vendredi 10 décembre 2010

MODAC, ENAF, Nouvelles Chances.....

Pour celles et ceux qui se demanderaient ce que peut devenir cette professeure PLP en phase de "changement de corps" CERTIFIEE...... eh bien, elle s'intéresse (encore) à d'autres lieux et surtout au concept d ' "enseigner autrement".....
Force est de constater de jour en jour un peu plus d'incohérence sur le terrain de l'enseignement dit "classique". J'ai beau relever du Ministère de l'Education Nationale, je n'en demeure pas moins attirée par ce qui se fait de mieux pour le meilleur des futurs adultes qui passent par mes classes. Et me voilà indubitablement attirée par les Enfants Nouvellement Arrivés en France (ENAF) et les modules d'accueil (MODAC) en Lycée professionnel. Je ne suis pas arrivée en FLE l'année dernière par hasard, n'est-ce pas? Mes 2 heures de cours du vendredi après-midi sont un vrai régal, une bouffée d'oxygène pendant laquelle je peux faire sauter les affreux verrous imposés par une institution devenue bien trop frustrante et incohérente. De plus en plus de jeunes auraient besoin d'un mode d'enseignement revu à tous les niveaux. Nous les perdons dans un conglomérat opaque de nouveaux textes mis en place pour des raisons économiques et non humaines; et cela devient très difficile à supporter. J'ai par exemple assisté à des cours d'"accompagnement personnalisé " où 100 élèves se retrouvaient en amphithéâtre avec 3 enseignants qui essayaient tant bien que mal de "faire quelque chose" pour leur venir en aide. En cours de MODAC, j'enseigne l'anglais à mes 12 élèves qui prennent un réel plaisir à échanger, apprendre et donner. La liberté qui m'est offerte lors de ces sessions me comble véritablement. Je sens bien que c'est là,que je suis à ma place. De Cuba, d'Algérie, du Kosovo, de Turquie, du Portugal, tous sont assoiffés de connaissances, volontaires et désireux d'apprendre encore et toujours. Leurs sourires sont les plus belles des récompenses et le plaisir pédagogique prend régulièrement tout son sens dans ce contexte. Je peux enfin bouger la disposition des salles, j'ai accès au matériel audiovisuel indispensable à ma profession (mais tellement inaccessible encore dans certains lycées...), je peux sortir au cinéma ou au théâtre avec ma classe sans pour autant devoir fournir un dossier de 14 pages en 3 exemplaires.... Je travaille beaucoup, certes, mais mon investissement est à la hauteur du retour des apprenants....et j'ai la sensation que ce ne sera jamais suffisant, qu'il faudra toujours et encore améliorer, retravailler, parfaire. Je me lance également un défi de taille à partir de janvier: l'enseignement du français en CAP Nouvelles Chances; il s'agit d'élèves en rupture sociale et scolaire depuis plus ou moins longtemps, qui souhaitent "raccrocher" afin d'obtenir un diplôme. Autant dire que les 3 heures consécutives du mercrdi matin vont être un exercice périlleux : motiver et varier les activités sur la longueur pour un public autrement moins à l'écoute qu'une classe de M1 ou de Terminale S... J'en suis certaine aujourd'hui, j'aime la difficulté: elle me motive. Lorsque j'enseigne, j'y mets toute ma réflexion, tout mon corps, tout mon coeur... et j'y prends plaisir! J'espère en donner également. Cernée, fatiguée, exténuée parfois, mais pas encore usée, pas tant que je n'aurai pas exploré tous les modes de "l'enseignement autrement"...

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