Le rire, comment ça marche ?



I) Les Stimuli du Rire

Pourquoi rit-on?  Il est estimé qu'un adulte rit 17 fois par jour en moyenne, étant éveillé 17h par jour en moyenne, le rire serait déclenché environ une fois toutes les heures. Evidemment, le même événement ne se reproduit pas dix-sept fois par jour depuis la nuit des temps (d'ailleurs, en dépit du comique de répétition, il n'est pas certain qu'on rirait indéfiniment de la même chose) ainsi les raisons qui nous poussent à rire semblent être différentes à chaque fois. Molière fait dire à l'un de ses personnages "c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens", peut-on cependant regrouper sous différentes catégories les raisons pour lesquelles nous rions?

Depuis toujours l'homme s'interroge sur la place du rire dans la société et sa psychologie. Ainsi pour Platon, le rire provient de la perception du ridicule chez autrui, pour Hobbes l'homme qui rit fait preuve de narcissisme et pour Voltaire le rire est une forme d'agressivité. 
Les raisons pour lesquelles on rit sont diverses et variées (blague, situation, fou-rire général, chatouilles...) on peut néanmoins les séparer en trois groupes.

Les stimuli psychiques

Le rire est une interaction avec le monde extérieur ainsi, le rire est déclenché par notre perception de ce monde qui passe par les cinq sens: l'ouïe, la vue, le goût, le toucher ou encore l'odeur selon les situations.
 Il existe trois théories avancées par Sigmund Freud qui explique les différentes sortes de rire "psychique".
 Ainsi le rire est déclenché par:

Les situations comiques où autrui ou encore l'individu se ridiculise par une action ou  diction inattendue  (attitude mécanique, quiproquo, exagération, dégradation...). - théorie de l'incongruité
ex: Eclats de rire devant la scène du poumon du Malade Imaginaire de Molière.

Les situations où rire est utilisé comme arme pour se défendre contre des situations diverses et variées où l'individu se sent être mis en péril. - théorie de la supériorité
ex: Un élève se fait malmener par ses camarades "espèce d'intello, retourne chez l'orthodontiste", l'élève, à l'étonnement de ses camarades, au lieu de pleurer commence à rire. Le rire est ici une carapace, une protection.

Les situations dans lesquelles l'on rit par soulagement après une situation de crainte ou de peur. - théorie du soulagement
ex: Une femme dans la salle d'attente à l'hôpital éclate de rire lorsqu'elle apprend après six heures que l'accident de voiture de son fils ne lui sera pas fatal. Elle rie non pas parce que c'est drôle mais par soulagement.

Dans chacun des cas précédents la réaction à la même situation varie selon l'origine, l'humour mais surtout la société qui entoure l’individu. 

Le stimulus social

En outre, il y a un facteur social au rire. L'individu est plus susceptible à rire en société que tout seul. Ce facteur varie selon la société dans laquelle l'individu vit; sa famille, son passé, ses conditions de vie… Ainsi, il est dit que le rire est provoqué avant tout par la circonstance et  la  relation entre les personnes qui interagissent et non par la "chose drôle" en elle-même. 
ex: En Tanzanie en 1962, a eu lieu la plus grande épidémie de rire connue à ce jour: elle a duré plusieurs mois, et a affecté plusieurs milliers de personnes. Le rire était réellement une "maladie contagieuse".
Afin de se convaincre de l'aspect "contagieux" du rire, nous avons mené une petite expérience avec les élèves de notre classe: par groupe de 4, les élèves étaient mis dans une salle, chacun devant un ordinateur, avec un enregistrement de quelqu'un entrain de rire (voici le stimulus utilisé), environ 8 élèves sur 10 avaient une réaction qui allait du sourire au fou-rire. cf Bonus!

