Croque-morts, fabricants de cercueils, gestionnaires de morgues… : Leur vie ? La mort !

Ils ont choisi comme métier de s’occuper des morts. Ils sont croque-morts, fabricants et vendeurs de cercueils, embaumeurs, etc. Comme les maçons manipulent au quotidien les briques, le ciment ou les mottes de terre, eux, passent leur quotidien à manipuler les cadavres. Leur business marche quand il y a mort d’homme. De par la nature de cette profession, ils essuient le dédain regard de la société. Certains les voient même comme des extra-terrestres et les craignent. Ils sont pourtant convaincus du fait qu’ils rendent un service social de grande importance. Voyage dans l’univers de ces gens qui, d’une façon ou d’une autre, communiquent avec les cadavres…

A Ouagadougou, quartier Paspanga, la société Burkina sépulture (BurkiSep) nous a hermétiquement fermé ses portes. Après plusieurs rendez-vous manqués, le directeur général de cette grande entreprise de pompes funèbres a fini par lâcher son verdict qui nous a été communiqué par l’une de ses assistantes : « Le patron dit qu’il est en ce moment très occupé à boucler ses comptes. Après quoi, il a un rendez-vous important et ensuite, il ira en voyage ». C’est la façon la plus polie de décliner la demande d’entretien d’un journaliste qui insiste pour faire parler d’un sujet que l’on n’aborde que dans des circonstances particulières : la confection-vente de cercueils. Nous comprenons parfaitement cette attitude de BurkiSep qui a d’ailleurs fini par nous convaincre du caractère spécial du sujet. Cela a, de fait, aiguisé notre désir de percer le mystère du quotidien de ceux qui ont choisi de s’occuper des morts et de vivre aux dépens d’eux…

En la matière, l’entreprise BurkiSep est une référence au Burkina. Créée depuis le début des années 90 par feu Antoine Sibiri Tiendrebéogo, titulaire d’un diplôme de thanatopraxie (science de la manipulation des cadavres) obtenu en juillet 1999 en France, BurkiSep est, aujourd’hui, spécialisée dans la confection-vente de cercueils, l’enlèvement des corps, l’embaumement, l’enterrement, l’exhumation, bref, tous les services classiques de pompes funèbres. A Ouagadougou, elles ne sont que deux, les entreprises de pompes funèbres capables de fournir le service complet. Dans les quartiers, on en trouve d’autres, plus petites, qui sont soit des menuisiers de cercueils, soit des croque-morts, des creuseurs de tombes indépendants, etc. Mais aucun cadre associatif ne réunit ces différents prestataires de services, compte tenu, sans doute, de leur petit nombre sur le terrain.

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Rigobert Ouedraogo

L’autre entreprise fournissant le service complet de pompes funèbres à Ouagadougou est tout aussi bien organisée que BurkiSep. Elle siège au quartier Dapoya, sous la dénomination « Cercueil moderne du Burkina », en abrégé CERMOB. Son promoteur, W. Rigobert Ouédraogo, lui, est plutôt très ouvert. Mais aussi très occupé. C’est un homme de terrain qui partage son quotidien entre sa scierie, sa boutique de cercueils, les volants de ses corbillards, les morgues, les familles endeuillées, les cimetières, etc. Il est à la fois menuisier, avec une spécialisation dans la fabrication de cercueils en bois, embaumeur, conseiller funéraire, conducteur de corbillard, etc. Il a une longue expérience dans son domaine d’activité : la manipulation de cadavres dont il dit ne pas avoir peur.

Le corps humain ne représente aucun danger

Nous avons réussi, après plusieurs tentatives, à rencontrer Rigobert un après-midi de fin mars 2010. Il a une excellente connaissance de son activité qu’il a bien voulu nous décrire à travers un bon niveau de maniement de la langue de Molière. Il est aussi fier de rendre au quotidien un service hautement social. « Prendre soin d’un cadavre humain est un très beau geste. C’est un noble service qu’on rend à une personne, une seule fois dans la vie. Le corps humain ne représente aucun danger ; le germe n’étant pas volant. On risque seulement une souillure des mains, et c’est pour cela que nous portons des gants. Le risque n’est grand que lorsqu’il s’agit d’un corps en putréfaction », nous a-t-il confié.

La création de sa société de pompes funèbres, initialement baptisée « Faso mémorial », remonte à 1993. Cette entreprise rebaptisée CERMOB depuis 2000, offre différents types de services : confection-vente de cercueils des plus simples aux plus luxueux, vente de dalles, d’IPN (barre de fer servant de support au cercueil pendant l’enterrement), location de corbillards, toilettage des corps, transfert des corps, décor, construction de tombes, rapatriement de dépouilles mortelles, exhumation, assistance multiforme aux familles endeuillées, etc. Les cercueils proposés en vente dans les vitrines de CERMOB sont fabriqués à Ouagadougou, au domicile de M. Ouédraogo qui fait office de scierie. Il y en a de toutes les tailles, de toutes les qualités, aux coûts adaptés à toutes les bourses. Les prix varient entre 35 000 F CFA, pour les plus simples, et plus d’un million de francs CFA pour les plus luxueux.

Dans cette entreprise de pompes funèbres, travaillent une dizaine d’employés permanents et plusieurs autres travailleurs non-permanents dont le nombre, selon Rigobert Ouédraogo, est difficile à déterminer. CERMOB leur fait appel pour des prestations ponctuelles. La facturation des services offerts par l’entreprise est fonction, naturellement, du travail demandé. Il peut, par exemple, s’agir d’un service complet ; c’est-à-dire de l’enlèvement du corps jusqu’à l’enterrement. Dans ce cas, d’autres paramètres tels que le choix du cimetière, expliquent la différence du coût de la prestation. Par exemple, un enterrement au cimetière de Toudoubwéogo est beaucoup moins couteux qu’un enterrement au cimetière de Gounghin, où le sol est plus dur à creuser.

CERMOB offre des services d’exhumation de corps dans le strict respect de la loi (au moins 5 années après l’enterrement, sauf sur autorisation spéciale du procureur). Un service de plus en plus rarement rendu, au regard de sa complexité et de sa dangerosité. « Les gens ne savent pas qu’une fois pourrie, la chair humaine devient un véritable poison », explique Rigobert Ouédraogo, qui précise que l’exhumation est beaucoup plus coûteux que l’enterrement. Sauf s’il s’agit de déterrer un cercueil en zinc.

Ne pas provoquer la colère du cadavre !

Comment se comporter face à un cadavre sans provoquer la colère de celui-ci ? Voilà une question qui ne quitte jamais l’esprit de ceux qui côtoient les cadavres au quotidien. A entendre Mahamadi Kaboré, croque-mort à Gounghin, il y a une sorte de dialogue de sourd entre le cadavre et celui qui est à ses petits soins. Et il faut être un habitué du boulot pour décrypter certains « comportements » du cadavre, lors du toilettage ou du transport par exemple. Il précise qu’il faut négocier en permanence avec le corps. A ce sujet, Rigobert Ouédraogo, qui croit à une vie après la mort, ne tarit pas de conseils à donner gratuitement aux acheteurs de cercueils, pour peu que ces derniers lui disent ce qu’ils veulent faire du corps. S’il s’agit d’un voyage par exemple, il est recommandé d’accrocher au véhicule des branchettes vertes de n’importe quel arbre. Et il en donne l’explication : « En voyageant, l’on peut avoir affaire à n’importe quel type d’adversité. Les arbres sont dotés d’un certain pouvoir protecteur. Et leur présence permanente sur le trajet permet de conjurer le mauvais sort ». Pour lui, même les Européens ont exactement cette même croyance. Et c’est ce qui explique le fait qu’ils ornent le cercueil de fleurs naturelles lors des transferts. En Afrique, toujours pour les transferts de corps, il est recommandé de confier au cadavre lui-même la sécurité du voyage.

Vous transportez un cercueil ? Pissez sur les roues du véhicule !

Avant de prendre la route, lorsque la dépouille mortelle est, par exemple, celle d’une femme d’un âge avancé, il est conseillé au conducteur de toucher le cercueil en prononçant la phrase suivante : « Maman, ouvre-nous la voie afin que nous te conduisions chez toi et revenions en bonne santé ». Ce n’est pas rationnel, cela peut même paraître banal, reconnaît Rigobert, qui croit néanmoins qu’un tel geste peut être salutaire. Il a une anecdote à ce sujet : « L’an dernier, une famille résidant à Ouaga a sollicité mes services pour conduire le corps d’une vieille dame dans un village situé après Réo.

Avant de démarrer, j’ai pris soin de prononcer la phrase magique en touchant de la main droite le cercueil : « Maman, ouvre-nous la voie afin que nous te conduisions chez toi et revenions en bonne santé ». A l’aller, il n’y a eu aucun problème malgré l’état délabré de la route. Sur le chemin de retour par contre, dans la nuit, j’ai entendu un bruit sec à l’arrière du corbillard. C’est le roulement qui venait de se briser avant même que nous n’atteignions Koudougou. Mon compagnon de route s’est inquiété pour notre sort, j’ai tenté de le rassurer. Malgré cette panne, nous avons réussi à rouler jusqu’à Koudougou où nous avons fait escale pour dîner. De Koudougou, nous avons osé reprendre la route pour Ouaga, toujours avec la panne. Et ce n’est qu’après le poste de péage, à l’entrée de Ouagadougou, que le véhicule a complètement cédé. Nous étions quand-même à Ouaga et un garagiste a réparé la panne. Je crois donc que c’est la défunte qui a accédé à notre requête et a bien voulu nous conduire à Ouaga ».

Lors d’un long voyage, entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso par exemple, l’on peut être amené à observer un arrêt à mi-chemin. Soit pour se soulager, soit pour prendre un verre, soit pour se reposer, fumer une cigarette, etc. Et lorsque l’on transporte un cadavre, il est recommandé au chauffeur de « faire pipi » sur les roues du véhicule avant de reprendre la route. « C’est irrationnel, ça ne s’explique pas, mais c’est comme ça ! », nous a confié Rigobert Ouédraogo, qui fait ces recommandations à tous ses clients, même aux plus incrédules.

Autre précaution : pour les cas de pendaison, de suicide, de noyage, de feu, de fusillade, bref, les cas de mort violente, Rigobert Ouédraogo recommande aux familles de ne pas envoyer le corps à domicile. Car c’est une âme violente qui s’y dégage et ne cherche à faire que du mal. Elle n’est pas capable de reconnaître son domicile et peut ainsi hanter la famille. Aussi, il n’est pas donné à n’importe qui de faire le toilettage d’un corps. Ceux qui sont habilités à faire cette tâche sont tenus, eux-mêmes, d’être propres, « même si le défunt a été, de son vivant, très mauvais », nous a confié Mahamadi Kaboré.

