NEPAL NOUS VOILA !!! (suite)


Avant de continuer le journal de bord, une petite annotation pour dire que l’on ne parle pas d’emmergence culturelle évidemment, mais bien sur d’immersion culturelle… C’est un bel amalgamme! Le mot “emmergence” est un mot que l’on emploie régulièrement là où je  travaille, et j’avais décidé qu’il ferait joli ici..! Ou peut-être que mon boulot me manque?!

Toutes mes excuses pour cette faute…

Cécilia

43ème jour (Lundi 15.02)

Retour au bureau : nous devons nous occuper du blog, répondre aux mails et avons du travail à fournir pour l’école. Nous arrivons assez tôt au bureau ce matin, mais…pas d’électricité ! Nous avons donc commencé ce que nous avions à faire, mais la connexion est beaucoup trop lente et le générateur nous rappelle trop souvent à l’ordre. Nous devons rapidement cesser de travailler au bureau, et trouver autre chose à faire ailleurs ! Avec Laurianne, nous rejoignons Saru, Pramod et Pascale (une personne qui travaille pour l’agence de Pramod) pour déjeuner. Nous profitons de cet instant partagé avec Pramod pour lui faire part de nos difficultés à travailler au sein de l’école ainsi qu’au bureau, et que nous avançons bien trop lentement par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés. Il faut savoir qu’au bureau, il y a actuellement 11h de coupure d’électricité par jour (c’était 13h il y a quelques jours, et souvent l’électricité fonctionne une bonne partie de la nuit), et un ou deux ordinateurs qui rament. Nous sommes entre trois et cinq à y travailler (car le bureau est partagé entre ceux qui travaillent pour l’école, et ceux qui travaillent pour l’agence, Pramod étant directeur des deux établissements). De plus, Pramod est peu disponible pour plusieurs raisons : la première est que son agence commence à prendre de l’ampleur, et qu’il est seul à y travailler (avec des stagiaires : Pascale n’est là que pour quelques jours, elle part dans une semaine), et le plus important surtout, c’est que son papa ne va pas bien du tout : son cancer, décelé il y a quelques jours, se généralise à une vitesse lumière. Il enchaine donc les va et viens à l’hôpital avec tout le travail qui l’attend.

De ce fait, ce repas était le bienvenu, et nous avons toutes pu exprimer nos difficultés. Nous avons compris que la discussion était difficile aussi ! La vision des choses, version népalaise et version française, est totalement différente. Au Népal, c’est un fait, un réel constat, les gens réfléchissent peu d’eux-mêmes, et de ce fait, ils se remettent peu en question. Voire pas du tout ! Après plus d’un mois passé ici, nous avons tenté plusieurs alternatives, et plusieurs façons d’aborder les choses à l’école, mais chaque fois, en vain. Nous n’avons pu travailler que lorsque nous faisions « forcing ». Et cela n’est apparemment pas « entendable » : la faute nous revient pleinement, c’est que nous ne savons pas y faire…

Nous relevons le manque de management à l’école, le manque de suivi, l’absence répétée des professeurs et du proviseur (qui préfère faire du vélo ou rester chez lui la moitié du temps), les difficultés de communication, et la difficulté d’insertion. Là encore, « si nous ne pouvons pas parler aux élèves ni faire ami-ami avec le personnel, c’est qu’on a un problème » selon lui. Nous lui expliquons que nos relations avec les élèves sont très bonnes, et qu’elle se tisse avec le temps avec les professeurs, mais que tout se passe bien de ce côté-là. Nos difficultés se révèlent surtout lorsque nous devons « travailler », faire quelque chose pour l’école et pour les enfants. Là, nous n’avons aucun soutien, prendre les choses en main et imposer notre façon de travailler, ce qui ne nous plait guère ! Mais c’est ce que l’on attend de nous, et nous comprenons qu’il n’y a que comme ça que cela fonctionnera… Et bien soit, nous ferons du vrai « forcing ».

Nous en profitons pour réclamer une réunion avec l’ensemble des professeurs, chose que Laurianne demande depuis plusieurs semaines sans aboutir : Pramod appelle alors le proviseur, et lui ordonne d’organiser cela pour l’heure qui suit… Nous n’avons pas nos documents avec nous, ce n’est pas comme cela que nous voulions que ça se passe, et nous sommes prises au dépourvues… Mais nous terminons notre repas sur le pouce, et nous rendons à l’école pour la réunion improvisée.