Le stimulus physique - Le chatouillement

Ce que tous les enfants connaissent sous le nom de "guilis", ce qui correspond à un chatouillement,  provoque principalement le rire à cause de l'effet de surprise  ou même de colère.
Lorsque quelqu'un est chatouillé, il ressent un fort picotement chez les zones sensibles tel le nombril, les aisselles, les hanches... Il existe plusieurs sentiments à ce terrassement de la peau: soit un sentiment de plaisir soit un sentiment désagréable. 
Au moment où les récepteurs du toucher et de la douleur de la peau sont concernés (d'après J.C Grégoire) la réaction physique au rire, c'est-à-dire le repliement, est liée à une protection que le corps recherche pour protéger ses zones sensibles. Le degré des réactions varie en fonction de la sensibilité de l'individu mais aussi en fonction de l'effet de surprise. La raison pour laquelle on ne peut pas se chatouiller soit même est liée au cervelet qui prévient et ainsi évite la surprise et donc le rire. 


Bilan
Le rire peut être déclenché par des facteurs qui semblent n'avoir aucun rapport: des chatouillements, à la blague, en passant par la peur, le comique de situation et l'anxiété. On peut cependant séparer les stimuli entre stimuli psychiques et physiques, et y ajouter un facteur social: on rie plus en groupe que seul.


II) Le rire au niveau du cerveau
 Comment notre cerveau analyse-t-il une situation « drôle » et la traduit en rire ?
Lorsque nous trouvons quelque chose de drôle, nous percevons souvent cette chose par l'un de nos cinq sens (même s'il est rare que ce soit l'odorat ou le goût en jeu), dans ce cas, cette information est traitée par les aires sensorielles du cortex cérébral.
Ces aires sensorielles envoient des influx nerveux qui sont intercepté par le centre cortical du rire, qui se trouve dans le lobe préfrontal du cortex cérébral de l'hémisphère droit du cerveau. Le centre cortical choisit le comportement qui convient à la situation (ce "choix" peut cependant être inconscient).











Comment l'information voyage-t-elle à travers le corps?
Notre corps est composé de plus de 10 000 milliard de cellules nerveuses qui se chargent de la transmission de messages. Lorsque l'on rigole ces cellules entrent en action. Les stimuli qui enclenchent ce rire envoient une impulsion nerveuse qui se traduit par le rire. Un message nerveux est transmis; dépendant de l'intensité du stimulus le potentiel d'action se met en place. 
Tout d'abord lors de la phase de dépolarisation, le canal a sodium s'ouvre et fait passer du milieu extra-cellulaire vers le milieu intra-cellulaire des ions Na+. 
Puis, la cellule se repolarise, des ions K+ passent par le canal de potassium, du milieu intra-cellulaire au milieu extra-cellulaire. Ensuite, la cellule s'hyperpolarise c'est a dire que le flux de K+ continue a travers le canal de potassium. Enfin, la cellule revient à son état initial a travers la pompe APSase qui permet aux ions K+ de retourner dans le milieu intra-cellulaire et aux ions Na+ dans le milieu extra-cellulaire. (on rappelle qu'il existe une variété de neurotransmetteurs)

En effet , l'impulsion se deplace d'une autre en forme de neurotransmetteur le nombre dépends du potentiel d'action.
Les neurotransmetteur se déplacent a l'interieur de l'axone, dans des vésicules. Arriver à l'élément présynaptique, la membrane de la cellule fusionne avec les vésicules qui relachent les neurotransmetteurs dans la fente synaptique. Ils se fixent ensuite au récepteur de l'autre cellule nerveuse.
Le lobe préfrontal est un acteur majeur dans les réponses émotionnelles. En effet, il interagit avec le système limbique, qui est une structure du cerveau jouant un rôle important dans le comportement et surtout dans diverses émotions comme l'agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire. 
Le lobe préfrontal module la réponse du corps face au stimulus en dictant le niveau de réponse au système limbique. 
Le système limbique détermine l'intensité de la réponse - sourire, rire discret, rire franc, fou rire, éclatements. Ce choix du système limbique est inconscient bien que le cortex conscient puisse souvent poser une barrière à des rires inappropriés. 





Schéma explicatif:






III) Les réactions biochimiques et musculaires
Que se passe-t-il lorsque-l-on rit ?

