jeudi 25 octobre 2007

Les schémas de conscience











L'observé ne peut pas se concevoir sans l'observateur. Même si la constance apparente d'un objet observé est évidente : elle ne peut exister que dans le reflet de la permanence de notre intention a son égard. Il existe une illusion de la pensée nous conduisant à croire que l'observé est égal à lui-même et qu'il suffit de le décrire "comme cette chose extérieure à nous" pour le comprendre intégralement. Or c'est bien entendu entièrement faux, car tout objet est d'abord le reflet d'une disposition de notre attention à son égard, nous disait Kant. Comment cette disposition de la conscience est-elle précisemment à l'origine du savoir ? C'est ce que nous allons essayer de découvrir. Sartre exposait le principe de l'action comme fondement philosophique, en affirmant que "l'existence précède l'essence". Autrement dit, la conscience "en action" telle qu'elle se manifeste dans l'existence quotidienne précède la connaissance et l'oriente. Le mot "existentialisme" désigne cette approche qui consiste à accorder la prévalence à l'«être-là» - le "Dasein" - selon l'expression originale de Heidegger dont Sartre est le promoteur. Cela veut dire que la pensée n'existe pas en soi, elle définit le monde seulement après coup, par réaction à une intention première qui est là et se manifeste, par exemple, par le désir contenu dans notre regard. La raison est une réaction à cela, un mouvement de la conscience qui cherche à dominer ce que conçoit le désir, en le nommant ou en le refoulant. L'intervention du penseur apparaît en ce sens comme l'irruption d'un fragment supérieur de la conscience humaine dans le quotidien, un juge-arbitre en quelque sorte qui se place "au dessus de la mêlée" mais qui, paradoxalement, doit agir en approbation avec le jugement d'autrui et par l'entremise d'un savoir inculqué, donc sous l'effet de la poussée de cette mêlée. Ce fragment supérieur, qui dit "je", doit passer par le savoir de l'autre pour fonder sa propre identité. L'enfant apprend à nommer le monde par le truchement du regard d'autrui, puis s'empare de cette connaissance pour contrôler son environnement. Ce paradoxe met en évidence l'arbitraire de la pensée et de la normalisation, qui tient à l'incomplétude intrinsèque du savoir. Toute fragmentation étant réversible, le savoir assoit sa domination sur le fait en l'expliquant, mais se faisant il lui assigne des limites trop étriquées pour éveiller l'intelligence. Le savoir renvoie à l'ignorance fondamentale du mouvement de fragmentation qui l'anime, à cette peur du non identifié, du dérangement émotionnel qui conduit à la confusion de l'innommé et à la clarté trop apparente du nommé. Le connu et l'inconnu vont toujours de paire, ils appartiennent au même mouvement de la conscience qui cherche à exprimer en excluant le silence de l'inexplicable, comme s'il nous était intolérable de l'expérimenter.

Le cerveau est à la recherche d'une sécurité dans le savoir, c'est pourquoi la structure de la pensée légitime une identité dominante qui sait, le "je". L'affirmation de cette parcelle identitaire fait partie intégrante du mouvement du connu. Un mouvement, par nature, tourné vers l'extérieur, l'expliqué, la résolution du désordre intérieur, du trouble, dans l'expression du savoir. Le propre de l'humain est de se définir et d'agir non par rapport à l'acte d'observer, mais presque toujours par rapport à un jugement sur l'observé. Le connu définit tout ce que nous savons, mais l'action qui en est à l'origine échappe à notre sagacité. Quand nous observons, pourtant, nous ne sommes pas passifs, notre mémoire est déjà en réaction, créant un besoin de structure, d'exclusion du trouble émotionnel. Le savoir est donc lié à un état fondamental de la condition humaine, l'émotion, et non à l'observé. Promouvoir une nouvelle éthique du savoir, c'est commencer par voir que l'individu agit avant d'observer et que dans cette action s'imprime le mouvement du connu dans son entier. Ce qui ne change pas c’est ce que vit la conscience dans cette action et qui fait que l'observé devienne adéquat à la réaction de l'observateur : c'est-à-dire le "connu". Ce qui fonde notre individualité, ce sont de multiples dispositions particulières de l'esprit, développées par l'inné autant que par l'acquis, nous préparant à réagir, donc à créer le connu selon des modalités très subtiles de la conscience. Sans doute la pensée qui veut appréhender le connu atteint ses propres limites. Il faut donc définir le non savoir à priori comme un état inenvisageable par la pensée, une négation d'elle-même en quelque sorte.

