Akouphène / Paracelze
Delirium / Telyphron / Sortie de secours / Blocs rectangulaires, feu et comprimés


Sortie de secours

Spectacle pour sept musiciens, décors et lumières


Violon, basson: Jamasp Jhabvala
Saxophones, clarinette: David Chevalier
Trompette: Lukas Stalder
Voix: Maria de la Paz
Rhodes: Jean-François Gandolfo
Guitare électrique: Navin Gopaldass
Basse électrique: Alexis Hanhart
Programmation électronique: Gaël Schupbach

Décors: Marylaure Decurnex
Lumières: Michel Jenzer
Texte: Siu Pham






Tous ceux qui se souviennent deviennent fous. Se souvenir de quoi ? Je suis incapable de le dire.

Suis-je pris dans un filet avec un requin qui me nargue en pleine figure de ses yeux saillants, et de ses dents pointues, noires d’encre. Comme un fauve piégé, plus je lutte plus les fils s’enchevêtrent et me serrent. Les gens crient, applaudissent autour de moi, je ne suis qu’un gladiateur avec la tête d’un tigre.

Comment appelle-t-on cela ? Peut-être, la mer… Dis-moi , dis que c’est simplement un ravin.

Ce ravin, c’est quoi déjà… l’endroit où on s’éloigne le plus du rivage.. Si seulement … la mer, je me laisserai emporter jusqu’au dernier rive voir la ligne blanche d’écume.

Pourtant nous étions si bien, l’un près de l’autre. Pourtant une fois, tu m’as serré dans les bras, une fois, et nous avions partagé le petit bonheur d’un beau jour. Pourtant une fois tu t’es penché sur moi, troublé par mon regard, illuminé par mon sourire…

Laisses-moi, encore un temps.
Le temps d’un regard inconnu d’un nouveau visage inutile.
Le temps d’une attente vaine et d’un oubli certain, vieille connaissance désolante…

Mais crois- moi, le temps est dégueulasse… À l’instant, il s’approche de moi, il vient droit sur moi, comme un obus. L’idée d’une mort imminente m’assaille d’un coup sec...

J’ai les yeux qui piquent. Du ciel sombre tombe la pluie grise. Est-ce la pluie ou mes yeux mouillés qui me glacent tellement, ou peut-être c’est ta voix !
Que dis-tu ? J’ai froid, l’angoisse pénètre mon cœur comme une lame d’un bleuté glacial.
Je vais m’asseoir et je vais fumer une cigarette en attendant que tu te taises.
Demain, après-demain et les jours à venir, puisque tous les crimes, toutes les guerres des autres ne sont plus dans la rue mais dans ma tête, à ce moment-là, tu réapparaîtras comme une bouée entre le monde et moi. C’est dans la tête que je subis, hanté par des cauchemars diurnes, c’est dans la tête que j’agis, douloureux de confusion sentimentale.

Pour l’instant, mens-moi, donnes-moi l’indication d’un autre ciel qui n’existe pas où les étoiles tombent doucement. Montres-moi une autre route où s’éloigne le vagabond. Sers-moi l’alcool fort dans un seul verre, récite-moi le poème de l’au-delà, joue-moi la musiques des dieux quand il n’y a plus de dieux. Extrais l’orgasme de mes sens. Seulement pour ce petit instant qui va me faire croire encore à l’absolu.

Siu Pham 2003 pour PARACELZE

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