Avant d'arriver à Colonia Pelegrini, nous traversons des zones d'élevage de boeufs entourant des estancias. Les gauchos sont toujours présents. Ces bêtes paissent dans d'immenses terrains à perte de vue. Il n'est pas facile de trouver des endroits pour s'arrêter dormir ou manger car tout est clôturé et les chemins sont souvent fermés.

L'arrivée à Colonia, voie d'accès privilégiée au parc national Ibera, nous permet de découvrir nos premiers animaux en liberté: nandous, carpinchos et biches de la pampa font leur vie tranquillement au bord de la route. Les filles sont toutes excitées à chaque pause pour les observer. Nous n'avons pas l'habitude de voir d'aussi près des animaux en liberté.

A notre arrivée au parc, nous visitons le centre d'accueil qui nous permet de nous informer sur la faune et la flore locale avant de trouver un camping très sympa, au bord de la lagune. Les oiseaux sont toujours autour de nous, mais cette fois, ce sont les espèces particulières du parc qui nous environnent. Les couchers de soleil y sont magnifiques. Nous rencontrons d'autres routards venons d'Europe avec lesquels nous partageons de bons moments.

Le lendemain, nous partons à la découverte des sentiers du parc naturel. Nous nous promenons dans une végétation subtropicale très différente de la flore que nous connaissons. Les plantes épiphytes y sont reines. Elles poussent sur d'autres végétaux ce qui donne parfois des mélanges assez surprenants. A certains endroits, la nature a été conservée intacte car les sentiers sont balisés et il n'est pas possible d'en sortir. Ailleurs, nous déambulons dans la pampa au milieu d'herbes sèches très hautes. Nous croisons d'autres animaux. Ils ne sont pas du tout farouches car la chasse est interdite. Ils semblent confiants même si nous gardons une distance respectable. Néanmoins, le plus beau souvenir restera la ballade en lancha (barque). Nous avons découvert la lagune où nous avons pu découvrir de magnifiques animaux en liberté: les yacarés (crocodiles du coin ou «celui qui assomme la tête» en guarani) sont visibles par dizaines et sont les plus impressionnants même s'ils ne donnent aucun signe d'agressivité. Ils se prélassent au soleil pour se réchauffer, la bouche ouverte -cela leur permet de transpirer- et ressemblent parfois à des objets en plastique tellement ils sont immobiles. Les carpinchos – ou capybaras : rongeurs géants- les côtoient sans crainte. Les biches ou cerfs également. Nous avons également croisé une loutre et ses petits ainsi qu'une foule d'oiseaux dont nous ne connaissons pas les noms. Il y en a des gros comme des hérons, ou des cigognes. Il y a aussi des garzas (oiseaux endémiques du parc) et des vautours. Sans parler de ce qu'il y a sous la barque. Dans l'eau, il y a également beaucoup de vie: les plantes et les poissons cohabitent pour le grand bonheur de tous. Les herbivores en profitent mais également les carnivores comme les yacarés. Tout un écosystème s'est mis en place. Tous ces animaux vivent sur des îles flottantes. Les plantes à la surface de l'eau sont poussées par les vents et s'agglutinent, formant avec le temps des îlots sur lesquels peuvent vivre les animaux. Les animaux se déplacent avec les îlots; lors des tempêtes mais la plupart des espèces (même les cervidés) savent également nager pour se déplacer d'îles en îles. On a l'impression de se déplacer sur un matelas spongieux et quand on saute dessus, le sol bouge, comme sur un trampoline!

Avant la fondation du parc en 1982, les animaux étaient chassés (notamment les yacarés et les carpinchos pour leur peau). Certaines espèces étaient en voie de disparition. Aujourd'hui, les animaux ont repris leurs droits et les anciens chasseurs tirent profit du tourisme en devenant gardiens de parc ou guides. Tout le monde y trouve son compte pour le grand bonheur des animaux. On comprend maintenant pourquoi ils ne sont pas farouches: ils sont habitués à voir du passage, du moins sur la petite partie autorisant les passages pour les lanchas à touristes. Le parc faisant 20 000 km2, il est facile de contenter à la fois les amoureux et curieux de la nature tout en préservant des espaces (les plus grands) complètement sauvages.

Bref, nous avons été littéralement subjugués, adultes comme enfants, et nous projetons donc de continuer la visite du parc mais en passant cette fois par le nord. Plusieurs centaines de km sont nécessaires pour rejoindre l'autre côté mais nous verrons certainement peu souvent des espaces tels que celui-ci: empli d'animaux, tranquille et bien aménagés.

Nous prenons donc la direction du parc nacional Mburucuya (même faune et flore que Ibera) en passant pas Ituzaingo.

Septembre 2009 : Parc national IBERA

 
   

piste
La piste pour arriver.

 

Ciervo de la pampa
 
carpinchos
Les filles et les Carpinchos
 

Couché de soleil sur l'ile de Colonia Pelligrini
 

Yacare
 

Des oiseaux et un cervidé caché à droite
 
   

© 2009 - Dabo - Rodrigo