samedi 7 avril 2007

Libre expression: Jacqueline Villani

Cinquante pour cent

Il a beaucoup été question à l’Assemblée générale de samedi dernier 24 mars de la « déperdition » d’effectifs de l’hypokhâgne à la khâgne, qui toucherait 50 % des élèves entrés en hypokhâgne, situation qu’on nous a présentée comme scandaleuse et justifiant d’éventuelles mesures à notre encontre.
Plusieurs d’entre nous ont réagi en évoquant les taux d’échec très supérieurs enregistrés à l’Université. Et en effet, dans le cadre des Matins de France-Culture du 23 mars (http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/fiche.php?diffusion_id=51038), Jean-Robert Pitte, président de la Sorbonne, et Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, ont donné non seulement quelques chiffres mais des commentaires. En première année d’histoire de l’art et d’archéologie, le taux d’échec est de 70 % ; en première année de droit, dit Richard Descoings, le taux d’échec est de 50 %, et de nouveau 50 % à la fin de la seconde année. Un professeur d’économie politique de Paris VIII a révélé que l’échec en 1e année est de 95 %. Mais cette « déperdition » est plus ou moins orchestrée (contenus d’enseignement conçus pour décourager les étudiants qui ne seraient pas vraiment à leur place) ; et J.-R. Pitte dit clairement dans un entretien accordé à l’observatoire Boivigny : « Nous pratiquons la sélection par l’échec ».
Si l’échec affecte à ce point les premiers cycles généralistes, nous en serions d’ailleurs en partie responsables, « parce que ceux qui pourraient réussir sont exclus (sic), ils se retrouvent en CPGE. Ils n’ont aucun contact avec la recherche, et un pays qui coupe ses élites de la recherche va à la catastrophe » (J.-R. Pitte). Je suis un peu surprise de découvrir qu’on fait de la recherche dans le premier cycle universitaire.
Il est toutefois question d’y rétablir de la pluridisciplinarité pour tenter de remédier aux inconvénients d’une orientation trop précoce et trop spécialisée...

Jacqueline Villani

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