Delta 3. Dourge 62 nord de la France La plateforme doit confirmer son potentiel



Delta 3. La plateforme doit confirmer son potentiel


ajouté le 10 septembre 2010
À Dourges, sur 300 hectares, Delta 3 concentre un terminal de transport combiné trimodal et un parc logistique de 330.000m² d'entrepôts. Une extension de 110 hectares est en cours. (Photo DR)
Delta 3 veut voir plus grand. À l'heure où se dessine une extension de 110ha qui viendront s'ajouter aux 300ha actuels, la plateforme trimodale et logistique doit passer à la vitesse supérieure. Si le pari routier est gagné avec les implantations de géants comme Leroy Merlin ou Décathlon, le terminal n'a pas atteint toute sa pleine mesure pour le ferroviaire et encore moins pour le fluvial. Surdimensionné? Trop précurseur? Delta 3 carbure aux projets d'agrandissement et de nouvelles connexions ferroviaires.
Dossier réalisé par Ségolène Mahias
Delta 3. Un nom et un concept. Implantée à Dourges, au sud de Lille, en bordure de l'A1, cette plateforme associe en un même site un terminal de transport combiné trimodal associant le rail, la route et la voie d'eau. Delta 3 dispose aussi d'un parc de 330.000m² d'entrepôts de dernière génération où se sont installées de grandes entreprises exogènes ou endogènes à l'instar des Décathlon ou autres Leroy Merlin.
Un équipement unique

À cette recette gagnante, il faut aussi associer un centre de service routier et le siège d'Euralogistic, le pôle d'excellence régional. Les derniers ingrédients à venir ont de quoi mettre en éveil les papilles des logisticiens et transporteurs avec la présence de deux hôtels d'entreprises où beaucoup ont pris leur quartier, intéressés par les services et les compétences qu'ils y trouvent, ainsi que la notoriété d'une telle domiciliation. Le menu promet d'être prochainement complet avec l'ouverture en 2011 d'un campus de la logistique et la présence d'un restaurant sur place. Pourtant Delta 3 doit encore s'imposer via son terminal et les flux générés. Chez les professionnels, le constat est sans appel. «Au début en 2003, les Belges nous enviaient un tel équipement, mesurant bien tous ses atouts. Aujourd'hui, j'ai l'impression que la plateforme n'est pas encore allée au bout de ses ambitions, il faut ouvrir Delta 3 pour attirer plus de flux», commente Daniel Duponchelle, président de l'Aslog Nord Picardie.
Baisse des flux en 2009 sur le terminal

Le trafic sur le terminal, voilà là où tout devrait se jouer. Pour cela, il va falloir convaincre plus de logisticiens et de transporteurs à utiliser le terminal de conteneurs. Celui-ci est géré par LDCT et compte parmi ses actionnaires des filiales de la SNCF et un GIE intégrant les ports de Lille et de Dunkerque. «En 2009, nous avons réalisé 72.000 passages chantiers. Nous avons déjà traité 100.000 passages chantiers et nous pouvons aller jusqu'à 160.000», précise Denis Demailly, directeur commercial et développement des ports de Lille. En amont, c'est tout un état d'esprit qu'il faudra changer. «Nos clients sont dans l'urgence. Aujourd'hui, le transport routier répond à leurs attentes en terme de réactivité. Le multimodal va devoir être plus développé et plus adapté en terme de flux et de prix», avance Jocelyne Hemelsdael d'Héfitrans.
L'infrastructure capitalisée par Ports de Lille?

En coulisses et à mots couverts, plusieurs professionnels de la logistique et du transport pointent la capitalisation de l'outil par les Ports de Lille: son directeur Bernard Pacory est aussi DG délégué de la société Delta 3 et LCDT, gestionnaire du Terminal compte également la structure portuaire parmi ses actionnaires. «Dourges est modo modal: le fluvial et le ferroviaire comptent peanuts C'est un succès en mètres carrés. Au lancement de l'équipement, on est allé chercher des compétences à Lille. Aujourd'hui Delta 3 est la base arrière des Ports de Lille qui ont gardé sur place leur valeur ajoutée. Il faudra être vigilant pour Marquion et nous impliquer dans la gouvernance pour réussir ce pari», avance Jean-Marc Devise, président de la CCI d'Arras. Si l'expérience des Ports de Lille ne peut être contestée, l'activité encore timide du terminal s'explique aussi peut-être par son aspect précurseur. «Il faut parfois rappeler à certains logisticiens qui y sont installés qu'il convient d'utiliser à bon escient l'équipement», poursuivent Denis Demailly et Dominique Drapier, responsable de la communication et des relations extérieures pour les Ports de Lille.
Une logistique durable

