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Topic: transversales
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Scat power

par arbobo | imprimer | 15mai 2007

“gang ganggangganggangganggang, ganggangganggang…”
et caetera, et caetera.

Des paroles sobres, mais un morceau diablement efficace que ce Liberation conversation envoyé dans les gencives et dans les hanches par Marlena Shaw. Si ça s’écoute? Plutôt deux fois qu’une et par ici mon kiki.

Ce motif scatté, on le retrouve exécuté par les choeurs dans un autre morceau du même album, plus lent et plus gospel, Woman of the ghetto, un titre plus engagé, aussi.

Le scat vient du jazz, et l’une des plus grandes scatteuses de tous les temps fut Ella Fitzgerald, qui en régalait souvent son public en concert (dans une moindre mesure, Louis Armstrong s’y adonnait aussi avec bonheur). Le Scat cat des Aristochats, il vient de là, il vient du jazz ;-) Des onomatopées, scandées avec rythme et mélodie, comme si la voix imitait le solo d’un instrument, un cuivre par exemple. C’est bête comme chou, mais pour que le résultat vaille la peine d’être entendu il faut être une sacrée bestiole.
Le scat ne pardonne pas les voix banales et révèle le sens de la musicalité. Pour bien scatter, il faut avoir du feeling. Et le feeling, Armstrong n’en manquait pas, lui à qui on accorde généralement d’avoir créé le scat par pur hasard durant un enregistrement en 1926. Ben ouais, déjà, ça nous rajeunit pas, d’ailleurs c’est l’heure de ma sieste. Sa complice Ella, comme vous pouvez le constater dans cette vidéo, était une tueuse, connue pour être la plus grande scatteuse de l’histoire. C’est plus que balèze, ça vous les coupe à ras et pas question que ça repousse.

En hip-hop, les impros, le freestyle, misent avant tout sur les mots, avec une rythmique et des mélodies très simples et déjà en tête. Là c’est en tant que musicien-ne, instrumentiste, que le scatteur donne toute la mesure de son sens de l’improvisation. Inutile de se demander plus longtemps pourquoi le scat est essentiellement jazz, musique où les paroles ont rarement apporté grand chose et où le chant permet surtout de mettre en valeur la musicalité et le timbre de voix exceptionnelles. D’ailleurs Marlena Shaw, comme bien d’autres grandes vocalistes soul, a d’abord été une jazzwoman. Et une scatteuse de classe mondiale, comme vous venez de l’entendre.
En version soft, le scat donne l’occasion d’impliquer le public. Ce qui est devenu un incontournable du moindre concert de variété ou de pop vient en réalité de là. Si vous avez vu les Blues brothers ou, mieux encore, Cotton club, vous connaissez un des titres qui exprime le mieux ce dont je parle. Cab Calloway, qui fut un des chanteurs-animateurs du fameux Cotton club dans les années 30, donne dans ces films 2 interprétations différentes et brillantes de Minnie the moocher. Lorsqu’il entame lentement ses “hai di hai di hai di hi”, repris par le public, changeant de motif avant d’accélérer jusqu’à ce que le public ne puisse plus suivre, Calloway nous donne un bel exemple de scat et le plus connu de tous. Les yodleurs et autres tyroli-tyrola peuvent se rhabiller.

C’est tonique, énergique, joueur, on est dans la jouissance orale pure, dans la voix-instrument. C’est vocal… et c’est le pied. Tout simplement :-)


Comments

1 Commentaire


  1. 1 arbobo on mai 8, 2009 14:02

    bon alors là, tout de suite, je rouspète : j’ai bien évidemment voulu écouter Minnie the moocher… comme je ne me casse pas trop la tête (nanmé t’as vu l’heure !), je clique sur le premier lien, normal… j’écoute, je swingue du torse dans mon salon…. Cab Calloway s’efface doucement… et laisse la place à Chantal Goya !!!!!! Alors là je dis non !! Sabotage ! Bachibouzouk, Ectoplasme et Moule à gauffre ! ffff…. tout gâché mon plaisir de l’article, c’est malin :o)
    Commentaire n° 1 posté par rififi le 15/05/2007 à 00h46

    celui-la je l’avais pas testé :-)
    mais voyons, remets-ça avec une autre piste, ou tout simplement remets-toi un coup de Marlena ou Ella, c’est euphorisant !
    Commentaire n° 2 posté par arbobo le 15/05/2007 à 10h05

    Yes ! Marlena ça c’est du bon !!! Et c’est marrant comme le monde est petit, mais les plus dingues scatteurs possibles et imaginables (bien qu’ils ne s’en servent pas en tant que tel) : ce sont les percussionistes indiens ! En effet, pour apprendre les combinaisons compliqués de leurs structures de rythme, ils apprennent des suites d’onomatopées, dont chacune représente une façon de frapper le tabla : “din”, “ta”, “na”, “ga”, etc… Et c’est monstrueux : le moindre petit exercice va a cent à l’heure “taganatadinnadintanadingatanadin”, comme si, je sais pas moi, il récitait l’alphabet, ou comptait à voix haute, en cherchant à battre le record de vitesse. Je sais pas si les chanteurs indiens l’utilise, par contre.
    Commentaire n° 3 posté par Djac Baweur le 15/05/2007 à 12h33

    pour les chanteurs indiens j’en jurerais pas, mais ça me dit vaguement quelque chose.