Pour comprendre cette relation au connu, la pensée est notre pire ennemi, car il faut d'abord extraire le sens qu'elle donne au monde, c'est-à-dire la formulation des choses elle-même, pour revenir à l'action, à "ce qui est", au mouvement de la conscience qui produit toute formulation réfléchie. Comment, en partant du savoir, pourrais-je y parvenir ? Si je cherche à mettre entre parenthèses le savoir pour donner corps à la pure apparition du phénomène, ne suis-je pas en train de prendre appui sur le connu à nouveau ? L'éthique du non-savoir implique donc de se poser toutes les questions en terme de l'impossible, de l'inenvisageable. La mise en doute du possible en tant que savoir devant précéder la recherche expérimentale afin qu'elle ne lui soit point assujettie. Nous nous posons souvent, par exemple, la question de l'origine de la pensée en terme du possible, c'est-à-dire de la manière suivante : qu’est-ce qui fait de nous des êtres doués de conscience, capables de percevoir le monde, d’éprouver des émotions, d’évoquer des souvenirs, de penser ? Toutes ces interrogations se rapportent implicitement à une entité centrale qui agit : à une conscience unifiée. La formulation de la connaissance contient toujours une limite, celle du possible entre les mains de l'individualité qui le définit.

Il nous faut donc commencer notre étude par la mise en doute radicale de l'idée de conscience centralisée et, par conséquent "perfectible", cette conception absurde défendue par Rousseau et les humanistes modernes. Il est nécessaire de replacer tout d'abord notre questionnement de l'éthique dans un champ d'observation plus vaste et, pour ce faire, n'utiliser le savoir que pour mettre en lumière le non-savoir, c'est-à-dire l'action de l'observateur non encore définit, perçue à la fois dans sa transcandence, c'est-à-dire à travers le mouvement de la formulation du savoir lui-même et dans son essence, ce qui est. La vision des limites d'un questionnement aboutit toujours à un questionnement plus vaste. On a reproché à la philosophie du non-savoir de n'être que négation et déconstruction. Mais elle élabore pourtant une forme de sagesse indéfinissable : la connaissance des limites du connu. Ce qui revient en somme à la connaissance de soi en dehors de soi.

Du point de vue du non-savoir la connaissance de soi est donc à envisager d'un point de vue négatif. Nous devons douter de la capacité même de notre intellect a comprendre sa relation au connu ? L'intellect procède en effet par dissociation, par exemple, l'examen de ce que nous sommes nous conduit implicitement à cette idée d'un "nous-même" séparé du monde. Pourtant le mot conscience signifie étymologiquement «connaissance partagée» du latin : scientia, «connaissance», associé au préfixe con- qui signifie «avec», c'est-à-dire un pouvoir de connaissance supposé partagé avec le divin, si l'on s'en tient à la première acception. Il est intéressant de noter que la conscience n'était pas considérée à l'origine comme un ensemble d'actions psychiques appartenant en propre à l'individu, mais plutôt telle une force venant des dieux, un processus mystérieux qui influençait l'être entier. Le christianisme a fait évoluer le concept de conscience avec cette idée souveraine du libre-arbitre, qui devait appeler son contraire, le matérialiste. Face aux querelles stériles des philosophes des deux camps, les expérimentations des sciences cognitives dans la dernière moitié du XXe siècle se sont employées à démontrer l'illusion à penser que nous nous gouvernons nous-mêmes. Par conséquent, si nous ne disposons pas d'un libre-arbitre, nous ne pouvons pas procéder par dissociation.

