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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 12:22

 « Il faut exiger de chacun, ce que chacun peut donner.

 L’autorité repose d’abord sur la raison » 

Saint Exupéry, Le petit prince, La planète habitée par un roi

 L'autorité : une qualité émergente de tous les groupes

  Après des années de pratique professionnelle au service des entreprises, des collectivités ou de la fonction publique, j’ai pu constater à quel point le thème de l’autorité s’immisce dans tous les problèmes interactionnels. L’autorité interroge : comment « positionner » son autorité face à une équipe, en tant que parents, vis à vis de son propre chef... comment faire face aux résistances de l’équipe, de son ado ou d’un collaborateur face à l’autorité? A quel moment et de quelle manière utiliser la sanction avec justesse et équité ou encore à l’inverse, quelles sont les conséquences d’un manager qui utilise son pouvoir de façon trop autoritaire. Quel est le bon moment pour faire valoir son autorité?

 

 

Des managers dans une double contrainte

Dans le champ professionnel, l’autorité est un mot très peu utilisé, on préfère parler de « leadership », « d’ascendant », de « charisme ». De même, le mot « « sanction est rarement prononcé ; le mot « chef » fait rire jaune tellement il fait penser à l’armée et au commandement, sans oublier qu’immanquablement il s’associe à l’adjectif « petit ». Probablement que l’autorité effraie un peu. Pour preuve, la mode en management est au manager « coach » qui écoute, observe et fait preuve d’empathie pour « accompagner » son collaborateur. C’est sans doute une des raisons pour laquelle les managers du top au middle, se demandent comment exercer leur autorité, puisque leur métier consiste à diriger. Entre les droits et les devoirs des uns et des autres, ils doivent veiller aux respects des règles et des engagements et doivent prendre des décisions : évaluations, sanctions, contrôle… les managers se retrouvent parfois pris en étau entre des injonctions paradoxales qui rendent l’exercice de l’autorité compliqué : faut-il diriger et ordonner ou écouter et guider ?

Et puis, il y a les collaborateurs qui peuvent avoir un rapport résistant ou soumis à l’autorité ; l’un comme l’autre peuvent être néfastes à la relation hiérarchique mais aussi au travail en équipe. A l’inverse, on sait que parfois résister, c’est éviter le pire. Rien n’est à systématiser. Tout est à regarder de près et de façon contextuelle et situationnelle. L’autorité se travaille, se définit pour s’exercer au plus juste.

 

Elle s’associe à de nombreux verbes : avoir de l’autorité, être autoritaire, exercer son autorité, manquer d’autorité ou en abuser, faire figure d’autorité, faire autorité ou représenter l’autorité. Chacune de ces expressions nuance le mot de façon différente. Et si le concept est abstrait, nous le mettons en application dans notre vie professionnelle comme dans notre vie personnelle au quotidien et sans même y penser.

 

Avoir de l'autorité

Avoir de l’autorité, c’est posséder ce pouvoir d’influer sur le cours de l’action, sur l’évolution d’une situation, ou sur le comportement d’autrui. Et il faut le reconnaître, avoir de l’autorité a toujours représenté une vertu cardinale. Lorsque l’on dit d’une personne qu’elle a de l’autorité, cela signifie qu’elle a une aptitude à imposer son point de vue, se faire respecter ou une propension à commander.

 

Exercer son autorité

 Exercer son autorité, fait plutôt référence à la notion de responsabilité octroyée par un tiers dans le cadre d’une mission ou d’une fonction.

 Le rôle du « manager » est de diriger une équipe vers l’atteinte d’un objectif commun.

 La fonction de « professeur » recouvre un certain nombre de missions et fait partie intégrante du système éducatif.

 La fonction de « parents » est un élément constitutif du système « famille ». Les hommes politiques sont responsables des décisions prises pour un pays et exercent une autorité sur les citoyens. Politiciens, professeurs, parents,  selon leur domaine de responsabilités, se doivent d’exercer de façon légitime, c'est-à-dire reconnue, leur autorité. Car l’autorité est acceptée à partir du moment où les règles qui en découlent sont clairement explicitées.

Manquer d'autorité

Encore faut-il qu’elle soit assumée, et le manque d’autorité fait des dégâts dans le monde du travail, comme dans la société en général. On lit et on entend parfois que les parents démissionnent, qu’on ferait peut être bien de faire machine arrière et de « resserrer les boulons » pour que les jeunes respectent davantage les professeurs, la collectivité, les institutions. Actuellement le mot s’emploie plutôt à l’imparfait, comme si notre société n’aimait plus obéir, par crainte d’être sous influence, manipulée ou encore de perdre son individualité.

 

Faire preuve d'autorité

Savoir faire preuve d’autorité, oui mais avec un dosage équilibré. Trop utilisée, l'autorité perd son effet et l'on a vite fait de penser que le patron, le parent ou toute personne qui utilise l'ordre sans discernement est décidément trop autoritaire. Connotée négativement l’expression être autoritaire qualifie plutôt un comportement agressif inadapté à la relation et à son objectif.