Seuls les professeurs du primaire sont là : elles sont six. Elles s’ennuient, et leurs postures autant que leurs gestuelles nous montrent qu’elles veulent faire vite pour rentrer chez elles… Normal, elles n’avaient pas prévu de faire des heures supp’ aujourd’hui ! (nous soulignerons que les professeurs ne touchent pas un gros salaire, et que les heures supplémentaires de ce type ne sont pas rémunérées, évidemment). Laurianne a pu se présenter et expliquer pourquoi elle travaillait au sein de l’école : pour en améliorer le fonctionnement et proposer une organisation administrative plus convenable. Quant à nous, nous avons pu nous présenter aussi, et présenter nos projets et nos objectifs pour l’école. Anglais approximatif, pas de documents à l’appui : nous avons quand même su faire comprendre tout ce que nous voulions. Mais ce n’était pas une mince affaire ! Déjà six professeurs au courant : plus que quinze maintenant…

 

44ème jour (mardi 16.02)

Matinée au bureau, dans les mêmes conditions qu’hier : les conditions de travail sont pesantes en fait…

Par exemple, nous avons prévu de faire les cartes de visites de l’association ici, au Népal, et ainsi valoriser le commerce du pays (car les prix sont approximativement les mêmes en France et ici si on se débrouille un peu…). Mais tout le monde fonctionne avec le même principe de coupure d’électricité : donc les fois où nous allions nous renseigner, il n’était pas possible d’en savoir plus, car le vendeur ne pouvait pas voir nos maquettes… Nous prévoyons aussi de faire faire quelques tee-shirts avec le logo brodé de l’A.F.E.M., mais l’électricité et nos horaires ne nous permettent pas de faire les choses du jour au lendemain… Quant à nos documents, nécessaires pour l’avancée de notre travail, nous sommes dans l’incapacité de les faire imprimer en moins de deux semaines, surtout si c’est en couleur ! Idem pour les photocopies… Bref, cela est parfois déconcertant. On est trop bien habitué en France ! Quand on veut quelque chose, on l’a de suite…Ici, on apprend à s’en passer, et à reculer les échéances : finalement, plus rien ne devient important, et tout peut être fait le lendemain. Et là, quand on dit ça, on commence à comprendre la culture népalaise, son mode de fonctionnement…

Hier, nous avons dit au proviseur que nous reviendrions aujourd’hui à l’école avec le planning de nos interventions (en anglais, of course !), le règlement de l’école (que nous avons écrit en anglais re of course !) et que nous devions récupérer la liste des élèves dont la famille ne paie pas la scolarité (liste demandée depuis notre arrivée ici). La liste n’est pas faite, nous donnons tout ce que nous lui avions promis, lui expliquons que nous avons besoin de son soutien pour l’élaboration du règlement et pour les devis de matériel sportif et ludique de l’école. Son rôle désormais, est d’informer les professeurs que nous n’avons pas vus de notre projet, et de présenter notre planning sur le tableau situé à l’entrée de l’école. Nous lui expliquons aussi que bientôt, nous allons commencer les grands travaux de l’espace extérieur, et qu’il faudra prévoir les moyens pour que cela se fasse dans les meilleures conditions possibles (comme interdire l’accès aux élèves par exemple). OK, OK, tout est Ok, il est d’accord avec tout ce que nous disons…

Nous enchainons avec le soutien scolaire : personne dans les classes. Tout le monde, personnel et étudiants confondus sont dehors. Il nous est proposé de jouer avec les enfants les plus jeunes au lieu de faire du « tutoring ». Ce soir, notre travail sera d’apprendre à jouer à « hot potato », un jeu très prisé des élèves ici, et de jouer au basket avec les plus grands. Pour le premier, tout le monde se met en cercle et on doit se faire passer le ballon vite vite vite. Quand la musique (jouée par les plus grands à l’aide d’un tambour) s’arrête, celui qui a le ballon est éliminé. Les enfants rient beaucoup de ce jeu ! Pour le basket, leur « chacun pour soi » a été modifié en match, histoire d’imposer un minimum d’esprit d’équipe ! Car au Népal, on le voit au quotidien, c’est beaucoup d’individualisme… à l’exception des familles : les plus grands prennent soin des plus jeunes.

