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mardi 7 décembre 2010

VALSE DES CADDIES VIDES AU CORA D'ALES



Suite à l’appel lancé par le Collectif d’Alès sur la liste de diffusion, des membres du Collectif de Nîmes sont venus ce 5 décembre apporter leur soutien « numéraire».
Nous voici arrivés vers 14h30 sur le parking de Cora à Alès. Nous récupérons des caddies (attention prévoir jetons ou pièces de 1 euro !) et là on se rend compte que le parking est bondé. Beaucoup de va et vient de personnes venues en famille acheter, pour la plupart, les cadeaux et décorations de Noël.
On regarde les caddies attachés en file indienne sous plusieurs petits abris. On les compte … Allez au pied levé y’a bien 800/1000 caddies (si certains ont des chiffres on est preneur !). Et là on se dit : « C’est sûr que ce n’est pas avec le nombre que nous sommes (8 « nîmois ») que nous allons bloquer quoi que ce soit » ! Bon faut dire qu’on est arrivé un peu en avance. Il fait froid, il pleut, nous partons nous réfugier à l’entrée avec nos caddies et élaborons maintes stratégies d’action. N’empêche que 8 caddies vides juste à l’entrée, ça gêne déjà un peu.
Progressivement des gens arrivent avec des caddies, se rapprochent de nous, petits sourires de connivence ! Nous faisons connaissance de membres du Collectif d’Alès ; lesquels semblent touchés par notre présence (d’autres « nîmois » arrivent également). Ça commence à en faire des caddies vides à l’entrée! 

Çà y est! On est parti! On se lance à l’assaut des rayons jouets. Petit jeu, trouver un jouet fabriqué en France. Peine perdue… Les peluches géantes au début de l’entrée ont toutes pris le bateau ou l’avion de Chine pour venir parmi nous. Nous nous interpelons à voix haute, nous nous interrogeons sur le rapport entre le prix affiché, le coût du transport et les salaires, la protection sociale en Chine… A notre grand étonnement, une femme participe à notre réflexion et demande à son enfant de remettre dans le rayon la peluche qu’il tenait dans les bras ! Barbie, elle, est fabriquée, tour à tour en Indonésie, puis en Chine, ça dépend de sa tenue ! Nous sommes de plus en plus nombreux à circuler avec des caddies vides dans les allées jouets. Un simple regard ou un sourire et l’on comprend que pas mal de personnes ont répondu à l’appel.
Pendant ce temps une dizaine de personnes diffusent des tracts sur deux ronds points. Un recto-verso qui aborde les retraites et la grève de la consommation.
Bon, tourner 2 heures avec un caddy vide, ça peut paraître ennuyeux. Et bien finalement, c’est faire fi de l‘esprit de « création » qui peut émaner d’un collectif de résistants! L’un décide de promener dans son caddie un cheval et un ours en peluche énorme, faut bien qu’ils prennent l’air ces pauvres z’animos (!) après un si long voyage. Bonne humeur, réflexions toujours à voix haute, mise en scène à peine théâtralisée sur la question du travail le dimanche, les salaires décents et la protection sociale… Nous estimons alors pour certains, qu’il est de notre devoir de retourner les boîtes des jouets pour informer au mieux la clientèle de la provenance de leurs achats. Un consommateur averti en vaut deux !


Petite révision de conjugaison : je consomme, tu consommes, il consomme, vous consommez, « con sommes nous !!!!!!!!!! ». Et ce qui devait arriver arriva. Des embouteillages se forment dans les allées des rayons jouets, les gens doivent patienter pour passer et du coup profitent de nos questionnements. D'autres renoncent à se faufiler et font demi tour. « Çà bouchonne trop, on s'en va! ».




Des personnes nous interpellent, nous demandent qui nous sommes. Échanges... 

Petite halte au rayon « Monopoly d'Alès »...

Petit jeu concours: trouver l'objet, le jouet au choix, le plus stupide dans le magasin. Quelques perles au passage...

  No comment !
 
100% torture


Un petit « foie gras » pour minou à 38,50 euros le kg !



Chenilles de caddies vides dans l'allée centrale.

Direction rayon foie gras et autres gourmandises. Horreur les oies sont gavées au maïs ! Sans OGM ? Ce n’est pas indiqué. Vraiment rien ne vaut le petit producteur ! Pour d'autres, direction les écrans plats. Discrètement, certains sont éteints ! Discussion avec une employée qui va gagner 50% de son salaire en plus, c'est-à-dire qu'elle touchera 70 euros pour ce dimanche travaillé. Elle est étudiante. « Ça ne me dérange pas de travailler un dimanche, tant que c'est pas tous les dimanches. En plus ça m'arrange, je suis dans la galère, j'ai pas le choix ».
Au bout d'une heure trente de farandoles et compagnie, la direction craque! (dixit le directeur lui-même !).






Les managers ne sont pas contents !
Le directeur et ses managers arrivent dans une allée du rayon jouets. Tous les caddies vides sont désormais réunis. Ce qui crée un formidable embouteillage dans l'allée centrale. Certaines personnes demandent: « c'est une manifestation »?
Le directeur ne comprend pas. Qui sommes nous? Qui est notre porte parole? Nous présentons le collectif né du mouvement social contre le saccage des retraites.
Un manager nous traite de « branleurs du dimanche » et s'adresse à l'un d'entre nous. « T'as les glandes, t'en as pris encore pour 10 ans ».
Face à ce comportement nous faisons une joyeuse ovation à ce monsieur, en scandant son prénom, toujours dans la bonne humeur. Il ne sait plus trop comment réagir, le directeur intervient.


Pourquoi Cora? Pourquoi pas Intermarché qui ouvre chaque dimanche? Pourquoi pas les hard discount ? (merci monsieur pour toutes ces bonnes idées, on n'y avait pas encore pensé!)
Concernant les photos que nous prenons sur certains jouets. Vous êtes des altermondialistes?
Quel rapport les retraites et les grandes surfaces? Je ne comprends pas ce que vous venez faire ici...
Selon lui, Cora fait travailler 400 personnes et donc vivre au moins 1000 personnes. Et puis le magasin soutient le secteur associatif d'Alès. 40 % des produits proposés sont des produits locaux... Il est contre le travail du dimanche mais concurrence se doit... Donc il ouvre 5 dimanches sur l'année. D'ailleurs tout le monde est intéressé par les marges du magasin et reçoit un pourcentage calculé sur … son salaire! Monsieur le directeur rajoute qu'il est salarié de l'enseigne, qu'il aime son travail et a 15 jours de congé par an.
La discussion se termine. Il est temps de rentrer.
La ronde des caddies s'est déroulée dans une ambiance bon enfant. L'initiative semble avoir été perçue plutôt positivement par les gens. Pas de violence, pas d'intervention du service d'ordre. Nous étions environ 40 et l'on peut dire que nous ne sommes pas passés inaperçus.
A quand la prochaine ronde? Et surtout n'hésitez pas à entrer dans la danse...

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