Syctom

juin 2011

Projet de transformation du Centre de traitement des déchets d'Ivry-Paris13
Notre bilan de la concertation

Préambule

Très active au sein du Comité des partenaires de la concertation mis en place par le Syctom au printemps 2010, à la suite du Débat public sur la transformation du centre de traitement des déchets d’Ivry-Paris 13, l’association Tam-Tam saisit l’occasion de la réunion publique d’information organisée le 30 juin 2011 pour dresser le bilan du processus de concertation. Ce document fait suite à la Synthèse des positions et demandes de l'association établie en décembre 2010, à la clôture de la première phase de concertation (consultable sur le site du Syctom et sur www.associationtamtam.fr), et à la Note critique de Tam-Tam sur le pré-programme du centre, indexée au compte rendu de la réunion du 26 mai sur le sujet, accessible sur le site du Syctom.
La réunion publique du 30 juin 2011 vient clore un processus d'élaboration du programme de la nouvelle usine, que devront respecter les équipes de concepteurs concourant au « dialogue compétitif » prévu. Le lauréat aura en charge la construction et le fonctionnement de l'usine qui sera livrée en deux étapes : 2019, l'incinération ; puis 2023, la mise en service du tri mécano-biologique des ordures ménagères (TMB) du bassin versant d'Ivry-Paris13.
Ce bilan ne traite pas du Plan de prévention 2010-2014, autour duquel le Syctom a organisé en parallèle des discussions spécifiques auxquelles Tam-Tam n'a pas souhaité prendre part.


Une concertation partielle

Souhaité par les associations locales et environnementales, et en particulier par Tam-Tam, qui a demandé la création d’un Comité permanent de concertation suivant les principes de la Charte de la concertation édictée en 1996 par le ministère de l’environnement ; et en conformité avec les engagements pris par le Syctom lors du Débat public (4 septembre – 28 décembre 2009), le processus de concertation s'est déroulé entre mi-2010 et mi-2011. Alors que le Débat public avait fait émerger les points durs et les zones fragiles du projet, celui-ci a permis d’évoquer dans le détail les différentes dimensions d’un programme où se croisent de nombreux enjeux politiques, industriels, urbains, sanitaires ou environnementaux, et de déboucher sur des inflexions. Il est cependant resté atrophié en raison d’efforts insuffisants pour mobiliser les citoyens autour des différentes questions en débat.

Partenaires, garant, groupe de coordination : un dispositif positif
Au sein du « comité des partenaires de la concertation » créé par le Syctom et ouvert à tous les acteurs ayant pris part au Débat public, la qualité des interventions s'est trouvé renforcée par la présence d’un garant de la concertation. Affirmant son rôle dans l'animation des débats, il a permis d'installer un climat serein entre toutes les parties et de faire acter en réunion tous les points d'inflexion du projet. Le rôle du groupe de coordination mis en place sous l'autorité du garant s'est révélé essentiel pour adapter le planning et caler l'organisation des réunions, faire le point sur le déroulé des ordres du jour et faire remonter les demandes diverses.

Un rendez-vous raté avec le public
La concertation a cependant fonctionné en vase clos autour des partenaires les plus actifs du Débat public, dont l'ensemble des associations. L'ouverture faite au conseil de quartier du secteur parisien Masséna n'a malheureusement pas élargi le processus à d'autres acteurs locaux. A une exception près, aucune commune non limitrophe de l'usine n'a participé au comité, et la Région s'est faite très discrète. Le refus du Syctom de reprogrammer la réunion de restitution des ateliers de la concertation programmée en décembre et annulée pour des raisons météorologiques a de fait tenu à l'écart le grand public de la préparation du pré-programme de l'usine. La réunion publique du 30 juin aura finalement été le seul rendez-vous organisé avec la population : une carence d’autant plus dommageable qu’elle survient après la validation du projet par le comité syndical du Syctom.

Un dialogue interrompu, limitant la productivité de la concertation
Deux grandes phases ont rythmé la concertation sur le projet d'usine. La première de septembre à décembre 2010, autour d'une série d'ateliers, a permis de dégager des scénarios alternatifs, dont l’un élaboré par Tam-Tam. L'absence de bilan public de cette première phase et l’affrontement qui a opposé parallèlement le Syctom à certaines associations soutenant un scénario sans incinération, ont ensuite empêché que soit utilisé a bon escient l'intervalle de 3 mois entre les deux phases, pour approfondir par la concertation certaines avancées et permettre d'engager la seconde phase dans les meilleures conditions. Dans ce laps de temps, le Syctom a fait preuve à l'égard de nos demandes d’un mutisme regrettable et quasiment interrompu toute concertation de manière injustifiée.

