De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

mercredi, novembre 23, 2005

Le problème des banlieues

Le problème des banlieues

Cliquez sur le lien ci-dessous pour consulter une page de mon web sur les problèmes de l'émigration et de l'immigration.
J’ai entendu à la télévision, il y a quelque temps, des propos concernant les violences qui se sont déclarées dans les banlieues, voici près de trois semaines et qui, d’ailleurs perdurent encore, bien que sous une forme très atténuée.
Ces propos m’ont fait bondir et incité à réagir vivement en utilisant mon Blog.M. Jacques Myard, député des Yvelines, invité le 13 novembre dernier par la télévision anglaise, a longuement fait connaître son point de vue sur cette douloureuse actualité.
On pardonnera volontiers au député les défaillances de son anglais. Par contre, son analyse me paraît très incomplète, erronée et souvent caricaturale.J’ai eu le sentiment, à l’écouter, que pour lui, la révolte des banlieues se réduisait aux agissements d’une minorité de jeunes gens que l’on avait trop longtemps tardé à mettre à la raison. Au passage, il a, d’ailleurs, dénoncé la démission des familles et ce qu’il a appelé le laxisme de l’Education Nationale.
Il a, de plus, expliqué que la polygamie, pratique interdite en France mais coupablement tolérée, constituait un facteur essentiel de la crise des banlieues.
Je reconnais, bien entendu, l’importance de l’action éducative, encore plus dans le milieu des banlieues que dans tout autre milieu mais je lui rétorquerai, qu’à ce sujet , il ne met pas le doigt sur les vrais coupables. Il me paraît juste de comprendre qu’il est n’est pas facile pour des parents eux-mêmes en état de détresse de veiller à la bonne éducation de leurs enfants. Il me paraît également pertinent de mettre en cause le gouvernement qu’il soutient qui, en supprimant de nombreux postes de surveillants, d’administrateurs et de professeurs, ne permet pas à l’Ecole Publique, de s’acquitter de toutes ses tâches avec une pleine efficacité.
On peut admettre que la polygamie constitue un facteur aggravant du mal vivre qui sévit dans les banlieues mais cette pratique coutumière ne dépasse pas les dimensions d’un épiphénomène très minoritaire.
Il est possible aussi que quelques caïds aient appelé à l’émeute, bien que cette révolte semble avoir été largement spontanée mais, quand bien même cela serait, ces appels n’auraient jamais reçu un écho aussi large s’ils avaient résonné sur un autre terrain que celui de la pauvreté, du chômage, de l’exclusion, de la discrimination, voire du racisme. Ce sont là, en fait, les causes premières, profondes de la colère des banlieues.

Ce qui fait surtout problème dans l’analyse de M.Myard, c’est qu’il occulte, ou , à tout le moins, qu’il ne présente pas comme essentielles les vraies causes de la colère des banlieues. Celles-ci ne concernent pas seulement une minorité agissante de jeunes gens mais la grande majorité de ceux qui vivent dans ces banlieues et, en dépit de la complexité du problème, elles sont parfaitement décelables. Je répète qu’elles ont pour noms pauvreté, chômage, exclusion, discrimination, voire racisme. C’est en cela que son analyse est réductrice et caricaturale.

Le lendemain 14 novembre, M.Eric Raoult interviewé par Françoise Laborde dans le cadre de l’émission TéléMatin nous a présenté une version encore plus réductrice et caricaturale de la colère des banlieues. Pour lui, et je cite les mots qu’il a lui-même employés, c'est une affaire de " mômes " mal élevés. La solution est toute simple. Qu’on" leur tire les oreilles" !


Les deux hommes prônent les mêmes solutions pour résoudre la crise des banlieues. Il s’agit d’utiliser la voie de la répression, sous des formes sévères, voire musclées pour M.Myard, sous des formes plus souples, paternalistes pour M.Raoult.

On aura remarqué, s’agissant de M. Myard et de M.Raoult que je me suis gardé de dire qu’ils méconnaissaient les vraies causes des émeutes qui ont embrasé les banlieues. L’un et l’autre sont des hommes politique chevronnés. Je serais tenté de penser que leurs propos visent à masquer, dans cette affaire, les responsabilité de l’actuel gouvernement et de ses options libérales.

En désaccord avec eux sur les vraies causes de la colère des banlieues, je ne le suis pas moins en ce qui concerne les solutions à envisager pour résoudre le problème des banlieues. Pour moi, ce problème ne saurait être réglé par de simples mesures de maintien de l’ordre ou de répression aveugle à l’encontre des jeunes qui vivent dans ces quartiers difficiles.

Pour autant, je ne nie pas la nécessité de rétablir l’ordre. Des voitures ont été incendiées, des biens publics détruits, des pompiers ou des policiers agressés. Il est donc légitime que l’ordre soit rétabli. Mais cela ne doit pas se faire par la seule voie de la répression, encore moins par l’anathème. Il faut, avant tout, faire appel aux associations en place sur le terrain pour faire comprendre aux jeunes qu’en s’abandonnant à des actes de désespoir, ils desservent leur cause.
Je ne prétends pas ici, dans le cadre d’un simple Blog, faire le tour des solutions propres à résoudre le problème des banlieues. Je me bornerai à citer quelques solutions que je tiens, néanmoins, pour essentielles.

