La CGTT sollicite son adhésion à la CSI

La Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT) a le plaisir de vous informer du dépôt d’une plainte auprès du Comité de la liberté syndicale du BIT pour violation par le gouvernement tunisien des conventions 87 et 98 ratifiées par la Tunisie (voir lettre en attachement)

Plus d’une année s’est écoulée, depuis que des militantes et militants, appartenant à diverses branches professionnelles, régions et générations ont pris l’initiative de constituer une nouvelle organisation syndicale en Tunisie dénommée la Confédération Générale Tunisienne du Travail – CGTT.

Constituée par 500 syndicalistes signataires d’une « Plateforme pour une refondation du mouvement syndical tunisien » en décembre 2006, la « Confédération Générale Tunisienne du Travail » est une version moderne de la première organisation syndicale patriotique tunisienne la « CGTT », fondée le 3 décembre 1924 par des figures du syndicalisme tunisien, dont le leader historique Mohamed Ali ELHAMMI.

Des dizaines de syndicats de base ont été crées au cours de l’année 2007 dans différents secteurs et différentes régions de la Tunisie, selon l’article 8 de la constitution tunisienne et les articles 242, 250 et 252 du code du travail tunisien.

La constitution tunisienne garantit en son article 8 la liberté syndicale et le régime juridique des syndicats en Tunisie tel que défini par le code du travail reconnaît le principe de la liberté syndicale ainsi que la liberté de constituer des syndicats sans autorisation ou accord préalable des autorités administratives.

Notre volonté de céer une nouvelle organisation syndicale prend racine dans notre profond attachement au droit des travailleurs tunisiens d’adhérer au syndicat qui défende au mieux leurs intérêts, leurs choix, et qui soit capable de réaliser leurs objectifs.

Cette initiative découle des profondes transformations que vit notre pays depuis une vingtaine d’années, et de l’incapacité de l’UGTT à y faire face de façon novatrice.

Cette initiative s’inscrit aussi dans la pure lignée historique des naissances des différentes organisations syndicales patriotiques tunisiennes, venues pallier l’incapacité des syndicats français de l’époque à défendre les droits des travailleurs tunisiens et d’être leur véritable porte-parole.

La création d’une deuxième organisation syndicale tunisienne, à côté de l’UGTT, est l’expression d’une volonté autonome et libre d’un certain nombre de syndicalistes qui ont connu la prison et la torture, pour avoir défendu l’autonomie de l’action syndicale et les droits des travailleurs, dans les pires moments de crise qu’a traversés l’UGTT dans les années soixante-dix et quatre-vingts.

On trouve également des jeunes, hommes et femmes, des cadres, qui ont été membres de l’UGTT. Certains ont même accédé à des responsabilités dans les années 90 et plus tard, d’autres découvrent l’action syndicale, et tous ont l’ambition et la volonté de vivre une nouvelle expérience, loin des ornières habituelles, en participant de façon active à la rénovation et à la modernisation du mouvement syndical tunisien.

C’est une initiative qui n’est nullement dirigée contre l’UGTT, bien au contraire : cette initiative veut être un facteur incitatif de l’évolution de l’UGTT vers une organisation plus représentative (aujourd’hui, pas plus de 10% des salariés y adhèrent), débarrassé de ses pesanteurs : la bureaucratie, le centralisme excessif, l’autoritarisme, le clientélisme… Elle se veut, en même temps, une adaptation aux exigences du progrès, de la modernité, de la démocratie et des droits de l’Homme. Le pluralisme n’est-il pas, après tout, le meilleur facteur pour la compétition et la concurrence dans la défense des intérêts des salariés ? La maturité et l’expérience accumulées par de très nombreux syndicalistes de l’UGTT rendent possible le passage aujourd’hui au pluralisme syndical à l’instar de certains pays à forte tradition syndicale dans le monde. Faut-il rappeler que l’activité syndicale dans un cadre pluraliste est un droit constitutionnel en Tunisie, consacré également par les Conventions internationales du Travail (conventions 87et 98). Le Code du travail tunisien consacre ce droit dans ses articles 250 et 252, la législation tunisienne a ainsi consacré et garanti la création libre de syndicat, sans autorisation préalable : seule une procédure d’information sur la création du syndicat est prévue.

Le pluralisme syndical ne doit pas être considéré a priori comme une division du mouvement des travailleurs, du moins dans le contexte actuel tunisien ; il peut être source d’enrichissement, de stimulation et de renouveau. Il peut même être un vecteur du pluralisme politique.

En effet, la CGTT compte actuellement 3000 adhérents dans différentes régions telles que Tunis, Bizerte, Sousse, Sfax, Gafsa, Gabès… et différents secteurs tels que l’éducation, le textile, la chimie, les mines, la métallurgie, les services, l’agriculture…

Nous disposons d’un potentiel important de mobilisation et d’affiliation des travailleurs et des travailleuses mais nous avons adopté une démarche pragmatique et prudente. C’est ainsi que nous avons constitué dans une première étape, tout en respectant scrupuleusement les procédures légales, des syndicats dans les entreprises stables et solides telles que la Compagnie de Phospahte de Gafsa, le Groupe Chimique Tunisien, le secteur bancaire, le secteur de l’education. Une fois ces syndicats reconnus par le gouvernement tunisien, l’Administration et les chefs d’entreprises, nous comptons étendre notre implantation dans le secteur privé comme le textile,l’agro-alimentaire, les centres d’appel , les travailleurs autonomes, le secteur informel etc… où des dizaines des militants et des militantes agissent de manière prudente afin d’éviter tout risque de mesure arbitraire de licenciements et autres, d’autant plus que les autorités, les chefs d’entreprise dressent toute sorte d’obstacles devant la reconnaissance de nos syndicats de base constitués légalement et nous empêchent de fonctionner normalement et de parachever l’édification de la CGTT.

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de saisir le Comité de la liberté syndicale du BIT et nous comptons sur votre soutien à notre plainte pour rappeler au gouvernement tunisien ses engagementgs en matière de liberté syndicale en vue de respect du droit de la CGTT et ses syndicats pour exercer librement ses activités, pour défendre les droits des travailleurs et des travailleuses en Tunisie.

Nous souhaiterions par cette occasion, demander l’adhésion de la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT) à la Confédération Syndicale Internationale – CSI

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Courrier envoyé le 28 octobre 2008 à M. Guy RYDER, Secrétaire Général de la Confédération Syndicale Internationale.

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