2009-03-02

LE NRA-ZO OU L’INTERNET HAUT DEBIT PAR LA FIBRE OPTIQUE EN ZONE D’OMBRE

I. LES COMMUNES EN ZONE BLANCHE DU HAUT DEBIT INTERNET.

Le département des Pyrénées-Atlantiques dispose depuis juin 2007 du haut débit par la fibre optique sur 95% de son territoire.
Le Conseil Général a choisi la solution du WIMAX pour couvrir les 5% restant en zone blanche. Malheureusement, il s’avère que cette technologie est déjà obsolète, peu fiable et rencontre de nombreux déboires en France. De plus, elle utilise les voies hertziennes, donc transmet des ondes électromagnétiques qui soulèvent de grosses inquiétudes à la société.

Parmi les 31 communes « oubliées » de la fibre optique dans notre département 13 sont au Béarn:
ANGOUS - OGENNE CAMPTORT - PRECHACQ NAVARRENX - POEY D’OLORON - VERDETS - ABITAIN - SAUVELADE - AUBIN - DOAZON - SAINT VINCENT - SAINT JEAN DE POUDGE - VIALER - AURIONS IDERNE
11 sont en Basse-Navarre:
HOSTA - SAINT JUST IBARRE - IBAROLLE - BUNUS - JUXUE - PAGOLLE - ARHANSUS - UHART MIXE - LANTABAT - MEHARIN - HELETTE
7 sont en Soule, dont la nôtre:
MONCAYOLLE - ROQUIAGUE - CAMOU CIHIGUE - MONTORY - LACARRY ARHAN CHARRITTE DE HAUT - SAINTE ENGRACE - LARRAU.
Pourtant une solution alternative susceptible de nous apporter le même confort de desserte que la presque totalité du département existe: c’est le NRA-ZO proposé par France Télécom et que nous demandons au Conseil Général.
Raison invoquée pour que cette technologie soit écartée: trop chère!!!
Pourquoi serions-nous tenus à l’écart d’un service identique sur tout le territoire du département ou devons-nous nous considérer en « sous-zone » ? Ne sommes-nous pas des contribuables comme les autres?

II. LE NRA-ZO OU L’INTERNET HAUT DEBIT PAR LA FIBRE OPTIQUE EN ZONE D’OMBRE

Le NRA-ZO (ou nœud de raccordement abonnés zone d’ombre) est une technologie alternative récente proposée aux collectivités locales pour couvrir les zones d’ombre et qui a été publiée dans l’offre de référence d’accès à la boucle locale de France Télécom le 11/06/2008.
De plus, depuis la LME (loi de modernisation de l’économie) de 2008, il est désormais possible pour un opérateur alternatif autre que l’opérateur historique de dégrouper un sous-répartiteur.
Le NRA-ZO n’est pas à proprement parler un NRA ou un NRAO (nœud de raccordement d’origine). Il s’agit d’un local technique intermédiaire, construit entre le central téléphonique et les abonnés en bout de ligne qui ont un affaiblissement supérieur à 78 db.
Le principe est simple: l’équipement ADSL (DSLAM) normalement situé dans le central téléphonique est délocalisé dans un local installé à proximité des abonnés lésés. L’affaiblissement des lignes est ainsi rendu naturellement plus faible et passe en dessous du seuil fatidique de 78 db.
Le DSLAM est donc installé dans un sous-répartiteur qui se situe comme on l’a dit entre le central téléphonique et le groupe d’abonnés inéligibles à l’ADSL. Les caractéristiques des lignes affaiblies sont ainsi améliorées. Même les lignes multiplexées (ce qui est notre cas à Moncayolle) sont rendues éligibles à l’ADSL par cette solution. Compte tenu des dépenses engagées et des travaux de génie civil et de câblage, chaque NRA-ZO sera installée dans une zone ou plusieurs dizaines de lignes (35 à 40) sont inéligibles.