Un débat trop court et donc limité
Programmée sur une assez courte période, la concertation a laissé à la seule main au Syctom pour l’analyse des différents scénarios alternatifs qui ont été produits au terme de la première phase. Aucune discussion entre partenaires n'a pu avoir lieu pour permettre de les affiner et/ou de les modifier. Aucun document concernant les études que le Syctom a souhaité engager n'a été remis aux partenaires préalablement à la réunion sur le pré-programme. C'est seulement en réponse à notre Note critique que le Syctom a livré sur place les conclusions d'une étude sur le nombre de fours, pour écarter la possibilité de laisser l’option de trois fours ouverte aux équipes de concepteurs. Le faible temps accordé à la concertation apparaît dommageable au regard de l’importance des différents facteurs qui influeront sur le projet : application des nouvelles directives des « Grenelle » de l’environnement ; impact des politiques de prévention ; stratégies de développement territorial et évolutions économiques et démographique sur une échelle de temps de 40 ans, dont les leviers sont entre les mains d'autres instances.

De faibles moyens d'information
Jusqu'à ce jour, l'information sur les débats de la concertation n'a transitée que par le site du Syctom. La mairie d'Ivry, ville d'accueil du projet, n'a pas engagé dans le même temps, et de loin, les mêmes moyens d'information que pour son projet d'aménagement d'Ivry-Confluences. Il en va de même pour la mairie de Paris et celle du 13 arrondissement. Le simple citoyen est contraint d'aller chercher lui-même l'information sur un dossier complexe et pourtant porteur de conséquences environnementales et sanitaires lourdes pour lui. Alors que la communication se réduit à l’annonce de rares réunions publiques et de décisions déjà prises, il ne faut pas s'étonner du supposé « désintérêt » du public. Nous regrettons que nos propositions dans ce domaine n’aient pas trouvé l'oreille de l'agence métropolitaine des déchets ménagers, qui s’est même au contraire efforcée de réduire ses dépenses en la matière, refusant notamment tout boîtage pour annoncer la réunion du 30 juin.


Des avancées à confirmer sur le projet

Des avancées sur l'insertion urbaine et architecturale, le panache et la surveillance
Sur les questions d’insertion de l’usine de traitement des déchets dans son environnement, le Syctom a bien intégré dans son programme les demandes et propositions émises par les associations, et notamment par TAM-TAM, qui ont trouvé un large consensus : maintien d’un panache avec l'effet visuel réduit ; plan de circulation étudié par l'agence parisienne d'urbanisme ; préservation d'un signal urbain a connotation industrielle ; coexistence de l'usine au sein d'un nouveau quartier en devenir tout en préservant la qualité des espaces urbains ; et enfin surveillance par des « sentinelles » et un comité de suivi (cette dernière proposition relevant du Syctom).

Des évolutions sur la mutualisation et le recours à l'externalisation
Tam-Tam a préconisé le recours à la mutualisation et à l’externalisation pour l’optimisation du tri-mécano-biologique (TMB) et la prise en charge du traitement des bio-déchets. Même si la réponse du Syctom reste pour le moment en deçà de nos attentes, il apparaît que son point de vue sur l’application du principe de solidarité à la conduite de la politique des déchets à évolué, laissant espérer une meilleure intégration de nos propositions au cours de la conception et de l'exploitation de l'usine et pour les futurs projets. Malgré tout il serait souhaitable, comme nous l'avons demandé, que soit introduit dans le pré-programme une dose de réversibilité pour que la chaine dédiée aux bio-déchets (dont le process pourrait être externalisé par la suite) permette aussi le tri des ordures ménagères brutes.

Un point de friction sur l'incinération
Les débats n'ont en revanche pas permis d’apurer les points noirs liés à l'incinération et à son recours dans le traitement des ordures ménagères sur le bassin versant d'Ivry. L'arc-boutement du Syctom et de certaines associations sur des positions diamétralement antagoniques a tué un débat qui devrait aussi utilement s'ouvrir pour lancer un éco-bilan de ce type de traitement, envisager le recours à la mise en décharge (pour ne pas brûler ce qui pourrait être récupéré plus tard) et des voies de compromis spécifiques à l'Ile de France et qui dépasserait des positions de principe et des logiques économiques en retard sur la nouvelle donne environnementale. En l'état, le projet souffre d'une incertitude sur sa pleine compatibilité avec le plan régional des déchets (PREDMA). Le Syctom n’a pas donné la preuve qu’il ne ferait pas porter aux seuls Ivryens le poids de ses choix technologiques. Or la future modernisation de l'usine de Saint-Ouen, unité du même type, posera de même l'inévitable question de l'équité entre les « bassins versants » que Tam-Tam a à coeur de faire valoir.

