 500MW et sont tous inférieurs à 12 MW, pour bénéficier du tarif d'achat actuel, la plupart se situant à 8MW : si cette amendement est validé, c'est bien la fin de l'éolien en France...

Voilà une démarche bien illogique lorsque l'on sait que la France est lanterne rouge de l'éolien en Europe et que le gouvernement c'est engagé, devant l'U.E, dès 2001, à passer de 6 à 21 % d'électricité d'origine renouvelable et ce avant 2010 ! En 2004, la France avait installé 407 MW contre 16 629 MW en Allemagne et 8 263 MW pour l'Espagne.  


Les Sénateurs suppriment l'amendement "Eolicide" !


Bonne nouvelle pour les défenseurs de l'énergie éolienne : le 4 mai 2005, le Sénat a supprimé le dispositif adopté le 29 mars 2005 par l'Assemblée nationale, qui avait porté de 12 à 20 mégawatt le seuil fixé aux parcs éoliens pour pouvoir bénéficier de l'obligation d'achat par EDF de leur production électrique.