Le savoir est bien le résultat, en un sens, de l'action de préparation de certains centres cérébraux à l'action. Lorsque l'on étudie le phénomène de la perception, on s'aperçoit qu'il prend d'ailleurs sa source très tôt, avant même l'éveil de la conscience ordinaire. Ce qui semble accréditer la thèse de la prévalence de l'inconscient sur le conscient. Mais là encore, toutes les approches philosophiques qui s'interrogent sur la prévalence de la conscience sur l'action, ou son contraire, sont trop conformes à un modèle rationnel de hiérarchie et de causalité. Les phénomènes de la perception et de la conscience se révèlent, quant à eux, infiniment plus subtils. La philosophie de l’esprit, qui s'emploie à comprendre la complexité de la conscience par dissociation, donne un nom à ces phénomènes : "les qualia", au singulier quale, comme les propriétés de l'expérience sensible par lesquelles cela fait quelque chose de percevoir ceci ou cela (couleur, son, etc.). Ce sont donc des effets subjectifs ressentis et associés de manière spécifique aux états mentaux qui conditionnent ensuite les réactions de la mémoire. Mais par définition, ces qualia sont inconnaissables en l'absence d'une intuition directe ; ils sont donc aussi incommunicables par le savoir. L'existence et la nature des propriétés psychiques est indissociable du "tout" de la conscience. Afin de ne pas entrer dans un débat réducteur, nous préférerons donc nous placer dans une simple perspective de compréhension du connu, c'est-à-dire du sens, et définir par le terme de "mémosensation" une unité de sens mentalement identifiable, car associée à une réaction sensitive et mémorielle spécifique.


Grâce aux sciences cognitives, pour le moins, nous savons que le processus conscient, en tant que tel, prend sa source dans la mémoire "anoétique", appelée ainsi car elle précède à priori la perception consciente - ou noèse - de plusieurs centaines de millisecondes, nous préparant ainsi à affronter n'importe quelle situation. Cette mémoire implicite nous prépare à mettre en action, en effet, plusieurs réactions cognitives sensori-motrices. Associée au mécanisme de la memosensation précédemment évoqué, elle constitue une prémisse à l'action consciente. Ainsi dans la mise en oeuvre des memosensations, plusieurs réactions sont activées, qui tiennent compte de l'environnement autant que de notre "état intérieur" et dont certains signaux parviendront à la conscience. La formation réticulée filtrant ce passage, elle rend l'individu plus attentif à un stimulus donné, elle réduit simultanément l'accès au cortex des messages sensitifs "nuisibles" à l'action par inhibition des voies sensorielles correspondantes. On peut parler à ce stade d'activité de la perception, celle-ci opérant le tri sélectif de plusieurs réactions sensori-motrices et émotionnelles en vue d'une action.

Nous avons d'ailleurs pris la mauvaise habitude de décliner le mot "perception" au singulier et au passif, alors que celle-ci, au contraire très active, met en jeu des compétences préconscientes variées. Ces compétences constituent-elles les prémices du savoir ? Ce serait donc l'action cumulée de ces compétences, de ces traces mnésiques, qui permettrait, à partir de confrontations répétées à un objet, dans une large étendue de contextes différents, d'extraire un sens, recréé à chaque activation. Ce sens, qui n'est pas stocké en tant que tel, résulte ainsi de mécanismes inhibiteurs et stimulateurs, faisant émerger une constance dans le choix des activations sensori-motrices liées à tel ou tel objet, en fonction du degré de liaisons, induit notamment par l'intensité émotionnelle que la mémoire en restitue.