Un risque de démobilisation du citoyen sur le tri en amont
Le choix du tri-mécano-biologique pour réduire la fraction des déchets humides entrant dans l'incinération et produire du bio-gaz par méthanisation est la grande « révolution » décidée par le Syctom pour se mettre en conformité avec la réglementation sur la valorisation matière et énergique des ordures ménagères. Mais ce choix pourrait aussi fortement démobiliser le geste de tri en amont. C'est pourquoi l'efficacité maximale du TMB doit être recherché et impose la nécessaire réussite d'une mutualisation d'une partie du processus de traitement. Nous contesterions une solution technique et une implantation spatiale qui ne le permettrait pas et qui ferait qu'au final le gain environnemental serait faible et inapproprié au regard des dépenses engagées, trompant ainsi le citoyen sur la plus-value in-fine de ce process.

Une modularité incertaine de l'usine
Techniquement très difficile à concevoir, et problématique à l'usage, le choix d'opter pour deux fours d'incinération pouvant fonctionner avec une baisse de charge importante rend incertain l'adaptabilité de l'usine aux besoins futurs. Nous regrettons le refus du Syctom de laisser aux équipes de concepteurs la possibilité de proposer la construction de trois fours plus petits : cette solution est certes plus onéreuse et plus dévoreuse d'espace, mais peut-être mieux adaptée à cet important enjeu. Malheureusement la réponse apportée par le Syctom lors de la réunion sur le pré-programme s'est faite uniquement à charge, sans prendre en compte les impacts positifs de la proposition que nous avions émise dans notre Note critique.


Des attentes pour l’avenir

La poursuite de la concertation
Dès le Débat public, Tam-Tam avait formulé publiquement et par écrit l'intérêt d'une concertation qui ne se contente pas de précéder la définition d’un projet mais qui accompagne aussi sa mise en oeuvre après qu’il a été arrêté. Sur un projet de l’envergure et de la technicité du centre de traitement des déchets d’Ivry-Paris 13, la nécessité d’une concertation permanente en cours d’opération s’impose, sur son intégration urbaine, architecturale et paysagère comme sur sa modularité. Et ne saurait se limiter à de simples rendez-vous d'information échelonnés dans le temps. Certes, la clause de confidentialité inhérente à la procédure du Dialogue compétitif constitue une contrainte. Mais nous souhaitons que le Syctom garantisse une porosité d'échange entre concepteurs, public et partenaires de la concertation, jouant un rôle d'intermédiaire pour faire remonter les ajustements souhaités par les populations.

Un ajustement du programme améliorant la flexibilité des process
Mise en route à l'horizon d'une décennie et conçue pour fonctionner 40 ans, l'usine devra se maintenir en phase avec les besoins de traitement des déchets ménagers et assimilés, durant toute sa vie. Or l'évolution de la production de ces déchets dépend de plusieurs facteurs, notamment socio-économiques, sur lesquels le poids des décisions politiques et des prises de conscience écologiques joueront un rôle majeur. Pour s’ajuster à l’avenir, l’intention du Syctom de miser sur la mise en réseau de ses unités et la solidarité entre « bassins versants » apparaît insuffisante. Elle doit être complétée en amont à la fois par une plus grande modularité de l’usine et par une juste répartition de ce type d'unités sur le territoire du Syctom, selon le principe de proximité, et par respect pour les populations des secteurs environnant l'usine. Des marges de manoeuvre existent encore. Nous souhaitons que le Syctom puisse faire du principe de modularité et de la flexibilité des process un axe de travail prioritaire avec les équipes de conception de la nouvelle usine.

Une étude sur l'amélioration des transports alternatifs inter-sites
L'avenir passe par une bonne mise en réseau des différents sites de traitements des ordures ménagères qui peuvent aussi être amenés à changer de nature comme, tout récemment, l'unité du Blanc-Mesnil. Pour pouvoir accompagner cette évolution et optimiser des process qui ne peuvent l'être sur des sites trop contraints comme celui d'Ivry-Paris13, nous renouvelons notre demande (déjà formulée dans notre document de synthèse de décembre) pour que soit lancée une étude sur des moyens innovants de transport de déchets inter-sites.