Nous ne nous sentons pas particulièrement utiles en termes d’apprentissage ce soir, mais les échanges avec les élèves ont été particulièrement intéressants et vivants.

Retour à la maison ; une soupe (un carré de chocolat avec le thé) et au lit ! C’est ça aussi le rythme népalais !

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45ème jour (Mercredi 17.02)

Ce matin, nous devons aller travailler au bureau. A notre arrivée, le bureau est fermé, et évidemment, nous n’avons pas la clé ! L’une d’entre nous a perdu à peu près une heure et demie pour aller en chercher une ; l’autre a travaillé au cyber durant ce temps, sans les outils de travail qui étaient restés au bureau. Nous nous sommes donc mises au travail deux heures après notre arrivée… Contacts avec l’ambassade et l’UNICEF pour avoir plus de renseignements sur l’enfance au Népal. Nous avons en effet beaucoup de questions restées sans réponse concernant le nombre exact d’enfants des rues, d’enfants pris en charge par un orphelinat, sur le nombre et la liste des établissements pour enfants au Népal, sur leur gestion des droits des enfants, sur le travail des enfants, etc… Mais nous n’avons toujours pas de réponse pour un entretien, ni pour plus d’informations… La connexion internet ne nous aide pas, ce genre d’information est difficile à obtenir.

A midi, nous mangeons une fois de plus dans un boui-boui népalais au lieu des nombreux restaurants touristiques qui jouxtent les rues du quartier. Nous allons chez mamie-momo !  Daal-bhaat à volonté, milk tea… De quoi tenir tout l’après-midi  à l’école !

A notre arrivée à l’école, et comme souvent, nous ne trouvons pas le principal. Notre travail perd encore du temps : certains éléments ne sont pas de notre ressort mais du sien, et nous avons l’impression que les choses stagnent encore. Pourtant, la date de notre départ approche maintenant à grands pas…

Nous demandons à Basenta, l’homme à tout faire, de s’occuper de faire enlever le toboggan et de donner le métal au ferronnier qui est à côté, pour qu’il puisse nous faire deux supports de balançoires avec la ferraille. Nous lui expliquons que nous prévoyons de partir quatre jours dès demain, et qu’il fallait qu’à notre retour, ce soit fait. Nous avons pris l’habitude et avons compris qu’il fallait tout répéter plusieurs fois pour que les choses soient bien entendues et bien comprises, ce que nous faisons. Nous faisons forcing, nous imposons, mais le principal n’est jamais là, il faut bien prendre des décisions… Nous espérons que cela sera fait.

Le soutien scolaire aujourd’hui sera écourté, car comme hier, aucun élève ni aucun professeur ne se trouve en classe. Et nous savons jouer à hot potato maintenant, alors nous n’avons plus rien à apprendre… J

Nous avons surtout beaucoup de travail, c’est la raison pour laquelle nous préférons retourner au bureau plutôt que n’être qu’un joueur en plus dans la cour. De plus, nous avons appris dans la journée qu’une grève (bandh en népali) était prévue pour lundi. Or, nous avions prévu de partir de vendredi à lundi à Chitwan, le parc national le plus grand du Népal. Avec la grève (dont les maoistes sont à l’origine), aucun transport ne peut rouler, et le retour à pied est difficile (peut-être une centaine de kilomètres !). Nous envisageons donc de partir demain, pour pouvoir être de retour avant la manifestation, et surtout revenir en toute sécurité… Planning modifié, bousculé à la dernière minute, nous devons donc prévoir notre absence pour demain, et revoir notre organisation pour les jours suivants…

 

46ème jour (Jeudi 18.02) au 49ème jour (dimanche 21.02)

Nous allons passer quatre jours à Chitwan (le premier et le quatrième étant prévus pour le trajet : soit deux jours sur place). Il s’agit d’un parc national classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé dans le Teraï (6h de bus au sud de Katmandou). Cet espace sauvage et protégé abrite une faune et une flore exceptionnelle : des tas d’oiseaux, des éléphants, des tigres, des ours, des rhinocéros, des paons, des dauphins d’eau douce (très rares) et bien sûr des singes, des crocodiles et plus ‘’classiques’’, des biches, des hérons…