Au regard de tous ces mystères qui entourent la mort, peut-on se permettre de discuter le prix d’un cercueil comme on le ferait pour une P50 au Théâtre populaire ? A cette question, Rigobert Ouédraogo répond par l’affirmative et précise qu’à CERMOB, les prix fixés sur les cercueils sont à débattre, bien qu’ils soient déjà relativement bas. Notre interlocuteur accepte aussi de céder sa marchandise à crédit aux clients qui le lui demandent. C’est un fait rare, mais il arrive que des clients souhaitent se voir livrer un cercueil à crédit et s’engagent à s’acquitter de cette dette avec l’argent qu’ils espèrent récolter lors de la cérémonie funéraire. CERMOB, qui fait dans le social, accepte des propositions de ce genre, et les garde dans le top-secret. Et ces clients-là ont toujours honoré leur engagement. La raison, Rigobert la connaît : « Nous travaillons dans un domaine plein de mystères. Si vous prenez un cercueil à crédit et que vous ne remboursez pas après, c’est le cadavre lui-même qui vous demandera, dans un rêve par exemple, de le faire, car, ça ne lui fait pas honneur de se reposer dans un cercueil malhonnêtement acquis ».

Toutefois, le patron de l’entreprise de pompes funèbres n’est pas d’accord avec les familles qui, pour des questions d’honneur, se saignent ou s’endettent pour organiser les funérailles grandeur nature. « Certes, je vends des cercueils ; mais je préfère que l’on enterre de façon très simple et dans les limites de ses possibilités. Le cercueil luxueux n’est pas une absolue nécessité. Le défunt comprendra de toute façon que vous avez la volonté de lui offrir un cercueil de qualité exceptionnelle, et que ce sont vos moyens qui ne vous le permettent pas », explique Rigobert.

Tant bien que mal, l’entreprise de Rigobert Ouédraogo arrive à répondre à la demande de sa clientèle. Et comme toute entreprise, CERMOB paie les impôts et fait face, quelque fois, à une morosité du marché. Pourquoi ? Eh bien, parce que les gens ne meurent pas ! Le patron de l’entreprise nous confie qu’il y a des moments où il peut passer une semaine entière sans même recevoir de visites. Il ne s’en plaint pourtant pas. Il n’a d’ailleurs aucune raison de se plaindre : « On n’a jamais souhaité que quelqu’un meure. Les gens ont besoin de nos services. Aujourd’hui, contrairement à ce qui se passait avant, on n’attend plus un décès avant de courir voir le menuisier pour se faire confectionner un cercueil. Et si c’était toujours le cas, avec ces coupures de courant, on prendrait peut-être plus de 48 heures pour confectionner un cercueil. Et là, le cadavre aurait mille chances de se décomposer, avant même que son « lit » soit prêt », se justifie-t-il.

Le secteur des pompes funèbres est un business qui a de beaux jours devant lui. Ça, c’est le point de vue de Marie-Laurentine Lankoandé, sage-femme à la retraite, résidant au secteur 27 de Ouagadougou. Elle constate, avec amertume, que notre société est en train de perdre de sa superbe, pour ce qui est des valeurs de solidarité. « Il y a quelques dizaines d’années, un décès était une affaire de village, de quartier. De façon spontanée, les gens se mobilisaient pour gérer l’enterrement. Les services de pompes funèbres n’y avaient donc pas leur place. Mais aujourd’hui, avec l’installation du « chacun pour soi » à l’occidentale, les familles endeuillées se voient de plus en plus obligées de recourir aux pompes funèbres pour enterrer leurs morts, sans le moindre respect de l’intimité coutumière », a déclaré la vieille dame, le regard plongé dans la nostalgie de son époque.

Par Alpha Arba ROAMBA

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Province du Ioba

Situation explosive

Le climat social depuis un certain temps est délétère dans la province du Ioba (région du Sud-Ouest). Suite à l’érection d’un quartier en village où des populations se regardent en chiens de faïence. Cette situation a commandé une mission de journalistes sur les lieux à la demande de l’Association des ressortissants de Tovor basée à Ouagadougou pour constater l’atmosphère qui y prévaut. Après avoir séjourné les 23, 24 et 25 avril 2010 dans la localité, la mission composée de journalistes de Sidwaya, du Pays, du Révolutionnaire et de l’Opinion a pu mesurer l’extrême tension qui règne au niveau des localités concernées. Le moins qu’on puisse dire est qu’il y a vraiment péril en la demeure et les autorités politiques et administratives sont interpellées afin d’éviter le pire surtout avec la saison des pluies qui s’installe.

A Zambo le chef Tchianyerou PALENFO entouré de ses notables ont dénnoncé l’erection de Gnamê en village mais surtout son rattachement à la commune de DissinTout est parti de l’érection d’un quartier du nom de Gnamê en village administratif rattaché à la commune rurale de Dissin courant février 2010. Ce quartier devenu village est à cheval entre la commune rurale de Dissin et celle de Zambo. Gnamê est entouré par des villages tels que Don (qui relève de la commune rurale de Dissin), Tovor et Tiéreteon (qui relèvent de la commune rurale de Zambo). Sur le terrain, se posent des problèmes de "limites territoriales" et quand on sait que les disputes à propos de propriété de la terre sont des plus délicates, on peut imaginer la tourmente dans laquelle se trouvent les populations. Les uns et les autres ont certes des repères pour délimiter les villages, mais la réalité est que ces localités s’imbriquent tellement qu’il y a des difficultés à montrer avec certitude et exactitude leurs limites.

Les parties en conflit
La mission des journalistes a échangé avec le chef de Gnamê, de notables et le directeur général des Transports terrestre et maritime. Ils se disent sereinsLe conflit met en présence les populations de Zambo, de Tovor et de Tiéreteon avec celles de Gnamê et de Don. La mission des journalistes s’est entretenue avec les populations de ces villages pour recueillir leurs sentiments. A Zambo, c’est le chef de village, Tchianyerou PALENFO entouré de son adjoint KOBEDINE et du président du comité villageois de développement. Kpierou PODA et d’autres notables, qui ont été nos interlocuteurs. Leur position est qu’ils sont contre le fait que Gnamê ait été érigé en village et surtout rattaché à la commune rurale de Dissin. Pour eux, Gnamê est un quartier de Tovor qui relève de la commune rurale de Zambo. Pour le chef de Zambo, coutumièrement parlant, c’est Zambo qui commande Tovor qui à son tour commande Gnamê et il ne peut en être autrement. Il en veut pour preuve l’établissement d’actes de naissance d’une partie de la population de Gnamê à Zambo. Pour le chef de terre et de village de Zambo, l’érection du quartier Gnamê en village s’est fait de façon frauduleuse. A Zambo, les populations disent n’avoir été ni de près ni de loin été consultées. Les notables disent n’avoir eu vent du projet que quelques temps avant l’érection de Gnamê en village. Ils disent avoir immédiatement tenu des réunions avec la population pour dégager une position commune qui est le rejet de cette décision de l’autorité administrative.

Pour le chef Jules MEDA et les siens Gnamê est un quartier de Tovor qui ne peut être érigé en village sans consentement d’où leur collère. Ils veullent voir ceux de Gnamê abandonner habitats et champs pour s’installer ailleurs à DissinC’est la même décision qui résulte d’un compte rendu de réunions tenues les 6, 7 et 8 mars 2010 par les conseillers municipaux de Zambo. Pour les notables et le conseil municipal de Zambo, le village de Gnamê est situé sur le territoire administratif du département de Zambo et relève du territoire coutumier du village de Tovor, département de Zambo. Ils ajoutent que sur 28 concessions recensées trois seulement relèveraient du village de Don qui est lui rattaché à la commune de Dissin tandis que les 25 autres relèvent de Tovor. Cela leur fait dire que la majorité de la population de Gnamê relève de Tovor. A Zambo, on dit avoir saisi les autorités dont le préfet de Zambo et le Haut-commissaire de la province de la situation. Le chef de terre et de village affirme que c’est une partie de sa population qui a été amputée et qu’il ne s’en laissera pas conter. S’il estime que Gnamê ne réunit pas les conditions pour être érigé en village, il pense que le cas échéant, il devait être rattaché à la commune de Zambo. Il prévient qu’en cas de trouble, il sera du côté des habitants de Tovor. Il termine pour dire que plus de 85% des terres cultivables de Zambo sont dans la réserve de la forêt classée de Bontioli et qu’il n’est donc pas question de "charcuter" Gnamê pour le rattacher à Dissin.

Le chef Achille de Don dit soutenir Gnamê qui serait un quartier de son village. Pour lui il n’y aurait donc pas de quoi fouetter un chatA Tovor, le responsable coutumier Jules PODA informé de la mission, a rameuté une partie de sa population pour qu’elle prenne part aux échanges. Les arguments avancés à Zambo ont été repris à Tovor qui ne décolère pas contre l’érection de son quartier en village rattaché à la commune de Dissin. Pour le chef Jules PODA, il est vrai qu’il a donné une certaine liberté coutumière à Gnamê mais cela ne signifie point autonomie. Pour Tovor, Gnamê est son quartier. Le chef Jules PODA dénonce l’érection de Gnamê qu’il qualifie de frauduleuse et qu’il attribue à un fils de la région, Joachim MEDA, actuel directeur général des Transports terrestres et maritimes, ressortissant de Gnamê. De même, il dénonce une complicité des autorités locales surtout de la gendarmerie de Dissin qui n’aurait pas fait d’enquête sérieuse de terrain. Pour les habitants de Tovor, ceux de Gnamê doivent s’en aller et laisser champs et habitations s’ils disent être de Don. Une lettre datée du 9 mars 2010 adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et signée (empreinte digitale) par le chef Jules PODA, représentant les habitants de Tovor, s’érige contre l’érection de Gnamê en village rattaché à Dissin et met en cause Joachim MEDA qui aurait attiré par corruption (pagnes et argent) les populations de Tovor et de Tiereteon pour gonfler celle de Gnamê.Le chef de Tovor dit avoir été hué à Gnamê alors qu’il s’y était rendu récemment pour échanger avec les populations. C’est très remontés que lui et une partie de sa population ont reçu les journalistes qui ont pu mesurer le climat d’avant affrontement qui prévaut généralement en pareille situation.
A Gnamê la mission a pu rencontrer Joachim MEDA en compagnie de notables et de quelques jeunes. Naturellement c’est un tout autre son de cloches que les journalistes ont entendu. En effet, ils réfutent toutes les accusations portées contre eux. Pour M. MEDA, l’érection de son village a suivi le parcours normal : gendarmerie, préfecture, haut-commissariat, pour se retrouver au MATD qui a validé le dossier. Pour lui, les conditions d’éloignement des villages font parties de questions résiduelles. C’est, nous a-t-il dit, le développement de son village qui importe. Il dénonce le fait que Gnamê ait toujours été un réservoir de main d’œuvre pour Tovor et Don alors qu’il n’a jamais bénéficié d’infrastructures sociales réalisées par le gouvernement. Il dit être ouvert au dialogue, chose qu’il aurait initiée avec certains ressortissants de la région avant l’érection de Gnamê en village. Pour lui, le problème que connaît la zone serait le fait du premier adjoint au maire de Zambo, Kevin SOME, qui aurait puisé dans la population de Tovor et de Gnamê pour ériger Tiéreteon en village courant 2002. Le chef de terre de Gnamê, Ananie SOMDA, ne reconnaît pas l’autorité de Tovor sur son village coutumièrement parlant. Pour lui, la majorité de la population de Gnamê est de Don et non de Tovor. La mission qui a également mis le cap sur Don a pu s’entretenir avec le chef du village, Achille MEDA, qui a soutenu les dires du chef de Gnamê. Pour ce dernier, Gnamê relève coutumièrement de Don de même que Tovor qui aurait été installé par son clan les "Batane". Il ne voit donc pas pourquoi les habitants de Gnamê devraient quitter champs et habitats du moment qu’ils ne relèvent pas de Tovor. Pour prouver ses dires, il sort un cahier qui montre que les habitants de Gnamê sont depuis belle lurette recensés à Don.