Une autre gouvernance des déchets
Cela a déjà été relevé lors du Débat public : rien ne pourra vraiment avancer tant qu'existera une césure de responsabilité entre ceux qui sont en charge du traitements des déchets des collectivités et ceux qui assurent la prévention et la collecte. La région doit se doter d'une instance ayant une compétence globale et dont l'autorité couvre l'ensemble du territoire francilien. Nous formons le voeu que cette instance soit créée au plus vite..
Les deux cheminées seraient en tout cas regroupées en une seule. Par ailleurs, il est prévu une continuation de l’avenue de France, qui contournera l’usine par le nord, ce qui dégagera des espaces.

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26 mars 2011

Extrait du compte-rendu du samedi de TamTam du 26 mars 2011

Un document de synthèse et les contributions de Tam-Tam concernant la reconstruction de l’usine de traitement des déchets d’Ivry-Paris XIII sont consultables sur le site Tam-Tam ainsi que sur celui du Syctom.
Le Syctom a mis a l’étude certaines des propositions de Tam-Tam, en particulier le transfert sur un autre site d’une partie du traitement par méthanisation. Il serait également prêt à conserver en partie le panache de fumée, dont l’éventuelle suppression ne supprimerait en rien la pollution tout en représentant un coût et une dépense d’énergie non négligeables.
Les deux cheminées seraient en tout cas regroupées en une seule. Par ailleurs, il est prévu une continuation de l’avenue de France, qui contournera l’usine par le nord, ce qui dégagera des espaces.

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4 décembre 2010

Extrait du compte-rendu du samedi de TamTam du 4 décembre 2010

Une réunion publique était prévue le 8 décembre, mais elle a été annulée en raison de la météo. Tam-Tam a fait un premier bilan de la concertation et formulé des propositions (voir dans la rubrique Syctom du site). La situation est plutôt confuse en ce qui concerne l'ampleur des modifications que pourrait accepter le Syctom, qui prépare un cahier de charges qui devrait être validé ou amendé par les communes concernées. L'évolution du site entraînera en tout cas une modification du secteur, qui semble satisfaisante au niveau de la voirie, mais dont l’impact écologique reste discutable.

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8 décembre 2010
Un premier bilan de la concertation lancée pour la transformation de l'usine Syctom

Tam-Tam présente une synthèse des positions et des demandes qu'elle a défendues dans les ateliers de concertation lancés à l'été 2010 autour du projet de transformation de l'usine de traitement des déchets d'Ivry-Paris 13.

Répondant en 2008 à l'invitation du SYCTOM à participer au Comité de pilotage sur l'étude de faisabilité du projet de transformation de l'usine de traitement des déchets d'Ivry-Paris13, l'association TAM-TAM, mobilisée sur tous les dossiers concernant l’aménagement des secteurs Tolbiac, Austerlitz et Masséna (opération Paris rive gauche) s’est ensuite fortement impliquée l’année suivante dans le Débat public imposé par la loi sur ce projet. Elle y a pesé pour qu’un dispositif organisé de concertation sur le cahier des charges de la future usine prolonge le processus du Débat public qui s'est clos début 2010, et continue de demander que les processus de concertation soient largement ouverts aux populations et soient maintenus pleinement actifs de l'élaboration à la réalisation des projets.

Depuis le lancement de la concertation sur le projet de transformation du Centre de traitement des déchets d’Ivry-Paris13 à la fin du printemps 2010, TAM-TAM a activement participé à toutes les réunions pour amender de manière constructive les propositions du SYCTOM, insistant notamment sur la nécessité d’une cohérence du projet avec son objet et son territoire d’implantation, appelé à évoluer considérablement à court et moyen terme.

SUR LE DIMENSIONNEMENT ET L'ÉVOLUTIVITÉ/RÉVERSIBILITÉ DU PROJET

1- Application du principe de solidarité au projet
TAM-TAM se prononce pour la complète application du principe de solidarité entre bassins versants au projet d'Ivry-Paris13 afin de rendre compatible le projet avec son territoire et de permettre un traitement optimal des déchets. Toutefois, ce principe de solidarité, sur lequel s'appuie le SYCTOM pour conduire sa gestion des déchets, n'a de sens que si on le conçoit de manière réciproque et équitable entre bassins versants, notamment pour ce qui concerne le tri-mécano-biologique (TMB) avec méthanisation et le traitement des bio-déchets projetés (voir point 2).

2- Externalisation d'une partie de la chaîne de traitement TMB + méthanisation
Le périmètre de l'usine et les contraintes réglementaires en matière de volume de stockage de biogaz issu de la méthanisation contraignent l'aménageur à des solutions qui ne sont pas acceptables au regard de l'esprit des lois Grenelle qui impose l'excellence à chaque étape du traitement des déchets.