Faire autorité est réservé à l’expert, le spécialiste, le représentant, celui qui sait et à qui on octroit le droit de l'exercice. Lorsqu’on fait autorité, on est consulté, donc écouté et suivi sur le domaine de compétences ou d’excellence pour lequel nous avons déjà fait nos preuves. Nous verrons les avantages et les risques que ce genre d’autorité peut comporter sur la responsabilité d’autrui.

 

Abuser de son autorité

D’aucun pourrait abuser de son autorité en exerçant une influence au dépens de ses interlocuteurs, qui au passage, en aurait perdu leur libre arbitre et serait « forcés » consciemment ou pas, d’obéir. Abuser de son pouvoir conduit certains chefs à devenir de petit dictateur ou manipulateur, mettant leur pouvoir au service d’une finalité purement personnelle.

Tout dépend donc à quelle fin on utilise ce pouvoir, mais également comment on l’utilise. Lorsque le chef (parent ou responsable hiérarchique) est un « leader charismatique », son autorité est reconnue de façon volontaire, car on projette en lui des qualités. Il inspire le respect plus que la crainte, et sera suivi avec une adhésion de bonne qualité. L’autorité de « l’expert », celui qui sait, n’a pas d’équivalent : médecins, experts en tous genres, savants et autres ingénieurs lorsqu’ils possèdent  un savoir qui nous dépasse, possède un pouvoir que nous leur octroyons, nous avons besoin de leurs sciences et nous sommes dépendants de leurs décisions faute d’être nous même compétents pour choisir. 

 

L'autorité commence par soi-même

Il n’en reste pas moins que certaines personnes possèdent une propension « naturelle » à attirer l’attention, la sympathie et l’écoute. Le charisme ou l’ascendant naturel a quelque chose de facile qui aide considérablement à prendre une place toute particulière dans un groupe. La fascination créée par le charme d’un bon orateur, d’une séduisante Directrice des ressources Humaines ou encore la verve fluide et pleine d’humour d’un PDG charismatique.

Cela ne fait cependant pas tout, et l’autorité demande d’abord des qualités personnelles et une bonne autorité sur soi même. En cela l’exercice du pouvoir dépend du développement de certaines aptitudes indispensables pour incarner une autorité équitable : le contrôle de soi, le développement de valeurs solides, la stratégie et l’aptitude à la communication en réseau. Dans cette lignée, nous nous souvenons tous d’un manager, d’un de nos responsables hiérarchiques, apprécié pour la pertinence de ses propos, la cohérence de ses décisions et la fiabilité de ses informations et la stabilité de ses comportements et de son humeur. Réel facilitateur de l’interaction, ces personnes exercent l'autorité avec souplesse et justesse.  

L'autorité autorisée

Une autorité juste, exercée avec droiture et sens des responsabilités, voici le genre d’autorité qui devrait être la seule autorisée. Car l’autorité pour être utile doit être reconnue par ceux sur qui elle est exercée. L’autorité, si elle est nécessaire au groupe pour sa régulation et sa survie, doit être motivée par un projet altruiste

 

L’autorité s’admire autant qu’elle peut nous révolter

Nous recherchons souvent des modèles, des exemples d’autorité. Le thème est passionnant et attirant : pouvoir, puissance, ascendant, charisme, justesse, légitimité et adhésion y sont entremêlés. Autant de raisons qui inspirent l’envie de comprendre un peu mieux les réalités et les difficultés liées à ce concept. Mais aussi d’explorer les solutions adoptées par ceux d’entre nous, qui confrontés à l’autorité, l’exercent dans différents contextes où encore la subissent, cherchant souvent l’échappatoire qui les sortira du piège d’une autorité inique.

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commentaires

P
<br /> On the question of meditation, one must explore all possibilities in order to resolve a conflict, including making a problem to solve a problem<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> making a pb to solve a pb is very easy : you just have to do a little more than you already done to solve the pb. In fact, the pb is the inopperating solutions you've already done, but you<br /> just can't stop to do the same thing (because, your learning patterns). So, if you stop to try to solve the pb as usully you do, the pb just deseapear!<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Bonjour Joëlle, je te rejoins pour réhabiliter les vertus d'une juste autorité, car on ne construit bien que face à des limites claires, cohérentes, qu'il s'agisse du développement individuel ou<br /> d'une évolution collective. Dommage de diaboliser ce terme qui pour moi est d'abord structurant s'il est bienveillant. Merci d'avoir pris la parole sur ce thème, et bravo pour ton blog. Elisabeth<br /> <br /> <br />
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Présentation

  • : Inter Relations et InterAction
  • : Au sein de l'entreprise IC+Formation, mes missions consistent à : Développer l'efficacité personnelle ou collective au travail (management, communication, team building), Accompagner une personne ou une équipe à dépasser une difficulté ou un problème de communication, résoudre un conflit, prévenir les risques psycho sociaux, Accompagner le changement.
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Profil

  • Joëlle Ankaoua
  • Ce qu’évoquent mes missions : une juste distance, un sens de la responsabilité pour être tour à tour passeur, miroir, accompagnateur ou transmetteur.
  • Ce qu’évoquent mes missions : une juste distance, un sens de la responsabilité pour être tour à tour passeur, miroir, accompagnateur ou transmetteur.