A) L’aspect biochimique:
La première étape du mécanisme du rire après le traitement des informations par le cerveau est biochimique.
Tout d’abord, le système nerveux sympathique commande la libération de catécholamines par les glandes surrénales, qui sont situées juste au dessus des reins. Les catécholamines forment un ensemble de molécules composé de 80% d’adrénaline et 20% de noradrénaline. Ces deux substances sont différentes étapes de synthèse de catécholamines à partir de tyrosine.
La noradrénaline pour effet de diminuer la taille des vaisseaux sanguins qui se contractent, et d’accélérer l’activité cardiaque. L’adrénaline, également connue sous le nom d’épinéphrine augmente l’excitabilité de l’organisme. Cette même molécule est également sécrétée lorsqu’on a peur, ce qui améliore par exemple les réflexes d’un individu. On remarque donc une augmentation de la tension cardiaque et du débit sanguin chez un individu qui rit. 
Durant le rire, on note également la sécrétion par l’hypophyse, qui est situé à la base du cerveau, d’endorphines. Les endorphines, qui sont des petites protéines (des courtes chaines d’acides aminés) ont un effet inhibiteur, ce qui veut dire qu’elles diminuent la sensation de douleur et procurent une sensation relaxante à l’individu. Cf. "Thérapies par le rire"
En termes biochimiques, le rire a donc un effet tout d’abord excitant, avec la sécrétion des catécholamines, puis relaxant, à travers l’effet des endorphines. 


B) Effets sur le système circulatoire sanguin:

Le rire affecte également l’hypothalamus, qui est le coeur du système régulateur du corps humain. Ainsi, pendant le rire, on note une augmentation importante du rythme cardiaque et de la tension artérielle, due aux réactions biochimiques citées précédemment et à l’action de l’hypothalamus sur le système nerveux sympathique (qui «stimule» les organes et les actions métaboliques) , puis, à plus long terme après le rire, la tension artérielle et le rythme cardiaque diminuent, ce qui va de pair avec les effets analgésiques des endorphines et de l’action du système nerveux parasympathique (qui «calme» et annule ou modère les effets du système sympathique). Avec la dilatation des veines, la pression artérielle diminue également. Expliquer brièvement. 
On remarque de plus une ouverture du système respiratoire, puisque les bronches se détendent. Cette ouverture permet un meilleur débit ventilatoire. Après ces effets du système régulateur, on remarque une deuxième phase biochimique: certaines molécules sont diffusées dans le sang et provoque l’ouverture des glandes lacrymales (d’où le fait de «pleurer de rire») puis également une dilatation de la vessie et du sphincter anal.
Ainsi, durant le rire, l’activité nerveuse sympathique est très forte puis elle laisse place à l’action parasympathique dont les effets se font ressentir à plus long terme après le rire.


C) L’action physique du corps humain:

Nous savons tous que lorsqu’on rit, nos épaules font des mouvements saccadés, ou qu’il nous arrive de rire jusqu’à en avoir mal au ventre.
Les informations provenant des aires motrices du cortex cérébral entrainent tout d’abord des contractions des muscles inter-costaux et du diaphragme. Ces deux muscles sont les muscles qui agissent dans le mécanisme respiratoire et on assiste donc à une modification du rythme respiratoire. Les contractions musculaires provoquent une respiration saccadée qui, avec l’augmentation du débit ventilatoire, vont affecter les cordes vocales, et les muscles du larynx se détendent, d’où le bruit qu’une personne fait lorsqu’elle rit. 
Or, cette respiration particulière «secoue» les épaules et engendre une détente musculaire générale, après le rire. Cependant, pendant le rire, les muscles du visage (les zygomatiques par exemple) se contractent. Ce sont à peu près les même muscles qui interviennent lors d’un sourire. Au même moment, les muscles des bras et des jambes se détendent et l’abdomen se contracte, d’où les douleurs abdominales lors d’un rire prolongé ou d’un fou rire.

Ainsi, le rire peut être considéré comme une activité physique en soi et il engendre de plus une forte détente.

Conclusion
Durant le rire, les sécrétions hormonales et l’activité physique entrainent une augmentation de la tension générale du corps. Cependant, après le rire et ce à moyen terme, le rire engendre une détente musculaire et un relâchement des vaisseaux et des sphincters (vessie, glandes lacrymales, sphincter anal) et une sensation de relaxation prolongée.