Les deux scénarios d'évolution du projet présenté par le SYCTOM sont inadéquats car ils obligent :

  • soit à diminuer la capacité du tri-mécano-biologique (TMB) (3 lignes au lieu de 4) pour améliorer ses performances et les rendre égales à l'unité de Romainville, avec pour conséquence regrettable de brûler directement des ordures ménagères résiduelles (OMRs) sans recherche de valorisation matière ou organique,
  • soit à dimensionner le TMB pour la totalité des OMRs entrants, mais en diminuant son efficacité pour respecter les contraintes réglementaires concernant le volume de biogaz stockable sur le site.

De plus le TMB ayant potentiellement un aspect dissuasif sur le geste de tri en amont, ne pas le rendre très performant et adéquatement dimensionné pour traiter toutes les ordures ménagères du bassin versant d'Ivry serait afficher une politique trompeuse sur l'amélioration globale du tri en amont de l'incinération au regard de sa réelle efficacité et de la réalité.

Aussi, nous demandons :
  • que soit recherché un nouveau site pour accueillir une partie du TMB + méthanisation, afin de garantir une performance optimale de ce dispositif de traitement à la fois sur le site d' Ivry et sur un autre relevant du bassin versant de l'usine ou d’un autre (demande du 2 décembre 2010),
  • qu'une incitation financière renforce l’attractivité de cette proposition auprès des communes susceptibles d’accueillir le nouveau site (demande du 2 décembre 2010).

3- Externalisation du traitement des bio-déchets
La mise en oeuvre d'une collecte des bio-déchets pour la fabrication d'un compost de qualité est une donnée nouvelle qui impacte la chaîne de traitement des déchets envisagée par le SYCTOM dans son projet initial. Une unité de traitement spécifique doit être créée, que rien n'oblige à situer sur le périmètre de l'usine puisqu’elle peut fonctionner de manière indépendante et autonome, alors que l'espace du site est contraint, que ce type d'unité est dévoreur d'espace de plein sol et que l'utilisation du compost se conçoit assez peu dans un espace urbain dense.

Nous demandons :
  • que les bio-déchets ne soient pas méthanisés mais compostés (demande du 4 novembre 2010).
  • qu'un site extérieur à celui d'Ivry-Paris13 accueille l'unité de traitement des bio-déchets (demande du 4 novembre 2010).
  • que le compostage de quartier soit pris en compte dans le programme prévention du SYCTOM (demande du 4 novembre 2010).

4- Lancement d'une étude pour développer le transport matières entre sites de traitement des déchets
Le SYCTOM répond à sa mission de service public en développant un fonctionnement de ses unités de traitement en réseau. Le site d'Ivry-Paris13 est amené à traiter des OMRs des centres de Romainville et du Blanc-Mesnil. L'usage des voies fluviale et ferroviaire est retenu dans le projet pour le transport des entrants et le rejet des matières dangereuses issus de l'incinération vers les sites d'enfouissement. Pour le reste, bio-déchets, déchets issus du TMB, compost... une grande incertitude règne alors qu’il s’agit aussi de déchets potentiellement dangereux ou nauséabonds. Tandis que les solutions pour les transporter sont limitées, l'imagination paraît bloquée, comme l'attestent les résistances du SYCTOM vis-à-vis des formules d’externalisation que nous proposons pour le projet d'Ivry-Paris13. Pourtant, le récent changement de nature de l'unité du Blanc-Mesnil met en évidence une tendance vers une mise en réseau plus forte entraînant un besoin de transport renforcé pour répartir les déchets entre usines de traitement de manière diversifiée et adaptée au cas par cas.

Nous demandons :
  • que soit lancée une étude sur des moyens innovants de transport de déchets entre sites afin de mieux répondre aux besoins actuels et futurs (demande du 2 décembre 2010).

SUR L'INTÉGRATION URBAINE ET PAYSAGÈRE DU PROJET

5- Pour la poursuite du projet viaire de l'APUR
L'option d'aménagement proposé par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) pour permettre de relier Masséna-Bruneseau avec Ivry Port prolonge, en l'améliorant, le choix de liaison urbaine qui avait recueilli notre adhésion lors de l'étude de faisabilité.

6- Pour un enfouissement maximum de l'usine
Les grands projets d'urbanisation des secteurs immédiatement riverains de l'usine, qui draineront des dizaines de milliers d’habitants et de salariés, imposent de créer des conditions d'acceptabilité à l'échelle du piéton, par une mise sous terre d'une part importante du nouveau centre, comme l'a proposé une équipe de concepteurs lors de l'étude de faisabilité. Si cet enfouissement génère dans un premier temps un surcoût non négligeable, il est porteur d’un gain important en matière de qualité de l’espace public et, in fine, par la maîtrise des nuisances visuelles, d’une revalorisation du foncier dans l’ensemble du périmètre.