Coutume et politique un mélange explosif
Un fétiche a été planté à Gnamê par le chef de Tovor. Il sera sans effet, nous a-t-on dit, parce que neutralisé par les notables de Gnamê et le chef de DonAinsi donc le problème est né de l’érection du quartier Gnamê en village : un nouveau statut qui lui vaut de nouveaux rapports administratifs avec son environnement immédiat,l’administration locale, régionale et même centrale. Les choses n’en seraient que normales s’il n’y avait cette dispute autour du statut initial de ce bout de terre que revendiquent deux communes rurales à savoir Zambo et Dissin et qui ont chacun leurs partisans dans le nouveau promu Gnamê. Ainsi si d’une part on a le chef de terre et de village de Zambo qui fait chorus avec ceux de Tovor et de Tiéreteon pour dire que Gnamê est un quartier de Tovor qui relève de la commune rurale de Zambo et ne peut en aucun cas être érigé en village de surcroît rattaché à la commune de Dissin, d’autre part on a le chef de village de Don qui soutient celui de Gnamê pour denier à Tovor la tutelle coutumière de Gnamê. Pour ces derniers, Gnamê est un quartier de Don.
Derrière ce problème coutumier et foncier on sent sur le terrain la main du politique. En effet, pour ceux de Tovor et alliés de circonstance, il n’y a pas de doute que c’est le directeur général des Transports terrestre et maritime, Joachim MEDA, qui instrumentalise la population de Gnamê pour se faire un fief politique, l’homme étant un cadre de l’ADF/RDA. Celui-ci ne nie pas ses ambitions politiques, mais affirme que seul le développement de son village le motive. A Gnamê et à Don cependant, c’est le Conseiller municipal CDP et adjoint au maire de la commune de Zambo, M. Kevin SOME, qui est indexé. Rencontré, ce dernier récuse ces accusations et voit en Joachim MEDA le nœud du problème. C’est lui qui aurait puisé dans la population de Tiéreteon et de Tovor pour gonfler celle de Gnamê. Il relate que, pour que son village puisse être érigé en 2002, des enquêtes de gendarmerie avaient été menées auprès des notables, des chefs et de la population. Les conditions en son temps étaient l’éloignement d’au moins 3 km entre les villages, avoir une population de plus de 100 habitants et au moins 20 concessions pour avoir le statut de village. Kevin SOME accuse la gendarmerie de Dissin et les autorités locales qui auraient ouvert un boulevard pour que le dossier de Gnamê puisse passer.

La loi de l’ormeta chez les autorités ?
L’Adjoint au maire de Zambo Kévin SOME, accuse le DGTTM de La mission des journalistes, avant de quitter Ouagadougou pour la région, a joint au téléphone le Haut-commissaire de la province du Ioba, Armand OUATTARA et le chef de la brigade de gendarmerie de Dissin pour échanger avec eux sur le terrain. Une fois à Dano, c’est le secrétaire général de la province qui nous fera part de l’absence du Haut-commissaire tout en prétextant de l’absence d’autorisation de sa hiérarchie pour nous répondre.
Jusqu’à notre retour à Ouagadougou, la mission a vainement essayé de rencontrer également le préfet de Zambo joint pourtant au téléphone. Contacté à plusieurs reprises, le Haut-commissaire finira par dire combien le dossier est délicat et sensible. N’ayant pas reçu l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques, il concluera ne pas pouvoir nous entretenir du sujet.
A la gendarmerie de Dissin, le chef de brigade, l’Adjudant-chef Omar NAPON, nous dira au téléphone être en déplacement. Ce qui n’était pas exact puisque nous rendant à la gendarmerie, nous l’y retrouverons. Tout confus, il nous dira n’avoir pas reçu l’autorisation de sa hiérarchie pour s’exprimer et avoir du reste pris fonction après les faits incriminés. Il aura pourtant le réflexe professionnel de déléguer un agent qui nous a suivi tout le long de notre parcours, prenant note de tout ce qui se disait lors des échanges avec les populations. A Ouagadougou, la mission a contacté le MATD par l’intermédiaire de son directeur de communication qui avait promis nous mettre en rapport avec le secrétaire général ou toute autre personne capable de nous renseigner sur le dossier. Ce qui n’a pu être fait avant que nous ne bouclions la présente parution. Toujours est-il que nous restons toujours sur le qui-vive et exploiterons toute information si d’aventure il y en avait. Mais la gravité de la situation sur le terrain nécessite que la sonnette d’alarme soit urgemment tirée.

Il y a urgence à agir !
Joachim MEDA le DGTTM refute les allégations du premier adjoint au maire de Zambo et voit en ce dernier celui qui tire les ficellesL’administration est donc interpellée et doit agir avec diligence pour éviter le pire. En effet, on ne compte plus les actes de provocations venant des protagonistes de la crise. Que se soit aux marchés, dans les champs ou à tout autre lieu, l’occasion est bonne pour se défier. Un fétiche a été planté à Gnamê par le chef de Tovor pour vérifier, dit-il, la propriété de la terre dudit village. Ceux de Gnamê disent avoir neutralisé ce fétiche avec l’appui du chef de village de Don. Les élus de la région, Placide SOME et Bénilde SOMDA, à l’Assemblée nationale, ont été saisis du problème de même que les autorités locales (préfets, Haut-commissaire, gendarmerie de Dissin) et le MATD. Mais en attendant que leurs réactions apportent l’accalmie et apaisent les esprits, la rancœur qui anime les populations est en train d’être transférée dans des villes dont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso où résident des fils de la région. Espérons donc qu’une attention sera accordée à ce dossier surtout avec l’installation de la saison pluvieuse dans la région. Une saison vivement attendue pour ses bienfaisances mais aussi redoutée car étant celle de tous les dangers, d’autant que c’est une période où s’exercent pleinement les droits sur la terre avec les exploitations agricoles. Sans compter les flux et reflux de populations de chaque côté dans les différents villages où elles partagent les mêmes terres. Lorsque l’on sait que ceux de Tovor et de Zambo veulent que les habitants de Gnamê abandonnent terres et habitations, lorsque l’on mesure la situation d’extrême tension qui règne sur le terrain, on ne peut que souhaiter que les autorités prennent les devants des choses afin d’éviter le pire.o

Angelin DABIRE

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Mahamoudou Ouédraogo, initiateur des Prix Galian : « Nous voulons des locomotives en faveur de l’excellence »

Créés en 1997, les prix Galian sont les plus grandes récompenses initiées pour les communicateurs burkinabè qui sont distingués au cours de l’année écoulée. Dans cet entretien, l’initiateur des prix Galian, l’ancien ministre en charge de la Communication, Mahamoudou Ouédraogo, explique les raisons qui ont motivé la création de ces Galian, les objectifs visés etc.

Sidwaya (S) : D’où vous est venue l’idée d’organiser des prix pour récompenser les journalistes ?

Mahamoudou Ouédraogo (M.O) : La justification de cette idée se trouve en elle-même, à savoir que lorsque vous êtes en charge d’hommes et de femmes dans un domaine donné, il vous faut trouver des moyens de garder, de motiver ces hommes et ces femmes.

En quoi faisant ? En les sanctionnant positivement parce que quand on entend sanction on croit que c’est toujours négatif. Or la sanction peut être positive, comme elle peut être négative. La sanction positive, c’est ce que l’on entend généralement par le mot récompense.

Quand vous récompensez quelqu’un de façon publique cette personne devient un modèle pour les autres parce qu’on se dit si le premier responsable l’a récompensé c’est que quelque part, il a un mérite. Et nous devons chercher positivement à faire comme cette personne ; c’est ce qu’on appelle l’émulation ou encore la saine émulation ou à faire une bonne compétition avec cette personne pour que demain elle ne soit pas seule à avoir des récompenses.

Parce que si vous êtes dans un milieu où une seule personne est récompensée, cela veut dire que votre milieu est fait de personnes qui ne sont pas douées ou qui ne sont pas travailleuses. Nous voulons des locomotives en faveur de l’excellence.

Il faut toujours qu’il y ait plusieurs personnes qui font bien le travail et ces personnes deviennent une locomotive en faveur de l’excellence. C’est ce que j’ai voulu faire avec les prix Galian, récompenser des talents pour servir d’exemples aux autres, de bons exemples et pas de mauvais exemples. Voila l’objectif primordial des Galian.

S : Que signifie le mot Galian ?

M.O : Le mot Galian a été proposé parce que ma façon de travailler est toujours collégiale. Un ministre doit être un pourvoyeur d’initiatives et d’idées mais qu’il fasse attention à ne pas croire que toutes ses idées sont ou bonnes ou achevées.

On peut avoir des idées mauvaises mais en discutant avec les uns et les autres, on laisse tomber ces idées mauvaises. On peut aussi avoir des idées bonnes mais qui sont grosses. Par exemple, lorsque vous êtes un orpailleur, vous trouvez de l’or. Mais l’or est toujours dans une gangue. Il faut pouvoir travailler la gangue pour pouvoir extraire la pépite d’or. L’idée peut être superflue mais en discutant avec les uns et les autres on parvient à trouver quelque chose qui soit bon pour tout le monde.

Ce que j’ai fait, j’ai mis sur pied une structure en disant voilà ce que je veux faire pour le ministère dont j’ai la charge. Discutez et proposez-moi un nom. Voilà les critères que je vois. On a fait appel non seulement aux communicateurs qui étaient en activité mais aussi ceux qui étaient à la retraite mais qui avaient quelque chose à donner ; parce que le retraité de 1950 n’est pas le même que le retraité de 2000.

Nous avions donc fait appel à des retraités. Il y a eu plusieurs propositions. C’est un des retraités qui est un homme sage, très efficace qui a proposé le nom Galian. Il s’appelle Roger Nikiéma qui a été le directeur de la Radiodiffusion nationale.

J’ai trouvé le terme beau parce qu’il faut que nous travaillions à promouvoir nos langues nationales, à montrer que toutes nos langues nationales importantes ; souvent elles sont mêmes intraduisibles lorsque vous n’avez pas la culture du milieu. C’est pour cela que nous avons retenu Galian qu’on donne lors de la nuit du communicateur.

S : Comment voyiez-vous ces récompenses au départ ?

M.O : Au départ j’avais perçu deux types de récompenses. Une récompense immédiate et une médiate. La récompense c’est soit en espèces sonnantes et trébuchantes soit en matériel. Les espèces sonnantes et trébuchantes c’est de l’argent parce que cela fait partie des récompenses partout dans le monde. On avait aussi pensé au matériel parce qu’un journaliste-reporter, ce serait bien par exemple de le récompenser avec un caméscope, lui trouver un appareil qui sert ou à capter le son ou l’image.

Cela peut l’aider dans son activité. Ce qui n’est pas immédiat c’est dans le domaine de la formation. C’est quelque chose qui me tenait à cœur parce que comme on le dit dans l’enseignement, un enseignant qui cesse de se former doit cesser d’enseigner. C’est la même chose pour le communicateur. Un communicateur qui cesse de se former, finit par devenir un danger pour la profession parce qu’il pense savoir ce qu’il ne sait pas ou ce qu’il ne sait plus. Cette deuxième façon de voir, malheureusement, n’a pas pu être concrétisée jusqu’à mon départ du ministère.

