29.3.10

1er Printemps des EHPAD en Lorraine





Madame, Monsieur… bonjour,  
L’association AMCELOR est heureuse de vous inviter à participer au premier Printemps des EHPAD en Lorraine qui se veut associer les directeurs, médecins coordonnateurs et cadres de santé exerçant en EHPAD dans une réflexion commune sur des problématiques quotidiennes de terrain.
Cette manifestation, suivie d’un buffet convivial, se déroulera le
Vendredi 26 mars 2010
17h – 19h
Hall d’honneur du Conseil Général de M&M (1)
Au programme de ce premier Printemps des EHPAD en Lorraine, les thématiques proposées s’inscriront autour des rôles respectifs du directeur et du médecin coordonnateur dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions au sein d'un EHPAD :

  • Les admissions

  • Le secret professionnel partagé

  • La place du médecin coordonnateur dans l’équipe soignante

  • La convention avec les médecins libéraux

Espérant avoir le plaisir d’échanger bientôt avec vous, je vous prie d’accepter mes plus cordiales salutations.

Dr Irène Raharivololona
Présidente AMCELOR


Participation
 
Ouverture des travaux
Intervention de Madame le Dr Michèle Stryjski en charge de l'action gérontologique au Conseil Général de Meurthe et Moselle
Madame le Dr Michèle Stryjski, accueille la manifestation du "1er Printemps des EHPAD en Lorraine" aux noms du Président du Conseil Général et de Michelle Pilot, 1ère vice présidente en charge des personnes âgées.
Elle pointe d'abord tout l'intérêt de cette manifestation et des enseignements qu'il peut y avoir à en attendre.
Ensuite et après un rappel sur son propre engagement auprès des personnes âgées, elle exprime son intérêt à l'existence d'une association comme AMCELOR qui réunit sur un plan régional les Médecins Coordonnateurs d'EHPAD

Intervention de Valérie Rosso-Debord, Députée de M et M et en charge des personnes âgées au sein de la municipalité de Nancy en tant qu'adjointe.
Dans son allocution d'accueil et après avoir rappelé que Nancy possédait une véritable culture gérontologique, Valérie Rosso-Debord prône la nécessité de réfléchir aujourd'hui aux conditions d'intégration du Médecin Coordonnateur dans l'environnement de chaque établissement.
Il s'agit pour elle, "d'accompagner et de soutenir la réorganisation de chaque établissement pour que chaque Médecin Coordonnateur puisse prendre la place qui lui revient, qu'il puisse assumer l'intégralité de ses responsabilités tant auprès des résidents que des familles que de la communauté médicale appelée à intervenir dans l'établissement".
En ce sens, Valérie Rosso-Debord fait état de quelques conclusions, intéressantes à son sens, d'un rapport remis à Nora Berra en décembre 2009 par le professeur Claude Jeandel, bien connu à Nancy et le dr Maubourget, présidente de la FFamco (1).
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_du_medecin_coordonnateur.pdf
Il s'agit de penser un nouveau modèle d'organisation au sein des EHPAD et parmi les 13 propositions du rapport Jeandel, Valérie Rosso-Debord retiendra pour sa part les suivantes:

 Clarifier la position statutaire des Médecins Coordonnateurs
 Formaliser la coordination des soins par la création d'une commission gériatrique au sein de chaque établissement, ce qui constitue une piste intéressante à son sens, si le Médecin Coordonnateur la préside
 Clarifier la relation avec les médecins libéraux
 Ouvrir le débat sur la faculté de prescrire pour le Médecin Coordonnateur
 Augmenter le temps de travail du Médecin Coordonnateur
 Développer un contenu de formation dédié au Médecin Coordonnateur comme l'utilisation de l'outil Pathos
 Assurer l'évaluation des pratiques
 Et enfin, modifier la gouvernance de Pathos qui doit être intégrée dans les missions du Médecin Coordonnateur.
Valérie Rosso-Debord conclut son intervention en précisant qu'elle sera très attentive à l'ensemble des travaux lors de ce 1er Printemps des EHPAD en particulier au travers des remontées qu'elle attend de la part de MP Noyer, directrice du Pôle gérontologique de Nancy et de D L'Huillier, directeur de Notre Maison.
Enfin, elle se félicite de cette rencontre entre Médecins Coordonnateurs et directeurs d'EHPAD qui ne peut qu'éclairer le débat engagé au profit du bien-être du résident.

