Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 07:12

"Le luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l'Etat tous ses Citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l'opinion".

Rousseau prend vigoureusement parti dans le débat du dix-huitième siècle sur l'utilité sociale du luxe. Il s'oppose à Voltaire, Montesquieu, Mandeville pour dénoncer les effets néfastes, tant moraux que sociaux, tant individuels que collectifs du luxe. L'avènement du luxe accompagne celui des arts et des sciences (Premier Discours), et dans ce progrès les moeurs perdent bientôt leur simplicité.

Le luxe engendre la vanité chez ceux qui l'affectent. Ce désir de se distinguer par des objets frivoles remplace le noble orgueil. L'inégalité injuste des richesses que montre le luxe est nuisible à l'unité du corps social. Elle rend à tous leur condition difficile : aux riches qui veulent avoir plus et aux pauvres qui subissent plus durement une inégalité affichée, quand l'oisiveté, dont le luxe est toujours accompagné, ne devient pas un mépris décourageant pour le travailleur. L'homme épris de luxe est dépendant de besoins factices. Il devient un esclave qui ne défend plus sa liberté et préfère acheter sa défense à des mercenaires. Inversement liberté, frugalité et vertu vont de concert et seules les petites républiques peuvent cultiver de telles valeurs.

Quant à l'Etat où règne le luxe, il perd son autonomie, et dépend de l'extérieur. Au niveau économique, le luxe a un effet pervers sur l'agriculture qu'il prive de ses ouvriers en drainant la main d'œuvre vers les villes. Or l'agriculture doit déjà compenser l'absence des hommes employés aux industries du luxe. Ainsi les prétendus bienfaits du luxe ne sont-ils que de dérisoires et superficielles compensations au mal profond qu'il a déjà causé : " le luxe peut être nécessaire pour donner du pain aux pauvres : mais s'il n'y avait point de luxe, il n'y aurait point de pauvres ", parce qu'il n'y aurait pas d'inégalité.

Aussi Jean-Jacques Rousseau exige qu'on taxe le luxe plutôt que l'agriculture et se déclare favorable aux lois somptuaires.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : "LE CRI DU PEUPLE" : Stéphane Parédé : "L'AVOCAT DES PAUVRES ET DES OPPRIME-E-S"
  • Contact

Recherche

Liens