Une chose est d’avoir des idées et une autre est d’avoir les moyens de ses idées. Il y a des idées qui sont bonnes mais qui ne sont pas praticables dans l’instant. Ce qui est important c’est de savoir que ces idées existent et elles sont des pistes pour le futur qu’il faut travailler à pouvoir avoir les moyens de le faire.

A l’heure actuelle il va sans dire que les moyens dont disposent les uns et les autres sont plus appréciables que les moyens que j’avais avant 2000. Peut-être que maintenant il y a une possibilité. Il y a aussi des structures de formation qui sont très bonnes comme l’ISTIC (ndlr : Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication). Je pense qu’ils peuvent avoir des formations ciblées pour les meilleurs des communicateurs.

S : En Côte d’Ivoire le prix Ebony est la plus grande distinction des journalistes ivoiriens. Plusieurs lots dont des maisons et des voitures leur sont offerts. Pourquoi le Burkina Faso n’en ferait pas autant ?

M.O : Vous avez sans doute raison dans la projection temporelle. Mais est-ce que vous avez raison aujourd’hui ? Je ne le sais pas. Mais le Burkina n’a pas les moyens de la Côte d’Ivoire. On peut transposer. Je ne suis pas un grand fan du football.

Je m’intéresse beaucoup à la boxe. En suivant ce qui s’est passé à la CAN 2010 en Angola, en cas de victoire, ce que les Etalons pouvaient avoir comme prime n’avait rien voir avec ce que les Ghanéens avaient comme prime en cas de victoire. Attila “Le fléau des dieux” à l’époque, c’était un grand boxeur en Welter en Côte d’Ivoire qui était un Burkinabè parce qu’il s’appelait Salam Ouédraogo.

Il faisait de grands combats, il remportait des victoires mais la Haute-Volta de l’époque n’avait pas les moyens de faire comme la Côte d’Ivoire. L’important est ailleurs. C’est la vision symbolique de la récompense. En autorisant de façon saine une compétition au sein d’une profession avec un comité d’organisation et un jury, qu’on dise à la fin que voici les meilleurs, je pense qu’il n’y a pas meilleure récompense que d’être sur ce piédestal collectif et de recevoir quelque chose.

Que ce soit beaucoup ou pas ce n’est pas cela l’important. Je vous prends un exemple. Au début des années 2000, j’ai été désigné par le magazine International World Link comme le meilleur ministre de la Culture du monde mais il n’y avait pas un franc CFA qui accompagnait cela. Ce que j’ai eu comme hommage international, cela n’a pas de prix. L’argent ne doit pas être à tout bout de champ notre objectif d’horizon même si l’argent est important.

C’est pour cela que l’on doit songer à ce qui est plus important que l’argent. Il faut planifier dans le temps en tenant compte de ce que nous avons comme moyens et aussi en demandant sans doute à des sponsors de soutenir les Galian. Nous sommes dans un pays qui a beaucoup moins de moyens que les autres. L’erreur serait de vouloir faire forcément ce que les autres font. C’est mon point de vue.

S : Le Conseil national de la presse (CNP), organe de régulation de la presse écrite en Côte d’Ivoire octroie tous les ans des prix (matériels de travail) à 4 organes de presse écrite qui traitent bien leurs employés et qui ont une bonne gestion de leurs entreprises. Le Burkina Faso manque-t-il réellement de ressources pour aller dans ce sens ?

M.O : Cela mérite une réflexion. A mon avis, tout ce qui tend à récompenser les meilleurs, à inciter ceux qui sont bons à se bonifier davantage, c’est toujours quelque chose qu’il faut envisager. Mais il faut faire attention à ne jamais promettre ce qu’on n’a pas.

Si l’on doit aller dans le sens de nos frères ivoiriens, il faut prendre le temps de la réflexion et savoir quelle structure va s’en occuper. En Côte d’Ivoire c’est le Conseil national de la presse qui le fait ; chez nous il faut trouver la structure et voir quelles sont les ressources dont bénéficie le Conseil national de la presse de Côte d’Ivoire pour ce faire.

Est-ce que ce sont les ressources de l’Etat ? Est-ce que c’est le privé qui le finance ? Est-ce que ce sont les entreprises de presse qui mettent à sa disposition ces ressources pour encourager la bonne gestion des entreprises ? Je ne le sais pas. Mais toujours est-il qu’il faut chercher à avoir le maximum d’informations et savoir comment monter quelque chose qui peut être similaire chez nous. Et si on n’a pas les moyens il ne faut pas le faire parce cela serait source de frustrations pour les entreprises de presse.

S : Certains ainés émettent des doutes quant à la crédibilité des récompenses. Quelle crédibilité peut-on accorder aux Galian ?

M.O : Tout ce qui est jury est source de contestations ici et ailleurs. Prenez le cas du cinéma. Avez-vous déjà vu un palmarès du FESPACO qui a fait l’unanimité ? Prenez le Festival de Cannes et France, avez déjà entendu parler d’un palmarès de Cannes qui a fait l’unanimité ? Ça n’existe pas. Le jury est constitué d’hommes et de femmes avec chacun son background, sa sensibilité, sa vision. Ce qui fait que quelque part on peut toujours trouver une dimension subjective dans le choix du jury. Les critères peuvent sembler être les plus objectifs possibles mais le choix final peut être souvent varié. L’homme n’est pas parfait ; quel qu’il soit. Même si vous êtes juge, vous pouvez rendre un jugement qui est pris sur les nerfs. Les jurés peuvent aussi se tromper. Sur le plan fondamental, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y ait l’unanimité lorsque ce sont des hommes qui décident. Mais que faire ? C’est la meilleure que nous avons trouvée jusqu’à présent.

C’est la moins pire des méthodes pour pouvoir désigner les meilleurs communicateurs. Si quelqu’un a une meilleure formule, eh bien, qu’il la propose ! Je sais qu’il y a d’autres façons de faire. Il y a ceux par exemple qui pensent que le jury devrait s’acheminer vers le suivi des œuvres tout au long d’une année.

C’est une vision. Mais à partir de ce moment-là, il faut savoir qu’il faut toute une autre méthode de travail. Il faut voir d’abord si les communicateurs doivent déposer les œuvres de toute une année. Ce qui fait que les Galian seront toujours en décalage d’une année puisqu’il faut suivre les œuvres jusqu’au 31 décembre. Tout le corpus doit être lu par le jury.

Même si c’était chaque mois qu’on suivait, il faut attendre au minimum deux mois de l’année suivante pour pouvoir donner les résultats. Il faut que le jury soit en nombre conséquent. La deuxième chose est de savoir si ce sont les communicateurs volontaires qui veulent faire la compétition qui mettent à la disposition du jury leurs œuvres ou c’est le jury qui doit suivre tout communicateur non seulement à Ouagadougou mais partout sur le territoire national.

C’est une autre méthode. Et à chaque méthode, il y a des inconvénients, des risques. Il est difficile par exemple pour qui que ce soit de trouver une personne qui soit égale à elle-même tout au long de l’année ; mieux encore une personne qui s’élève sans fléchir tout au long de l’année.

C’est généralement en dents de scie comme on le dit. Ça rend encore compliquée la tâche du jury. Il faut savoir si ce sont ses meilleures œuvres qu’il faut retenir. En ce moment c’est biaisé parce qu’on a dit toute l’année. Il faut aussi tenir compte des œuvres moins bonnes et faire une moyenne comme en classe. Il faut aussi voir si c’est le même jury ou des jurys différents.

En dehors des sciences exactes comme les mathématiques, si vous donnez une copie de géographie ou de philosophie à deux professeurs différents, probablement ils mettront des notes différentes. Cela veut dire que tout ce qui n’est pas science exacte peut conduire à des appréciations dites nuancées. C’est un des problèmes du jury. Il y a une science qui étudie ces problèmes qu’on appelle la docimologie pour montrer la complexité de la question.

Les aînés dont vous parlez, il faut distinguer plusieurs types. Il y a les aînés qui ont de l’expérience et les ainés qui ont de l’ancienneté. C’est deux choses différentes. Les aînés qui ont de l’expérience ce sont ceux que vous allez toujours trouver en train de bosser, de rédiger des articles, de présenter des émissions à la radio ou à la télévision.

Les aînés qui ont de l’ancienneté ce sont ceux qui disent « moi j’étais là, en telle année…. ». Mais l’aîné qu’est-ce qu’il a fait de ces décennies passé dans les organes de presse qu’il peut prouver ? S’il ne peut pas me le prouver, je considère qu’il n’a pas de l’expérience mais de l’ancienneté. Ce type ne peut pas être un modèle positif. Il est un modèle négatif. Et le plus souvent ceux qui se plaignent, il faut faire attention, voyez leurs efforts au service et vous verrez dans quelle catégorie classer ces aînés.

S : On a l’impression que certains travaillent juste pour recevoir le prix. Et une fois qu’ils l’ont empoché, ils se croient trop forts et se disent qu’ils n’ont plus rien à montrer. N’est-ce pas là un des inconvénients des Galian ?

M.O : Dans tout domaine, il faut des modèles positifs et il faut que nous travaillions à accepter ces modèles positifs. Chaque peuple a de grandes qualités et chaque peuple aussi a malheureusement des défauts. Un des défauts de nous Burkinabè n’est-ce pas refuser d’avoir des modèles positifs ? N’est-ce pas de croire que nous sommes tous égaux ?

Et chaque fois qu’il y a quelqu’un qui est plus grand que nous c’est d’être involontairement envieux de cette personne, parce que ça devient pratiquement une déviation culturelle. Je pense que celui qui a plusieurs fois les Galian, c’est qu’il a travaillé pour avoir, à moins de suspecter le jury d’être partisan.

A mon avis, il n’y a pas de récompense sans mérite sauf si c’est biaisé au départ. J’aime bien ce proverbe qui dit « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». S’il y a des collègues qui s’amusent à travailler pour avoir les Galian, ils se font du tort d’abord à eux-mêmes parce qu’un jour viendra où ils ne pourront plus avoir les Galian.

S : Les prix spéciaux ne sont pas connus à l’avance. Pourquoi cette option alors que des communicateurs aimeraient les voir publier pour pouvoir postuler ?

M.O : Je suis d’accord avec ces critiques. A mon avis, il faut travailler à ce que les prix spéciaux soient connus des uns et des autres. Mais je trouve que parfois, il faut en parler au ministre en charge de la Communication qui est un homme formidable, qui est ouvert à des positives comme celle-là.

Et n’oubliez jamais, aucune chose sur terre n’est parfaite. J’ai créé les Galian mais je n’ai pas un droit sur les Galian. Quand une œuvre créée est bonne et est adoptée par les autres, elle devient la leur. Ils doivent travailler tout le temps à la parfaire parce qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Celui qui dit le contraire est un ignorant qui s’ignore.