Pour avoir la chance d’observer quelques unes de ces espèces, nous sommes parties avec deux guides pour un safari à pieds dans la jungle. Pas très rassurant déjà de se savoir entourées par tous ces animaux, notre guide rajoute à nos appréhensions en nous donnant ses instructions : ”Si on rencontre un tigre, pas la peine de courir, il court plus vite, pas la peine non plus de monter aux arbres, il monte aussi. Si c’est un rhino, jetez lui votre sac, le temps qu’il le renifle et regarde ce que c’est on se sauve !” Et la, juste après ces conseils judicieux, qu’est ce qu’on aperçoit à 25m de nous? Un énorme rhino ! Il a eu plus peur que nous finalement et on a pu le suivre un peu pour l’observer en silence. Notre guide était sidéré, c’est hyper rare. On n’est pas venues pour rien, l’expérience en valait la peine et la petite poussée d’adrénaline aussi qui ne nous a pas quittées pendant les 3 heures de marche dans la jungle.

Autre experience, et pas des moindres : Prendre un bain avec un elephant !

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Nous avons aussi pu profiter du coucher de soleil sur la Rapti, la rivière qui sert de frontière au parc, d’un tour en pirogue pour observer les oiseaux dans la brume matinale, des villages Tharu typiques aux alentours et toujours d’un calme si différent de Katmandou.

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Nous avons eu la chance de rencontrer un jeune homme népalais originaire de Chitwan qui tient une agence d’excursions. Il nous a permis de découvrir à moto des lieux reculés, des forêts protégées mais également d’assister au mariage de son meilleur ami. Nous serons sur tous les films du mariage car deux françaises forcement ça vole un peu la vedette aux mariés !

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50ème jour (lundi 22.02)

Aujourd’hui c’est férié… On ne saura pas pourquoi ! Dans tous les cas, cela nous permet de passer la journée à l’école sans qu’il y ait les élèves. Le toboggan a bien été enlevé ! Bonne nouvelle ! (depuis le départ de nos interventions à l’école, c’est à Basenta que nous avons à faire, et c’est un jeune homme particulièrement efficace, mais peu valorisé dans son rôle au sein de l’école malheureusement). Il nous aidera toute la journée à poncer le métal de l’autre toboggan, du portique pour les balançoires et des poteaux plein de rouille, pour qu’on puisse ensuite les repeindre. La rouille est dangereuse pour les enfants qui jouent ici, totalement à leur portée, et les jeux ont quelque peu souffert ces dernières années. Les travaux de rénovation commencent donc concrètement aujourd’hui, après avoir galéré plus d’une heure pour trouver un magasin de peinture…

Il y a quelques membres du personnel à l’école, dont le proviseur (qui avait prévu de partir faire du vélo). Hormis Basenta, les autres s’assiéront près de nous pour nous regarder bosser au lieu de nous aider… Nous leur avons gentiment proposé de nous aider pour aller plus vite, et leur réponse a été « Non, merci, c’est que je préfère rester assis »… A cela, Basenta nous expliquera que le travail du métal, notamment avec toute la rouille qu’il y a dessus, est trop dangereux pour leur vie, à cause du tétanos. Le proviseur nous regardera faire de chez lui (il habite sur la terrasse, en haut du bâtiment de l’école).

 