7- Maintenir un panache (mais moins dense) avec une haute cheminée
L’association TAM-TAM s'est prononcée dès l’ouverture du Débat public pour le maintien du panache de l'usine d'incinération, et se réjouit de ce que Monsieur Gosnat, maire d'Ivry, manifeste aujourd’hui son intérêt pour cette idée (atelier du 21 octobre 2010). L’élimination du panache aurait un coup énergétique considérable, sans avoir le moindre effet sur la toxicité des fumées. Alors qu’il fait partie du paysage urbain, le maintenir permet de garder en éveil une certaine vigilance écologique. Un compromis peut être trouvé sur l'opacité du panache.

MODALITÉ DU SUIVI DU CHANTIER ET DE L'EXPLOITATION

8- Pour une mutualisation des moyens et la coordination des chantiers
Plusieurs chantiers de génie civil coexisteront durant la phase des travaux de l'usine. Nous souhaitons, autant que faire ce peut, la mutualisation de certains postes et la mise en place d'une coordination entre les différents aménageurs pour en réduire les coûts et les impacts.

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Syctom

novembre 2009
Débat public - Centre de traitement des déchets ménagers d'Ivry-Paris XIII
Cahier d'acteur n°4

Au cœur de l’aménagement Masséna-Bruneseau, pour un centre de traitement des déchets à la bonne échelle

Les objectifs envisagés pour la reconstruction de l’usine SYCTOM d’Ivry ne prennent pas suffisamment en compte l’évolution des politiques et des pratiques en matière de tri. Les enjeux de l’insertion du nouveau centre de traitement des déchets dans le secteur Masséna-Bruneseau, en pleine restructuration, sont également sous-estimés.

Signalée par ses panaches blancs, l’usine SYCTOM d’Ivry est mitoyenne du secteur Masséna-Bruneseau, dont le devenir fait l’objet d’une réflexion urbaine
concertée depuis 2002. En bord de Seine, ce secteur est environné par le périphérique et le boulevard des Maréchaux, à la confluence des communes d’Ivry et
de Paris et séparé en deux par les voies de chemin de fer de la gare d’Austerlitz.

Sur un espace extrêmement contraint, un objectif : relier

Le redéploiement de l’usine SYCTOM ne peut s’envisager qu’en relation avec les enjeux du réaménagement du secteur Masséna-Bruneseau : relier deux extrémités de villes qui se sont longtemps ignorées ; connecter deux tissus urbains à faible
densité d’habitat. L’usine de ciment Calcia, sise le long du boulevard Masséna, rebaptisé boulevard du Général Jean Simon, va être déplacée au pied des
voies de chemin de fer, à l’entrée de l’usine SYCTOM. La ville « durable » que nous souhaitons impose de maintenir ce type d’activité en cœur de ville, tout comme de traiter les déchets « chez soi » en rejetant le « not in my back yard ». Compte tenu de leur nature et de leur situation géographique, Calcia et le futur centre de traitement des déchets d’Ivry/Paris XIII formeront un futur passage névralgique qui doit recevoir au mieux la circulation automobile et de camions et les modes de déplacement doux.
Non loin, la future allée Paris/Ivry, axe piétons/vélo dévolu aux commerces, est censée inviter à la flânerie. Pour qu’il en soit ainsi, tout un travail de réflexion sur l’intégration urbaine de ces éléments doit être entrepris..

Pour une intégration architecturale harmonieuse
Comme nous l’avons exprimé au sein du Comité de pilotage d’élaboration du projet de centre de traitement des déchets auquel notre association a participé, une usine « poreuse » à l’identité affichée serait une source importante d’attractivité à l’échelle du piéton. Saura-t-on développer une enveloppe/peau laissant entrevoir les entrailles de la « bête ». Saura-ton concevoir une cheminée-belvédère ? Laissera-t-on s’échapper le panache blanc, affirmant ainsi ce signal urbain singulier ?

Pour un enfouissement maximal des installations
Il sera aussi décisif de choisir la proportion des volumes enfouis. S’ils ont un coût, ils contribueront aussi positivement à l’intégration d’un bâtiment moins imposant, indispensable étant donné la forte hausse de population prévue dans les quartiers environnants. Enfin il importe que les cheminées soient suffisamment hautes pour que les fumées ne constituent pas des nuisances pour les riverains et les usagers du quartier. La présence de l’usine plaide d’ailleurs pour une maîtrise des hauteurs des immeubles qui seront construits dans le secteur Masséna-Bruneseau.