Ouverture des travaux par le Docteur Irène Raharivololona, Présidente d'AMCELOR
Bonjour mesdames et messieurs.
Merci de votre nombreuse présence pour m'aider à ouvrir les travaux de ce 1er Printemps des EHPAD en Lorraine.
Cette manifestation est organisée à l'initiative et sous l'égide d'AMCELOR, l'association des Médecins Coordonnateurs d'EHPAD en Lorraine mais son contenu résulte de la réflexion commune et originale d'un groupe de travail composé de directeurs et de Médecins Coordonnateurs d'EHPAD.
Le principal mais bien modeste objectif que nous nous sommes assigné ce soir réside dans la volonté de jeter les bases d'une communication vivante et interactive entre deux professions que sont celles de directeur et Médecin Coordonnateur d'EHPAD.
Ces deux professions œuvrent toutes deux, chacune dans son domaine de compétences et de responsabilité, au service d'un même objectif commun : assurer le bien être du résident.
Et ce bien être, laissez moi l'illustrer par la formule suivante :
C'est vouloir donner à nos aînés de la vie aux années plutôt que des années à la vie !

Ces deux professions cohabitent depuis maintenant près de dix années et pour autant ne parviennent pas toujours à l'entente professionnelle souhaitée par l'une et l'autre de ces professions.

Ce soir, elles ont décidé d'en débattre ensemble et avec vous.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais remercier tout particulièrement le Conseil General qui par la voix de son président, Michel Dinet, a bien voulu accepter de nous recevoir dans ces locaux et ce malgré un planning d'utilisation extrêmement chargé. Un grand merci aussi et en passant au responsable des services techniques du Conseil General.
Permettez-moi enfin de saluer et de les remercier pour leur présence ici ce soir :
- Madame Michelle Stryjski représentant Monsieur Michel Dinet, Président du conseil général
- Madame la députe et adjointe au Maire de Nancy, Valérie Rosso Debord
- Madame Monique Durand, présidente du Conseil de l'Ordre des Pharmaciens
- Monsieur le docteur Jean-Luc Fenot, président du Conseil de l'Ordre des Médecins
Maryvonne Georges, Présidente du Réseau Cuny
- Madame Marie-Pierre Noyer, Directrice du Pôle Gérontologique de Nancy
- Madame le docteur Marie-Agnés Manciaux (excusée) Responsable médical du Pôle Gérontologiquee Nancy.

Pour entrer maintenant dans le vif du sujet, je cède la parole aux deux principaux artisans des contenus de cette rencontre :

- Michel Robaux, directeur de l'EHPAD Ste Thérèse à Ludres et membre du bureau du réseau Gérard Cuny
- Denis Craus, 3 fois Médecin Coordonnateur et 3 fois vice président (Conseil de l'Ordre de M et M, AMCELOR et FFAMCO (1) )

Une dernière précision : le Compte Rendu des débats de ce soir sera publié sur le Blog d'AMCELOR à l'adresse suivante : http://amcelor.blogspot.com/
(1) FFAMCO : Fédération Française des Associations de Médecins Coordonnateurs
Synthèse par Jean-Rémi BERTHELEMY -Secrétaire Général de la Fondation St Charles-
Retranscription intégrale

Dans un contexte de difficultés économiques ce sont bien nos pratiques qui maintenant sont impactées par ces difficultés économiques; pendant longtemps les difficultés économiques ont été la toile de fond qui nous permettait d'évoquer les questions; les difficultés économiques aujourd'hui apportent les réponses et ne sont plus seulement là pour évoquer les questions.

Et un point qu'on n'a pas évoqué, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un contexte de démographie médicale catastrophique; et que là où on a du choix aujourd'hui on en aura peut-être un peu moins demain.

Alors en termes de synthèse et pour faire très vite, je reprendrai 6 mots qui n'ont pas forcément été prononcés mais qui sont là me semble-t-il.

Le premier, peut-être le plus important, c'est le mot Tension : on sent bien qu'aujourd'hui, la manière dont nous nous posons des questions révèle un certain nombre de tensions, je vais y revenir. Un deuxième mot : Discernement. Un troisième mot : Décision. Un quatrième : Négociation. Un cinquième : Evaluation et un sixième : Cohésion.