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Le soir, le personnel de l’école s’est donné rendez-vous à l’école pour partir ensemble à une fête newar (les newar  sont un groupe ethnique représentant 6% de la population népalaise). Comme le restant de la population, ils ont beaucoup de rites, et les plus jeunes passent des rites de passages que l’on appelle « samskara ». La fille d’un des professeurs est à l’honneur ce soir : c’est son « lhi samskara ». Elle vient de passer douze jours enfermée dans le noir total, à manger une fois par jour, et aujourd’hui elle célèbre sa chasteté et cette cérémonie lui garantit un mari. Ce rituel a lieu pour toutes les filles newar âgées de 5 à 11 ans, c'est-à-dire avant qu’elles aient leurs règles, avant la puberté. Ce jour-là, la jeune fille se marie symboliquement avec Vishnu, un des trois principaux dieux, le préservateur, qui a un rôle dans la création de l’univers. Durant cette cérémonie, la jeune fille est très apprêtée, de noir et de doré, ainsi que de maquillage noir sur le visage. Elle reçoit les dons de ses invités, qui rejoignent une salle pour manger à volonté. Chez les newar, la nourriture doit être à profusion et les invités doivent en laisser dans l’assiette (pour montrer qu’ils sont repus). Nous aurons donc droit à trois services avec de la viande plus le dessert  et l’alcool de riz, sans compter le whisky du pays… Nous étions tous assis parterre, en rang, avec nos assiettes en feuilles de « nous ne savons plus quoi », la salle était faite de ciment, totalement grise, assez sombre et sans vie, presque lugubre, tel un blockhaus. L’ambiance était, elle, de plus en plus décontractée. Les mamies se moquaient de notre façon de manger (à la main), et nous étions l’attraction du repas ! La jeune fille, pendant ce temps, attend patiemment de pouvoir manger, car elle doit manger après les autres. Soirée sympathique, qui nous a permis de mieux appréhender cette culture, et d’avoir d’autres liens que ceux professionnels avec les professeurs…

 

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51ème jour (mardi 23.02)

Ce matin, nous devons nous occuper de changer la peinture que nous n’avons pas réussi à changer. En fait, pour bien expliquer les choses, lorsque nous disons à Basenta ou le proviseur que nous devons acheter quelque chose pour l’école, ils veulent systématiquement que l’on prenne les choses les plus chères, même si cela n’est pas forcément utile. Basenta aide généralement le vendeur à vendre sa marchandise, comme ça il pourra ressortir avec des « choses » pour l’école, il ressort autant gagnant que le vendeur. Donc cela ne nous aide pas vraiment dans nos démarches… d’autant qu’il est le seul interprète/traducteur que nous ayons à notre disposition !

Le Népal vit, dit-on, selon trois religions : le bouddhisme, l’hindouisme, et le tourisme. Il est en effet le pays, ou l’un des pays, le plus aidé au monde. Ses seuls revenus ne lui suffiraient pas à subvenir aux besoins de ses habitants : les touristes, le bénévolat, les dons et les aides des autres pays sont leur principale source de revenus. On comprend ainsi mieux l’énergie qu’ils dépensent à nous faire dépenser de l’argent : cela est logique pour eux, nous sommes là pour ça. Quand on leur explique que nous n’avons aucun revenu durant plusieurs mois, que nous sommes là pour les aider dans les démarches de rénovation ou d’amélioration de l’école en leur donnant du temps, cela leur paraît étrange, et ils feront en sorte que l’on puisse les aider financièrement. D’où ce sentiment parfois d’être considéré comme une simple vache à lait…et de se sentir inutile malgré le temps, l’aide et la motivation dont on fait preuve chaque jour pour les aider. Cette aide pour eux n’est pas concrète, ils nous le font bien ressentir. Leur priorité, c’est l’argent. Ça, c’est bien concret, et ils peuvent en faire ce qu’ils veulent surtout, mettre leur priorité là où ils le préfèrent. Cela n’aurait peut-être pas été dans de la peinture, ni dans les balançoires ou le matériel sportif !

A côté de notre travail par le biais de l’A.F.E.M., Pramod (directeur de l’école) nous a demandé de l’aide pour aménager un espace pour les plus petits. L’école accueille des enfants à partir de trois ans, et jusqu’à 17ans environ. Tout est pensé et fait pour les plus grands dans l’école, mais les 3-6ans ne possèdent absolument rien. Les espaces extérieurs sont partagés entre tous, donc les plus âgés ont tendance à s’imposer, pendant que les petits, peureux, restent en retrait. Leur salle de classe n’est pas très grande, ni très « chargée ». Pas de matériel, les enfants dorment, mangent, jouent et essaient de travailler dans une seule et même salle moquettée. L’école est en train de parqueter une autre classe, pour les plus petits justement, et nous devons aider à l’aménager en leur trouvant des idées adaptées. Nous devons élaborer les devis, et Pramod nous donnera l’argent qu’il a débloqué pour cela quand nous aurons fini nos démarches (environ 150€).