Je souhaite que les donateurs des prix spéciaux s’annoncent très tôt aux organisateurs des Galian pour qu’ils puissent les publier à temps et provoquer un regain d’enthousiasme envers ces prix spéciaux. C’est aussi leur demander de voir les secteurs qui sont orphelins. Les secteurs orphelins sont les secteurs pour lesquels on s’intéresse peu. Mais ces secteurs aussi font partie du monde de la communication.

La communication ne se résume pas à la presse écrite, à la télévision et à la radio. Dans un pays très riche sur le plan de la culture, linguistique, comme le Burkina, il n’y a pas seulement que le français, il y a aussi les langues nationales. Je félicite les donateurs de prix spéciaux qui accompagnent les Galian, parce que seul, on n’ira nulle part. C’est le travail d’équipe qui est le plus profitable à un pays.

S : Depuis quelques années, il n’est plus autorisé aux communicateurs qui ont eu trois fois le prix Galian à postuler encore à ce prix. Qu’est-ce qui justifie cette mesure ?

M.O : Il y a toujours dans les décisions deux bornes. La borne inférieure et la bonne supérieure. Cela veut dire que lorsque vous avez une décision à prendre, il faut savoir que vous devez être limité en amont et en aval. Voyez par exemple la Semaine nationale de la culture (SNC) . Là aussi, si vous êtes primé trois fois, vous devenez un artiste de profession. Vous ne pouvez plus faire la compétition.

C’est pour permettre aux autres aussi de grandir parce que vous êtes devenu une référence. Les gens vous regardent, ils veulent devenir comme vous. Mais tant que vous êtes là, c’est vous qui allez avoir le premier prix. Vous devenez en quelque sorte un plafond pour eux.

Ils ne peuvent pas aller plus loin. C’est pour cela, on a décidé d’introduire cette limitation à trois. Le souci c’est aussi promouvoir les autres. C’est comme à la SNC, les artistes du peuple pendant une période donnée ne peuvent pas prendre part à la compétition. Le problème ce n’est pas d’être premier au départ mais de demeurer premier. Il faut travailler dans la durée.

Rien n’est jamais gagné définitivement dans la concurrence. Si à un moment donné, on estime que la limitation n’est plus nécessaire, les organisateurs sauront prendre la décision qui sied. C’est parce que les Galian ont le mérite d’exister qu’ils sont critiqués. S’il n’y avait que le vide, qui critiquerait le vide ? Personne.

S : Etes-vous satisfait de l’organisation actuelle des prix Galian ?

M.O : Oui je le suis. Tel que c’est organisé ça me donne satisfaction. Et c’est l’occasion pour moi de féliciter ceux qui organisent les Galian parce que, le plus grands des problèmes de l’organisation de ce type d’événement c’est de pouvoir le pérenniser. Grâce à leur dévouement ça continue, ça n’a pas disparu.

Il faut les en féliciter. Il y a sans doute des réglages à faire. Ceux qui organisent les Galian doivent être ouverts à des critiques positives. Tous ceux qui sont impliqués dans l’organisation doivent accepter les critiques ad hominem c’est-à-dire dirigées. Non. Ce sont des critiques pour avancer.

Même si parfois il y a des erreurs de jugement qui sont faites à leur encontre. Que ça soit individuellement ou collectivement, il ne faut pas en tenir compte. Il faut toujours voir comment organiser de mieux en mieux les Galian, aujourd’hui et demain. Je fais confiance à ceux qui s’occupent des Galian à l’heure actuelle. Je ne peux que leur souhaiter courage et succès grandissants.

Enok KINDO

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Prix Galian : Le pari de l’excellence en marche …

Ce 14 mai 2010, au soir, les journalistes burkinabè et leurs publics sauront qui des 236 candidats aux prix Galian seront lauréats. En effet, plus de 30 récompenses officielles et spécifiques dans différents genres journalistiques attendent ceux qui seront sacrés champions dans leur catégorie respective…

Les prix Galian célèbrent avec cette remise de trophées leurs 13 ans d’existence. C’est en 1997, à l’initiative du ministre de la Culture et de la Communication d’alors, Mahamoudou Ouédraogo, honneur à lui, qu’ont été initiés les Prix des meilleurs journalistes burkinabè. Le Ministre avait créé une commission composée de l’administration, des organisations professionnelles et de la société civile. Cette commission présidée par le doyen Roger Nikièma avait pour objet de jeter les bases des prix d’excellence en journalisme et d’en être le premier jury.

Les membres, après avoir exploré les noms des personnalités, des instruments de communication du patrimoine culturel burkinabè, ont convenu du nom de « Galian ». Le Galian est un gros tam-tam dont le rôle, dans l’animation de la danse traditionnelle, est de donner le ton et d’imposer le rythme. C’est le Galian qui mène la danse, celle de l’initiation en particulier. Il est utilisé aussi bien dans les réjouissances populaires que pour transmettre les messages.

Ainsi naquirent les récompenses burkinabè aux meilleures œuvres journalistiques de l’année. Ces prix destinés à encourager les meilleurs talents et les excellentes histoires journalistiques racontées au moyen des outils de communication de masse vont connaitre tout de suite un engouement. Seuls quelques sceptiques se sont demandé pourquoi ce concours est organisé par l’Etat et non par les organisations professionnelles ? Pourquoi pas un jury permanent chargé de recenser les meilleures œuvres toute l’année durant et de les primer ?

Certes, ailleurs, ce sont des fondations privées ou des organisations professionnelles qui décernent les prix. Le Prix Pulitzer, aux Etats-Unis, consacre depuis le début du 20ème siècle, les meilleures œuvres en journalisme, mais aussi en littérature et en musique. Il est géré par une commission.

En Afrique, il existe depuis moins d’une décennie le Prix CNN multichoice du journaliste africain. Ce concours, selon ses auteurs, met en valeur les talents journalistiques du continent.

Les Prix Ebony du journalisme, organisés par l’Union nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) décernent l’excellence dans trois genres journalistiques majeurs en presse écrite, radio et télévision. Ces distinctions vivent les répercussions de la crise que connait ce pays depuis 2002, année où l’UNJCI avait décerné l’« Ebony des Ebony » au Président Laurent Gbagbo.

Au Burkina, l’Etat à travers le ministère en charge des médias a pris les devants. Et cela a, sans doute, eu un rôle d’entrainement. Aujourd’hui, plusieurs structures de la société civile tressent des lauriers qui s’illustrent soit dans un genre journalistique soit dans un domaine spécifique. Le Centre national de presse Norbert-Zongo prime le journalisme d’investigation et bientôt, le journalisme féminin ; le Réseau national de lutte anti corruption décerne le prix du meilleur article anti-corruption.

Que les compétitions soient du fait du privé, de structures associatives ou étatiques, dans la plupart des cas, les compétiteurs proposent leur candidature. Et, il n’y a rien de mal à cela. Il y va de la liberté des uns et des autres de concourir ou pas.

La création de ce prix Galian, faut-il le rappeler, a pour objectif de stimuler l’excellence. En 1997, certains formats journalistiques n’existaient pas. C’est le cas du journalisme en ligne qui se développe de plus en plus au Burkina Faso. Cette évolution doit être prise en compte, en même temps qu’une plus grande présence des différents genres qui peuplent la presse écrite…, comme il en a été pour les langues nationales. Certes, un journaliste qui reçoit une distinction, c’est toute la rédaction du journal qui est honorée.

En matière de presse, derrière le récipiendaire, il y a toute une équipe qui y a contribué. Un texte de presse écrite est lu et corrigé par le chef de desk, puis le rédacteur en chef et sans doute le secrétaire de rédaction, voire plus… Le correcteur, qui n’a signature nulle part, apporte souvent beaucoup à la lisibilité de l’article publié. A quand, le Galian du meilleur correcteur, du meilleur rédacteur en chef, du meilleur chef de desk et pourquoi pas de la meilleure rédaction et du meilleur lecteur … ?

Félicitations au cru 2010 des Galian ! Félicitations à tous les journalistes, qu’ils participent au Galian ou pas, qu’ils soient distingués ou non. Chacun parle de son métier en termes de dévouement, de sacrifice et de sacerdoce. Et que dire du Journalisme ? Une anecdote : un jour, un artiste-compositeur rencontra un potier allant vendre ses canaris au marché. Ce dernier chantait une chanson composée par le premier, mais il le faisait très mal. Remonté, l’artiste-compositeur se rua sur les canaris et les brisa tous. Explication : « Tu as saboté mon œuvre, je sabre la tienne. ».

Eh bien, si les journalistes devaient se comporter comme ce compositeur, ils seraient toujours en train d’en découdre avec leurs compatriotes.

Courage aux candidats qui n’au- ront pas démérité. Demain sera meilleur à aujourd’hui

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Camp de chasse du Singou : Une randonnée au cœur de la plus grande réserve protégée du Burkina

Singou. Un nom pas très connu. Pourtant, c’est la plus grande aire protégée du Burkina. Environ 180 000 ha de superficie. Un campement avec toutes les commodités loin de l’air pollué des villes. Des carnivores aux herbivores, de la volaille aux reptiles, des aquatiques aux grimpeurs, on y découvre presque tout. Cette concession de chasse est l’une des plus giboyeuses de la région de l’Est, voire du Burkina.

800 km de pistes aménagées à l’intérieur d’un vaste territoire. Une dizaine de mares curées pour permettre aux bêtes de ne pas faire de longues distances pour s’abreuver. Des forages localisés par des agents du ministère en charge de l’hydraulique, des plaques solaires en vue. Tout est mis en œuvre pour que cette brousse qui s’étend à des milliers de kilomètres représente un paradis pour les animaux qui y vivent. Pour les visiteurs et chasseurs aussi. Le concessionnaire Frank Alain Kaboré a beaucoup investi dans cette zone pour lui permettre de mériter sa place. Près de 800 millions y ont été injectés.

Bien avant d’entrer dans cette forêt située à 14 km de la nationale n°4 à 70 km de Fada N’gourma, se dresse un campement avec toutes les commodités : chambres climatisées ou ventilées, restaurant-bar, des cuisiniers de métier, des jeux de société, un espace éclairée. Difficile d’imaginer que l’on se trouve dans une campagne burkinabè. Après l’admiration de ce chef d’œuvre, chemin est pris pour le tourisme de vision ou la chasse, c’est selon.

Le plus intéressant est à venir

Pour notre première visite en ces lieux en ce mois d’avril, nous étions déjà ébahis de trouver un tel confort en pleine brousse. Mais, le plus intéressant était à venir. Après un bon café, direction la brousse aux environs de 6h. A bord de la voiture de chasse : un guide, un chasseur, un porteur, un chauffeur et l’équipe de visiteurs. La randonnée démarre. A peine, un kilomètre nous apercevons le premier plus gros animal de cette réserve faunique qui s’étend à perte de vue. Un éléphant solitaire, puis deux, puis cinq et finalement nous ne savons plus combien ils en étaient.

Sur la route il faut descendre de temps en temps pour débarrasser le chemin. Des troncs d’arbres de toutes les tailles obstruent le passage. Cela n’est qu’une illustration du sport favori des pachydermes : arracher des arbres ou les casser depuis le tronc. Puis, on aperçoit pêle-mêle des ourébis, des cobs défassa, cob de buffon, cob de rédunca s’échappant à l’entendement du bruit du véhicule de chasse. Des bubales, des céphalophes à flancs roux, céphalophes de grimm, des buffles apeurés, des phacochères ou encore des familles entières de singes vont d’arbre en arbre.