    à creuser :-)
    Commentaire n° 4 posté par arbobo le 15/05/2007 à 13h11

    j’en connais un exemple en jazz, d’utilisation de la rythmique indienne en scat : il s’agit de John McLaughlin (guitariste génial, et qui a admirablement appris la musique indienne, y’a un DVD) et de Trilok Gurtu, percussioniste indien et jazz. Dans Blues For L.W, dans le disque Live at the Royal Festival Hall, que je conseille instamment !!!
    Commentaire n° 5 posté par Djac Baweur le 15/05/2007 à 13h56

    je digresse fortement, mais on notera que ce liberation convresation a tout de même des paroles, et pas n’importe lesquelles : “blues ain’t nothing but a good woman gone bad”

    qu’on peut traduire de différentes manières : le blues, c’est juste une femme bien qui tourne mal, mais aussi aussi d’une certaine manière on peut entendre “qui s’est émancipée”. En tout cas par cette phrase Marlena Shaw définit le blues par les femmes, ce qui est franchement culoté :-)
    Commentaire n° 6 posté par arbobo le 15/05/2007 à 14h00

    Bon déjà, bravo pour ton titre, c’est balèze (et ça a dû t’amuser) :-)

    T’as pas parlé de I’m a scatman, tu trouves ça trop pourri? Non, en vrai, je regrette surtout de ne voir aucune mention de Little Richard et du fameux “a wop bop a loo bop a lop bam boom” de Tutti Frutti, qui me semble assez scat tout de même. Non?
    Commentaire n° 7 posté par Ama-L le 15/05/2007 à 18h04

    Et au fait :
    “ça vous les coupe à ras et pas question que ça repousse”

    … Tu parles de tes cheveux? ;-)
    Commentaire n° 8 posté par Ama-L le 15/05/2007 à 18h06

    libre interprétation (free your mind ;op

    pour little richard tu as raison, mais je ne sais pas s’il le faisait en impro en dehors de ce morceau ou si c’était juste une intro magique sans lendemain.
    http://www.radioblogclub.fr/search/0/little_richard_tutti

    à écouter sans modération.
    PS : effectivement ce titre me fait bien marrer :-) et scatman me rappelle les pires heures de la FM
    Commentaire n° 9 posté par arbobo le 15/05/2007 à 19h12

    Scat Leader Price : Da da da Taï na na Ah ba ni bi ah ba ne be Obladi oblada m25
    Commentaire n° 10 posté par Christophe le 15/05/2007 à 19h31

    thaï nana, à part l’abréviation de “thaïlandaise”, je vois pas le rapport avec le scat,
    pour ob la di, why not, ça se discute mais pourquoi pas, mais je pense plutôt que comme pour ha ba ne be on ne fait que remplacer des mots par des sons qui les miment, on reste dans le même type de chant que si on avait de vraies paroles,
    autrement dit, c’est exactement comme lorsqu’on chante en “yaourt” en faisant semblant de chanter en anglais.

    le scat c’est utiliser sa voix comme un instrument solo.
    Il y a un exemple assez spécial, dans le fameux Made in Japan de Deep Purple, lorsque gilian utilise sa voix comme une guitare à laquelle répond celle, véritable celle-ci, de blackmore. Ca n’est pas du scat, parce qu’il n’utilise pas d’onomatopée, et que l’aspect rythmique passe au second plan (dans les 2 morceaux en écoute dans mon bullet, on voit bien à quel point la rythmique est importante) au profit de la mélodie et du son.
    Je trouve ça plus proche du scat, pourtant, qu’ob la di.
    question d’interprétation.
    Commentaire n° 11 posté par arbobo le 15/05/2007 à 19h57

    euh.. moi les onomatopées de tabla dont parle Djac, elles me font penser à “dim dam danangana dimdam danaganadimdam”, Cloclo (? en tout cas époque yéyé) pataper sivouplé ;-) En jazz, la voix est vraiment un instrument de plus (comme en classique d’ailleurs) mais de là à dire que les paroles ont raremeent apporté grand chose… et les double six alors ?
    Commentaire n° 12 posté par rififi le 15/05/2007 à 23h13

    justement, j’y pensais, et si tu te souviens de mon questionnaire pour mon 100e billet, j’y témoignais mon affection pour les double-six.
    Mais je dois avouer que même en tendant l’oreille, on n’entend pas tant que ça les paroles.
    on trouve des chansons importantes, j’ai fait un billet sur Strange fruit, mais dans l’histoire du jazz les paroles ne pèsent pas bien lourd face aux instruments (qu’on ne s’y trompe pas, j’ai plein de disques d’Ella, d’Helen Merrill, j’ai Louis and the good book et Chet Baker sings…).
    Commentaire n° 13 posté par arbobo le 15/05/2007 à 23h39

    pour cloclo en revanche, je suis pas qualifié ^^
    Commentaire n° 14 posté par arbobo le 16/05/2007 à 00h35

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