"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

vendredi 12 mars 2010

Jeanne la Pucelle


Puisqu’on m’accuse de m’en tenir aussi éloigné que de la table de banquet du diable, il est temps que j’évoque ici sans détour le scrutin régional de dimanche. C’est bien à tort, croyez-moi, qu’on me dit indifférent à cette élection cruciale dont les enjeux sont en tous points considérables. La déroute annoncée de mon camp m’oblige, bien plus encore qu’elle ne m’accable, au-delà de ce qu’on saurait imaginer. Pensez que toutes les provinces, jusques aux plus reculées, seront demain des places encore plus fortes aux mains d’une opposition arrogante et vindicative, réduisant à néant le travail de Titan d’un Razibus Rex rabaissé au rang de Sisyphe, la talonnette coincée sous son rocher. Les Françaises et les Français sont parfois versatiles et ingrats. Mon silence dit aussi la compassion, l’amertume et la souffrance. 

Ainsi, le 22 mars - quel pied de nez Dany ! -, la France des préfectures se réveillera-t-elle humiliée, outragée, martyrisée par la France des hôtels de région. Ya basta ! L’heure locale n’est plus pour moi au soutien inutile d’un candidat benêt au vague nom de sous-commandant mexicain, lâche fuyard dont le passe-montagne serait resté accroché aux branches de ses noyers périgourdins ! Besogneux ministre en transit au milieu des indigènes, El Delegado Zero est arrivé, sans trop se presser : aurait-on voulu que je courusse derrière lui, au risque de le dépasser ? Non, merci ! Soyons francs : j’ai mieux à faire, et à une autre altitude ! 

Pour tout dire, j’ai vu cette nuit Jeanne d’Arc en rêve. Petite femme frêle ressemblant étrangement à ma pie voleuse, elle feignait de chercher avec son plumeau des moutons sous ma couche. La blanche Pucelle s’est adressée à moi en ces termes : "Lève-toi, Alain ! Dieu t’a choisi comme Architecte pour rebâtir en hauteur le royaume de la fille aînée de son Église ! Laisse au vent et à la poussière les cendres des tiens qui demain empliront les urnes : le nain jaune sera bientôt réduit en poudre à son tour, et c’est ton chef brillant que le peuple coiffera de la couronne de France, en la douzième année de ce siècle durable ! Va, ne proteste pas, accomplis ton devoir, sois fidèle à ton baptême !" 

Ouïr les paroles d’une sainte qui entendit elle-même les voix du Seigneur émeut mon âme au plus profond. On dirait d’une mise en abyme… Curieusement, cette apparition de mon sommeil paradoxal me rappelle le couvercle des boîtes de Vache qui rit de mon enfance, où l'animal portait des boucles d’oreille en boîte de Vache qui rit, etc. Dieu ne manque pas d’humour qui, selon Denise, sait que sommeille en moi le corbeau de la fable, tenant en son bec un fromage. Elle n’a pas tort : je ne me sens plus de joie ! Que La Fontaine ne compte cependant pas sur moi pour lâcher ma crème de gruyère ! Plutôt la bouffer avec la boîte et le papier d'aluminium ! Qu'il revoie sa morale : au diable mon ramage et son renard !

Une confidence, qui n’est après tout qu’un secret de Paul Deschanel, comme on dit entre présidents de la République. Oui, comme on le susurre en ville, le gnomissime m’a bien proposé, récemment, la présidence d’une Haute Autorité qu’on prétend ici ou là "réservée à un corps français traditionnel". Est-on si sûr au Château que je réponde moi-même parfaitement au profil ? A ma connaissance en effet, c’est très au nord des Landes que Charles Martel arrêta les Arabes en 732, ce qui m'exclut a priori du périmètre d'origine contrôlée. Je n’en apprécie pas moins la constance et l’obstination de Razibus à prétendre me garder sous clé quelque part ; je le prie cependant de bien vouloir me pardonner d’avoir moi-même une petite idée de la place qui me revient. Non, merci ! 

Je ne terminerai pas ce billet sans féliciter déjà chaleureusement Roussy de sa belle victoire du 21 mars. C’est parce que je le savais fait pour ce job que je lui ai barré la voie municipale il y a deux ans, non par goût personnel pour une ville ingrate et des administrés versatiles. Bien sûr, il ne va triompher là que d’un poids plume mais, en dépit de sa mine, ce monsieur est malgré tout un ministre à lui sacrifié par le prince. Ce n’est pas un piètre trophée. Très sincèrement, je souhaite bonne chance à Alain, ainsi qu’à ses parents et alliés dans ce troisième mandat. Seize ans – peut-être dix huit – à la tête d’une grande région, chapeau tout de même ! Vivement dimanche en huit qu’on s’en afflige ! Les récentes raclées de nos footballeurs, je vous le dis, ne sont rien à côté de la plumée annoncée de Rikiki ! Je soutiens bien sûr le petit Tom mais, tout à fait entre nous, il ne l'aura pas volé… Vous me trouvez peau de vache ? Peut-être un peu, je vous l’accorde, mais en tout cas peau de vache... qui rit ! Ha ! Ha ! Meuh !

P.S. Tout à votre joie, Roussy, n’oubliez pas mon chèque pour le grand stade !

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