Prenons un exemple concret, j'identifie cette "chaise" parce que ma "mémoire" l'a reconnue, mais cette réaction qui met en jeu certaines compétences n'est pas le résultat d'une synthèse perceptive définitive, car la perception n'est jamais figée, ne serait-ce que parce qu'elle agit en deçà de la pensée et de la sensation. La chaise perçue émerge cependant comme "objet" à ma conscience. Le philosophe Husserl décrit ce processus d'émergence en parlant d’esquisses de l'objet en formation. La prédominance de certaines esquisses, c'est-à-dire de certaines réactions cognitives, conduirait à donner du sens à l'objet. Ce serait donc le choix d'une esquisse qui va façonner l'objet, lui donner une identité et permettre de le reconnaître plus aisément. C'est la raison pour laquelle je peux reconnaître « la » chaise comme si elle était unique et identique et ensuite la nommer par association de mémoire. En premier lieu, vient l'habitude perceptive constituée de certaines réactions, plusieurs memosensations qui finissent par n'en former qu'une seule, contenant en elle toutes les possibilités d'action propre à l'usage particulier que j'ai déjà fait de cet objet, les traces mémorielles que j'en garde. De sorte que mon intelligence puisse interpréter immédiatement ce sens premier pour agir et permettre à la pensée d'identifier individuellement l'objet et, ainsi, le recomposer en de multiples aspects qui lui sont attachés par association de la mémoire. La couleur ou la matière de cette chaise, la table avec laquelle elle forme un ensemble, par exemple.

Ainsi le travail réactif de la mémoire n'encombre pas l'action, c'est là un point essentiel, tout simplement parce qu'il se polarise dans une mémosensation liée à l'objet, qui nous prépare à l'action. Pour résumer ce propos, je dirais que les réactions de la mémoire donnent un sens à l'objet. Par le mécanisme de la perception, l'objet devient plus facilement accessible à la conscience qui peut l'interpréter et agir immédiatement. L'action de s'asseoir sur la chaise, par exemple, ne vous semble-t-elle pas découler très naturellement de la sensation éprouvée à sa vue ? Si c'est le cas, c'est parce que cette action est déjà en germe dans la perception de l'objet, vous n'avez pas besoin de réfléchir à la possibilité d'adapter votre séant au plan horizontal de la chaise, ce savoir est déjà latent lorsque vous percevez l'objet.

De cette manière l'objet acquiert un sens qui nous dit comment agir par rapport à cet objet, il est donc normal que nous trouvions une sécurité à nous approprier les objets. Ainsi nous n'avons pas à faire appel en permanence à tous nos sens, à notre réflexion, puisque que l'habitude perceptive dit à notre cerveau comment ressentir et agir. Le cerveau recherche la sécurité et la trouve dans cette voie de l'habitude. Notre cerveau est psycho-dépendant à la matérialité du connu. Nous voyons donc que la perception de l'objet s'inscrit dans le territoire de l'habitude spychologique, duquel émerge des possibilités d'actions et d'interprétation que nous pouvons anihiler ou autoriser à se prolonger par la pensée. De cette lutte émerge la conscience. Ainsi le contenu de la conscience résulterait d'une sélection de la mémoire opérée au stade même de la perception tenant compte de l'expérience accumulée ou épisodique. Ce fonctionnement découpe le monde connu en territoires de sens. Mais ce sens va au-delà de l'objet ou du sujet auquel il se rapporte, puisqu'il produit une énergie qui alimente l'action motrice, les émotions et stimule d'autres réactions de la mémoire, d'autres sens possibles, formant un processus que j'appelle la mémosensation. Le connu résulte de l'ancrage de ce processus dans un contexte culturel donné qui relie la signification de ses différents fragments.

L'anthropologie nous a démontré que l'immersion dans une autre dimension culturelle se réalise d'abord par une rééducation des habitudes mémosensorielles et, notamment des émotions qui y sont liées, celles qui attribuent des interdits et des valeurs aux perceptions, notre carte de lecture psycho-physiologique des codes sociaux et environnementaux en quelque sorte. Ce que le physiologiste Alain Berthoz appelle la réprésentation. Dans notre culture occidentale de la ville, par exemple, personne ne s'autoriserait à s'allonger sur le sol, en pleine rue, sans invoquer une raison protestataire. Dans cette perspective, la relaxation au sol hors des lieux autorisés à cette pratique peut être considérée comme une déstructuration culturelle, la découverte d'un espace sensoriel interdit par la conscience ordinaire du citadin occidental qui regarde avec curiosité les citadins chinois pratiquer des exercices de T'ai Chi Ch'uan en pleine rue. On peut constater que l'individu ayant fait l'expérience de braver un interdit constate, ne serait-ce qu'un court instant, qu'il en souffre psychologiquement. La transgression est une forme de rébellion contre cette douleur psycho-physiologique que l'on ne veut plus subir. Par la transgression l'enfant découvre le mécanisme de la culpabilité qui conduit l'adolescent à se révolter contre la souffrance de son conditionnement et il en rejette la responsabilité sur l'adulte. Dans tout processus de transgression, les réactions habituelles de la mémoire, déprogrammées momentannément, révélent ainsi l'existence d'une "autre conscience possible", mais renforce aussi l'emprise du conditionnement culturel qui s'imprime ainsi dans la structure de notre mémoire. Ce qui peut paraître paradoxal.

