mardi 1 juin 2010

L’antisémitisme en France 1870 à nos jours

L’antisémitisme en France

1870 à nos jours

Introduction

-Différence entre antisémitisme et antijudaïsme. Ce dernier caractérise avant tout une discrimination religieuse (la France étant jusqu’à la Révolution française considérée comme la fille aînée de l’Eglise) alors qu’à partir du XIXe siècle, cette discrimination prend une dimension plus raciale.

-Histoire française qui est jalonnée d’évènements graves ayant mené à une persécution plus ou moins forte des communautés juives, regroupés par ailleurs dans des quartiers spécifiques, les ghettos, dont le nom sera repris par les nazis durant la seconde guerre mondiale.

Par exemple : Grande Peste noire en 1348 : de nombreux juifs, accusés d’avoir répandu le fléau divin, seront massacrés, notamment en Alsace.

-Avec la Révolution française, la société prend conscience du problème que pose la communauté juive, à la fois installée en France depuis longtemps et ne possédant pas les droits des citoyens français. Après des débats houleux, Louis XVI ratifie finalement le 13 novembre la loi déclarant les Juifs citoyens français.

-Le sort des juifs connaît des hauts et des bas tout au long du XIXe siècle, des bas avec la politique discriminatoire menée par Napoléon 1er, des hauts avec la libéralité de certains régimes (Louis Philippe, notamment, fait instaurer en 1831 l’égalité des cultes au nom de l’absence de religion d’Etat : le judaïsme reçoit ainsi des fonds du Trésor Public)

-Avec l’instauration de la IIIème République le 4 septembre 1870, les juifs espèrent voir de la part de ce régime démocratique la pleine reconnaissance de leurs droits et la stabilisation de leur situation.

Problématique : Quelle a été l’importance de l’antisémitisme de 1870 à nos jours en France ?

Plan : I. De 1870 aux années 1930 : Un antisémitisme traditionnel ?

II. Années de crise et années noires : la montée de l’antisémitisme.

III. De l’antisémitisme à l’antisionisme ?

I De 1870 aux années 1930 : Un antisémitisme traditionnel ?

1) Etat des lieux en 1870

-Perte de l’Alsace et de la Lorraine où les juifs étaient les plus nombreux et l’antisémitisme le plus fort.

- Le décret Crémieux signé par Gambetta en octobre 1870 permet aux juifs algériens d’obtenir la nationalité française, ce qui semble montrer la volonté du nouveau régime d’incorporer encore davantage la communauté juive à la Nation.

-Mais parallèlement à cela, et malgré la faible population juive (environ 90000 personnes), l’antisémitisme reste profondément ancré dans les mentalités.

-Un antisémitisme de droite : pour es personnes profondément catholiques, le peuple juif est perçu comme le peuple déicide, responsable de la mise en croix de Jésus. L’antisémitisme est ici un moyen pour cette droite ultra conservatrice de combattre la République dont le projet de laïcité développé dans le programme de Belleville menace la conception traditionnelle de la France.

-Un antisémitisme de gauche axé davantage sur le pseudo poids économique qu’occupent les juifs en insistant sur leur rôle commercial. C’est l’extrême gauche qui lance le thème du complot juif, qui en collusion avec le modèle capitalisme, cherche à s’emparer du monde.

2) L’Affaire Dreyfus et une flambée de l’antisémitisme.

-Personnage d’Edouard Drumont (1844-1917) : homme de lettres, pamphlétaire, il publie en 1886 La France juive, essai dans lequel il réalise la synthèse entre l’antisémitisme de gauche et celui de droite pour forger le mythe moderne du juif.

-Première crise avec l’aventure du général Boulanger (1886-1889) : sur les revendications principalement nationalistes du général va se greffer l’antisémitisme développé par l’extrême droite et qui sert l’antiparlementarisme.

-Création à cette époque des premières ligues qui se joignent à Boulanger. (Déroulède : Ligue des Patriotes créée en 1882)

-Mais c’est avant tout l’affaire Dreyfus qui va montrer toutes les tensions antisémites qui existent encore à cette époque en France et vont éclater à partir de 1894.

-Capitaine juif, Dreyfus est accusé d’espionnage en faveur de l’Allemagne. Radié des rangs de l’armée, envoyé au bagne, son procès renferme toutefois de nombreuses lacunes.

-Bientôt autour de cette affaire se cristallisent les tensions. Au niveau national, deux camps se forment :

-Les Anti-dreyfusards : l’Etat Major, tout d’abord, ultra conservateur et à l’influence très grande, l’extrême droite emmenée par Drumont et soutenue par des journaux comme La croix, ainsi que les intellectuels nationalistes Barrès et Déroulède, une grande partie de la droite ( Faure refusera la grâce de Dreyfus).

-Les Dreyfusards : beaucoup d’intellectuels de gauche, dont le plus grand représentant est Emile Zola, des radicaux comme Clemenceau, Jaurès (mais dont l’opinion ne fait pas l’unanimité chez les socialistes)…

Mais au niveau quotidien, l’Affaire a aussi de graves conséquences : il n’est qu’à voir la célèbre caricature et toute l’importance que lui consacra la presse dans son ensemble.