Nous pensons à une salle d’éveil et de repos. Les enfants de cet âge doivent dormir dans la journée, doivent faire la sieste pour leur développement, pour qu’ils grandissent (ils sont petits quand même au Népal !!!). Donc nous envisageons l’achat de plusieurs matelas, qu’ils pourront ensuite empiler pour gagner de la place (voire en faire des canapés pour le reste du temps). L’école possède déjà un écran, et désire acheter un lecteur DVD. Nous envisageons non pas l’achat de dessins animés, mais plutôt l’achat de DVD interactifs pour apprendre à compter, apprendre les couleurs, le rythme, l’heure… Histoire que les professeurs travaillent aussi avec eux, et se servent de cet outil comme support, non comme un moyen de se débarrasser des enfants plus d’une heure devant un film (ce que certains font dès qu’ils le peuvent…). Et cela nous semble évidemment plus éducatif, et plus ludique qu’un dessin animé ! Au-delà de ça, nous pensons aussi à l’achat de musique douce, et de livres de contes pour les temps calme, ou les temps de repos. Cela permettrait de travailler l’attention, l’éveil musical et pourrait être le commencement de l’apprentissage de la lecture et de la langue anglaise. Enfin, l’achat de coussins et de rideaux, la peinture du mur et la pose de lino pourraient valoriser la pièce, et en faire un endroit apprécié des enfants. C’est ainsi que nous concevons la pièce : nous en faisons part au principal, au directeur et à quelques membres du personnel : l’idée semble convaincante. En avant pour les devis…et ce n’est pas la partie la plus drôle !

Ce soir, à l’école, le soutien scolaire prend une fois de plus la forme d’un petit n’importe quoi. Nous restons dans la cour, nous discutons et jouons avec eux. La demande du directeur s’est éclaircie : il n’attend pas de nous que nous les aidions à faire leurs devoirs, mais que nous les aidions dans leur ouverture d’esprit et leur apprentissage de la langue anglaise. Notre façon de parler anglais est bien différente de la leur, et en nous écoutant parler, ils seront ensuite mieux formés, et plus aisés dans la compréhension des autres personnes. C’est ce que nous faisons, avec notre anglais impeccable ! Ouverture d’esprit assuré !

 

53ème jour (mercredi 24.02)

Aujourd’hui, Cécilia doit aller à l’ambassade indienne pour faire sa demande de visa (six mois de volontariat prévus entre avril et octobre). Elle y passera la matinée, et devra y retourner mercredi prochain pour le récupérer.

Pendant ce temps, Justine a du aller travailler au cyber, à cause de la panne d’électricité et du générateur qui fait des siennes. Nous aidons Enora, une prochaine volontaire dans ses démarches (elle a projet artistique à mettre en place au sein de l’école) : nous répondons à ses demandes, faisons des photos quand elle en a besoin, effectuons ses devis, etc. Justine a aujourd’hui envoyé un mail important à Enora. Elle a fait les « fiches de profil vierges » pour les demandes de parrainage des élèves qui ne peuvent pas payer leur scolarité, elle a relancé un organisme où nous avons envoyé un dossier de bourse pour notre action au Népal, recontacté le groupe de musique bretonne, la Kerlenn Pondi, qui voulait visiter l’école, et avec lequel nous prévoyons une manifestation musicale. Nous nous étions arrangés avec eux d’ailleurs pour le transport de matériel (ils nous ont aidé à transporter un gros carton de matériel pour l’école, tel que des livres, des classeurs, des crayons, etc.)… Bref, de l’administration quoi, comme souvent !

Cet après-midi, nous allons nous renseigner pour les tee-shirts à l’effigie de l’A.F.E.M.. Ici, il y a beaucoup de petits magasins qui brodent les vêtements (avec des montagnes, l’Annapurna, l’Himalaya, des mandalas, les yeux de Buddha, le nœud tibétain…). Nous nous sommes arrêtées à l’un d’entre eux, repéré pour la jovialité du propriétaire, et lui avons demandé d’effectuer un tee-shirt avec le logo de l’association. Le travail est difficile, demande beaucoup de temps, il y a des couleurs différentes, des effets de dégradé… Nous verrons ce que cela donne demain, et le prix qu’il nous fera !