III. TOUR DE FRANCE DES DEPARTEMENTS AYANT OPTE POUR LE NRA-ZO

Les NRA-ZO proposés par France Télécom ont séduit de nombreux départements français en quelques mois, bien souvent au détriment du WIMAX ou en complément.
- Alors que le Conseil Général du GARD attaque en justice la société HDRR qui s’est désengagée de son contrat de mise en place du WIMAX le HAUT-RHIN se pose aussi des questions. Dans ce département en effet, le déploiement d’un réseau WIMAX rencontre des problèmes techniques, ce qui a incité le Conseil Municipal de la commune de LE BONHOMME (juin 2008) à commander à France TELECOM le module d’informations préalables à l’offre de NRA-ZO (pour 1800 euros), afin d’envisager sa mise en place.
- Dans le BAS RHIN, l’ADIRA (acteurs du développement des communautés de communes) juge la solution du NRA-ZO adaptée aux communes pour la desserte haut débit internet en zone d’ombre en janvier 2008.
- En INDRE ET LOIRE (nov 2008), le Conseil Général commande 4 NRA-ZO pour couvrir 4 communes du département pour 300 000 euros, mais 40 unités seront encore nécessaires pour couvrir les exclus de l’ADSL. Pour les zones blanches isolées, le satellite sera la solution privilégiée au détriment du WIMAX un temps envisagé mais qui n’a pas eu la faveur.
- En CORSE, le 10/07/2008, l’assemblée de Corse a voté un avenant au contrat de la DSP, remplaçant la solution du WIMAX prévue par celle de la mise en place de 52 NRA-ZO pour 4,52 millions d’euros et atteindre ainsi 99,2% de taux de couverture.
- Dans LA SOMME (janv. 2008), 2,70% des lignes sont inéligibles. Plutôt que d’utiliser la technologie du WIMAX, le Conseil Général préfère améliorer le réseau par le NRA-ZO qui permettra la couverture de 99,5% des lignes jusque-là inéligibles.
- Dans l’AVEYRON (déc 2008), le Conseil Général a annoncé la mise en place d’une trentaine de NRA-ZO pour le premier semestre 2009.
Par ailleurs, le WIMAX ayant pris prés d’un an de retard, et les débits obtenus, les tarifs, le matériel et la durée d’engagement obligatoire inquiétant les « oubliés de l’ADSL » qui craignent une désillusion, le Conseil Général a finalement engagé une requête en référé auprès du Tribunal Administratif le 12/12/2008 contre ALTITUDE INFRASTRUCTURE ou son délégataire de service NET AVEYRON (93 antennes-relais étaient prévues dans le contrat pour 14 millions d’euros).
- Dans la VIENNE, (fév 2009), le WIMAX décolle difficilement. La presse n’hésite pas à brocarder le Conseil Général pour les 7 millions d’euros dépensés pour le WIMAX. Quatre mois après son ouverture en effet, seulement 80 abonnés et un seul fournisseur d’accès au lieu des cinq prévus par le Conseil Général ont pointé leur nez, ce qui a amené la collectivité à geler 50% du marché attribué à Bolloré Télécom. Le solde ne sera versé que lorsque les objectifs prévus dans le cahier des charges seront atteints. Le Conseil Général envisage maintenant la solution du NRA-ZO.
- La DORDOGNE (janv. 2009) est en possession d’une autorisation WIMAX qui n’a pas donné lieu à déploiement car estimée peu adaptée au relief du département et moins performante qu’annoncée initialement. On se dirige donc vers la technologie du NRA-ZO sur 92 sites. Un dispositif d’aide aux particuliers non éligibles au terme de cette opération est prévue pour financer l’acquisition d’un équipement satellite; cette technologie est en effet la seule à pouvoir répondre, à moindre coût, à la couverture totale des foyers isolés.
- Dans le DOUBS (janv. 2009), le NRA-ZO a été préféré au WIMAX par la Communauté d’Agglomération de Besançon qui regroupe 59 communes. Concrètement, 7 NRA-ZO seront construits pour 350 000 euros. Les élus du Grand Besançon ont tenu compte des difficultés rencontrées ces derniers mois par le WIMAX dans le Gard, l’Aveyron, le Jura, le Haut-Rhin et la Vienne. Dans le village d’ARC SOUS MENTON qui avait refusé le WIMAX, les habitants ont calmement mais fermement demandé un NRA-ZO pour leur commune à leur conseiller général; celui-ci, malgré l’incompatibilité du cahier des charges, s’engage à refaire un dossier et relancer une consultation par une procédure de marché adapté pour une trentaine d’autres communes du département qui ont aussi dans la foulée sollicité le C.G.
- Dans le LOIR ET CHER (juin 2008), le Conseil Général n’a pas été séduit par le WIMAX; il met en place un déploiement de NRA-ZO pour 2,7 millions d’euros pour couvrir dans un premier temps 29 communes inéligibles à l’ADSL, soit 1600 foyers. Resteront ensuite 500 foyers pour lesquels les équipements SATELLITE seront également pris en charge.
- En LOIRE ATLANTIQUE (avril 2008), 4 NRA-ZO seront expérimentés pour 500 000 euros.
