Pas de détour...
Je ne suis pas un grand fan d'Hervé Bizeul, son vin et sa communication compris...
Que les vignerons soient présents sur la toile et qu'ils communiquent, cela fait parti du "jeu" dans notre siècle de réseau social virtuel.
Les blogs de vignerons sont une source inépuisable de lecture pour le bicéphale, nous apprenons tout et nous avons l'impression de suivre le vigneron dans sa démarche pas à pas.
A la volée (parmi d'autres), les blogs de Francis Boulard ou d'Iris Rutz-Rudel, d'Isabelle Perraud ou de Patrick Vermorel (même si la motivation semble être plus difficile en ce moment...) sont un moyen de se sentir au milieu des vignes, de découverte en découverte pour encore mieux apprécier le vin.
Avec son passé de journaliste, Hervé Bizeul a été un précurseur du blog vigneron.
Son blog a un style bien à lui, un peu beaucoup tourné vers lui (certains diront égocentrique...ouh, les vilains...).
Mais, Hervé Bizeul est loin de l'image du vigneron que la Nature a rendu humble.
Il est loin de l'image du vigneron qui doute, se remet en question.
Il faut le voir (et entendre) sonner le cloche en plein salon de vigneron pour annoncer qu'il va faire une dégustation de sa meilleure cuvée...
Tout cela dégage une sensation d'hyper-communication qui a toujours un peu refroidi le bicéphale.
Bon, nous ne pouvons pas parler d'un vin uniquement sur les affinités avec le vigneron...
Nous avons donc goûté les vins d'Hervé Bizeul du domaine du Clos des Fées, dans le Roussillon.
Mais, voilà, les vins du Clos des Fées sont souvent trop lourds, avec un manque de finesse.
Ils sont le reflet du stéréotype du vin du sud gorgé de soleil, testiculé à souhait avec une mâche sans finesse...
Longtemps j'ai cru qu'on n'y pouvait rien, que le Roussillon ne pouvait produire que du "lourd"...
Et la dégustation des vins du domaine Vinci a ouvert une belle porte.
Il est possible de faire des vins avec une belle acidité, une complexité sans lourdeur tout en équilibre.
D'autres domaines de la vallée de l'Agly, dans le Roussillon, se sont ajoutés à la mémoire vinique du bicéphale avec de beaux compte-rendus à venir.
Me baladant dans un hypermarché pour y acheter du papier toilette rose, je tombe sur une vilaine foire aux vins...
On ne se refait pas, je traîne un peu, découvrant des noms de domaines farfelus de Bordeaux (certifiés Grand Vin de Bordeaux, ouarfff...) et mon regard tombe sur une bouteille Walden Côtes du Roussillon Rouge 2007.
C'est marqué dessus, c'est du French Red Wine...
Walden est l'activité de négoce (c'est à dire achat de raisins à un ou des tiers, produisant un vin sous sa marque propre) d'Hervé Bizeul.
Plusieurs fois par an, les lecteurs de la Revue des Vins de France peuvent lire la pluie de louanges pour cette activité de négoce...
Allez, on ne va pas mourir idiot, je ne suis pas a 7 euros près...
Donc, ouverture de la bouteille le soir chez mes beaux-parents pour un petit dîner après les ensillages de maïs (comme je sers à rien, je suis chargé du repas).
Grande nouveauté, c'est la première fois qu'une contre étiquette m'agace...
Généralement, j'adore qu'il y ait un petit mot sur la contre étiquette, même si ce n'est pas informatif, c'est une façon de présenter le vin pour le vigneron, de mettre l'eau à la bouche.
Ici, c'est assez imbuvable...
Voilà, une belle confiture bien étalée.
Il faut creuser le concept et coller un petit livret avec les plus beaux haïkus d'Hervé Bizeul...
Le vin est un assemblage de syrah, carignan et grenache, la triplette gagnante du Roussillon.
La robe est d'un beau grenat-violet bien sombre, c'est opaque, j'aime cette noirceur.
Au nez, pas de trace d'évolution, pas de bouchonné, cela semble bien mûr mais fruité...
En bouche, ça pique et ça pétille...
C'est âcre et désagréable en bouche.
Le vin est foutu.
Quelle tristesse...
Je tente de réanimer le vin, je tourne, j'espère que c'était un mirage.
Je reste seul à me battre et à me reservir (on ne sait jamais...), alors que les autres sont déjà passés à autre chose, laissant la pauvre bouteille soupirer son dernier souffle.
Espérant un cas unique, la deuxième bouteille est ouverte... avec les mêmes conclusions, le vin est broyé.
Quel gâchis...
En commençant le bicéphale, nous avions décidé de n'écrire que sur les vins qui nous avaient impressionnés, respectueux que nous sommes des vignerons.
Là, c'est le dépit qui fait écrire.
Auchan a-t-il détruit un bon vin (deux bouteilles achetées le même jour avec les mêmes défauts, j'aurais dû faire un LOTO...)?
Les vins de Walden méritent-ils toutes ces louanges?
C'est le pire rapport plaisir-prix de la décennie...
Boire un bon vin me donne une patate monstrueuse, le plaisir coule dans mon estomac et je pêche les sourires des amis qui, comme moi, prennent leur pied...
Là, bof, je me sens tout déprimé comme après un journal télévisé de 20 heures...
Ps: Je posterai tous les commentaires positifs sur les vins de Walden... J'espère toujours me tromper lorsque je passe à côté d'un vin à ce point...