dimanche 10 avril 2016

A Paris sous la pluie

C'est évident, alors qu'il a fait plutôt beau toute la semaine, le jour où je décide d'aller en goguette à Paris avec ma fille, la pluie menace. Et je suis à moitié patraque. Nous avons pris la route en milieu de matinée, pour arrivée à Bastille juste à l'heure du déjeuner. Je n'ai qu'une hâte : trouver un restaurant ou une brasserie. Pour déjeuner, bien sûr, mais aussi, et de façon pressante, pour aller aux toilettes, ma patraquitude me taraudant de plus belle.

Nous n'avons pas été décues, ni pour le repas ni pour le reste. Je connaissais ce restaurant dans lequel j'avais dîné avec des copains fans d'opéra. Du temps où j'allais à l'opéra. La salle est biscornue et se sépare en deux partie, une plutôt bar lounge, l'autre restaurant. Le décor est sympatique, la carte accueillante et pas trop chère.

Curieusement, les toilettes se cachent en plein milieu du restaurant. Quand on ouvre la porte, on est saisi. C'est la galerie des glaces. Des miroirs du sol au plafond (plafond compris). Une cuvette unique (et heureusement) mais qui se reproduit à l'infini. C'est le Versaille des egocentrés, des autocurieux insatiables. On peut se regarder déféquer sous tous les angles. N'étant atteinte ni de l'un ni de l'autre mal, je fixe obstinément mes pieds.

 

 

Wc pour egocentrés

Je ris de me voir si belle en ce miroir… (@akynou) le

Après déjeuner, direction les Halles, pour quelques courses chez Muji. Quand on a des gamines amoureuses du Japon, il y a quelques adresses incontournables. Muji en fait partie. A la sortie du métro, nous passons devant le squat d'artiste du 59. La porte est grande ouverte et l'invitation à entrer attirante. Je suis souvent passée devant, jamais dedans. C'est le moment où jamais de franchir le seuil avec ma fille qui adore le dessin. L'escalier monte en colimaçon jusqu'au sixième ciel. A chaque étages plusieurs ateliers et atistes différents. L'escalier et sa cage sont eux-mêmes décorés de fresques, tags, haiku, gribouillis, dessins.

Au premier étage, on tombe sur une porte close sur laquelle est inscrit : « Accès strictement, absolument, totalement interdit. Merci » Le message et passé, mais pour un squat d'artiste ouvert aux visiteurs, ça commence très fort. On monte donc un étage supplémentaire. On est accueilli par des poupons plus ronds que ronds, la figure même du bébé dodu qui dort. Il y en a sur les murs, sur la porte, dans le couloir, il est peint, dessiné, moulé, rose, bleu, vert, marron, jaune…baby alone in Babylone… Un peu plus loin, des mosaïque. On découvre les esquisses et les mosaïques qu'en fait l'artiste. Je préfère les esquisses personnellement. Et puis au bout du couloir, deux autres ateliers, habités ceux-là. De très belles choses qui plaisent particulièrement à Léone. A l'autre bout, deux gigantesques photos de jeunes femmes noires en train de danser. Elles sont presque à taille réelle, impressionnantes. Ce ne sont pas des photos. Un mot précise que l'artiste est maintenant au 6e. Et c'est vrai qu'il faut encore monter les étages.

 

Ateliers d'artistes 59 Rivoli. Must

ça swingue au 3e

Au troisième, quelqu'un s'est improvisé (ou pas) DJ, la musique résonne sur tout l'étage. On découvre des sculptures en terre, femmes nues au pagne, des têtes d'hommes, des morceaux de corps… Léone trouve que les statues ressemblent aux personnages africains d'Arthur et les minimoys. On découvre les costumes fait de brix et de brocs d'une artiste japonaise. L'une des robes est faite de pellicules de cinéma. Trop kawaï, pour rester dans le cliché.

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Les escaliers se grimpent sans souffrance car les escales sont nombreuses. On regarde un tag par ci, un dessin par là. Les marches ne sont pas très hautes mais souvent très décorées. Mais on fini par s'y perdre. On s'arrête aux étages, on entre sans frapper, on déambule. Ah j'oubliais, au deuxième étage un panneau nous autorise à jeter des cacahuètes sur les artistes. Sauf que la majorité ne sont pas là. Dommage…

Au total beaucoup de très jolies choses, un certain nombre de trucs très drôles et une bonne collection de n'importe quoi. Il y a même des croutes, au sens premier du terme, des tableaux couvert d'une croute de peinture. Ce n'est pas forcément vilain, tout dépend de la couleur choisie…

Nous redescendons sur le plancher des vaches parisiennes. Et reprenons le cours de notre vie. Pour le moment, il consiste à ralier la boutique Muji sous la canopée. Je veux dire dans le Forum des Halles. J'ai découvert le concept à Londres il y a quelques années. Des objets simples, avec des conceptions classiques, simples et abordables. Ce qui passionne mes filles, c'est tout ce qui concerne la papeterie : crayons, mines, feutres, gommes, etc. et cahiers en tout genre. Bref, on y passerait bien des heures malgré la foule du samedi après-midi. On s'installe même dans un canapé vert pomme extrêmement confortable. Il ne nous manque plus qu'une tasse de thé. On ne va cependant pas y passer la journée. Ni même l'après-midi. Nous nous extirpons et remontons vers la surface.

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Le trou des Halles couvert par la canopé…

La surface couverte par la canopée dont on nous rebat les oreille depuis tant de temps est moche comme tout. Le métal est d'une couleur kaki fade qui donnerait mauvaise mine à une top model sur un podium de Jean-Paul Gaulthier. Il fait gris pluie, et ça n'arrange rien. Le vent s'engouffre. Nous sommes tous frigorifiés. La foule est pourtant très dense.

Le quartier ne s'est pas amélioré. Fut une époque où il y avait de nombreux bistrots, il n'y a quasi plus que des fringues à vendre. C'est fou, partout, des magasins de vêtements, des marques que l'on retrouve dans tous les quartiers, dans toutes les villes. On ne mange plus, on se fringue. Et les quelques magasins d'alimentation sont réservés à une élite. Où vend-on les salades au kilo ? Pas sur les marchés. Dans la très chic boutique Causses (qui fleure bon le terroir chic) aux Halles. Zola doit se retourner dans le ventre de Paris.

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Que du bon que du cher que du bobo.

Ça donne envie de changer le monde… Direction place de la République. Le temps empire. La pluie devient insistante. Je pense aux manifestants rassemblés une fois de plus contre la loi El Komrhi. C'est peu dire que la méteo n'est pas de la partie. Vu de loin, vers 17 heures, lemouvement dont tout le monde parle ne ressemble pas à grand chose. Il y a des bâches sous lesquelles certains se réfugient, des affichettes, des estrades improvisées. En fait, tout est improvisé. Les gens sont contents. Même les énervés. Partout, des carrés montés de toutes pièces qui rassemblent autour d'un thème. Il y a également une manifestation de réfugiés africains dont je ne comprends pas les revendications mais dont je suis sûre qu'elles sont légitimes. Il flotte une odeur de bouffe. Pas de merguez, plutôt des brochettes. Autour d'un arbre, ils sont nombreux à ajouter de la terre, à jouer les terrassier en prévision de la création d'un potager.

