Divers textes







Voyage à Versailles




LE DOMAINE DE VERSAILLES



A la fois symbole du raffinement, de la finesse et du savoir-faire artistique de tout un continent pour notre bon pays, ce chef-d'œuvre n'a rien d'un banal monument. Cette huitième merveille du monde, témoin incontournable des jours de gloire d'une France rayonnante, se dresse devant nous en défiant le temps avec fierté : Versailles l'absolue, Versailles la révolutionnaire, Versailles l'impérieuse. Louis XIV trônant sur son cheval de bronze vous accueille sur la place d'arme. Derrière, les grilles dorées marquent l'entrée avec élégance. Au centre, la chambre du Roi-Soleil culmine au premier étage faisant face à l'astre de lumière, dès l'aube. « Le soleil, c'est Apollon, dieu de la paix et des arts ; c'est aussi l'astre qui donne vie à toutes choses, qui est la régularité même, qui se lève et qui se couche (Louis le quatorzième) ». Quoi qu'il en soit, cet édifice n'a pas fini d'éblouir les marées humaines qui progressent toute la journée pour se retirer en soirée. L'ambiance vous plonge au cœur de la royauté la plus enviée d'Europe : que ce soit par les reflets somptueux et ingénieux de l'illustre galerie des glaces rappelant le légendaire bon goût du monarque absolu ou, par la suite, en traversant l'infinité de salons pourvus des plus beaux apparats : tableaux de scènes et portraits, marbres et mobilier luxueux de toute époque ou encore à travers la galerie des batailles aux toiles commémoratives de toutes les grandes batailles ayant nourrit l'histoire de France de Clovis à Napoléon premier. Le plus grand palais du monde porte, sans conteste, l'emprunte indélébile du carrefour de l'Histoire. L'envoutement de ce généreux patrimoine se poursuit lors d'une promenade d'ivresse dans les jardins : bosquets, compositions florales, sculptures, fontaines prodigieuses et jeux d'eau deviennent les trésors cachés de ce temps perdu où la coquetterie et l'art des ornements rigoureusement géométriques tranchaient avec style. Au crépuscule le charme devient féérie : les fontaines s'illuminent, bravant la pénombre avec magnificence, l'eau tourne au divertissement et le parc accueille un extraordinaire spectacle où magie des couleurs et partitions baroques prennent vie au sein d'un cabaret de plein air, fruit d'un harmonieux mélange convergeant vers l'unité absolue. Au loin, les coups de canon retentissent en musique, le ciel s'embrase de mille feux, clôturant avec finesse et courtoisie une journée bien remplie dans ce lieu forçant toujours, de siècle en siècle, admiration et respect.





LES TRIANONS



Si l'Histoire retient Versailles le magnifique, elle tend parfois à occulter son grand et petit Trianon constellés d'habitations, jardins et potagers. « Vous aimez les fleurs, Madame, j'ai un bouquet à vous offrir. C'est Trianon (Louis le seizième) ». Devenu la demeure favorite de la reine Marie-Antoinette, le Petit Trianon offre calme, repos et inspiration à ses hôtes : il s'improvise, de temps à autre, étoile des arts dans le salon de compagnie, le temple de l'Amour, la salle de bal ou encore dans le théâtre de Marie-Antoinette. Restauré par les impératrices, le petit Versailles a toujours retenu l'attention des femmes d'État. Le parc se veut être à l'image de l'esprit de Trianon : place d'évasion, d'oisiveté et de contemplation. De grandes étendues de verdures parsemées de quelques mares et nobles arbres au tronc imposant. Plus loin, le hameau de la Reine abrite l'ancienne ferme et sa laiterie : de véritables chaumières se dressent derrière un étang excessivement fertile dissimulant plusieurs centaines de carpes regroupées pour combler leur panse sans fond lors de l'éternel banquet gracieusement approvisionné par de généreux passants.
Le Grand Trianon, résidence privée au ton imposant du souverain absolu, se dresse à proximité de son petit protégé. Amalgame de pierres blondes et de marbre rosé, d'architecture italienne et paré d'une multitude de fenêtres cintrées, cet édifice de plein pied a aussi accueilli le cabinet topographique de Napoléon premier.