- Dans le MORBIHAN (déc 2007), un NRA-ZO a été expérimenté pour 50 000 euros sur la commune de Saint Pierre Quiberon (200 habitants), France Télécom et le Conseil Général ayant signé un partenariat pour moderniser certaines parties du réseau départemental et de ce fait, diminuer l’atténuation du signal en remplaçant certaines portions de câbles en cuivre par de la fibre optique. Environ 1% de la population du département n’a pas accès à l’ADSL.
- Dans l’OISE (nov 2008), le premier NRA-ZO de France a été installé en février 2008 à Braisne; coût: 150 000 euros pour 68 lignes. 80 autres communes regroupant 1850 lignes inéligibles auront ainsi accès au triple play. Le taux actuel de couverture étant de 99,3%, à l’issue du programme NRA-ZO, il devrait quasiment atteindre les 100%. Coût de l’opération: 8 millions d’euros. Il restera à traiter 330 lignes sur 337 000.
La Région AUVERGNE, avec le partenariat des Conseils Généraux de:
- L’ALLIER, du CANTAL, de HAUTE LOIRE et du PUY DE DÖME,
va mettre en place 289 TPST (très petits sites techniques) en NRA-ZO qui seront déployés en 18 mois sur les quatre départements. Une aide de 400 euros pour le financement d’une parabole de réception SATELLITE par foyer complétera le dispositif pour les 0,4% restant inéligibles.
- En MAYENNE (oct 2008), le Conseil Général lance un marché de 4,2 millions d’euros pour la mise en place de 55 NRA-ZO sur 2 ans, suite à l’expérimentation convaincante d’un NRA-ZO sur la commune de Gesvres depuis avril 2008. Coût total 4,3 millions d’euros, dont 100 000 euros réservés au financement individuel par SATELLITE à hauteur de 500 euros par foyer non éligible.
- Dans les ALPES MARITIMES (fév 2009), un NRA-ZO est en cours d’installation à Saint Martin de Peille. Suite à plusieurs pétitions dont la dernière a recueilli 190 signatures, d’ici à fin mars 2009, 250 habitants de la zone disposeront d’une connexion ADSL. Sur les 95 000 euros, 35 000 à la charge du Conseil Général.
- Dans le TARN (fév 2009), la Communauté d’Agglomération d’Albi mise sur l’installation de 11 NRA-ZO pour couvrir 1700 des 82 000 habitants privés de l’ADSL. France Télécom remporte ce marché de 1,53 millions d’euros. Les 30 foyers totalement isolés qui n’accéderont pas au haut débit, se verront proposer la solution SATELLITE.
La Région MIDI-PYRENEES, n’aura toutefois pas de NRA-ZO jugé trop cher!!
EN CONCLUSION
On peut penser que, depuis la mise sous tutelle en 2008 du déploiement du WIMAX par l’ARCEP (organisme officiel de contrôle et de régulation des Télécommunications), la technologie 802.16e a du plomb dans l’aile.
Beaucoup de fournisseurs d’accès boudent cette technologie en effet. Après NORTEL, le géant NOKIA s’est détourné lui aussi du WIMAX, suivant l’annonce d’ALCATEL-LUCENT qui préfère miser sur une autre technologie, la 4G LTE.
Les désillusions techniques liées à la puissance et à la portée réelle du signal perturbé par les arbres, les forêts et le relief, qui ont été des obstacles souvent rencontrés dans beaucoup de régions de France, et les inquiétudes soulevées par la technologie du WIMAX concernent aussi bien évidemment notre département.
Avec la crise et les retours d’expérience défavorables, le WIMAX n’apparaît forcément plus comme la solution idéale pour couvrir les zones blanches.
Le rapport qualité/prix de la solution NRA-ZO reposant sur la technologie déjà bien éprouvée de l’ADSL et les offres SATELLITE compétitives appelées à évoluer très prochainement, s’offrent comme des alternatives intéressantes qui pourraient précipiter le sort du WIMAX en France tout du moins.
Les inquiétudes de plus en plus vivement exprimées par les citoyens face à la multiplication de la propagation des ondes électromagnétiques par le biais du téléphone mobile font qu’il est inutile d’en rajouter avec le WIMAX qui en irradie aussi.
D’ailleurs, la communauté scientifique, par le biais du rapport BIOINITIATIVE, a incité le Parlement Européen a adopter une résolution le 4 septembre 2008 par lequel il « demande instamment à la Commission et aux Etats Membres de reconnaître les principes de prévention et de précaution et à élaborer et à appliquer les outils permettant d’anticiper et de prévenir les menaces potentielles en matière d’environnement et de santé ».
Les récentes décisions de justice évoquant ce principe de prévention et de précaution feront aussi jurisprudence sans doute très souvent.Aussi, il nous apparaît évident que tout élu, doit, soit pour sa propre collectivité, soit en solidarité avec les autres, exiger une desserte équitable ADSL sur tout le territoire des Pyrénées-Atlantiques, par la mise en place de NRA-ZO, comme cela s’est déjà réalisé en 6 mois sur une vingtaine de départements français.

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