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La République humide…

La voix d'une femme rythme les activités : elle donne des informations, donne des modes d'emploi : comment intervenir, comment se parler, comment se tutoyer, comment de réunir. Elle accueille les intervenants, reprend le micro. François Rufin fait un speach. La sono n'est pas terrible, difficile de le suivre. Je retrouve le côté un peu boyscout de ce type de mouvements. Sous une des bâches, des étudiants en colère fabrique le panneau de bois qui marquera l'entrée de leur stand. Il y a des gamins qui jouent, des parents qui papotent et des étudiants qui rigolent, la plupart une bière à la main (sauf les gamins, il y a une limite à la liberté). Pour le moment, ça ne va pas jusqu'à échanger avec des étrangers. Chacun arrive avec sa coterie, son groupe, ses copains, sa famille. Avec Léone, nous sommes une bande de jeunes à nous toutes seules.

Voilà, l'Après-midi debout (la nuit est encore loin), c'est un grand bordel où chacun fait fait fait ce qu'il lui plaît plaît plaît, mais ensemble.

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la #nuitdebout, c'est aussi des slogans…

Ça me plaît, je resterais bien plus longtemps. Mais je ne tiens plus debout et il est temps de rejoindre la Bastille où nous devons dîner avec le père de mes enfants. Lui, il a été voir du côté de la manif ce qui se passait. Et puis, plus tard, je retrouverai mes camarades de covoiturage. Nous ne referons pas le monde, nous ne discuterons pas jusqu'à plus soif. Je conduirai, ils dormiront. Bye Paris. T'as toujours de la gueule tu sais. Même sous la pluie.

mercredi 25 novembre 2015

essai

on fait des essais typo mais après on s'en débarrasse

samedi 21 novembre 2015

Laissez nous vivre !

 
 
 
 
C'est une histoire en trois chapitres qui chaque fois se répète.
 
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1. On prend un coup. Pas n'importe quel coup. Un coup qui fait mal, physiquement, moralement aussi. Un coup qui nous confronte à la mort, à la peur, à la douleur. Bref, un grand coup sur la gueule.
 
2. Pour s'en remettre on trouve des choses douces, positives, qui font du bien. Parce que sinon, on aurait vraiment le moral dans les chaussettes. Voire plus le moral du tout. Ce fut une grande manifestation lors de laquelle on s'est tous appelé Charlie. C'est une idée folle et saugrenue d'aller faire de la résistance en terrasse autour d'un demi de bière ou un verre de vin. C'est illusoire, on le sait. On n'est pas idiot. Mais ça fait du bien, là, maintenant, tout de suite, de retrouver malgré tout des copains et de ne pas rester tout seul à pleurer. 
 
3. Des pères (mères) la morale, des donneurs de leçons, les grands maîtres à pioncer viennent nous faire la leçon. D'abord sur le mode : je ne suis pas Charlie, vous n'êtes pas Charlie, Charlie ce n'est pas nous. Puis, à l'automne :
– afficher le drapeau bleu blanc rouge, c'est con (c'est vrai, c'est tellement mieux quand on le laisse en otage aux réacs de tout poil… )
– c'est dégueulasse qu'on vous manifeste autant de solidarité qu'aux autres qui vivent la même douleur. Sans doute, mais qu'est-ce qu'on y peux ? Et on fait quoi ? Parce que les autres n'ont pas crié "Nous sommes Kenya, Nous sommes Beyrouth” on devrait s'empêcher de prendre ce qui nous fait du bien ? Faudrait-il dire à ceux qui nous manifeste de l'amour "Allez vous faire foutre » ? A mon avis, mais ça n'engage que moi, ça ne va pas changer grand chose.
– Et comme deux couches, ce n'est pas suffisant, aujourd'hui on nous assène une troisième : « Non mais ho, vous vous prenez pour de grands résistants parce que vous allez boire des coups en terrasse dans des quartiers soi-disant mixtes ? Vous n'êtes que des petits cons irréalistes, consommateurs débiles, à la botte du capitalisme… » Comme certains ont refusé d'être Charlie, d'autres refusent d'aller en terrasse.
 
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Bon. C'est leur droit. Mais qu'ils arrêtent, de grâce, de nous prendre pour des cons. Que croient-ils ? Qu'en proclamant la révolution des terrasses, nous nous prenons au sérieux ? Qu'en mettant des drapeaux BBR sur notre photo FB, nous nous imaginons trente seconde être révolutionnaire ? Et qu'en acceptant avec une gratitude amusée (quand même FB, Google, Apple, Youporn… Youporn !, c'est drôle) les soutiens qui nous viennent de partout, nous n'avons pas une pensée pour ceux qui ont souffert, souffrent et souffriront de la barbarie ? Qu'on ne peut pas et panser (et penser) ses plaies et penser (et panser) aux autres ?
 
Mais pour qui se prennent-ils tous ces donneurs de leçon. Nous le savons que nous vivons dans un monde en crise. Crise économique, crise politique, crise terroriste. La réalité nous saute à la gueule. Nous ne sommes pas aveugles. Nous avons juste besoin d'un peu de bonheur, de douceur, d'amitié, de légèreté dans ce monde qui comme le dit le Gorafi est passé de monde de merde à monde de merde de merde.
 
Alors moi, pour mes filles, pour leur redonner le sourire (même si je ne leur ai jamais caché la durement de la vie), je recommencerai à aller en terrasse boire des coups, jusqu'à ce qu'elles cessent de sursauter à la moindre porte qui claque ou au moindre pot d'échappement mal embouché.
17 novembre. Après l'attentat…

mercredi 15 juillet 2015

Terres du son 2

Après la chaleur du concert d’Izia à Terres du son, l’urgence est de boire un coup. Le soleil et la poussière ont desséché ma gorge. Je craque et commande une bière et une bouteille d’eau. La bière est bonne, fraîche, elle descend toute seule, dépoussière tout sur son passage. Mais difficile de faire des réglage pour prendre Asa en photo un verre à la main.

Main

Car sur la scène d’à côté, la Nigériane vient de s’installer. Tenue noire moulante, poncho rouge et lunettes improbables, elle commence son récital par un de ses titres les plus connus. Je la regarde pendant deux ou trois morceaux puis je m’éloigne. J’ai besoin de m’asseoir. Et je m’ennuie. J’aime beaucoup la musique d’Asa. Mais la voir ne m’apporte pas grand chose de plus. De toute façon, la musique est si forte que je l’entends très bien sans la regarder.

Je retrouve une de mes filles et son groupe de copains. On commente les concerts. On fait des projets pour dimanche, la troisième et dernière journée du festival : Zoufris Maracas, Massilia Sound System, Damian Marley, Jeanne Added… alléchant.

La bière, c’est désaltérant, mais cela a quelques conséquences. Nous voilà à la recherche des toilettes publiques. Terres du son se veut un festival écolo. Les toilettes sont donc écolos. Box en bois avec copeau de bois pour la grosse commission, pissotières pour pipi de garçon et aussi pour pipi de filles… Séparées bien sûr. On a testé. Deux grandes rigoles en plastique courent sous des parois de tissus qui délimitent les toilettes. Le mode d’emploi est inscrit sur un tableau à la craie : on se munis de papier toilettes, on se place derrière un morceau de tissu (qui ne dissimule pas grand chose), on baisse sa culotte et on pisse dans la rigole. Simple comme bonjour. Des nanas s’esclaffent, d’autres sont prises de fou rire, certaines prennent des mines dégoûtées, mais l’ambiance est plutôt à la bonne humeur, voire au girl power. Suffit-il de pisser debout ?