LA SALLE DU JEU DE PAUME



Mentionner Versailles sans évoquer la période révolutionnaire reviendrait à poignarder la république. Cette cité historique a su préserver les prémices de notre régime politique : si l'on ne peut plus se rendre dans la salle provisoire ayant accueilli les derniers états généraux dans la cour de l'hôtel des Menus-Plaisirs, il est encore possible de se recueillir dans la salle du jeu de paume où le mémorable serment « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides » fut prononcé. Bâtisse construite pour permettre à la famille royale de pratiquer le noble jeu (qui donnera son nom au tennis par la réplique « tenez Messire ») , réquisitionnée durant les états-généraux pour permettre la tenue de l'Assemblée Nationale, les députés du tiers-état réclamant un vote par tête et non plus par ordre. On y découvre un édifice fort simple doté, en hauteur sur les deux façades les plus longues, de nombreuses fenêtres parallèles en carreaux destinées à permettre un éclairage neutre afin d'éviter d'éblouir les joueurs. Une galerie protégée par un muret et par un toit de bois, conçue pour accueillir le public, fait le tour de la salle. Le jeu de paume est à l'origine de nombreuses expressions couramment employées : qui va à la chasse perd sa place, jeu de main jeu de vilain, tomber à pic, ...Le roi louis XIV s'est adonné personnellement à cette activité dans cette salle. Au fond, une gigantesque toile du peintre David représente le serment par une mise en scène bien plus symbolique que fidèle à la réalité. On peut y reconnaître de nombreux visages de députés de l'époque dont celui de Bailly, Sieyes ou encore Mirabeau. L'artiste ne s'est pas privé de mettre en lumière les souscripteurs de l'œuvre, désireux de flatter leur égo sans éprouver la moindre gène à l'idée d'altérer la vérité. Difficile de croire que cette si petite surface ait pu contenir 461 députés du tiers-état, et pourtant, la révolution a quelque chose de magique...



Adrien ANDERSON







Le onzième art



Si d'après Jacques ATTALI, pour tous, il faudra faire de la création une ambition, de l'invention une exigence, du nouveau une nécessité, alors il est fort probable qu'il ait écrit ces quelques mots durant une pause culinaire. Et si l'art du palais était la muse de notre homme ? L'idée ne vous paraitrait pas si fantaisiste que cela si vous aviez diné au Chaudron de RATTE, restaurant d'une bourgade Saône-et-Loirienne. Si chacun est contraint de reconnaître que la perfection n'existe pas, force est de constater que certaines personnes s'en approchent dangereusement. Ce voyage culinaire n'aura de cesse d'agiter toutes vos papilles jusqu'à la fin de votre repas.
Le coup d'envoi de cette croisière des saveurs se matérialise par un gaspacho aux écrevisses qui ne manquera pas de vous surprendre par la véracité de son assaisonnement : une mise en bouche qui annonce le style contemporain et frais de la maison. Bref, une mise en appétit à la fois légère et raffinée pour le plaisir de tous. Le service se veut, quant à lui, irréprochable : simultanément attentif, discret et emprunt d'une grande justesse des gestes dans un timing épousant le rythme de chacun.


En entrée, un clafoutis de tomates cerises et de chèvre accompagné d'un paradisiaque sorbet tomate basilic. La dégustation se poursuit dans une complémentarité déconcertante des mets : un panache d'arômes rigoureusement mis en valeur par la « cheffe ». Laissez-vous emporter par le Canon d'onglet de bœuf poêlé, beurre café de Paris. Comme l'a si bien résumé Paul BOCUSE, les deux secrets d'un succès: la qualité et la création. La qualité des produits culinaires était au rendez-vous s'étant de fait bel et bien invitée dans nos assiettes à travers ces bien étranges composants naturels à qui l'on doit cette éphémère sensualité gastronomique.
Voici venu le temps du fromage : un plateau se déplace jusqu'à vous pour combler ce qu'il reste encore de votre illustre panse sans fonds. Et si l'on peut légitimement penser ne pas pouvoir être bluffé dans un moment aussi traditionnel du repas, on se laisse une fois de plus surprendre comme un banal amateur en découvrant les glaces au camembert et au chèvre qui vous projetterons dans une autre dimension où un généreux accompagnement vinicole ne s'avèrera pas être une vulgaire faute de goût mais bien au contraire un véritable allié qui vous guidera lors de votre ascension gustative assisté d'un pain de campagne finement tranché. Votre vin est servi à chaque passage à partir de ce qui s'apparente à une petite carafe à décanter, symbole d'une fine attention que je me complairai à qualifier d'avant-gardiste. Le feu d'artifice culinaire s'achève par un véritable bouquet final. Une tartelette pêche, lavande et framboises vient clore cette merveilleuse aventure sur ce fond musical fort agréable qui vous tient compagnie du début à la fin de votre parcours initiatique dans ce merveilleux pays où imagination et plaisir des sens semblent triompher avec brio. Vous terminez définitivement votre diner avec quelques petites mignardises présentées avec subtilité.
Si je devais résumer cette expérience, alors je dirais qu'il s'agit là d'une cuisine d'amour prometteuse aux partitions rythmées par le perfectionnisme des plus grands chefs sans aucune fausse note.



Et bon appétit bien sûr !





Hymne à la jeunesse



A l'heure où notre société condamne une jeunesse dite «agitée», et sans expérience,

Une jeunesse désirant l'utopie et changer le monde, émerge !

Une jeunesse qui croit encore en un idéal et qui désire faire valoir sa place dans cette société.

Une jeunesse qui refuse ce fatal mépris.

Cette jeunesse revendique l'attention, l'espoir, l'aide, la générosité, les valeurs de notre république.

Cette jeunesse oubliée ou étouffée réclame le droit de penser sans être critiquée inutilement !

Qu'est-ce qui est le plus grave pour notre pays ?