Plus loin, nous apercevons un lion dévorant un coba. Peut-être pour nous rappeler que nous sommes dans la jungle et il faut rester vigilants. A notre stationnement à 50 m, il nous laisse son déjeuner et disparaît dans la forêt. La randonnée se poursuit. Nous visitons le campement de brousse qui est maintenant inhabité car la saison de chasse est presque close. Le groupe électrogène est ramené au campement principal. Puis nous parcourons trois mares, les deux premières sont asséchées mais la troisième doit son humidité à la pluie de la veille.

Des forages pour fidéliser les animaux

Dans ces trois points d’eau, le guide Philippe Soré, responsable du ranch du Singou nous présente des forages qui devaient servir, grâce à des plaques solaires, de garder l’eau dans les mares en toutes saisons. Ce qui permettrait de « fidéliser les animaux et les empêcher d’aller chercher l’eau ailleurs ». « Ce qui faciliterait également la chasse car on sait où et comment trouver facilement les animaux que nos touristes souhaitent chasser », précise-t-il.

C’est au bord des larmes qu’il nous souligne que tous les travaux entrepris sont arrêtés par une décision du gouvernement. En attendant le feu vert de la partie gouvernementale, tous scrutent le ciel jour et nuit en espérant une éventuelle pluie bienfaisante. Nous visitons une bonne dizaine de mares par la suite avec des explications de M. Soré.

Midi, l’heure de la pause. Une question nous traverse l’esprit : comment allons nous manger. A peine, cela nous effleure l’esprit que Salifou, celui qui semble être le plus expérimentée des chasseurs tirent et abat quelques volailles (pintades et perdrix). Le déjeuner est gagné. Au bord d’une mare, nous allumons le feu et la grillade commence. Quelques animaux viennent de temps en temps s’abreuver. Une bonne centaine de crocodiles bien nourris et des hippopotames baignent dans cette mare bien pleine. De temps en temps quelques crocodiles sortent prendre un bain de soleil avant de rejoindre l’eau. Ce qui n’a pas manqué d’augementer notre émerveillement. Il en est ainsi pour tous les touristes qui passent à Singou.

De lionceaux ont failli gâcher la randonnée

Mais avant d’en arriver là, une famille de lions a manqué de gâcher la randonnée. A un kilomètre du point d’eau, l’équipe descend pour marcher en fil indienne et sans bruit. Objectif : voir de près les bêtes sauvages. D’abord un troupeau de bubales, puis de coba se laissent admirer. Puis, arrive le moment le plus émouvant de la randonnée. Sous les arbres entourant la mare, nous nous retrouvons né à né avec une famille de lions. Une lionne, ses trois petits de quelques mois et bien entendu, le mâle. La satisfaction est au rendez. Nous commençons à filmer les bêtes féroces. Dès qu’ils nous aperçoivent, des rugissements commencent. L’atmosphère s’échauffe, la peur s’installe, la méfiance aussi. Les lionceaux se dirigent vers nous. Leur génitrice suit, elle arme, les chasseurs aussi. Les menaces se font de plus en plus pressantes. La prudence est au rendez-vous. Qui donnera le premier coup de feu ? Nous attendons, la peur au ventre. Peut-être pas seulement au ventre ? Mais cette attaque n’arrivera jamais.

Après nous avoir observés à environ 3 mètres pendant une bonne minute qui a semblé une éternité, les lionceaux décident de s’en aller. Nous avons eu chaud. Mais pas nos guides puisqu’ils sont habitués à ces genres de scènes. Ce qui fait d’ailleurs leur joie. Ils sont conscients du danger auquel ils s’exposent mais l’expérience joue toujours en leur faveur. « De toute façon, lorsque vous ne bougez pas, les bêtes féroces attaquent rarement », nous précisent-ils, après coup. Pendant ce temps, nous ne savons pas si c’est par peur ou par respect des consignes de nos guides que nous sommes restés inertes comme des statuettes. Ce sont certes des risques mais c’est ce qui fait la sensation du tourisme de vision. Singou semble être l’une des zones les pus appropriées pour découvrir la richesse de la faune burkinabè. 19h. retour au campement où nous attendaient des plats fumants. Il en ainsi pour tous les touristes qui séjournent dans cette riche zone faunique.

Moussa Diallo

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Benoît XVI rassemble un demi-million de pèlerins à Fatima

Un demi-million de personnes, jeudi à Fatima, pour suivre la messe de Benoît XVI. Ce pape, dont l’image était pourtant au plus bas avec les affaires de pédophilie , rassemble davantage – selon la conférence épiscopale portugaise – que Jean-Paul II, au même endroit le 13 mai 2000.

Du baume au cœur pour Benoît XVI, qui commence à accuser la fatigue de ces trois jours de visite intense (il rentre à Rome dans la soirée après une courte étape, vendredi matin, à Porto). Le Souverain Pontife a répondu à cette mobilisation massive des Portugais par un visage rayonnant de gratitude. Et par ces mots : « Ce n’est qu’avec cet amour de fraternité et de partage que nous réussirons à bâtir la civilisation de l’Amour et de la paix » C’était donc jeudi matin, sous le soleil radieux d’une messe en plein air, alors que la météo avait prévu une pluie battante…

« La mission prophétique de Fatima », a-t-il lancé en référence aux apparitions de la Vierge commencées le 13 mai 1917, est un combat toujours actuel pour la cause de la « solidarité fraternelle ». Elle s’oppose à « l’égoïsme mesquin de la nation, de la race, de l’idéologie ». Un message, a-t-il assuré, qui a « le pouvoir d’enflammer les cœurs les plus froids et les plus tristes ».

Application immédiate, à la fin de la cérémonie, avec les nombreux malades présents qu’il a choisi de tutoyer, contrairement à son habitude, pour mieux les encourager : « Avec cette espérance au cœur, tu peux sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort, (…) dépasser la sensation d’inutilité de la souffrance qui consume la personne au plus profond d’elle-même et la fait se regarder comme un poids pour les autres, alors qu’en vérité la souffrance, vécue avec Jésus, sert au salut des frères… »

« Nouveau dynamisme missionnaire »

Même élan de cet homme de 83 ans pour « enflammer » cette fois les évêques du Portugal avec qui il a déjeuné. « En vérité, les temps dans lesquels nous vivons exigent un nouveau dynamisme missionnaire des chrétiens », leur a-t-il signifié. Il attend donc un réveil des catholiques à qui il a d’ailleurs lancé un message provoquant.

Critiquant « le silence de la foi » dans certains milieux – « hommes politiques, intellectuels, professionnels de la communication » -, il a dénoncé ces « croyants honteux de leur foi qui prêtent leur concours au sécularisme, qui fait obstacle à l’inspiration chrétienne » pendant que d’autres « défendent avec courage une pensée catholique vigoureuse, fidèle au magistère ». Car, a-t-il conclu : « Ce qui est décisif, c’est de réussir à inculquer chez toute personne qui évangélise un vrai désir de sainteté et la conscience que tout résultat dépend essentiellement de l’union avec le Christ et de l’action de son Esprit. »

Sans illusion toutefois. « Il ne s’agit pas de retourner au passé, ni d’un simple retour aux origines, mais de retrouver la ferveur des origines, de la joie du commencement de l’expérience chrétienne », estime-t-il.

Benoît XVI insiste au contraire sur le témoignage personnel, car il est persuadé que « la foi catholique pourra très difficilement toucher les cœurs à travers des simples rappels moraux » .

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Du 14 au 15 mai 2010 : Journée culturelle des Burkinabè de Lyon

Du 14 au 15 mai 2010 : Journée culturelle des Burkinabè de Lyon

 

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Promotion des langues nationales : La clé de voûte de notre développement

« Les langues nationales, leviers du développement socio- économique et culturel du Burkina Faso », c’est sous ce thème que s’est tenu du 10 au 12 mai le forum national sur les langues burkinabè. Au nombre des dix communications qui ont été données pendant ces trois jours, celle de l’ancien ministre de la culture Mahamoudou Ouédraogo sur " les langues nationales dans la consolidation de l’identité culturelle" a beaucoup retenu l’attention du public. Entre le rôle de l’Etat et la responsabilité de chacun, le diagnostic du Dr Ouédraogo est sans appel : « nous sommes malades de nos langues ».

« On ne peut pas se développer en mettant à la poubelle nos langues nationales et en empruntant les langues étrangères », c’est la ferme conviction de Mahamoudou Ouédraogo. Pour lui, notre développement est intimement lié à celui de nos langues. « En général les pays les plus forts et les plus riches ont gardé leurs langues », constate- t- il. Dans ce sens, toutes les langues doivent être défendues et préservées. Pour la survie et l’épanouissement de nos langues, l’ancien ministre de la culture pense que le combat commence dans la cellule familiale. « C’est au sein de la famille que commence la valorisation de la langue nationale. Chacun de nous individuellement et familialement est responsable de la vie et de la vitalité des langues nationales », affirme- t-il en substance.

Il affirme que sans le savoir, nous creusons nous- mêmes les tombes de nos langues nationales. De plus en plus dans les centres urbains, ils sont nombreux ces enfants de fonctionnaires et autres qui ne peuvent s’exprimer dans leur langue maternelle. Pourtant, chaque langue se suffit à elle- même et suffit pour la communication. Le village étant l’épicentre et le foyer ardent de nos langues nationales, Mahamoudou Ouédraogo recommande aux parents vivant en ville d’y faire un pèlerinage chaque année. « Ne pas y amener les enfants, c’est leur faire du tort », a- t- il martelé. Dans l’optique de permettre au village de garder ses valeurs, il faut veiller à perpétuer les coutumes tels que les contes au clair de lune, les proverbes, etc. car c’est là que la langue se nourrit, s’alimente et enrichit les locuteurs. L’Etat doit définir une politique linguistique.

Dans cette lutte pour la promotion de nos langues nationales l’ex-patron de la culture burkinabè note que le rôle de l’Etat est fondamental. « La politique linguistique est du ressort de l’Etat car il lui revient de faire un réaménagement linguistique permettant de dire clairement ce que nous faisons de nos langues nationales ». Ce réaménagement linguistique devra permettre la coexistence et l’épanouissement de toutes les langues. Chaque langue dira- t- il, a le droit de vivre, de prospérer et d’avoir des locuteurs qui sont fiers de la parler. Il est du rôle régalien de l’Etat de protéger chaque langue car selon M. Ouédraogo, quand une langue disparaît c’est une perte irrémédiable et incommensurable. Autre action à privilégier aux yeux du communicateur, c’est la collaboration étroite entre les ministères des enseignements et celui de la culture. Il fait remarquer que le bras armé par excellence de la culture est la langue et la langue est un moteur de l’histoire.

Sans la culture, ajoute- il, il y aura toujours un élément qui va manquer à toute dynamisation de politique linguistique dans un pays. Tout en déplorant l’absence des dictionnaires de nos langues nationales sur google, Mahamoudou Ouédraogo souhaite que toutes les langues nationales de notre pays aient des dictionnaires, quitte à y introduire les idées scientifiques et philosophiques, les concepts et expressions. Il suggère la création à nouveau de la “commission langues nationales et médias” qu’il avait eu l’honneur de diriger au début des années 80. La mission de cette commission était d’amener les journalistes des radios, des télévisions et de la presse écrite à avoir des plages et des pages en langues nationales. Les médias traditionnels comme les mass- médias constituent à ses yeux la plateforme d’essor des langues dans le monde.