The Do se présente sur la scène Gingko. Une de mes filles est fana de ce groupe. Je ne suis pas sûre de vouloir assister au concert. J’ai déjà vu le duo à la télé. J’aime beaucoup leur pop mâtinée d’électro et de rock. Mais je les trouve très cérébraux sur scène : les mouvements de la chanteuse sont mesurés, calculés, voire millimétrés. Si la mesure est sincère (et bonne), les mimiques me semblent totalement artificielles. A la fin d’une chanson, elle prend la pause, les mains croisées sur la poitrine à la façon d’Egin Schiele (la référence doit être autremais c’est ce à quoi elle me ait penser). L’instant d’après, alors qu’elle esquisse puis réalise un mouvement de jambe façon karateka, on ne le voit pas, mais elle tire légèrement la langue. Comme une écolière qui peine à trouver son équilibre. Mon objectif est indiscret.

Main Main Main

Je ne suis pas une bonne cliente. Je prends quelques photos, puis je vais regarder le spectacle de plus loin, mieux profiter de la musique. Je suis épuisée, mais je n’ai pas envie de partir.

Je me rapproche, je prends des photos. Je cherche mes lunettes, je les sors de ma poche. Je m’avance d’un mètre en surveillant l’écran de mon appareil photo et j’entends mon nom. Mon nom et mon prénom. Je me retourne, une jeune femme tient dans ses mains ma carte de presse qui était tombée quand je cherchais mes lunettes. Je m’approche pour la lui demander, elle se retourne, c’est une de mes étudiantes. Elle s’est fait accréditer et elle assiste au concert. C’est elle qui a trouvé ma carte, surprise de la trouver en cet endroit. De me trouver à cet endroit. Le monde est tout petit.

The Do se tait, les lumières s’éteignent. Pas pour longtemps. D’autres groupes sont annoncés. Jusqu’à 3 heures du matin. Mais je n’en peux plus. J’envoie un SMS à mes filles pour les avertir que je rentre. Elles restent. J’ai envie d’une bonne bière et d’un bon bain.

Alors je m’éloigne et je dis « oh let me alone ».

 

Main
 
Texte et photos tous droits réservés

dimanche 12 juillet 2015

Terres du son 1

 

Capture_d_e_cran_2015-07-12_a__00.54.09.pngAutours de Tours, il y a de nombreux festivals l’été. Terres du son est l’un d’eux. Organisé dans le domaine du château de Candé, à Monts (37) il invite artistes rock, pop, français et étrangers. Parcourir une plaine des décibels plein la tête n’est pas forcément ce dont je rêve. Sans doute ai-je passé l’âge. Mais cette année, il y avait Izia. La petite Izia que j’aime d’amour. Alors j’ai dit banco, je me lance. Je veux voir cette fille, trouvez-moi une place.

 

Izia, je l’aime de toute petite (elle). La faute à ce disque, « Illicite », de son père, qui clamait sa naissance. Quelques chansons d’une tendresse infinie, comme a la Ballade pour Izia que j’ai chanté à ma propre fille quand elle était tout bébé. cette naissance patagée avec nous à fait d’Izia, certes la fille de Jacques, mais aussi la fille d’un copain qu’on ne voit pas très souvent. Qu’on regarde pousser de loin et qu’on découvre un jour, ado puis jeune fille. On se rappelle d’elle tout petit bébé, quand son papa chantait des morceaux qui portaient son nom. Et on se dit : mazette, comme elle a grandi la petite… Vous voyez ce que je veux dire.

Le truc, c’est qu’Izia n’a pas seulement grandi, elle n’est pas seulement devenue ce petit bout de femme qui nous épate parce que, mon Dieu, qu’est-ce qu’elle est devenue belle. Elle a aussi un putain de talent. Une générosité aussi. Un sourire. Une éclate… Izia, elle est wow, excusez-moi, je n’ai pas de mots.

Je l’ai découverte à la télé, cette pile électrique au sourire éclatant, génial, nature, sincère. Et j’ai aimé cette énergie qu’elle livre, qu’elle donne sans rien retenir. Prenez et prenez en tous, ceci est ma vie, mon air, mes poumons, ma musique, mon bonheur, ma joie.

J’observais cela du coin de l’œil et je me disais : je veux cette fille, je veux la voir sur scène…

Je suis plutôt difficile question spectacle de musique. J’en veux pour mon argent. Enfin, ce n’est pas une question d’argent. J’en veux plein les mirettes. Je veux en sortir avec des étoiles dans les yeux. Je veux vibrer, rire, crier… Je veux un feu d’artifice (je suis particulièrement fan des feux d’artifice). Si c’est pour écouter le disque, je préfère rester à la maison. Et puis, je sors moins souvent. Des fois, cela me coûte de quitter ma tanière.

Alors, pour que j’aie envie de voir quelqu’un sur scène, il faut vraiment m’en promettre.

Bref, je me suis retrouvée sur les chemins du château de Candé. Me demandant ce que j’allais faire dans cette galère. J’avais emmené mon appareil photo. J’ai failli ne pas pouvoir entrer à cause de lui. J’ai rusé, après des tours et des détours, j’ai réussi à passer l’appareil.

On s’est retrouvé dans cette grande plaine en plein soleil. Et ça tapait dur. On a acheté un peu de monnaie locale, on est passé devant le chapiteau où jouait Maria Kamaty, une Réunionnaise qui joue du maloya. J’aime beaucoup. Mais le chapiteau m’a fait reculer, il faisait chaud. Nous avons été voir les trois derniers morceaux de Jabberwocky, un groupe de techno français. Une voix de fille enregistrée et trois mecs s’agitant sur scène autour d’ordinateurs. Des bons morceaux, mais les basses (ce que mes parents appelaient le « tapoum tapoum ») me portait au cœur. Un jeune à côté de moi s’est penché à mon oreille pour me glisser que c’était normal, c’était fait pour. Nooooooon, tu crois ? J’ai eu envie de rire. C’était gentil et maladroit. Le bpm (battement par minute) la pulsation de la musique qui bat au même rythme que le cœur, ça ne date pas d’hier.

Jabberwocky Sur scène, les trois garçons transpiraient abondamment. Les scènes sont placées face au soleil couchant. Il était un peu plus de 18 heures et le soleil n’avait aucune envie d’aller se coucher. Il tapait fort, aussi fort que le bpm. Et puis ce fut la fin du dernier morceau, ici, pas de rappel. J’ai abandonné mes compagnons et j’ai été attendre Izia, à l’ombre, en mangeant mes sandwichs.

A Terre de son, il y a de tout. Des jeunes, beaucoup, des adolescents énormément, des enfants aussi. Parce qu’il y a de nombreux parents. Ou des gens qui sont en âge de l’être. Et quelques grands-parents, des gens comme moi, des seniors en forme (en formes pour ma part). Festival familial où l’on partage avec ses enfants le même goût pour la musique. Et pour les musiciens. Le public d’Izia est à cette image, très éclectique.

Nous étions là, assis à l’ombre. Et puis tout à coup, les gens ont commencé à se lever. Elle était là, sur scène, derrière le batteur, en train de bouger la tête en rythme. Lunettes de soleil (face au soleil), débardeur blanc sur soutien gorge noir, short noir, et longues jambes musclées avec au bout des petites bottines en daim.

Le concert d'Izia

Elle n’est pas restée longtemps derrière le batteur, elle s’est ensuite ruée vers le devant de la scène et là… là le spectacle a commencé.

La voir en vrai, c’est se voir confirmer tout ce qu’on pressentait devant notre écran de télé. C’est un maelstrom, une énergie à l’état pur. Magique. Elle a commencé par La Vague, bien sûr, la chanson qui donne son titre au dernier album. Elle danse, elle chante, elle a une voix qui monte, qui descend, qui prend des teintes graves pour s’envoler. Elle rit, sourit, chante, hurle, s’arc-boute. Elle donne tout et bien plus encore.