Au final, les gestionnaires ont choisi de mettre en avant des projets en misant sur des potentialités qui sont bien réelles. «En déplaise à certains, la logistique à grande échelle est bien présente sur Delta 3. L'histoire de la logistique s'écrit de plus en plus dans le développement durable», contrebalance Edouard Magnaval, président de la CCI de Lens. Et c'est vers là que la nouvelle stratégie de développement s'élabore. «Nous sentons des frémissements de reprise. Ainsi des projets industriels avec des flux en mode alternatif se dessinent», indiquent les représentants des Ports de Lille. Par ailleurs, pour augmenter les flux, les gestionnaires s'activent pour décrocher de nouvelles liaisons ferroviaires vers l'Allemagne et l'Est. Un branchement sur la future autoroute ferroviaire atlantique, qui relierait le Nord de la France au Sud de l'Espagne est étudié. L'extension programmée de 110 hectares se dessine. Elle devrait également permettre de capter d'autres clients et d'élargir l'offre logistique. «Le but est d'élargir la base régionale et d'attirer des entreprises américaines ou asiatiques par exemple. Cela créera des flux et de l'emploi», poursuit Dominique Drapier.
Des entrepôts de 70.000m²

Pour les accueillir, la société Delta 3 imagine des entrepôts de 70.000m² voire de 120.000m². «Il y a une demande et peu d'offres», argumente le directeur commercial. Delta 3 attend également beaucoup de Seine-Nord. «Ce devrait être un booster fluvial. Les potentialités d'un quadripôle, Port de Dunkerque, Port de Lille, Delta 3 et la future plateforme de Marquion seraient énormes.» Réponse en 2015 - 2016.

La vision des professionnels. «Des loyers trop élevés»
Delta3 répond-t-elle aux attentes des logisticiens et des transporteurs? Équipement en devenir pour les uns, trop surdimensionné pour les autres, il ne fait pas l'unanimité.
«Delta 3 nous intéresse car nous sommes à côté. Nous avons des clients parmi les entrepôts sur place en terme de transport routier mais nous n'avons pas recours au ferroutage ou au fluvial», commente Jocelyne Hemelsdael, directrice commerciale d'Héfitrans à Carvin. Preuve de cet intérêt, la PME a investi dans des porte-conteneurs.
«Trop de réflexions, pas assez d'actions»

Pour Daniel Duponchelle, président de la délégation Nord Picardie de l'Aslog (Association française pour la logistique), «Autour de Delta 3, il y a trop de réflexions et pas assez d'actions». À Anzin (59), au siège du réseau Logistique Grimonprez (CA: 25M€, effectif: 240 collaborateurs), le regard des professionnels s'exerce quant à l'équipement. «Il s'agit d'un superbe outil nationalement connu mais avec une vocation régionale.» Le logisticien nordiste n'est pas utilisateur de la plateforme en direct mais via certains donneurs d'ordre. «L'ensemble Delta 3 est d'abord le résultat d'opérations de promotions immobilières, aux loyers élevés pour nos PME du réseau Logistique Grimonprez et l'ensemble des services à ses clients.Par ailleurs, d'un point de vue opérationnel, les bâtiments ne sont pas directement embranchés fluvial ou ferroviaire. Il en résulte une rupture de charge supplémentaire par camion.» Le groupe a donc choisi de privilégier d'autres implantations.
Grimonprez joue sa carte multimodale sur l'Escaut

Son intérêt pour le multimodal est pourtant certain. Via sa filiale Flag, Logistique Grimonprez dispose d'un port intérieur sur le canal de l'Escaut. Il est destiné à ses clients qui opèrent sur les 110.000m² couverts de plateformes logistiques en exploitation à ce jour. Ce quai fluvial bénéficie d'embranchements route et fer.


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