Une jeunesse qui exprime ses idées artistiquement ?

Ou une jeunesse sombrant dans le laisser-aller et dans la décadence ?

Est-il si difficile pour les citoyens Français de reconnaître une place et une notoriété à  sa Jeunesse ?

Doit-on attendre d'avoir 40ans pour exprimer ses idées sans craindre le mépris ?

 

 

 

Hommage



Il s'est déjà  passé plusieurs années depuis cet évènement qui restera à  jamais gravé en moi. Aujourd'hui les souvenirs sont là , témoins d'une bien triste réalité. Certes, « toute rose est condamnée à  une bien triste fatalité, celle de faner » mais si ma raison est contrainte de l'accepter, mon coeur poursuit sa route dans une constante souffrance qui ne cesse de s'intensifier. Les mots manquent pour décrire ce que je ressens. J'avais toujours espéré que les progrès de la science puissent annihiler un beau jour notre mortelle destinée. Un rêve bien naïf d'enfant me direz-vous. Je crois, j'ai la foi, mais tout ceci ne suffit point à  effacer dix-sept ans de vécu avec une personne que l'on adore, tel un Dieu, tel une étoile, puisant en elle une force, toute une joie de vie.

Je fus bercé dans un monde où l'on croque à  pleines dents les instants de bonheur. Mais aujourd'hui j'ai compris que tout bonheur est éphémère. J'ai plusieurs fois imaginé ce moment, sans même parvenir à  approcher la terrible vérité.

A la découverte de cette nouvelle, mon petit monde bien naïf s'est effondré, l'espace d'un instant ma vie venait de basculer dans une totale mélancolie. Les larmes ruisselèrent le long de mes joues, laissant apparaître un visage: le visage de la vérité, visage de la plus intense douleur intérieure.

Un mal qui n'avait pas de remède, qui traverse le temps, chacun d'entre nous. Un fléau que je ne pus malheureusement maîtriser parce qu'il est tout bonnement impossible de lutter contre sa propre nature humaine.

Le remord s'empara de moi, refusant encore en ce jour de m’abandonner. La culpabilité de ne pas avoir été à  chaque instant son idéal, je ne peux que subir mes souvenirs en regrettant les disputes inutiles, toutes ces humeurs passagères et désagréables.

Pourquoi ne pas vivre pleinement l'instant présent ? Pourquoi faut-il attendre de ne plus pouvoir réparer ou de s'améliorer pour prendre conscience de toutes ces affirmations ?

Chaque personne ne dispose que d'une vie, seule exclusivité, unique opportunité. Au diable, les querelles inutiles, les actes regrettables.

Ce n'est pas à la disparition de l'être cher que nous devons faire le point sur nous-mêmes, nous remettre en question, nous améliorer mais bel et bien dès maintenant.

C'est en juin 2004 que ma grand-mère s'est éteinte par la faute du personnel hospitalier qui devrait reconnaître la responsabilité de sa mort, ce qui n'est à  ce jour toujours pas le cas malgré des aveux écrits.

J'ai besoin de cette reconnaissance de faute pour faire le deuil. Sa mémoire ne doit pas rester dans l'oubli. Cette femme âgée respirait à  plein nez cet air de vitalité, bonne vivante, critiquant les discours des hommes politiques et plaçant toujours une pincée d'humour dans ses conversations.

Ce n'est pas Dieu qui me l'a enlevé mais bel et bien des êtres humains dépourvus de remords, traitant les malades comme de vulgaires pierres qu' on laisse tomber. La faute des gouvernements ayant perdu la vue, refusant d'accepter la vérité pour une question d'argent.

Mon proviseur disait que « les blessures physiques cicatrisent et s'oublient mais, à  l'opposé, une blessure morale ne guérit jamais ».

Soyons attentifs à  nos dires. Je ne suis pas parfait, j'ai seulement commis des erreurs au cours de ma vie, dont certaines que je regrette en ce jour et cela pour toujours.

Je n'ai jamais critiqué moralement ma grand-mère et fort heureusement, mais je n'ai pas non plus été constamment sage. Ma devise: «se taire, c'est laisser faire», je l'applique de manière permanente dans la vie quotidienne mais pour la première fois, j'avoue que parfois il vaudrait mieux rester dans le silence et vivre ainsi paisiblement le présent avec les gens que l'on aime.

Ma grand-mère a toujours été là  pour les grands moments de ma vie, de mes premiers pas jusqu'aux portes de mon Baccalauréat, présente dans les moments de joie comme de tristesse, confidente permanente.

Cette femme était exceptionnelle: elle m'aura tout donné, et je lui dois ce que je suis. C'est dans sa demeure que j'ai commencé mon premier ouvrage qui se sera achevé après sa disparition, elle m'encourageait à  le poursuivre, elle croyait en ce livre.

Aujourd'hui je vis pour cette oeuvre qui devient maintenant une affaire de mémoire, elle prend toute sa valeur à  mes yeux. Je dédie donc cet ouvrage à  Ma tendre grand-mère: Solange.

Adrien Fenimore Anderson

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