Le concert d'IziaDès la fin de la deuxième chanson, elle l’avoue. Il fait une chaleur à mourir, l’air est saturé de poussière et elle est très asthmatique. Elle vide une première bouteille d’eau sur sa tête. Mais prise par la musique, jamais elle ne s’économise. Elle repart dans sa danse endiablée, s’excuse parfois, mais de quoi ? et repart de plus belle. On est tous totalement sous le charme. Elle nous adresse des sourires, des clins d’œil, elle est gourmande, elle nous mange tout entier, nous enveloppe de sa musique de sa voix. Elle a une voix extraordinaire. Puissante, chaude, belle, vibrante. Elle commence douce, douce, accélère le tempo puis hurle « Let me alone »…

Elle reprend sa ventoline, son souffle et repart à l’assaut du public, oubliant sa promesse de s’économiser pour mieux chanter. Elle ne sait pas s’économiser, elle ne peut que donner et encore donner. Elle me cueille (mais j’étais plus que mûre) avec sa chanson Tomber.

Elle termine en chantant Reptile. Elle salue ses musiciens. Ils l’entourent sur le devant de la scène et c’est là que l’on mesure son épuisement et l’effort consenti. Elle nous sourit et on oublie tout.

Le concert d'Izia

Les autres vont paraître bien fade…

Le concert d'Izia
Probablement, une suite à venir…

 

mercredi 29 avril 2015

Des chansons et des photos, ou l'inverse

C’est une manie que j’ai, j’associe des photos avec des chansons. Je le fais depuis longtemps. Les images, bien souvent, me font penser à des petits refrains entêtants. Alors quand le Dr Caso sur son blog a proposer de poster une photo d’un truc qui vous fait penser à une chanson, ça m’a parlé.

Voici une toute petite partie de ma collection. Mais alors toute petite…

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samedi 10 janvier 2015

Je ne suis peut-être pas Charlie…

Je ne suis peut-être pas Charlie, mais dimanche, je serai dans la manif…

Abdennour Bidard a dit jeudi soir : « Je me sens difficilement victime, je me sens surtout responsable de manifester avec l’ensemble de mes concitoyens pour nos valeurs. Montrer que nos valeurs ont une valeur, que nous voulons faire plus que coexister. Nous voulons nous mélanger, nous mélanger au-delà de nos différences.
Dimanche sera l’occasion de montrer que nous voulons être ensemble. »

Vous allez louper une occasion pareille vous ?

Peut-être que c’est illusoire, peut-être que ça ne servira à rien, peut-être que ça dégouline de bon sentiment, mais ça fait du bien aussi, les bons sentiments. Peut-être que ça sert à se donner bonne conscience. Je m’en fous… Je n’ai pas de bonne conscience à me donner.

Et puis, vous avez une meilleure idée ?

Et puis, aussi, j’ai envie de dire, enfin de dire, de hurler qu’on n’assassine pas les gens parce qu’ils font des dessins, parce qu’ils portent des uniformes, parce qu’ils ont une autre religion ou une autre culture. On n’assassine pas les gens pour leurs idées, leur métier, leur religion.

Et aussi parce que j’ai besoin de faire mon deuil et que ça me fera du bien de ne pas le faire toute seule. Cela fait deux jours que je n’y crois pas. Que je n’arrive pas à intégrer que plus jamais je ne pourrai dire en rigolant, mais avec la tendresse qu’on porte aux anciens qui vous ont suivi toute votre vie même s’ils ne vous connaissent pas : “Comment ? Cabu ou de Wolinski dessinent encore ? Ces vieux croutons ne sont pas encore morts ?” Je ne pourrais même plus me poser la question. Là, je suis obligée de m’en souvenir, de le savoir. Parce que ce n’est pas pareil de mourir de sa belle mort, comme Cavanna, que de mourir sous les balles de forcenés. Tirés comme des lapins… C’est déjà dégueulasse pour les lapins, alors pour des dessinateurs

Je n’arrive pas plus à intégrer que je n’entendrais plus Bernard Maris, Bernard Maris. Bon Dieu ! Lui qui m’a réconciliée avec l’économie, et y avait du boulot… Même que j’attendais le vendredi avec impatience pour l’écouter foutre sa taule à Jean-Marc Sylvestre (les joutes avec Dominique Seux ressemblaient moins à des combats de catch).

Alors dimanche, je serai à la manif, parce qu’il faut arrêter de jouer les chochottes et se bouger un peu le popotin, même quand on l’a aussi gros que la porte d’Aix. Et parce que ça vaut tout de même mieux que de rester planquer chez soi.

Même pas cap…

mercredi 3 septembre 2014

Anniversaire

C’est amusant, l’an passé, en aout, j’ai écrit un long billet sur l’histoire de mon blog. Pour fêter les dix ans de Dotclear, ses dix ans…

Et je ne me suis pas rendue compte que quelques jours plus tard, j’allais fêter les dix ans de mon propre blog. Racontars a eu dix ans en septembre 2013. Les choses vont curieusement…

Alors bon, cette année, je vais fêter dignement ses onze ans. Et pour cet anniversaire-là, j’aimerais bien avoir un peu de temps pour lui tricoter quelques histoires.

jeudi 7 août 2014

Les enfants ont un nom

A Paris, dans l’école de mes filles, un jour, est venue une association qui regroupait des enfants juifs ayant survécu à l’Holocauste. Bon, quand ils sont arrivés, ils n’étaient plus des enfants, plutôt des grands-parents. Mais quand ça leur est arrivé, ils étaient enfants.

Leur mission, et ils l’ont menée dans la plupart des écoles parisiennes un peu anciennes, retrouver dans les registres les noms des enfants juifs ayant fréquenté ces écoles avant d’être déportés, et apposer une plaque en leur souvenir.

Le directeur de l’établissement leur a proposé d’aller plus loin, c’est-à-dire de venir raconter ce qu’ils avaient vécu aux élèves, et ensuite de faire une cérémonie qui regrouperait toute la communauté scolaire. Et c’est ce qui a été fait.

Dans les classes des plus petits, ce sont d’anciens enfants cachés qui sont venus raconter leur expérience. Dans les classes des plus grands, des rescapés des camps de concentration. La professeure d’art plastique a fait faire un travail sur le thème “tous égaux, tous différents”. Des enfants venus des conflits d’Afrique ou de Tchétchénie ont dessiné leurs guerres et les dessins ressemblaient curieusement à ceux des enfants des camps de concentration.

Et puis il y a eu la cérémonie à laquelle participait effectivement toute la communauté scolaire. Nous avions envahi la rue devant l’école, tous les parents étaient présents, chrétiens, musulmans ou juifs, ensemble. J’avais raconté cette soirée-là et l’émotion que j’avais ressenti à l’énoncé des noms des enfants déportés. Car le but même de cette opération, c’était de nommer ces enfants, les sortir de l’anonymat de la masse des victimes, leur redonner une identité, une existence.

Et c’était une très belle initiative…

Un peu comme celle de B’tselem, une association israélienne de défense des droits de l’homme dans les territoires occupés. Ils ont lu à la radio les noms des enfants palestiniens tués à Gaza. J’ai appris cela dans un article d’Asher Schechter du journal Ha’Aretz  et publié dans Courrier international. J’ai immédiatement pensé à la cérémonie dans cette école parisienne du 18e.

Le problème, c’est que cette initiative a été interdite. Et le journal Ha’Aretz pose la question du pourquoi. Et ce pourquoi est angoissant. Il parle d’une certaine indifférence vis-à-vis des victimes. De ces extrémistes qui disent qu’un enfant mort est un terroriste à venir de moins. 

Il y a des tabous qui sont tombés, en France comme là bas. Ici, le racisme revendiqué semble avoir de nouveau droit de cité. Là bas, c’est la même chose dans un contexte bien plus terrible.

Mais du coup, ici comme là bas, rendre leur nom aux enfants est un acte révolutionnaire.

Les enfants de Gaza ont un nom. Ils ont droit à un nom, comme toutes les victimes d’hier et d’aujourd’hui.

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dimanche 3 août 2014

Record

Le 7 juillet dernier, plus de 30 000 de mes photos sur Flickr ont été vues. Ce qui est totalement exceptionnel. Alors soit je me suis fait passer en revue par un robot, soit je ne sais pas.

Les autres jours, la consultation tourne autour de 2000 vues. Ce qui est déjà pas mal.

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Faut au moins garder une trace de ça…

jeudi 9 janvier 2014

Un jour Mr X s'endormit dans le train...


[[akynou]]

vendredi 27 décembre 2013

Le sexe des anges

Je me souviens que lorsque j’ai été enceinte de mon troisième enfant, le gynécologue qui me faisait passer l’échographie m’a demandé ce que j’avais déjà eu.

– Deux filles, ai-je répondu.
– Alors je ne vous dirait rien de celui-là…

C’était sans doute de l’humour, mais très déplacé. D’abord, c’était pas bien malin parce que j’ai bien compris que j’attendais une troisième fille. Sinon, il se serait fait une joie de m’annoncer le contraire. Joie qui m’aurait laissée de marbre je dois dire. Ensuite, pour qui me prenait-il ? J’ai eu trois enfants parce que je voulais trois enfants. Pas parce que je cherchais absolument avoir un garçon. J’ai trois filles merveilleuses que j’adore et je suis très heureuse comme cela.

Connaître le sexe du fœtus était pour moi une façon de couper court aux bassinantes réflexions du genre : « J’espère que vous allez à voir un garçon, cette fois-ci… » Euh… pourquoi ? C’est mal d’avoir des filles ?

Une grossesse c’est déjà assez long et parfois assez pénible sans qu’on ai à supporter des inepties de ce type. Je me souviens de ma boulangère, une femme charmante au demeurant, qui me souhaitait absolument un fils. Devant mon air interloqué, elle s’est crue autorisée à développer : « Une garçon, c’est quand même l’apothéose pour une femme, c’est ce qui fait de nous des mères. » Tout ça devant mes filles. Ce qui était presque aussi adroit que ma DRH rencontrée dans mon quartier et qui en découvrant mes filles et leur père s’est exclamé : « Ce n’est pas pas possible, elles ne sont pas du même père… » devant les intéressés. C’est vrai, mais ce n’était pas une raison pour le dire comme cela devant tout le monde. Après tout, les enfants auraient pu ne pas être au courant. En plus, elle se plantait. Elle pensait que c’était Garance, celle du milieu, qui était d’un autre géniteur. En clair, elle m’accusait carrément d’adultère. Or c’est ma fille aînée qui est née d’un père différent et qui a été adoptée par mon ex-mari.

Bref, pour en revenir aux réflexions sur le sexe des fœtus, le fait de le connaître le plus tôt possible m’a permis d’évacuer la question rapidement auprès de mes proches et de faire en sorte que mes filles soient accueillies comme des bébés et pas comme un genre avec tous les stéréotypes que cela suppose. J’assortissais la nouvelle d’une interdiction formelle de m’offrir (ou d’offrir au bébé) quoi que ce soit dans les tons pastels fadasses dévolus en général aux nouveaux-nés, surtout le rose mièvre ou le bleu pisseux. Je ne voulais que des couleurs flashy : du rouge vif, du noir, du vert, du bleu roi ou canard…

Cette attitude n’a pas tout empêché. Et A force d’être agressée par les « encore une fille », j’ai fini par être à mon tour agressive et me vanter d’être heureuse de ne pas avoir à subir ces petits mâles insupportables. En fait, je m’en foutais. J’aurais aussi été contente avec un garçon. Et des garçons. Moi, je voulais des enfants. Je les ai eus, j’ai eu cette chance. 

Mais mes enfants, je les ai reçus comme des personnes. Et je les élèves comme des personnes. Comme tous les autres, ils ont éprouvé le besoin d’appartenir à une groupe. Mes filles ont adoré, à un moment ou à un autre de leur vie, le rose, les poupées, les bijoux, les fringues. Mais elles m’ont également réclamé des voitures radioguidées. Quand on leur offrait des poupées (les blondes à fortes poitrines), elles prenaient un malin plaisir à leur couper les cheveux et à leur faire des peintures de guerre. La dernière ressemble de plus en plus à un geek, toujours vissée à sa console ou à son ordinateur, super douée pour les jeux de toute sorte.

Il y en a un peu marre des Vénus et des Mars…

C’est peu dire que les campagnes actuelles des mouvements ultraconservateurs sur le genre me font vomir. La dernière en date qui vise à interdire le film Tomboy dans les écoles est d’un ridicule achevé. De quoi pensent-ils protéger leurs enfants ? D’un peu d’ouverture d’esprit ? Et cet article de Slate sur l’Inde, le pays où les filles ont disparu, me fait frémir.

samedi 2 novembre 2013

L'amour est un acte gratuit

Je me souviens, quand j’étais adolescente, d’avoir vu invité à la télévision (notamment chez Pivot) un écrivain d’une quarantaine d’années qui revendiquait ouvertement ses amours avec des enfants, filles ou garçons. Il en parlait avec décontraction, disant que cela était beau tout cet amour, toute cette liberté. Je ne me souviens pas de son nom (mais je l’ai retrouvé grâce à Internet), mais parfaitement de sa tête. Et de ses propos que je trouvais dérangeants. Il me mettait mal à l’aise. Je détestais ce type.

A l’époque, et pendant longtemps, personne n’y trouvait à redire. Il était même encensé car du talent, il en avait, sans aucun doute. Mais le talent excuse-t-il tout ? Quand la Québécoise Denise Bombardier osa lui dire ce qu’elle pensait de sa perversité, elle fut traînée plus bas que terre par cette caste d’intellos qui sous couvert de liberté ne défendent que leurs prérogatives de prédateurs. Il y eu même une femme, Christine Angot, pour dire de Denise Bombardier ne comprenait rien à la littérature…

Encore aujourd’hui, je suis sûre que des intellectuels français défendent cet auteur. Des libertins que la moindre possibilité de restreindre leur extraordinaire pourvoir à disposer des autres rend hystériques et très cons. Surtout très cons.

A l’époque, l’écrivain en question faisait du tourisme sexuel et le racontait dans son journal qu’il publiait : « Ici, à Manille, de l’autre côté du globe, je goûte aux suprêmes joies de la liberté – y compris celle de ne pas faire l’amour, tout en n’ayant qu’un geste à faire pour avoir aussitôt dans mon lit une fille de 14 ans ou un garçon de 12 », écrivait-il dans Mes Amours décomposées. Il nie bien sûr être un prédateur sexuel, sa théorie est que les enfants sont des êtres sexuellement actifs, prisonniers de leurs parents et de leurs maîtres et qu’ils sont non seulement parfaitement consentants mais en plus demandeurs.

Faire comprendre à ce genre de personnage qu’un enfant n’a pas une conscience finie et que son consentement ou ses tentatives de séduction sont tout sauf des invitations à en profiter, que le rôle de l’adulte est au contraire de refuser et que ces mines ne sont là que comme une répétition, un apprentissage de la future vie adulte, c’est quasiment impossible. Leur faire admettre que dans les pays de tourisme sexuel, les enfants sont vendus, prostitués, sans qu’on leur demande leur avis, qu’ils sont obligés d’aller avec ces Européens pétés de tunes (en regard à leur propre misère) et qu’il s’agit là d’un infâme trafic l’est tout autant. Ils préfèrent croire la fable du gamin consentant voire partenaire actif. Pas qu’ils manquent d’intelligence, bien au contraire. C’est juste qu’ils n’ont pas grandi et comme des enfants-rois exigent leur satisfaction immédiate là, ici et maintenant. Et tout ce qui vient au travers de la route de cette satisfaction infantile est insupportable. Pauvres petits être capricieux.

Le dernier avatar est sans doute ce texte pathétique des 343 salauds. « Je veux ma prostitué ou je fais pipi partout et je me roule dedans jusqu’à ce que ça mousse » trépignent-ils menés en bateau par une frustrée qui veut faire chier les féministes. Quel beau fait d’arme soit dit en passant, quelle élévation intellectuelle. Quel beau tableau, comme cela fait envie. Inutile de leur parler de trafic de femmes et de jeunes filles vendues, enlevées à leur famille pour se retrouver sur les trottoirs parisiens, soumises à des salauds, des vrais, qui sous prétexte de protection leur ponctionne la quasi totalité de leurs gains, les menacent, les battent et parfois les tuent. Tout cela pour la satisfaction de ces petits messieurs. Mais tapez sur les macs et les trafiquants crient-ils. Ils oublient que cela fait des années que les polices  mène la guerre contre les proxénètes. Sans beaucoup de succès. Car tant qu’il y aura des clients, il y aura des prostitués, des macs et des trafiquants d’êtres humains.

Je ne suis pas une fan absolue de la pénalisation des clients, mais comme Nicole Muchnik je crois qu’« il faut en passer par là il me semble, malheureusement. Comme pour les quotas : on ne devrait pas avoir à les infliger dans une société civilisée, mais on voit qu’il faut en passer par là »

Certains s’abritent derrière la misère sexuelle que connaitraient de pauvres ères en mal de cul et de parlotte. Mais est-ce que la solution au mal-être et à la misère sexuelle est le trafic d’autres êtres humains ? Est-ce le rôle de ces jeunes filles venues des pays de l’Est ou d’Afrique, de se faire cueillir sur le périph’ intérieur. La misère sexuelle justifie-t-elle qu’elles grelottent de froid dans la nuit en attendant le client, à des heures où elles devraient dormir en attendant d’aller au collège ou au lycée le lendemain ?

Quant au 343 salauds, je ne suis pas très soucieuse pour eux. Je ne crois pas qu’ils connaissent la moindre misère. ils n’auront aucun problèmes à trouver des adultes consentantes pour faire toutes les galipettes dont ils rêvent. Et cela, ils le doivent entre autres au 343 salopes qu’ils ont essayé de brocarder, à ces féministes qui ont tant œuvré pour la liberté des corps. Ils pourront le faire en plus sans bourse déliée. Et c’est tant mieux. Parce qu’il y a une chose que ces hommes-là oublient : l’amour est un acte gratuit.

vendredi 25 octobre 2013

Vous connaissez Ninou ?

Capture_d_e_cran_2013-10-25_a__01.10.25.pngAlors Ninou c’est une enfant de 4 ans qui sait très bien se servir du téléphone et qui est sacrément culottée. Elle appelle l’égoutière pour retrouver sa bille perdue dans le tuyau de sa baignoire, le gardien de nuit pour qu’il la garde et lui raconte des histoires, la l’informaticien parce qu’elle a cassé l’ordi de papa.

Ici, elle appelle le travail de son papa

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

En fait, c’est le plus mignon des canulars… Si vous n’êtes pas abonné à Canal+, regardez cette série sur le site. C’est à la fois adorable, une vraie trouvaille, frais, charmant.
Bravo aux gens qui répondent au téléphone pour leur patience, et à Brigitte Lecordier, la comédienne qui improvise aussi gaiement des histoires abracadabrantes. C’est peu dire qu’elle a gardé son âme d’enfant

jeudi 10 octobre 2013

Bienvenue chez Mars

Franchement, quand on vit une une existence moyenne, avec des revenus moyens et des expériences moyennes (Coluche disait, dans ces cas-là, curieusement, on est en dessous de la moyenne), on imagine que les gens de la haute, au dessus de vous, les cadres sup, les patrons, les hommes d’affaires, baignent dans le luxe.

En fait, pas du tout… Et franchement, je les plains.

J’ai partagé un petit moment de leur enfer

Je suis pour quelques jours au congrès d’un syndicat de ma profession. J’y suis avec quelques uns de mes étudiants pour faire un journal quotidien. Journal qui bien sûr ne peut s’écrire qu’après les événements. Quand les débats finissent à 21 heures, nous filons dans la salle de rédaction faire notre petit quatre pages. Cette nuit, nous avons terminé d’imprimer (nous imprimons nous-même sur une photocopieuse, heureusement, nous ne tirons qu’à deux cents exemplaires) à 4h30 du matin.

On m’avait réservé une chambre dans un hôtel réputé de la gamme Mars, celle des cadres voyageurs, etc. Et j’avais bien l’intention d’en profiter, vu le prix que je ne payais pas (ce qui est encore meilleur).

Las ! Déjà, erreur dans la réservation. On ne peut assurer les trois nuits comme prévu. Donc je loge une nuit ici, près de mon lieu principal de travail, une nuit au Flamand rouge, une autre chaîne d’hôtel célèbre mais moins cotée, situé au diable vauvert, pour revenir passer la dernière nuit chez Mars.

C’est égal, la nuit va être courte, autant en profiter à fond. Mince, il n’y a qu’une seule et unique prise dans la chambre. Quand il faut recharger le téléphone, l’ordinateur portable, la liseuse… ça fait juste. Je branche le portable, le plus important. Je me couche dans mon lit kingsize et j’ai à peine le temps de profiter de son confort que… je ronfle. Il est un peu plus de 5h30 du matin, j’ai prévu de dormir jusqu’à 10 heures moins le quart histoire d’arriver dans la salle du petit déjeuner juste à temps.

Sauf que, il semble qu’à 8h50 du matin, il soit de coutume, ici, de réveiller les gens par une alarme de type incendie, panique, tout le monde dehors. Qui m’a vrillé les tympan pendant au moins dix minutes. Même quand on est endormi depuis juste un peu plus de trois heures, ça réveille. Et quand je descendrai, personne ne s’excusera pour le dérangement, d’où l’idée que c’est habituel…

La sirène finit par se calmer, je me recouche. Il me reste une petite heure de dodo. Mais je suis à nouveau agressée par une sonnerie, celle du téléphone. C’est la réception qui m’avertit : j’ai dix minutes pour descendre ma valise pour qu’elle soit transférée à ma nouvelle adresse, schnell ! Diable ! on ne plaisante pas avec l’entraînement des clients ici… La chambre est confortable mais le régime draconien. Je bondis dans mon pantalon, me maquille (vive la BB crème pour les nuits courtes), ramasse mes affaires et descends à la réception. J’abandonne ma valise.

Puis je passe à la salle des petits déjeuners. Là, et j’imagine que c’est pour me faire sentir que pour quelqu’un qui fréquente le Mars, je ne suis pas assez lève tôt, je tombe face à un buffet pour le moins dégarni. Il n’est que 9h30. Pas de verre, des bouts de jambons qui se battent en duel, pas de petite cuillère mais des œufs coques (et l’un sans l’autre, c’est plutôt compliqué). Ah ! il reste une tranche de rosette et quelques croissants. Mais pas grand chose de la baguette du meilleur ouvrier de France, juste le papier d’emballage. Je ne suis pas seule, je ne suis même pas la dernière (juste l’avant dernière), mais l’agitation autour de moi m’indique qu’il est de bon ton d’accélérer le mouvement.

Les gens de la haute juste au dessus de ma condition sont peut-être des gens pressés, mais moi je bosse la nuit. J’ai besoin de prendre le temps de me réveiller. Du coup, comme je traîne, le ballet du personnel entame la remise en place de la salle. Je sens bien que je suis de trop. Je résiste, je prouve que j’existe. Mais je finis par déguerpir.

J’ai le droit de remonter dans ma chambre, et même d’y rester jusqu’à midi. J’allume la télé et je tombe sur un programme qui met en scène un couple aux prises avec leur fils de 29 ans qui s’incruste, se la coule douce. Sont fort chez Mars, même dans les programmes télé on vous fait sentir qu’il est temps de partir.

C’est comment la chanson de Stromae déjà ? Ah oui : « Allez vous faire f… »

PS. Le personnel est très gentil, c’est juste que l’enchaînement de situations méritait un billet drôle pour essayer de retrouver un peu de bonne humeur, j’ai un 8 pages à assurer la nuit prochaine et de longues heures de congrès à suivre…



mercredi 25 septembre 2013

Jeux de mains

Ce mois-ci on me propose encore de proposer des photos de truc, mais ce truc-là doit avoir cinq doigts et se trouver au bout d’un bras. Jeux de main, jeux de vilain dit-on…

Le fait est que je n’aime pas mes mains. Je les trouve trop petites pour ma taille, pas en rapport. Je mesure – enfin, je mesurais du temps de ma jeunesse folle, il semble que je me sois tassée – 1,75 mètre. Suivant les canons, je devrais avoir des mains mesurant environs 17,5 centimètres. Or elles en font à peine 16.

Main

Je ne suis pas unique

Mais si peu de gens aiment leurs mains, nombreux sont ceux qui sont fascinés par celles des autres. 

Moi par exemple, j’aime les mains des hommes fines et puissantes à la fois (je ne sais pas à qui elle est celle-ci, je l’ai prise au vol parce que je la trouvait belle)

une journée à Paris

Mais j’adore aussi les mains des bébés, si petites et tellement parfaites (celle de ma nièces quelques jours après sa naissance).

Mademoiselle Louise

Il y a celles des petites dormeuses (Léone assoupie les bras en l’air et les mains croisées

En attendant le père noël

les mains qui dessinent (Léone, petite, jouant les artistes sur le sable portugais)

Artistes à l'ouvrage

Celles qui se noient ou font semblant (Léone, des années plus tard, faisant le zouave dans une piscine cévenole)

Dans la piscine

Les mains qui travaillent (les cuisinières de Figuig, au Maroc, ne laissaient prendre en photo que leurs mains).

La longue préparation du couscous

Celles des musiciens qui tapent sur des tambours

Sur les murs de Lyon

Celles qui fument

Samedi

Les coquettes… : Qu’est-ce que tu m’offres dis chéri pour mon anniversaire. (Ici, en l’occurrence, il s’agit d’un superbe cadeau de Karaba (la vraie)

Un beau cadeau

Il y a encore les mains qui signent (sur le mur des je t’aime, dans le square des Abbesses à Paris)

Le mur des je t'aime

Les mains qui explorent (près d’un étang à Lapalisse, mes filles tentaient de capturer une grenouille)

La libération de la grenouille

Celles qui expérimentent (dans le désert de Figuig, Hassan nous montrait les propriétés des plantes)

Dans le désert

Celle de mon père avec laquelle je jouais

Petite enfance

Il y a mes mains, que je n’aime guère mais qui ne sont pas si laides.

Au jardin les enfants s'amusent, les parents regardent

Et puis, il y a la main du géant…

Le Scaphandrier de Royal de Luxe en action

samedi 31 août 2013

Propos de tram

Aujourd’hui était inauguré le tram de Tours. Musique, flonflons, confettis, art de rue, ministre, préfet… tout le monde était là pour regarder celui dont on nous promettait l’arrivée depuis trois ans.


Tram à Tours...

A l’intérieur, y avait foule. Idéal pour écouter les gens

– y a Valls qui est venu inaugurer le tramway
– Valls ? Mais qu’est-ce qui fout là, il ferait mieux de s’occuper de la Syrie

Ce qui est tout à fait du domaine d’un ministre de l’Intérieur…

– On arrive à Jean-Jauré (un gamin d’une dizaine d’année)
– Jean Jaurès (sa mère)
– Mais ça s’écrit es, comme les (le gamin)
– Mais ça se dit esse, (la mère)

une minute plus tard

– Quand est-ce qu’il est mort Jean Jaures ? (le gamin)
– Il est mort en 1914 (un papy)
– En 1914 ? Jean Jaures ? (la mère, sidérée)
– Ben oui ! en 1914. Assassiné à cause de la guerre (le papy surpris)
– Oh ! pardonnez-moi, je confondais avec Mendes (la mère)

Mendes qui se lit Mendesse, bien sûr…

– Arrêt Mi-Côte (la voix du bus)
– Arrêt Entrecôte (un passager)
– Arrêt Côte de porc (le gamin)…

Le tram n’a pas été plus loin. Le centre ville était assailli. Mieux valait éviter la boucherie…

jeudi 29 août 2013

Une si longue absence

Ce matin, comme souvent, je jette un coup d’œil au compteur des jours. Douze semaines ! Cela fait douze semaines qu’ils sont portés disparus. Je vais sur la page du comité de soutien, relis la pétition que j’ai signé dans les premiers jours… Et puis soudain, le doute. Je l’ai bien signée au moins…

Je cherche, il n’y a pas de liste de signataires. Mince, je l’ai signée ? Je me revoie, le jour où elle a été posté sur Internet. Cela faisait un moment que ces deux-là ne répondaient plus à l’appel. Et personne n’en parlait. Motus, silence, bouche cousue. Mais j’avais besoin de nouvelles, besoin de savoir, si on faisait quelque chose, pour les sortir de là, s’ils n’allaient pas tout simplement tomber dans l’oubli, disparaître pour de bon dans l’indifférence ? Cette page, c’était déjà comme un signe d’espoir. Alors, immédiatement, je l’ai partagée, pour qu’un maximum de gens puissent la voir, et signer, signer, signer. Parce que c’est la seule chose que nous pouvons faire. 

Mais du coup, je me demande : ai-je pris le temps de la signer, moi ?

Vous savez quoi ? C’est con. Pas la peine de se prendre la tête et dans le doute, je ne m’abstiens pas : je signe, là maintenant, tout de suite. Qu’importe si c’est la deuxième fois. Mais comme cela, j’en suis sûre, c’est fait. 

C’est pas un pierre, c’est un tout petit caillou, à peine un gravillon. Et dans l’horreur quotidienne de ce qui se passe là bas, c’est même une chiure de mouche. Mais il faut le faire. Signez, s’il vous plaît.

La pétition est à cette adresse

samedi 24 août 2013

Photo de trucs

C’est l’histoire d’un truc qu’il faut prendre en photo pour un jeu à thème. Ce mois-ci, le thème est « un truc coloré qui se trouve dans votre cuisine »
Ce n’est pas ce qui manque chez moi. Mais la première photo qui me vient, c’est celle-ci…


Mais il y en a d’autres, comme celles qui suivent

Mes cadeaux d'anniversaire
Une rate dans mon cadeau d’anniversaire

Préparation des citrons confits
Préparation de citrons confits

 
Confits de citron
Les citrons confits en bocaux

La douceur d'une journée d'aout
La douceur d’une journée d’aout

Mon jardin est petit mais talentueux
Mon jardin est petit mais il est talentueux car il fait des fruits merveilleux

Blue note
Et on termine par la Blue Note, celle de mon pastis bleu…

mardi 13 août 2013

Dix ans

J’ai commencé à bloguer en septembre 2003. J’avais pris l’habitude de raconter mes petites histoires à mes amis par mail : mes voyages, mes rencontres, mes enfants. Surtout les voyages au début. Un copain m’a dit : « Ouvre-toi un Weblog. » Un quoi ? Je n’avais jamais entendu parler de ça, un blog. Et je n’avais jamais imaginé écrire autre chose que du courrier. Je suis une épistolaire.

En fait, ça m’a bien plu. J’ai cherché une plateforme, quelque chose de simple, mais d’accueillant, pas une grosse baraque. Et j’ai trouvé Ublog. C’était sympa. On avait notre appartement, mais il y avait des pièces communes, où on pouvait voir ce qui se passait chez les autres, en tout bien tout honneur bien sûr. Je me suis passionnée pour les récits de Catherine, la Québécoise, les dessins de Nesoro, les aventures d’Halwa… Il y avait S., brilante jeune femme d’origine algérienne au mal de vivre émouvant, LuluBerlu, dont j’aimais la légèreté. Un blog hilarant appelé « Les nouvelles du Baseball » et qui était le faux blog de la fausse fédération française de base ball. Un autre qui racontait les pérégrinations de cousins au Vietnam, pays d’un de leurs parents et qu’ils partaient découvrir chacun leur tour. C’était passionnant et fascinant. Et c’est depuis cette lecture que je rêve d’aller au Vietnam. Ce blog-là était normalement réservé à la famille. Mais comme j’ai adoré suivre ces voyages, j’ai laissé un petit commentaire. Ce qui a permis aux auteurs de se rendre compte que l’endroit n’était pas tout à fait aussi privé qu’ils le pensaient. Et puis c’est là que j’ai rencontré Sacrip’Anne, qui à l’époque portait un autre nom.

J’avais appelé mon blog Racontars. Pas parce que j’avais l’intention de rapporter des ragots, mais en hommage à Jorn Riel qui appelait ainsi ses nouvelles : « Un racontar, écrivait-il, c’est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. A moins que ce ne soit l’inverse. » Et c’est comme cela que je concevais mes récits. Des histoires vraies ou pas, sans que personne ne sache bien ce qui était vrai, ou pas. Parce que l’important, c’est de raconter des histoires.

Du coup, dans ce petit monde des blogueurs de Ublog, on a commencé à m’appeler Racontars et à gentiment se moquer. J’ai donc choisi un pseudo. Akynou. Un groupe de culturel guadeloupéen s’appelle Akiyo. Ils ont fait revivre, avec d’autres, les traditions de carnaval en défilant avec des costumes inspirés des carnaval « d’antan lontan » et pas des paillettes de Rio. Quand ils ont défilé les premières fois dans les rues de Pointe-à-Pitre, tous les Guadeloupéens disaient « A ki yo, a ki yo ». Littéralement « qui sont-ils ? » plus prosaïquement : « Mais c’est qui ces mecs là ? » Cela leur est resté. Du coup, cherchant un pseudo, je me suis dit que ce serait une jolie pirouette de poser la question de l’identité. Akynou, c’est « a ki nou » ou « qui sommes-nous ». Je trouvais ça drôle et totalement private joke…

Bref, U-blog, c’était pas mal, il y avait de l’entraide, j’ai appris des tas de trucs comme mes premières notions de html, comment insérer une image. Il y avait toujours quelqu’un pour donner un coup de main.  On discutait entre nou. On râlait quand le créateur de la plate-forme, Stéphane Le Solliec, n’allait pas assez vite pour faire des réparations. Mais Stéphane était tout seul, il venait d’avoir un bébé, il fallait aussi qu’il bosse pour lui. Il a cherché du soutien. Et le grand méchant loup est arrivé dans notre bergerie et nous a mangé tout cru. Loïc Le Meur (et ne se rend pas) a tué Ublog « pour notre bien ». Certains ont continué la bataille. Moi, je fus courtisée par d’autre et j’ai fini par quitter le navire avant qu’il ne coule.

De nombreux commentateurs me vantaient les mérites de la maison individuelle. Fini les appartements d’Ublog, vive les résidences de chez Dotclear. Tu te prends un hébergeur, tu installes Dotclear et tu es chez toi. Personne ne peut venir te déloger parce qu’il a vendu au plus offrant. Et en plus, il y a plein de copains sympas qui te filent un coup de main pour le déménagement, l’emménagement, la décoration. Tu ne te tape pas les papiers peints et la moquette des autres, tu fais à ton goût. Et ces copains là, ce n’était pas de la gnognotte. Il y avait Samantdit, Tarquine, Kozlika, Leeloolène, Sacrip’Anne (qui portait encore un autre nom),

L’offre était alléchante. Mais j’hésitais à me lancer. C’est que je n’y connaissais rien. Je ne savais même pas ce que c’était qu’un hébergeur… Elles ont été trois à me pousser jusqu’à vaincre mes réticences : Kozlika, Tarquine et Samantdi. A force d’insister, je me suis lancée. J’ai pris un compte chez Free, et hop, j’ai déménagé… J’ai décoré ma maison, j’ai pris un modèle et je l’ai réaménagé comme j’en avais envie. Je n’y connaissais rien, mais je m’en suis pas trop mal sortie. Avec l’appui du groupe des sauveteurs, toujours prêts à te dire où tu as merdé et comment faire pour réparer. Et puis il y a eu les Paris Carnet où j’ai pu rencontrer tout ce beau monde. Je n’en ai pas fait beaucoup, mais ceux où j’étais me sont de précieux souvenirs.

Je ne ferai pas de name dropping, ce billet n’en finirait plus :-)

Et quand Free m’a jeté dehors après trois avis d’expulsion (qui tombaient fort mal), Brol a tout sauvé et m’a confortablement installée chez 1&1, pour le troisième tome. Bref, Dotclear est devenu ma maison sur Internet. C’est de là où tout est parti. C’est Dotclear qui m’a lancé dans la grande aventure du Web. Depuis Dotclear que je me pose chaque jour des questions sur mon métier, sa relation avec la Toile. C’est à partir de mon arrivée dans le groupe que j’ai vraiment bossé la question et que je suis devenue celle que je suis.

Depuis avril 2005, c’est dans ma maison Dotclear que je dévide mes petites pelotes d’histoire. Ce blog a vu mes enfants grandir, mon divorce, mes angoisses, mes bonheurs aussi. J’y ai trouvé un soutien sans faille. Et quelques cons parce que le monde, heureusement, n’est pas parfait. Grâce à Dotclear ma sœur a rencontré son Il et la merveille est née… Dotclear est le témoin de ma vie.

Une vie que je ne raconte plus trop sur mon blog d’ailleurs. Manque de temps. Mais je refuse de le fermer, de dire stop, d’arrêter complètement, tout bonnement. Trop de choses y sont liées, trop de gens qui comptent pour moi même si je n’ai plus de leur nouvelle que de loin en loin.

Dotclear a dix ans aujourd’hui. Alors merci à Olivier Meunier pour l’avoir créé, merci à toute l’équipe qui fait vivre cet espace jour après jour et qui lui garde son bel esprit.


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