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 Lucie Marie Pauline Faudet est née le 14 juillet 1885 à Neuilly sur Seine. De famille aisée, elle se rendait régulièrement l'été "aux bains" à Fouras, en Charente maritime. C'est là qu'elle fit connaissance d'Alfred. Ils se marièrent à Auvers sur Oise le 27 octobre 1904, et vinrent s'installer à Cognac. Lucie, mon arrière Grand-Mère évoquait de temps en temps la vie brillante menée à Paris lorsqu'elle était jeune fille. Le ronronnement provincial de la petite ville de Cognac dut bien changer son existence. Elle et Alfred eurent deux enfants, René et Paulette. C'est grâce à Aude, petite fille de Paulette qui mena des recherches avec son père que je peux intégrer joyeusement à ce site, la véritable histoire de la "Légende de Mémé Lulu".

Merci Aude et Raoul!

La légende Faudet selon Mémé Lulu

(racontée par Raoul)

 

  Mémé Lulu, née Lucie Faudet et sœur de Wilfried Faudet (Oncle Will) racontait à propos de ses aïeux l’histoire ci-dessous :

 

« Son grand-Père, originaire du Midi de la France, était parti à la Martinique pour son travail (il était douanier). Il s’était marié là-bas avec une irlandaise, en avait eu un fils. Ce fils était venu faire ses études en France, sous la surveillance de son oncle, digne ecclésiastique et Curé de la paroisse de Saint Roch à Paris. (Vous avez tous entendu parler de cette paroisse à l’école, car c’est là que Bonaparte a canardé à coups de canon et à bout portant les rebelles du 13ème Vendémiaire sous le Directoire...).

 

Ce fils, Paul Alphonse Louis Faudet fit une carrière à Paris dans les assurances et engendra Mémé Lulu. La famille habitait Neuilly, au 14 rue du Château et y jouissait d’une belle aisance bourgeoise. »

 

  Aude avait, à partir de ces bases, écrit à diverses instances pour récupérer les copies des actes d’état civil mais elle n’avait obtenu que l’extrait de naissance du père de Mémé Lulu car on lui répondait que tous les documents concernant la Martinique avaient été détruits lors de l’éruption de la Montagne Pelée en 1904.

  De mon coté, je décidai de m’attaquer aux Douanes qui, après m’avoir envoyé de bureaux en bureaux me répondirent depuis leur organisme spécialisé de Bordeaux, qu’ils n’avaient pas trace d’un Faudet dans leurs archives. Comme par ailleurs, nous avions constaté que « l’irlandaise » s’appelait Marie Anne Salomon (un nom bien peu irlandais !) nous avons commencé à douter (honte sur nous…) de la parole de Mémé Lulu et à croire à une légende comme il en existe dans chaque famille.

 

[Je dois ajouter, que cette légende, explorée par Aude et Raoul, s’était, suivant les branches de la famille et une imagination débordante, transformée en : nos racines familiales sont en partie martiniquaises et irlandaises. Notre lointain aïeul  venu des îles serait mort des suites d’une pneumonie contractée en France à son arrivée. Le malheureux aurait découvert la neige à son arrivée à Paris, et émerveillé par cette manne s’en serait rempli les poches… Ah ! La rumeur !]

 

Pour en avoir le cœur net, j'ai décidé de reprendre le problème par le Curé de Saint Roch en me disant que si il connaissait son lieu de naissance, et s’il était bien le frère du « Douanier », je pourrais retrouver ce dernier dans le même lieu de naissance. Après enquête à la paroisse de Saint Roch (vous ne pouvez pas savoir comme les gens vous accueillent aimablement lorsque vous leur posez des questions sur leur histoire), j'obtins les références carton qui, aux Archives nationales, contient le dossier de nomination de l’Abbé Faudet.

  (Voici retrouvée dans les archives familiales, la photo du curé de Saint Roch)

Je l'ai dépouillé et en ai tiré les renseignements suivants :

 

CARTON F19/2991 – Archives Nationales

 

Dossier de l’Abbé Pierre Augustin FAUDET, curé de Saint Roch

 

  • Né le 29 juin 1798 à Saint Geniès (Aveyron). Première messe à 22 ans. Professeur de théologie à la Sorbonne.
  • Aumônier du Collège Sainte Barbe.
  • Aumônier et Supérieur du Collège Rollin.
  • Nommé Curé de la paroisse de Belleville le 9 juillet 1832.
  • Nommé Curé de Saint Etienne du Mont le 15 février 1833.
  • Nommé Curé de Saint Roch le 3 novembre 1852.
  • Il restera Curé de cette paroisse jusqu’en 1870, date de sa retraite.
  • Il était également Doyen des Curés de Paris.

  La nomination à la paroisse de Belleville contient une lettre du Préfet de la Seine au Ministre des Cultes sur la « moralité » de l’abbé Faudet :

« Il a la réputation d’un homme d’un mérite distingué, d’un caractère affable, charitable, de bonnes mœurs, enfin, rempli de bonnes qualités ; mais en même temps, il est connu pour être très attaché à la branche aînée des Bourbons et détestant la révolution de 1830. » (Nous sommes sous Louis-Philippe).