En revanche, nous n’irons pas à l’école comme prévu aujourd’hui, suite à quelques « gènes digestives »… dont nous vous épargnerons les détails !

Sur le chemin, Laurianne s’est pris un seau d’eau sur la tête : depuis plusieurs jours, les enfants (et les moins enfants) s’entrainent pour « Holi » : c’est une grande fête, qui aura lieu dimanche, et durant laquelle on envoie des bombes à eau colorées, de la poudre colorée aussi. C’est la fête de l’eau et des couleurs. C’est la fin de la saison sèche, il commence à faire bon, donc cette fête évoque l’arrivée éminente de la mousson. Des sachets plastiques sont en vente partout, des pistolets à eau aussi, et tout le monde s’en donne à cœur joie depuis peut-être dix jours. C’est ainsi que nous devons esquiver les seaux d’eau qui tombent des terrasses en hauteur, les bombes à eau (pas toujours très propre l’eau !), et les jets d’eau… On n’est pas trop mauvaises d’habitude, bien que Justine se soit pris deux ou trois bombes à eau pas marrantes pour elle, mais là, on ne l’a pas vu venir ce seau d’eau !

 

54ème jour (jeudi 25.02)

Ce matin, nous devons aller acheter le matériel sportif et le matériel d’arts plastiques que l’A.F.E.M. prend en charge pour l’école. C’est ainsi que nous partons tôt au plus grand supermarché du Népal, suite aux conseils de Saru. Nous avions prévu de parcourir les petits magasins pour trouver tout ce dont nous avions besoin, mais Saru nous explique qu’il y a tout sur place à des prix forcement moins chers, et que ce serait donc un gain de temps et d’argent immense. C’est parti !

 Le supermarché est sur quatre étages, avec des murs en verre… Un grand étage pour la nourriture, où l’on trouve de TOUT, un autre pour tout ce qui est nécessaire pour la maison, un autre pour les vêtements (quasiment rien pour les femmes ! Tout est fait pour les hommes et les enfants.) et le dernier pour l’électroménager, les Cd, etc.

Nous ne trouverons pas ce que nous voulons finalement. Tout le matériel est bien plus cher que dans les petits magasins des rues népalaises, et nous n’y trouvons pas tout, notamment en ce qui concerne le matériel d’arts plastiques. Nous finirons la matinée à arpenter les rues pour retrouver les magasins où nous avions faits les devis au préalable, et y acheter tout ce qu’il fallait. Horaires de l’activité : 9h-13h !

 

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Après un bon repas à 0,60€, nous allons à l’école pour déposer le matériel et … travailler. Nous continuons à poncer les structures en métal que nous devrons repeindre ensuite. Nous autorisons une élève à nous aider, puis un autre, et tout le monde y a mis du sien ! Une quinzaine d’élèves nous ont bien aidées, des plus petits aux plus grands, c’était un moment très sympa. Ils s’investissent bien plus que le personnel de l’école ! Ensuite, nous leur avons proposé une activité un peu plus ludique : ils ont du peindre la marelle, dont les traits étaient à peine visibles (redessinés à la craie). Les élèves ont pris le pinceau chacun leur tour, et le travail collectif a porté ses fruits : la marelle verte leur plait beaucoup !

 

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Il est 18h quand on quitte l’école, tous les enfants ne sont pas partis (nous pensions que l’école fermait ses portes à 17h…). Nous allons au petit magasin pour voir les tee-shirts de l’association : verdict : excellent travail ! Mais un excellent travail demande forcément plus de rémunération, et le tarif prévu n’est donc plus d’actualité. Nous devons réviser nos positions, et après trois quarts d’heure de négociation, nous ne trouvons pas de terrain d’entente. Nous repasserons demain…

19h, rdv avec Laurianne, son copain, Emilie (stagiaire arrivée la semaine dernière pour travailler au sein de l’agence de voyage de Pramod) et son ami au restaurant français de Kathmandu pour un concert de jazz manouche. Soirée apaisante qui nous permet de décompresser un peu. Coupure avec le quotidien, discussions, boissons et rigolades… une bonne fin de journée !