Avant de terminer sa communication, Dr Mahamoudou est revenu sur la richesse que constituent les langues que nous ont léguées nos parents. « Nos fondamentaux se trouvent dans nos langues », a- t- il laissé entendre. Selon lui, on n’a pas besoin de mettre nos langues sous perfusion linguistique. « Nos langues ne sont pas malades, sauf de nous- mêmes », a dit M. Ouédraogo. Il reconnaît par ailleurs que nos langues peuvent emprunter d’autres langues dans leur dynamique mais il ne faut pas qu’on laisse tomber nos langues. La promotion de nos langues nationales nous permettra de développer nos savoirs locaux et autochtones. « Si nous avons conscience que les langues sont aussi vitales que la prunelle de nos yeux, si nous sommes conscients que l’air que nous respirons, c’est aussi important que les langues que nous devons parler, c’est l’amorce du développement véritable de notre pays », conclut-il.

Koundjoro Gabriel KAMBOU

Lefaso.net

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REAMENAGEMENT ET EXTENSION DE L’AEROPORT DE OUAGA : Les gros oeuvres exécutés à 80%, fin des travaux pour fin 2010

Le 11 mai 2010, Mathieu K. Bouda, Secrétaire général du ministère des Transports, a effectué une visite guidée sur le site de l’aéroport international de Ouagadougou. Avec son équipe technique, le SG a pu constater l’état d’avancement des travaux et encourager les acteurs du chantier. Le taux d’exécution des gros oeuvres, selon Aristide Bazié, de l’entreprise CINCAT, se situe entre 75 et 80%, et grâce aux innovations apportées, l’espace de l’aérogare passe de 2 975 à 6 645 m2.

Dans le but de permettre la mise en concession de l’aéroport international de Ouagadougou, le département des Transports a entrepris depuis 2004 son réaménagement et son agrandissement. Etant donné sa vétusté et ses faibles capacités d’accueil, il était nécessaire de le rénover et de le remettre aux normes aéroportuaires internationales, et de le renforcer pour attirer l’intérêt des investisseurs éventuels. Confiés à la Compagnie pour l’ingénierie, la coordination et l’assistance technique (CINCAT), les travaux d’extension et de réaménagement de l’aérogare sont à une étape importante de leur évolution.

C’est ainsi qu’ en l’absence du ministre, le Secrétaire général du ministère des Transports, Mathieu K. Bouda, a effectué une visite sur le chantier, le 11 mai 2010, pour constater l’état d’avancement des travaux et encourager les travailleurs à oeuvrer pour un respect strict du délai. Et à propos de l’échéance, le guide de la visite, Aristide Bazié, Directeur du département Etudes architecturales de CINCAT, s’est voulu rassurant. Avec un taux d’exécution des gros oeuvres compris entre 75 et 80%, l’architecte a dit que son entreprise était en train de tout mettre en oeuvre pour que la période de la fin de l’année annoncée par le chef du gouvernement comme celle de la fin des travaux soit respectée. Tout en précisant que l’autre inconnue pourrait être la disponibilité sur le marché en temps opportun des équipements comme la sonorisation, les tableaux afficheurs numériques et les banques d’enregistrement, il a tout de même promis que les marchés seraient attribués dans les meilleurs délais.

Il n’en fallait pas plus pour rassurer le représentant du ministre, qui n’a pas omis de saluer le dynamisme de l’équipe des travailleurs dont il a loué la qualité des réalisations. Il ne doute point donc de l’atteinte de l’objectif visé par le projet, à savoir réaménager et agrandir les espaces existants pour accroître la capacité normalisée d’accueil de passagers qui doit passer de 200 mille à environ 500 mille passagers par an.

Pour ce faire, les travaux visités par le SG consistent en un agrandissement du hall public qui passe de 320 à 1 063 m2, de la salle d’enregistrement qui passe de 282 à 564 m2, de la salle d’embarquement qui passe de 272 à 617 m2, de la salle d’arrivée et de la livraison des bagages qui passe de 666 à 1 360 m2. L’espace de tout l’aérogare devra, au final, passer de 2 795 à 6 645 m2. Il est également prévu l’acquisition des équipements nécessaires au traitement, à l’assistance aux passagers et à la manutention des bagages par l’augmentation du nombre de banques d’enregistrement qui passe de 5 à 11. En ce qui concerne les travaux d’adaptation de l’aéroport aux normes internationales en matière de sécurité aéroportuaires, l’ensemble des installations sera placé en source d’énergie secourue en cas de panne de la Sonabel.

Ce qui nécessite l’acquisition d’une centrale électrique autonome de relais. Les boutiques free-shop seront ramenées dans la "zone réservée" accessible uniquement après le contrôle police à l’embarquement. Il est également envisagé l’aménagement d’une zone de contrôle additionnel de sûreté des passagers à l’embarquement pour les compagnies aériennes, la création d’un espace pour installer deux postes de contrôle aux RX des passagers et des bagages qui seront également contrôlés et protégés à leur sortie pour embarquement. Conformément à la réglementation actuelle en vigueur, la zone livraison bagages est en réaménagement afin d’installer le carrousel (un tapis bagages) à l’intérieur. Deux salles de sûreté hommes et femmes, une salle de crise et un local de vidéosurveillance ont été construits au premier étage, et les services de police, de douane, de gestion de l’aéroport et de transit seront renforcés.

Au niveau du volet modernisation de l’aérogare pour la rendre plus attractive, la capacité d’accueil des compagnies aériennes dont le nombre de bureaux passe de quatre à douze sera augmentée, et comme mesure sécuritaire et commerciale, il y aura dans la salle d’enregistrement des bureaux accessibles à la fois aux clients cherchant à acquérir un billet et aux voyageurs déjà munis du titre de voyage.

Quant à la question des inondations dans les salles d’embarquement en saison pluvieuse, elle sera résolue par des travaux d’assainissement qui permettront de relever le niveau d’environ 30 cm, et dévieront les eaux venant du côté piste. En vue d’améliorer le confort dans le hall public, le toit métallique sera remplacé par un autre en béton armé, et la façade côté ville sera refermée par des baies vitrées afin d’éviter les tempêtes de poussière et de pluie à cet endroit. En plus de la réorganisation et l’augmentation du nombre de services d’exploitation et de gestion de l’aéroport, il sera créé de petites boutiques commerciales et un free-shop au 1er étage, et la salle d’embarquement sera agrandie, le salon VIP transféré au 1er étage accessible à partir de la salle d’embarquement.

Afin de permettre aux passagers, leurs visiteurs et leurs accompagnants de se restaurer sur place, deux restaurants seront réalisés dont un au premier étage, et qui offrira une vue panoramique. Le respect des normes en matière de dispositions relatives aux bâtiments publics destinés à recevoir des personnes diversifiées y compris celles à mobilité réduite a été pris en compte par le projet. En effet, des rampes d’accès et de sortie pour handicapés du hall d’arrivée, de livraison des bagages et de la salle d’embarquement du côté piste ont été créées, et un ascenseur monte-charge a été conçu. Si cette démarche vise à rendre plus moderne l’aéroport de Ouagadougou, il est à noter que ce dernier sera un jour déplacé à Donsin. Les deux premières phases de réalisation de ce nouvel aéroport nécessiteraient la coquette somme de 176 milliards de F CFA. Quant à la troisième, elle va chercher dans les 262 milliards de F CFA.

Honoré OUEDRAOGO

Le Pays

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Sexualité : “Médicaments” pour “assurer”

" Pas ce soir, je ne suis pas disposé ", " Excuse chéri(e), je n’étais pas à la hauteur ", " Ce fut un gâchis, je n’ai pas la plénitude de ma forme aujourd’hui "…ce sont là des paroles que les couples, mariés ou pas, partagent dans l’intimité pendant et après l’acte sexuel. Preuve que tout ne se passe pas comme ils le désirent souvent. Et pour que tout se passe comme ils veulent, les hommes particulièrement, cherchent des solutions miracles et les trouvent dans la rue.

Dans les rues de la ville, des jeunes gens de la réputée et incorrigible « pharmacie zoebastaaba » vous proposeront volontiers des produits qui permettraient de « phantasmer » ou de faire jaser votre partenaire, sexuellement parlant. Parmi ces produits nous avons pu noter quelques noms : Power, Cheetah, Wenegra et Pramo Vegra 100, qu’ils soient en comprimés comme en gélules. Ils sont contenus dans des sachets que les marchands ambulants transportent. Power et Cheetah, deux produits aphrodisiaques, présentent la même configuration.

Ce sont des comprimés de 50 mg composés de gélules de couleur jaune pour le premier et bleu pour le second. « Cheetah doit être pris 5 mn avant l’acte sexuel », nous a confié Mahamoudou Compaoré, un jeune marchand ambulant. Il fait office de pharmacien et de médecin à la fois. Il prescrit et vend le produit à ceux qui sont en « panne sexuelle ». Power tout comme Cheetah est vendu à 500 et 1 000 francs CFA la boîte de 50 mg de comprimés. Pramo Vegra 100 est l’un des produits qui augmenterait le degré de virilité et de puissance sexuelle. Il a un coût qui varie entre 1000 et 1 500 francs CFA. Il se présente sous forme de comprimés de 100 mg à la différence des autres qui sont de 50 mg. Ce produit contiendrait des vitamines également qui remettrait le patient en bonne forme, c’est dire qu’il fournirait de quoi récupérer après l’acte sexuel.

Qui sont les principaux consommateurs de ces produits ? Adama Kaboré est un de ces vendeurs. Lui avoue que les jeunes ne sont pas ses clients fidèles. « Ce sont les adultes qui font mon affaire. Il y a des personnes qui ont des maîtresses ou qui sont polygames ». Pour notre jeune interlocuteur, certains pères de famille qui ont des multiples partenaires, prennent ces produits pour éloigner tout soupçon autour d’eux. Tenez ce produit permettrait d’ « assurer » à tous les niveaux, « 1er, 2e, 3e,……10e bureau ». « Lors des rapports extraconjugaux, il y a nécessité de satisfaire aussi bien sa femme qu’une autre femme hors du foyer. C’est dans cette situation que ces produits peuvent servir ». Adama tout comme Mahamoudou sont certains que leurs produits font l’affaire des adultes. Selon ce dernier, il y a des jours où les affaires marchent. Il peut se retrouver avec une dizaine de clients. Sa journée se prolonge car il cherche sa clientèle à la sortie des bars, boîtes de nuit et aux alentours des maisons de passe dans la soirée.

Le jeune Moctar se ravitaille et surtout sur commande, dans une pharmacie au marché de San kar Yaaré. Il ne s’agit pas d’une « pharmacie » au sens classique du terme mais d’un dépôt de médicaments « de rue ». Les clients de Moctar sont des commerçants et selon son témoignage, ils en raffolent. Quand nous lui demandons à combien il peut nous céder ses produits, il fixe le prix entre 700 et 1000 F CFA.