  On trouve dans ce dossier deux lettres manuscrites, de l’abbé Faudet correspondant à ses démissions lors des nominations suivantes. Il a une écriture menue et posée, très typique.

  Egalement une lettre du Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes datée du 2 juillet 1832 adressée au Préfet de la Seine pour lui reprocher de ne pas avoir envoyé plus tôt les renseignements sur l’abbé Faudet : le ministre précise que ces retards sont mal interprétés par les mauvaises langues qui prétendent que le gouvernement retarde les nominations des curés pour faire des économies sur leur traitement !!!

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  En attendant le carton ci-dessus (il faut à peu près une heure pour obtenir un document) je m'étais rendu à la salle des inventaires et y avait appris que les Archives Nationales possédaient un microfilm de l’état civil de la Martinique depuis 1800 !

  Je profitai donc du temps qui me restait pour consulter au moins l’acte de naissance de Paul Alphonse Louis Faudet, acte que j'ai eu du mal à trouver car son père l’avait déclaré avec près d’un mois de retard… Le voici :

 

  L'an mil huit cent quarante deux, le vingt et un Juin à une heure de l'après-midi, par-devant nous Charles Dulieu Maire de la ville de Saint Pierre de la Martinique, est comparu Sieur Pierre Paul Faudet, officier des douanes,âgé de trente huit ans et domicilié à Saint Pierre rue Levassor, lequel nous a déclaré que le vingt cinq Mai dernier à neuf heures du soir en son domicile sus énoncé, il est né de son légitimt mariage avec dame Marie Anne Salomon, sans profession, âgée de trente six ans, demeurant avec lui, un enfant du sexe masculin qu'il nous présente et auquel il déclare vouloir donner les prénoms de Paul Alphonse Louis; les dites déclaration et présentation faites en présence de Sieur Antoine Nicolas François Guillemin, vérificateur des douanes, âgé de cinquante sept ans et Sieur Louis Eugène Albert Marie de Turpin, ofiicier des douanes, âgé de vingt trois ans, tous deux domiciliés en cette ville, et ont le père et les témoins signé avec nous le présent acte de naissance lecture faite.

Signés: Faudet             Guillemin             de Turpin                     Dulieu

 

Donc le grand-père de mémé Lulu était bien douanier, et même Officier des douanes!

  

 Tant que j'y étais je me suis dit qu'il s'était peut-être marié à Saint Pierre et j'ai recherché l'acte de mariage dans les années précédentes. Et c'est là qu'il faut avoir un peu de chance: il ne s'était pas marié dans la commune mais avait fait inscrire son mariage sur les registres! On trouve au 17 juillet 1839 dans l'état civil de Saint Pierre la transcriiption résumée ci-dessous:

 

 Transcription de mariage de Sieur Faudet (Pierre Paul) et Demoiselle Mary Ann Salomons

   Colonie de Saint Martin partie hollandaise: extrait du registre de mariage

   "...Il est enregistré que le Sieur Pierre Paul Faudet, âgé de viongt huit ans natif de Saint Genies, département de l'Aveyron (jeune homme); et Demoiselle Mary Ann Salomons, âgée de vingt cinq ans, native de ce lieu ont été unis en l'état de mariage le huit du mois de novembre de l'année mil huit cent trante deux. A Philisburg etc.

 

Note pour les ignares comme moi, voici ce que dit le Petit Larousse sur l'île de Saint Martin:

Saint Martin, une des petites Antilles, partagée entre la France (chef lieu Le Marigot) et les Pays Bas (chef lieu Philipsburg). Habitants: 8600 dont 5000 dans la partie française.

 

  Les dires de Mémé Lulu n'étaient pas une légende: sa Grand-mère était bien d'origine britannique mais elle avait francisé son nom en arrivant en Martinique. Etait-elle bien Irlandaise? Pourquoi en douter... Nous essaierons d'en apporter la preuve, pourquoi pas en allant à Saint Martin??? ce serait une jolie balade.

Reste à savoir d'où viennent les Faudet. Il est en effet peu probable qu'ils soient originaires de l'Aveyron car le Minitel n'ent trouve pas un seul dans cette région alors qu'il sont nombreux en Bretagne et en Normandie. Peut-être Grand-Papa Faudet s'y était-il rendu pour son travail. Nous le saurons, espérons le, en consultant l'état civil de Saint Geniez. Mais c'est loin de Paris, aors, s'y quelqu'un y passe...

 

Toujours dans le Larousse:

Saint Geniez d'Olt, chef lieu de canton de l'Aveyron, arrondissement de Rodez, 2419 habitants. Fraise, textiles (draps).

 

 

 


 

                                                    Mais qu'allait donc faire Pierre Faudet à Saint Martin ??? 

   (à suivre...)

 


 

 

                                                                         

 

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