Pour des espaces publics conviviaux
Les choix qui seront effectués pour connecter la rue Molière, côté Ivry, à l’avenue de France, côté Paris, et gérer le difficile croisement avec la rue Victor Hugo en surplomb, devront faire la part belle à des espaces publics offrant des cheminements diversifiés et agréables à proximité du futur site industriel. La sécurisation du site sera aussi un élément majeur à bien maîtriser pour donner au promeneur le sentiment d’être dans un espace qui lui est - en priorité - dédié.

Oui au panache !

Le dossier du maître d’ouvrage prévoit la suppression du panache de fumée[1], déjà réalisée au centre Isséane mis en service en décembre 2007 à Issy-les- Moulineaux, au moyen d’un dispositif anti-panache. Dès la réunion d’ouverture du débat public, les réponses à nos questions ont permis de vérifier que le dispositif anti-panache envisagé à Ivry n’aurait aucune fonction de réduction de la pollution[2] et que sa consommation serait équivalente à la consommation électrique annuelle de 5 200 foyers, dans l’hypothèse d’une solution technique moins énergivore que celle d’Isséane[3] ! De plus il induit une très forte hausse de la température des gaz rejetés, environ 190° C au lieu de 65° C. À l’inverse, la visibilité du panache présente des avantages : Il constitue un signal urbain, gage de transparence, alors que sa suppression ferait naître le sentiment que l’on cherche à cacher les nuisances, comme des radiations invisibles. Il signifie que, tout en privilégiant la prévention et le tri à la source, on assume nos ordures de manière responsable plutôt que de les envoyer se faire traiter plus loin. Il constitue un repère d'orientation, un dicateur du vent dominant, une signature d’une activité industrielle familière voire un élément esthétique et poétique du paysage urbain.

Incinérons le strict minimum, mais avec panache !

Oui, nous devons produire moins de déchets que ne le pense le Syctom !

Le groupe des huit associations, dont TAM-TAM[4], a demandé à la CPDP de faire procéder à une étude complémentaire sur le calcul du gisement de déchets du bassin versant de l’usine d’Ivry/Paris XIII d’ici 2023. Pour éviter une logique perverse du « déchet ressource » contraire aux efforts de prévention, nous en attendons une révision à la baisse, ayant souligné notamment les engagements publics au niveau européen (Directive relative aux déchets), national (Grenelle de l’environnement) et régional (Plan régional d’élimination des déchets ménagers et assimilés).

Mieux analyser la filière de méthanisation

Deux modes de traitement sont actuellement prévus dans la future usine :

  • la reconduction du mode actuel d'incinération (350 000 t/an) qui met en oeuvre des réactions chimiques rapides de combustion
    • et l’introduction sur le site d’un nouveau mode de traitement, la méthanisation (environ 178 000 t/an), qui met en oeuvre des réactions biochimiques lentes de fermentation.
En l’absence de collecte sélective des biodéchets, la méthanisation impliquerait un Tri Mécano-Biologique de 490 000 t/an d’ordures ménagères (le contenu des bacs à couvercle vert, qui va aujourd’hui droit à l’incinérateur). La principale fonction de ce tri serait de faire ce que nous devrions être en mesure de faire nous-mêmes si nous parvenons à infléchir nos comportements et les politiques de l’habitat : séparer la Fraction Fermentescible de la Fraction Combustible.
Cette Fraction Combustible (meilleur combustible que les Ordures Ménagères mélangées qui sont brûlées aujourd’hui) serait incinérée en reconduisant l’actuelle production de vapeur et d’électricité, et la Fraction Fermentescible serait traitée par méthanisation et produirait du biogaz (méthane à 60 %) et du compost (digestat, après fermentation à l’abri de l’air). Pour en savoir plus sur la méthanisation, nous étions présents à la visite organisée par la CPDP au centre de Varennes-Jarcy, exemple d’une chaîne complète de traitement par méthanisation seulement.

Pour un report du TMB
Le Tri Mécano-Biologique nous semble peu satisfaisant : coût élevé, efficacité insuffisante pour conduire à un compost de bonne qualité, difficultés opérationnelles, fortes nuisances olfactives et potentiellement sanitaires (bactéries pathogènes), adaptation douteuse aux objectifs convenables pour le territoire. Il est préférable d’isoler à leur source (logements, restaurants, parcs) et de collecter sélectivement les biodéchets (Fraction Fermentescible). Ce tri des biodéchets, geste naturel et familier en milieu rural, serait aussi souhaitable en milieu urbain. En Allemagne, les collectes sélectives très développées, notamment sur les biodéchets, permettent de limiter à 150 kg par an et par habitant (400 kg en France) les déchets résiduels. Ces derniers sont certes triés avec un TMB mais pour stabiliser la matière organique qui n’a pas été triée afin de produire de l’énergie avant un enfouissement terminal[5].