La conscience se meut à l'intérieur de schémas très simples. Notre représentation du monde par exemple est morcellée en territoires mémosensoriels dont chaque espace est défini ensuite culturellement (couple, famille, ville, bureau, chambre, moyens de transport...), ce qui nous conduit à envisager l'existence de savoirs implicites appartenant à chacun de ses territoires intégrés. Nous pouvons résumer ceci dans une formule : ce qui parvient à la conscience est fragmenté en territoires psycho-sensoriels définissant par la suite une représentation du monde et des identités culturelles particulières, comprenant des sous-ensembles et des éléments connus attachés à ces sous-ensembles en fonction d'habitudes cognitives particulières innées ou, acquises par l'expérience. Notre comportement peut varier en fonction de ces territoires sensoriels. Certains individus parfaitement sociables au travail, se révèlent de véritables tyrans familiaux, et inversement. Cette fragmentation trouvant bien entendu une justification parfaitement claire à leurs yeux, même s'ils refusent de l'admettre explicitement.

La plupart du temps, ce cloisonnement de la conscience et de l'activité humaine, même s'il se manifeste plus subtilement, nous paraît aller de soi. La psychanalyse nous a pourtant familiarisé avec l'idée que la psychose a une origine situationnelle, qu'elle est un fragment de la conscience qu'on ne peut débusquer sans confrontation au contexte de sa matérialisation, lequel subsiste à l'intérieur d'un schéma psycho-sensoriel, devenu relationnel. La relation première à la mère, réelle ou de substitution, est le fondement de cet acquis structuré qui se transmet par l'émotion des premiers contacts affectifs et sensitifs (mais aussi et surtout des premiers rejets), ainsi se met en place très tôt chez l'enfant une discrimination au sein de ses propres émotions et réactions cognitives. A partir de ce point de départ, le nourrisson commence à élaborer des stratégies socio-comportementales et à intégrer des identités psychologiques distinctes. Et quelques années plus tard, selon sa précocité, il pourra dissocier le jeu des apparences, des représentations et celui des sensations qu'il apprend à dominer psychologiquement - ces sensations qui définissent pour lui un chat par exemple - et le concept, comme le chat à travers le dessin qui le représente. Sur cette base, il pourra développer une pensée abstraite. Ainsi la discrimination sensitive et émotionnelle, cette fragmentation du "moi" nécessaire pour dominer nos pulsions dans telle ou telle situation, nous aide aussi à décrypter le monde, à assimiler un langage et à développer nos capacités intellectuelles. La capacité de dissociation est donc le résultat d'un processus à l'origine sensoriel, cette fragmentation primitive de la conscience en territoires d'expériences et de sens, sur laquelle s'élabore le connu. Albert T. Hall, dans un ouvrage intitulé "La dimension cachée", consacre d'ailleurs une étude descriptive à certaines de ces structures non verbales de la conscience qui déterminent les spécificités comportementales autant que des modes de penser propres à chaque culture. Gregory Bateson, avant lui, cherchait à en comprendre la grammaire ("Vers une écologie de l'esprit"). Voici donc posés les fondements de notre étude de la connaissance de soi. Ce constat appelle à un examen plus approfondi de la nature du (ou des) processus préconscients, afin de comprendre la façon dont se construit la conscience en chacune de ses identités et, enfin, conjointement, dans quelle mesure ce processus, qui forme la pensée, limite et oriente son acuité.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)

Anonyme a dit…

Hey, I am checking this blog using the phone and this appears to be kind of odd. Thought you'd wish to know. This is a great write-up nevertheless, did not mess that up.

- David