Et quand nous lui faisons comprendre que nous voulons le produit qui fait « beaucoup vibrer », il monte le prix à 2000 parce que le produit en question serait original. Lorsqu’on lui fait remarquer qu’il peut tromper ses clients en leur vendant de faux produits, il rougit : il serait une personne de confiance. S’il ne l’était pas, ses fidèles clients auraient suspendu leur commande fort bien longtemps. Pour montrer sa bonne foi, il nous communique son numéro au cas où, 75 84…. De préférence, appelez-le à 19h et il viendra vous livrer vos commandes. Un homme d’affaire fabuleux et sape-sape n’est-ce pas ! Pour lui, les médicaments qu’il vend permettraient de réaliser des prouesses sexuelles ou de résoudre certains problèmes : impuissance, fatigue sexuelle, éjaculation précoce, panne sexuelle,…

Zaf, lui a fait la MACO pour avoir été épinglé par la police avec 15 autres de ses compagnons. Commerçants des médicaments de la rue, il ne manquait jamais dans leurs sacs des « aphro » convoyés depuis Pouytenga ou Cinkansé. Libéré, Zaf a repris son activité. Le soir où nous l’avons rencontré dans un maquis, il nous a proposé un médicament qui envouterait les filles. Il coûte 1000 F, peut-être car c’est du business. Pour tester l’efficacité de son produit, il nous a demandé calmement si nous désirons faire la cour à la serveuse du maquis. Si notre réponse avait été affirmative, nous invitions la serveuse, nous lui payions une bouteille de coca cola, et nous glissions le produit dans son verre. Après avoir bu, la demoiselle nous demanderait sur le champ de l’amener à la maison,…, vous comprenez ce que nous voulons dire ! Un jeune du quartier nous a confirmé que dans son grin, ses compagnons font « confiance » à ces produits dopant.

Un mot sur le Kan-kan-kan. C’est l’un des aphrodisiaques le plus connu dans notre capitale et dans certains milieux. Presque tout le monde connaît ou a entendu parler de ce produit comme un puissant aphrodisiaque. Certains pensent cependant que ce nom est devenu « générique ». Il regrouperait tous les produits aphros qui existent. « Ce n’est plus le produit que nos parents ont connu, aujourd’hui le kan kan kan est un nom populaire pour désigner tout ce qui est aphrodisiaque sur la place du marché », a soutenu Sambo Diallo, vendeur de viande à Paspanga.

A son enfance, se souvient-il, il arrivait qu’un vendeur passe devant le domicile familial avec ce produit. « C’est un produit d’origine nigérienne qui relève exclusivement de la pharmacopée traditionnelle. Aujourd’hui, nous voyons des produits asiatiques qu’on appelle Kan kan kan. Ce n’est pas ce produit », estime Diallo. Si à Ouagadougou, le Kan kan kan ou aussi en abrégé KKK est lui aussi commercialisé sous forme de médicament de la rue par des marchands d’une certaine communauté, en Belgique ce médicament serait vendu par la communauté noire sous licence aux autres communautés. Il a été déclaré à l’Institut national de la propreté industrielle (INPI). On l’appelle dans ce pays le 3 Magik Ka Kan Kan (voir photo).

Les aphrodisiaques, un coup de pouce à la sexualité ?

Interrogée sur l’importance de l’acte sexuelle, Aminata Ouermi, femme au foyer déclare qu’il est un « maillon essentiel dans la vie du couple. Mal maîtrisé, il peut faire voler aux éclats l’harmonie du couple. Considéré, il rend le couple, mais au-delà, la famille heureuse ». Des chercheurs ont montré à travers leurs travaux l’importance de l’activité sexuelle dans la vie de l’homme. Sigmund Freud (1856-1939), le père de la psychanalyse est de ceux là. Pour lui, l’activité sexuelle est au cœur de la vie. Freud a élaboré une théorie globale du psychisme humain, où la sexualité a une place centrale.

Sa théorie psycho-sexuelle supposait que la libido (l’énergie sexuelle) sous-tendait toute activité humaine. Son ouvrage Trois essais sur la théorie de la sexualité, publié en 1905, reste l’une de ses œuvres la plus célèbres sur la question. La libido correspond d’après Sigmund Freud à l’énergie « de ces pulsions qui ont à faire avec tout ce que l’on peut comprendre sous le nom d’amour », et la pulsion correspond à des « poussées » psychiques d’origine biologique. Pour les psychologues comportementalistes la motivation sexuelle est le résultat d’apprentissages et les autres comportements humains (alimentation, parental, agression,…) dépendent de facteurs distincts de la sexualité. L’intensité de la motivation sexuelle dépend principalement du vécu sexuel, de la quantité et de la qualité des conditionnements et des apprentissages érotiques. Selon les études en sexologie, il n’y a pas de certitudes mathématiques pour garantir qu’un acte sexuel puisse être préalablement satisfaisant.

En général ceux qui paient les « aphro » rêvent de l’idée de performance sexuelle sans échec et hautement hystérique. Pour Dr Ouattara Safiatou, pharmacienne responsable au Laboratoire de recherche Gamet, les personnes qui utilisent les excitants sexuels, se dopent peut-être pour avoir des sensations particulières. C’est bien le mot : sensation, performances. Le Laboratoire a mis sur le marché depuis quatre ans environ, le Viriton, un produit à base de matières végétales et qui soigne la fatigue générale et sexuelle, la défaillance de la virilité et l’impuissance sexuelle. Selon Dr Ouattara, l’utilisation des « dopants sexuels » comme on peut les nommer, comportent des risques pour la santé des individus concernés.

Alors, les aphrodisiaques sont-ils vraiment des coups de pouce à la sexualité comme le pensent les consommateurs des pharmacies parterre ? « Nos produits sont fiables ! », s’exclament les vendeurs. « Ça, c’est de la sexualité artificielle. Je n’encourage les citoyens à s’adonner aux aphrodisiaques. Et ce n’est pas sans conséquences. Il y a souvent des effets secondaires fâcheux chez la femme ou l’homme. Ce sont souvent des produits qui ne sont pas médicalement répertoriés ou qui sont traditionnels. Ils n’ont, le plus souvent, pas de posologie claire et sont sans contrôle.

Quand vous prenez de tels produits, vous pouvez mettre votre santé en péril au prix de quelques instants de plaisir. Le bon conseil, c’est d’avoir un prestataire de santé quand on a des problèmes. Il ne faut pas aussi forcer le talent en cherchant à faire des records en la matière », rétorque Dr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien, dans une interview accordée au magazine Votre Santé en novembre 2009. A Ouagadougou malheureusement, les dysfonctionnements liés au sexe ne font pas toujours l’objet de consultation chez le docteur. Dans la majeure partie des cas, le Ouagavillois reste chez lui et le médicament l’y rejoint ou le croise dans un maquis, sur une route, dans un marché. Le marketing des médicaments du plaisir ne fait que donner plus de possibilités. Le Dr Ouattara conseille plutôt aux hommes qui ont des échecs sexuelles de se référer à des spécialistes. Cela permettrait de gagner du temps, car l’auto médication et la solution commando compliquent le mal.


Les aphrodisiaques, ou plutôt les stimulants sexuels n‘ont pas toujours une forme médicale. Ils font partie aussi des aliments que nous consommons tous les jours. Parfois dans les maquis, cabarets et autres gargotes à travers la ville de Ouagadougou nous sommons « koassa (vendeur de viande pour les ouagavillois ndlr), mets beaucoup de piment ». Si certains ignorent que le piment est un aphrodisiaque. D’autres le savent et s’en donnent à cœur et joie. Parfois en compagnie d’une tourterelle ou seul, l’on veut se « mettre en condition » pour la suite de la soirée qui s’annonce mouvementée.

Le piment, aliment courant dans la consommation est un « aphro ». Vert, rouge, jaune, sec ou frais, il se retrouve au cœur de l’alimentation dans les bars et les gargotes de Ouagadougou. De la viande, du poisson pimentés le tout arrosés de boissons et le tour est gagné. Abdoul Maïga, vendeur de viande au secteur 24 soutient à ce sujet qu’il est courant que des clients le renvoie le plat servi parce qu’il manque de piment. Mais pour lui, si certains savent que le piment est un aphrodisiaque, d’autres en raffolent sans en connaître les effets.

Les aliments qui ont des vertus aphrodisiaques sont légion en Afrique. Le poivre par exemple est réputé être un puissant aphrodisiaque. Certains sont des légumes répandus : asperge, poireau, céleri, concombre. Il y a aussi de nombreux fruits : goyave, banane, avocat, pêche, abricot, durian malais et indonésien.


Les stimulants sexuels et aphrodisiaques reconnus dans la tradition

Nous avons fait un tour, au marché de la pharmacopée à Nabi-Yarré. Les femmes disent disposer des produits traditionnels qui soignent les problèmes sexuels des hommes. Il suffit d’en exprimer le besoin et elle prépare le produit. Ces femmes expliquent les problèmes sexuels des hommes par les habitudes alimentaires et certaines maladies. C’est dire qu’il existe des savoirs locaux qui permettent aux hommes de résoudre leurs échecs sexuels.

Dans la tradition mandingue par exemple, certains mets servent de stimulants de désir sexuel. On peut citer entre autres les sarriettes, les dêguê et bouillies aromatisées…Ces produits non seulement servent de stimulants pour le couple mais aussi leur présence prévient l’époux de la disponibilité de la femme à satisfaire le mari après le repas. A l’Ouest du pays, ces pratiques sont fréquentes. La jeune fille bénéficie d’une éducation sexuelle qui prend en compte ces aspects. Une fois au foyer, elle a une idée de la conduite à tenir.

Les femmes de culture mandingue utilisent de l’encens et autres philtres enivrants pour « conditionner » l’époux. « Nos femmes utilisent des écorces en infusion (sarriettes) qu’elles boivent pour purifier les parties génitales et susciter du plaisir durant l’acte sexuel » nous a confié Fatogoma Traoré, originaire du Kénédougou. Le scintillement et le bruit des baya (perles) viennent ajouter l’utile à l’agréable pour que le désir et la jouissance sexuelle soit au comble. « Nos mamans fabriquaient aussi des savons traditionnels pour faire leur toilette intime », commente cet enseignant. Selon ce quadra, une « poudre magique » est aussi utilisée dans la partie vaginale pour susciter le plaisir de l’époux pendant l’acte sexuel.

Au niveau des hommes, il est fréquent que ces derniers consultent les charlatans ou les féticheurs. Le village de Ouavoughé ( littéralement « vient ressusciter » ) dans la province de l’Oubritenga est réputé soigner l’impuissance sexuelle. Il suffit que le malade apporte un poulet, des offrandes pour les sacrifices. J. S, soutient avoir obtenu satisfaction après s’être rendu dans ce village. La réputation de ce village a dépassé les frontières de notre pays.

En pays Bamanan on utilise comme produit aphrodisiaques le « gongõdili », encens, les perles, etc. Le gongõdili est une plante aromatique aux effets diurétiques et désinfectants appartenant à la famille des vétiver. Nom scientifique : Vetiveria ; érotique des femmes de Segu. Certaines font aussi un mélange de dattes dénoyautées, de graines de courge et d’un peu de sel gemme, le tout broyé et malaxé ensemble. De la pâte obtenue, ou de petites boules rondes sur lesquelles on récite une formule magique. Ces boules sont introduits avant les rapports.

Camille Ouédraogo, Michel Nana

Par Bendré

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