Une méthanisation prématurée
Nous ne pouvons pas nous prononcer à l’heure actuelle sur le mode de méthanisation en l’absence de retours d’expérience suffisants et globaux sur tous les aspects du procédé, y compris nuisances potentielles en ville et conditions de travail des employés. Aujourd’hui, et dans les conditions du projet, l’ADEME émet un avis réservé et indique que son évaluation technico-économique des installations françaises de méthanisation ne sera disponible qu’en fin 2010[5]. Par ailleurs ni la France ni l’Union Européenne ne considèrent ce procédé comme prioritaire dans le traitement des déchets.

Un compost médiocre
Le compost issu du Tri Mécano-Biologique et de la méthanisation peut respecter la norme française actuelle mais il reste mêlé à divers fragments durs inférieurs à 20 ou 30 mm (verre, plastiques, etc.) et à plusieurs polluants, métalliques notamment. Son acceptation agricole est loin d’être largement acquise (sans même parler de l’agriculture biologique !) et ses débouchés de proximité sont très limités. L’ ADEME indique qu’il y a peu de retours d’expérience sur la qualité de ce compost ainsi que sur la capacité de la technique à accompagner le durcissement prévisible des normes[5], une meilleure qualité étant produite de façon plus simple à partir de la collecte sélective des biodéchets.

[1] SYCTOM de l’agglomération parisienne, Dossier du maître d’ouvrage, sept. 2009, p. 83
[2] Didier Fournet, Directeur du projet SYCTOM Ivry-Paris XIII, réponse orale du 22 sept. 2009
[3] Luc Valaize, Président du Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets
urbains (SNVD), réponse écrite
[4] Attac Ivry-Charenton, CLCV Ivry, Les amis de la Terre, A suivre, CNIID, Passerelles, Rudologies
and Co et Tam Tam
[5] Marc Cheverry, porte parole de l’ADEME à la réunion publique du 13 oct. 2009


TAM-TAM et le débat public en cours
Au titre de son coût estimé à près de 800 millions d’euros, le projet du Syctom pour la période 2023-2063 à Ivry/Paris XIII a imposé la saisine de la Commission nationale du débat public (CNDP). Depuis le 22 septembre et jusqu’au 14 décembre 2009, une commission particulière (CPDP) a notamment structuré neuf réunions publiques et un groupe de travail. Peu familière du domaine du traitement des déchets mais très concernée en tant qu’association locale implantée dans le XIIIe arrondissement de Paris par les enjeux de l’aménagement du secteur Masséna-Bruneseau/ Ivry Port, l’association TAM-TAM a participé à toutes les rencontres à ce jour dans le but d’appréhender les enjeux du projet et, avec d’autres associations locales, nationales, spécialistes ou non du domaine spécifique, tenter d’en infléchir les choix.

Priorités à la prévention et au principe de proximité

Pour traiter les déchets du bassin versant d’Ivry/Paris XIII entre 2023 et 2063, nous croyons que l’innovation technologique sera moins pertinente que la formation de citoyens éclairés devenant acteurs responsables d’une démocratie plus participative, et que la perspective de cette évolution soutenue par les engagements publics actuels exhortera de plus en plus à la prééminence de la prévention des déchets, au réemploi, au tri à la source et au recyclage par des collectes sélectives, y compris pour les biodéchets, qui, seuls, n’ont pas vocation à diminuer. C’est pourquoi nous espérons que le futur centre reconduise seulement les fonctions du centre actuel - une seule filière, l’incinération - avec des déchets non seulement très réduits en quantité et en toxicité mais strictement limités au bassin versant actuel, et ainsi à un coût très inférieur à celui du projet en débat. L’option du Tri mécano-biologique indissociable de la méthanisation ne nous semble pas adaptée à ce secteur qui sera densément peuplé et induirait une démobilisation d’un tri responsable à la source. En tout état de cause, elle ne pourra être envisagée qu’après le bilan que l’ADEME tirera, fin 2010, des premières unités installées en milieu urbain. Nous veillerons enfin à ce que l’usine s’intègre de manière harmonieuse dans l’environnement et l’architecture du secteur Masséna-Bruneseau/Ivry Port actuellement en pleine restructuration et destiné à accueillir des milliers de nouveaux habitants et usagers.

[Cahier d'acteur N°4 - novembre 2009]


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Cahier d'acteur N°4
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