Si on reprend ce que nous avons évoqué de façon thématique, on sent bien, par exemple, que sur la question des admissions nous vivons, nous allons vivre des tensions probablement de plus en plus fortes entre des contraintes internes et des contraintes externes; contraintes internes : la cohérence par rapport au projet d'établissement, la cohérence par rapport à l'ensemble des résidents qui sont là, la cohérence par rapport à nos savoirs faire mais aussi en externe, nous aurons aussi des tensions parce qu'il va bien falloir dans une période de difficultés économiques, optimiser l'utilisation de nos ressources disponibles; à toutes fins utiles aujourd'hui, on sait qu'on est en train de réfléchir dans le domaine du sanitaire à la mise en place d'un répertoire opérationnel des ressources, notamment à la disposition des services d'urgence pour que, en temps réel, on sache où il y a de la place et pour qui; on pense dès aujourd'hui à étendre cette logique aux SSR de façon à limiter les temps d'attente, les mauvaises orientations et on évoque même aujourd'hui, notamment dans le cadre du groupement du GCS des santés, la réalité des EHPAD.
Donc ces tensions, nous aurons à les vivre; et là, vous sentez bien que les mots que j'évoquais tout à l'heure prennent tout leur poids ou tout leur sens; bien évidement, ces tensions là c'est bien dans le partage d'expérience qu'il va falloir les régler, c'est bien dans nos capacités à évaluer, c'est bien aussi dans la négociation permanente entre les différents métiers ou les différentes contraintes qu'il faudra travailler.

Si on aborde la question du secret professionnel, on sent bien qu'il y a une tension extrêmement forte entre la règle et la pratique; on sait bien qu'on était pas ici dans un colloque juridique, on sait bien que cette tension entre la règle et la pratique confronte la connaissance de la loi, le respect "sec" de la loi et le "prendre soin" des résidents. Là on sent bien que les mots discernement, décision, prennent tout leur sens. Quelqu'un évoquait la situation dans laquelle nous allions être de régler la question du choix entre le bien et le moins bien, entre le bien et le mal; cette question là est d'ordre moral et pas juridique; la question juridique c'est le permis et le défendu; la question du bien, c'est pas forcément la question de la loi et là, il y a bien à un moment donné des responsabilités à prendre, des décisions à prendre et à assumer; et plus on les assumera dans le cadre d'une décision collective, dans le cadre d'une décision construite sur du discernement, probablement c'est dans ce cadre là qu'elles feront évoluer le moins mal ou le mieux évoluer la loi, les textes qui nous sont opposables de façon très sèche.


Sur la question de la place du médecin coordonnateur, on sent bien que l'on est dans un système de frictions en marge : où est ce que commencent ses prérogatives, où s'arrêtent les miennes ? ou est ce que tu marches sur mes plates bandes ou est ce que je marche sur les tiennes ? Comment va-t-on faire pour pouvoir régler ce système là ?


Il est clair en vous écoutant que ce n'est en tout cas pas en durcissant des règlements, en tout cas pas en durcissant les frontières, les territoires qu'on y arrivera; mais peut-être en acceptant que nos établissements fonctionnent non pas comme des juxtapositions de prérogatives mais bien comme des systèmes qui se mettent de façon tout à fait dynamique au service du résident, au service des familles des résidents, de façon à ce qu'on n'aborde plus les problèmes en termes de "est-ce que c'est chez toi ou est-ce que c'est chez moi ?" mais qu'est-ce que ça produit ? Qu'est-ce que nos pratiques communes, nos pratiques partagées produisent ?

On est bien là, non plus sur le champ de la définition de poste ou des 13 points, ou 14 ou 12 ou 10, parce que bientôt il y en aura aussi 12 ou 13 pour les directeurs, mais on est bien là dans un système d'évaluation qui doit se centrer non pas sur l'acteur mais sur le produit qu'il fabrique. Et là peut-être avons-nous les uns et les autres à apprendre, à progresser mais aussi à nous aider les uns les autres par le partage d'expériences en termes d'évaluation de notre affaire et non pas en fonction mais en système.

Dernier point par rapport aux médecins libéraux, on sent bien là aussi la tension importante mais comme vous l'avez dit, on n'a vraisemblablement pas d'autres solutions dans cette situation de tension que la recherche acharnée, opiniâtre, construite du consensus, non pas d'un consensus définitif qui va s'ériger en système pour un ensemble mais d'un consensus qui va là encore, permettre une prise en charge du résident.
En conclusion, vos débats m'évoquent une remarque de mon grand-père disant que " la marche n'est qu'une suite ininterrompue d'équilibres et de déséquilibres surmontés "; c'est bien le sentiment que j'ai eu en vous écoutant ce soir. Merci.

Diaporama proposé pr Michel Robaux