30 octobre 2005

Arbitrage vidéo - Joël Quiniou : "Tentons l'expérience"

PARIS, 26 oct (AFP) - L'ex-arbitre international Joël Quiniou, qui a dirigé en 1995 à Créteil une rencontre amicale avec assistance vidéo, estime que l'expérience souhaitée par le président de la Ligue de football professionnel (LFP) Frédéric Thiriez mérite d'être tentée pour aider les arbitres.
M. Quiniou, consultant pour Canal+ et le quotidien sportif L'Equipe, affirme néanmoins que cette expérience, contestée par la FIFA, doit avoir lieu dans un "cadre clair et strict".
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Q: En quoi consistait l'expérience tentée en 1995?
R: "C'était une rencontre amicale entre deux équipes de l'US Créteil. J'étais sur le terrain, avec un émetteur, et j'étais en contact avec un arbitre vidéo situé dans un car régie et qui avait plusieurs écrans à sa disposition. Le problème de cette expérience était qu'il avait fallu simuler quelques situations de jeu, une faute à la limite de la surface de réparation, un but avec le ballon entrant dans les buts puis revenant en jeu. On demandait pratiquement aux joueurs de devenir, le temps d'un match, des comédiens."
Q: Votre conclusion?
R: "On avait pris plaisir à participer à cette expérience, mais on n'en avait pas tiré de conclusions vraiment définitives en raison de ce côté laboratoire. Le plus important était de savoir si le dispositif technique était adapté."
Q: Que peut apporter la vidéo à l'arbitrage?
R: "C'est pas forcément la panacée. Mais, aujourd'hui, force est de constater que l'arbitre reste le bouc-émissaire. Cette peur de commettre l'irréparable, d'être à l'affiche des médias, joue sur la performance des arbitres. Aujourd'hui, on arrive à ce constat: les seuls à ne pas bénéficier des technologies sont les arbitres alors que les journalistes et les téléspectateurs en bénéficient. Il faut donc bien réfléchir comment les aider. Dans des cas précis, bien ciblés, bien cadrés, je pense qu'il faut aider les arbitres qui pourraient davantage asseoir leur autorité et être plus sereins s'ils savaient qu'en cas de grossières erreurs de leur part, elles seraient corrigées par un moyen technologique."
Q: Les critères retenus par M. Thiriez (franchissement de la ligne de but, faute en dehors ou dans la surface et éventuelle main sur un but) ne sont-ils pas trop restrictifs?
R: "C'est un peu le problème. Il faut être réaliste, on peut attendre plusieurs matches pour avoir l'un des cas. Sur une journée de Ligue 1, on pourrait ne l'utiliser qu'une ou deux fois sur l'ensemble des dix matches."
Q: Et comment expliquer aux amateurs de football qu'on pourrait utiliser la vidéo pour annuler un but de la main mais pas pour revenir sur une main d'un défenseur, comme celle de Cris lors de Bordeaux-Lyon en début de saison?
R: "Il faut commencer par un cadre clair et strict. Après, on pourra réfléchir pour le cas d'une simulation évidente ou d'une faute de main, comme celle de Cris. Le seul problème, c'est que quand le jeu n'est pas arrêté, c'est très difficile de stopper le match. Dans un premier temps, il ne faut pas être trop ambitieux. Il ne s'agit pas de dire que la vidéo va être un miracle. Mais il faut se dire si, oui ou non, la vidéo peut apporter de la sérénité. Tentons l'expérience. Et sur plusieurs matches, parce que, au vu de l'expérience de Créteil, je crois que le bilan ne pourra être fait qu'après plusieurs matches."
Article paru sur Yahoo! Sport le mer 26 oct, 17h10

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