Le chat et Venise.

 

 

En 828, le chat est à Venise. Le chat y est vénéré et est resté à Venise pour la débarrasser de ses rongeurs. Ce qui le caractérise entre autre c’est sa simplicité. Ce chat a inspiré les peintres, musiciens, écrivains. Il a imposé le respect aux politiciens, les hommes d’Etat et de religion. Ces chats des rues sont la mémoire vénitienne, symbole vivant du lion statufié de la Sérénissime. Les rongeurs infestèrent cette cité construite sur l’eau principalement les greniers, entrepôts, magasins, de céréales et de tissus. Ce chat va devenir l’allié des Vénitiens pour garder intact le patrimoine et pour conserver la salubrité de la ville. Mais aussi pendant les voyages des Vénitiens afin d'apporter la soie, les étoffes, les pierres précieuses de Grèce, Chypre, Syrie, Arménie, Perse, Egypte, Constantinople profitèrent à ces chats probablement attirés par la nourriture, ou par les rats à bord de ces navires. L’eau est une route pour les chats. Les chats sont indépendants, montent à bord et descendent quand bon leur semble. Ils restent parfois dans un port.

Dés le XVième siècle, les assureurs vénitiens exigèrent les chats à  bord des navires pour protéger les denrées et les tissus. Un homme d’équipage était chargé de s’occuper des chats et de les empêcher de quitter le navire aux escales.

A Venise les chats devinrent un commerce, en particulier les Angoras et les Persans dont la beauté est inconnue à Venise. Entre les Vénitiens et le chat existe une entente secrète. Ils traitent le chat comme leur égal. Le chat connaît bien les mystères de Venise. Les Vénitiens considèrent le chat comme un témoin de l’invisible. Au Moyen Age, les habitants de la Cité des Doges sont fascinés par la grâce altière du chat qui s’allie parfaitement au luxe de Venise. Les doges épousaient des princesses byzantines qui apportaient dans leur corbeille de mariage entre autre des Angoras. Ces princesses venues d’Orient sont à l’origine de la vogue du chat de luxe. A cette époque il y avait deux classes sociales chez les chats, ceux des rues qui chassaient les rats et ceux des salons.

Au XVième siècle, l’art de la typographie se développe à Venise Jean-Baptiste Sessa, imprimeur de Venise, fait figurer un chat portant un rat dans sa gueule sur le motif de son sceau. A l’aube du XVIième siècle, le chat apparaît dans la peinture vénitienne d’inspiration religieuse. De la noblesse le chat « passe » à la bourgeoisie commerçante, aux intellectuels, aux artistes sans jamais perdre la faveur du peuple, son défenseur de toujours.

Après le XVI ième siècle, le chat disparaît des tableaux. Le chat en même temps quitte les boudoirs, n’est plus nourri de mets fins et retourne à la rue.

Toutes les races se mélangent pour devenir les soriani, les chats de la lagune, que nous pouvons voir aujourd’hui. Les Vénitiens ramenèrent d’Egypte et de Syrie des galères pleines de chats ratiers afin d’éradiquer les rats vecteurs de la peste. Des chats ont été importés d’Orient pour aider les chats de la lagune à lutter contre les rongeurs.

La peinture du XVième siècle est riche en chats. Le chat est présent dans les toiles des grands maîtres Giovanni Bellini( 1430-1516), Lorenzo Lotto (1480-1556), Jacopo Bassano (1517-1592), Véronèse (1528-1588), Tintoret (1518-1594).

Au temps de la république, Venise subvenait à l’entretien des chats. Au XIXième siècle la vie devint difficile pour les chats, suite aux épidémies et à la disette. Le 10 avril 1856 Giuseppe Consolo écrit l’Ateneco di Venezia, un mémoire contre les mauvais traitements aux animaux. La loi Grammont est votée en France en 1850. Giuseppe Consolo sera entendu. Les Vénitiens sont attachés au petit cousin du lion de la Sérénissime.