Deux catégories de solutions me semblent devoir être envisagées :

1°) Des solutions visant à réduire les conséquences des politiques ayant abouti aux difficultés que connaissent depuis longtemps déjà les banlieues.A ce titre, il faut rétablir les aides que l’actuel gouvernement a supprimées, les amplifier pour mettre en place des équipements collectifs, soutenir activement les associations dans les quartiers difficiles, construire en plus grand nombre des logements sociaux. On pourra ainsi combattre, ne serait-ce que partiellement, le désoeuvrement des jeunes et alléger bien des souffrances mais ces mesures, n’agissant pas sur les causes des difficultés des banlieues, ne peuvent permettre de régler le problème en profondeur et de façon durable. Aussi, faut-il des solutions d’une autre nature.
2°) Des solution agissant sur les causes du problème.
Ces solutions pourraient, pour l’essentiel, s’organiser autour de trois axes :
- Une politique de plein emploi, l’emploi étant le facteur le plus décisif en matière d’insertion sociale.
Cependant, une telle politique impliquant une croissance soutenue par une redistribution plus équitable des richesses produites, présuppose l’abandon des options libérales de l’actuel gouvernement et donc l’avènement d’un autre régime politique.
- Un renforcement des structures de l’école publique dans les banlieues pour ouvrir aux jeunes en difficulté, par des activités de soutien et des enseignements diversifiés, des perspectives de réussite professionnelle, sociale et personnelle.
- Une autre politique de l’immigration.
Les graves difficultés que connaissent les banlieues concernent, en majorité, des populations d’origine immigrée. L’immigration est donc un paramètre essentiel du problème des banlieues. Il importe , en conséquence, de contenir les flux migratoires. Il ne s’agit pas, pour autant, d’agir par voie répressive,en privant les immigrés en place dans notre pays des droits qui leur sont consentis ou en les reconduisant dans leur pays d’origine. La pauvreté étant le facteur essentiel du phénomène de l'immigration, il faut, chose que l’on aurait dû faire depuis longtemps déjà, engager sans plus tarder une politique d’aide aux pays pauvres, constituer un fonds monétaire international alimenté par les pays riches afin d’aider les pays pauvres à se développer, à créer chez eux de l’activité, faute de quoi, de nouvelles vagues d’immigrants, fuyant une misère endémique, viendront grossir les rangs de populations d’origine immigrée trop souvent déjà vouées au chômage et à ses dramatiques conséquences.
De plus cette aide au développement doit être définie en concertation avec les pays concernés. En aucun cas, elle ne doit conduire à la création d'un néo-colonialisme. Elle ne doit avoir d'autre but que de faire reculer la pauvreté. Pour ma part, je pense que dans certains pays, cette aide pourrait revêtir, en un premier temps du moins, une forme physiocratique pour répondre, par le développement de l'agriculture, à un problème urgent qui est celui de la malnutrition;


Qu'on me comprenne bien, il ne s'agit pas de tarir l'immigration. Le brassage des populations et des ethnies est un facteur d'enrichissement et un gage de paix pour l'avenir. Il s'agit tout d'abord de ne pas désertifier des espaces sur notre planète que l'on pourrait parfaitement mettre en valeur. Il s'agit auussi de mettre en adéquation les flux migratoires avec les possibilités d'accueil des pays recevant ces immigrés.
Le mot accueil a, pour moi, un sens très précis. J'entends par là, offrir à ces immigrés un emploi décemment rémunéré leur permettant ainsi qu'à leur famille de vivre décemment, leur ouvrir des perspectives de promotion , les protéger de toute discrimination et de tout racisme, bref leur accorder les même droits que ceux des autres citoyens, à charge pour eux de se soumettre aux mêmes devoirs.
J'ajouterai qu'il doivent avoir la possibilité s'il le souhaitent d'être naturalisés mais que, pour autant, nous n'avons pas à leur imposer d'être strictement à notre image. Il faut leur reconnaître le droit de garder leurs coutûmes, de sauvegarder leur identité s'ils en ont le désir.
Concernant ce problème de l'immigration, on voudra bien comprendre que, pour moi, idéalisme et réalisme peuvent parfaitement se conjuguer.




Pour conclure, je voudrais souligner que si les critiques que j’ai formulées à l'encontre des propos tenus par les deux députés cités plus haut, m’ont conduit à évoquer quelques aspects du problème des banlieues que je tiens pour essentiels, je n'en ai pas moins, pour autant, conscience que ce problème en comporte bien d’autres. Je crains, par ailleurs, qu’une fois le calme revenu, on oublie un problème qui ne sera pas pour autant résolu. C’est pourquoi je forme le vœu que tous les adversaires des nocives options libérales de l'actuel gouvernement, tout à fait impropres à apporter une réponse significative aux aspirations à plus de justice sociale que révèlent ces violences urbaines, se rassemblent pour aboutir à une compréhension plus complète et plus fine de ce problème , pour assurer aussi la promotion de solutions véritablement capables de résoudre en profondeur et de façon durable ce grave problème des banlieues.
La fondation Copernic propose une analyse très fouillée du problème des banlieues que vous pourrez découvrir en cliquant sur le lien ci-desous:
Pour mieux connaître l'histoire de l'immigration en France depuis deux siècles, visionnez un petit film fort intéressant en cliquant sur le lien ci-dessous: