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Savenay et sa région

Le témoignage de Georges Rio

Un normalien prisonnier à Savenay

au camp de la Touchelais

Lors de l’invasion allemande de juin 1940, les Allemands arrivent à Savenay le 22 juin. Ils prennent possession de la base que les Anglais avaient installée en septembre 1939 à l’hippodrome de Touchelais.

Cet espace devient très vite un camp pour les prisonniers de guerre, soldats de France et des Colonies françaises. Ce sera le fronstalag 232 en 1940 et 1941.

V.P. HIST_03435_19A FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Vue d'une partie du camp 29/05/1941 CICR

La promotion 36-39 de l’EN de Savenay comptait 22 élèves dont Georges Rio. Le directeur de l’EN était Me Chagot. Georges Rio avait 19 ans en 1939 à sa sortie de l’EN, il est chargé de classe à Vertou en remplacement d’un enseignant mobilisé.

Ce qui retient l’attention de l’AHLS c’est son passage comme prisonnier de guerre au camp de Touchelais en 1940.

NB : cliquez sur les vignettes pour agrandir les photos

V.P. HIST_03435_19A FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Vue d’une partie du camp 29/05/1941 CICR

Mobilisé à Nantes à la caserne Cambronne il fut fait prisonnier par les Allemands lors de leur arrivée en France en juin 1940 et revint à Savenay pour y faire des corvées sous les ordres et la surveillance de l’occupant.


« Nous étions prêts à partir, mobilisés comme soldats Elèves Officiers de Réserve à la caserne Cambronne de Nantes, quand les Allemands sont arrivés et nous ont fait prisonniers. Ils nous emmenèrent au quartier Mellinet puis, en camions,à Châteaubriant au camp de la Courbetière. Nous sommes ensuite partis à pied pour le camp de Touchelais à Savenay.

V.P. HIST_03435_20A FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Vue d’une partie du camp 29/05/1941 CICR

Une dizaine de jours après notre arrivée au camp on a appelé 7 normaliens prisonniers plus 3 autres pour les diriger sur l’école normale afin d’y effectuer certaines tâches. La sentinelle, un aviateur de la luftwaffe nous conduisait pour y vider la bibliothèque et d’autres pièces. On a appris que c’était pour y loger des officiers de l’aviation allemande. La sentinelle était bienveillante à notre égard et nous étions même autorisés à prendre le goûter chez Mme Chagot, la femme du directeur. L’armée allemande nous nourrissait à l’EN et nous revenions au camp de Touchelais tous les soirs.

V.P. HIST_03435_21A FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Vue d’une partie du camp 29/05/1941 CICR

Après environ un mois on nous fit prendre le chemin de la gare de Savenay. Nous devions nous diriger vers Trappes dans la région parisienne, pour y être démobilisés et libérés. Après un trajet de 4 jours et 4 nuits nous nous sommes réveillés en Allemagne pour une durée de pratiquement 5 années.

Au cours des premiers jours les Allemands ont fait le tri, voulant donner un régime de faveur aux Bretons allant jusqu’à leur promettre la liberté s’ils acceptaient de signer qu’ils étaient de nationalité bretonne et non française. Sur 1000 prisonniers concernés, seuls une quinzaine ont accepté la proposition des Allemands et ont signé pour l’indépendance de la Bretagne. Je n’aurais pas eu intérêt à le faire, mon père n’aurait plus voulu me revoir.

V.P. HIST_03442_29 FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Construction d’une canalisation 29/05/1941 CICR

J’ai travaillé en usine puis dans une ferme au cours de ces années en Allemagne, c’était une grande ferme, nous étions 20 Français et 20 Wallons, ensuite dans la ferme du maire du village jusqu’à la libération.

V.P. HIST_03437_29 FRANCE Guerre 1939-1945 Savenay Frontstalag 232 Camp de prisonniers de guerre Arrivée d’un délégué Croix-Rouge 29/05/1941 CICR

Les Américains nous ont libérés au printemps 1945. Après une quinzaine de jours de complète liberté, nous avons pris l’avion pour Mulhouse puis le train pour Nantes. L’un d’entre nous est resté en Allemagne, il avait refait sa vie devenant fermier, là où il avait travaillé en captivité. »


Georges Rio reprendra une classe à la rentrée 1945 à Oudon, où il restera, en poste double, avec son épouse jusqu’en 1952.

P.-S.

Crédit photos : CICR Comité International de la Croix Rouge. Tous droits réservés.

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