3) Conséquences de l’Affaire et apaisement relatif des tensions.

Conséquences :

-création en 1898 de l’Action Française par Henri Vaugeois et Maurice Pujo, qui durant les décennies suivantes va acquérir le rôle de porte-parole de l’extrême droite.

-Entrée aux législatives de 1898 de Drumont et quelques autres extrémistes au Parlement.

-La gauche perd en partie l’antisémitisme qui pouvait encore caractériser certaines de ses branches (les guédistes étaient anti-dreyfusards par exemple).

Première guerre mondiale et années vingt :

-Participation des juifs à l’Union Sacrée : un nationaliste comme Barrès est amené à incorporer les juifs dans Les diverses familles spirituelles de France (1917)

-Maurras et l’Action Française continuent cependant à propager l’antisémitisme. En parlant de quatre « états confédérés » (Juifs, Protestants, Maçons et Métèques), Maurras se réfère ainsi au mythe de la communauté juive indépendante à l’intérieur de la Nation.

-On note cependant un certain infléchissement de l’antisémitisme après guerre. L’absence de crise politique majeure y joue sans doute un rôle.

II Années de crises et années noires : la montée de l’antisémitisme.

1) Les années 1930.

-Affaires politico financières qui secouent la république et provoquent le retour d’un antiparlementarisme fort. Janvier 1934 : affaire Stavisky, du nom d’un aventurier juif d’origine russe.

-6 février 1934 : Manifestations des ligues d’extrême droite à Paris.

-Globalement, un retour encore plus marqué de l’antisémitisme avec l’arrivée en juin 1936 de Léon Blum au pouvoir. D’origine juive, il sert de véritable victime expiatoire aux caricatures et insultes de la part de l’extrême droite.

-Le réveil de certains intellectuels antisémites (plus l’AF qui demeure très active tout au long de l’entre deux guerres) : Céline publie en 1937 Bagatelle pour un massacre, pamphlet antisémite (« Qu’ils crèvent tous d’abord, après on verra ! »)

-Les Ligues sont interdites en 1936, mais cela n’empêche pas cet antisémitisme de s’exprimer.

-1939 : décret loi Marchandeau qui rend l’expression de toute forme de haine raciale passable d’une condamnation.

2) Vichy et la Révolution Nationale.

-Arrivée de Pétain au pouvoir qui se traduit par l’application du programme de la Révolution Nationale : les juifs font partie de cette anti-France contre qui Pétain entend lutter.

-Très rapidement, divers décrets viennent limiter les droits des juifs.

Ainsi : -annulation du décret Crémieux qui protégeai les juifs d’Algérie. Plus de 100 000 juifs sont ainsi concernés.

-abolition du décret Marchandeau : prôner l’antisémitisme n’est plus un délit.

-septembre 1940 : premières lois restreignant les droits des juifs.

Et ainsi de suite jusqu’en 1944 (port de l’étoile jaune, rafle du val d’hiv…).

3) Le collaborationnisme

-Création de la milice.

- A partir du retour de Laval, collaborationnisme accru avec l’Allemagne (Doriot…)

-Très forte implication des intellectuels (Drieu la rochelle, Céline…)

-Dans l’ensemble, un antisémitisme qui devient latent, général : films, théâtre, expositions sont autant de moyens mis à la disposition.

III 1944-1990 : de l’antisémitisme à l’antisionisme ?

1) La Libération et le reflux de l’antisémitisme

-Fin de la guerre : découverte de l’horreur des camps. Emoi public devant la barbarie nazie.

-Procès des grands collabos : Pétain, Laval et, du côté des intellectuels, de Brasillach.

-Décret Marchandeau rétabli. L’extrême droite reflue.

-Interdiction de l’AF et emprisonnement de Maurras.

2) Vers un retour de l’antisémitisme ?

-Quatrième république qui connaît un certain remous au niveau politique : PMF est par exemple la cible d’attaques antijuives : « buveur de lait »…

-Pierre Poujade et son aventure avec son élection à la Chambre en 1956 : remontée rapide d’un certain extrémiste mêlé de cet antisémitisme « traditionnel ».

+ Associations de défense de la mémoire de Pétain, de Drieu la Rochelle… animées entre autres par l’avocat Tixier-Villancourt.

3) L’antisionisme

-Création de l’état d’Israël en 1948

-Depuis les années 1970 et l’exacerbation du conflit israélo-palestinien, augmentation du nombre d’attaques de juifs en France. (ex : cimetière de Carpentras, divers synagogues…)

- Antisionisme latent : ex : De Gaulle dans sa déclaration ambiguë en 1967.

-Dans l’ensemble, une recrudescence de l’antisémitisme qui semble trouver une victime expiatoire dans l’état d’Israël.

Conclusion : -Reprendre rapidement les parties.

-Appuyer sur l’antisémitisme vu comme une poussée de fièvre régulière en France durant les périodes de crise.

-Montrer tout de même une évolution de l’antisémitisme tout au long du siècle.

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