 

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55ème jour (vendredi 26.02)

Ce matin, nous apprenons dès notre réveil que le papa de Pramod est décédé dans la nuit. La famille a déjà amené le défunt à Pashupatinath pour la crémation. Nous avons déjà expliqué brièvement les démarches lors d’un décès dans une famille hindoue lorsque nous sommes allées visiter ce site. La famille doit brûler le corps du défunt, au préalable plongé dans la rivière sacrée. C’est Pramod qui doit « mettre le feu » au bucher, car c’est l’ainé de la famille. Tous les hommes doivent se raser la tête et les femmes doivent pleurer. Donc Pramod et sa famille ont suivi ce même rituel avant de s’isoler 13 jours, loin de tout, loin du monde. Ils sont en effet « impurs » du fait que la mort ait touché l’un des leurs. Ils doivent alors être vêtus de blanc, et la veuve devra elle rester en blanc durant une année.

Dure épreuve pour Pramod, que nous ne verrons plus avant à peu près deux semaines. Il est possible toutefois que nous allions le voir, comme le font ses proches, ces prochains jours.

Nous concernant, cela ne va pas arranger les choses pour l’école puisque nous ne pourrons pas travailler avec lui et que le principal n’est jamais là non plus. Mais cela reste secondaire, même si à notre niveau, c’est important pour pouvoir avancer et terminer notre travail à temps.

Avant d’aller au bureau, nous nous arrêtons pour faire faire les cartes de visite pour l’association : après plus d’une heure passée là-bas, le vendeur nous explique qu’il ne peut garantir ni la qualité d’impression, ni la qualité de la coupe des cartes, ce qui nous fait faire demi-tour… Au bureau, pas d’électricité, pas possible d’imprimer non plus. L’une part au cyber, l’autre reste faire deux bricoles vite fait sur l’ordi, mais le travail n’avance pas comme on le voudrait. Pour imprimer des documents, il faut attendre l’électricité : s’il n’y en a pas au bureau, nous pouvons trouver des quartiers où il y a du courant quand même. Encore faut il savoir où ! Et encore faut il en connaitre les horaires ! (car il y a sept districts qui se répartissent l’énergie). Donc, nos recherches, bien souvent, sont vaines, et nous perdons encore un petit peu de temps précieux. Dur dur des fois !

Nous avons également préparé un sac contenant divers produits d’hygiène (shampoings, dentifrices, brosses à dents), du matériel scolaire (cahiers, stylos, crayons de couleur) et des livres pour que Laurianne, qui part une semaine à Chitwan, les apporte dans un orphelinat (également centre de protection des femmes) que nous avons repéré là bas. Cet établissement indépendant accueille 7 orphelins et 2 femmes et notre petite contribution leur sera, nous l’espérons, bien utile.

Nous allons à l’école pour annoncer aux élèves notre programme pour la semaine prochaine (nous attendions jusque là le principal, qui devait faire l’annonce officiellement avec nous). Le principal n’est toujours pas là aujourd’hui, peut-être se repose-t-il, peut-être fait-il du vélo… Nous agissons de façon autonome, allons dans les classes pour expliquer ce qu’il en sera la semaine prochaine, nos projets, nos avancées, etc. Cette annonce permet aux professeurs d’en savoir plus, car le principal ne s’est pas donné la peine de les informer de notre rôle ici, contrairement à ce qu’il nous avait dit. Nous avons pu en aviser quelques uns lors de temps informels, mais nous n’avions pas pu voir les 22 qui travaillent ici. Cela leur paraît désormais plus clair, il était temps, on part dans une dizaine de jours, et cela fait une cinquantaine de jours que nous sommes là !

 

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Une fois le planning proposé aux élèves et aux professeurs, nous retournons au magasin des tee-shirts : le vendeur n’est pas là. Nous attendons trois quarts d’heure dans une boutique voisine (un collègue du vendeur que nous voyons régulièrement). Gentille personne qui voudrait se marier avec Cécilia, mais pas pour aller en France, parce que là-bas « il faut se lever, aller travailler, et c’est dur »… « Moi j’ai mon petit business ici, mes horaires, et des touristes, c’est mieux ».

 

56ème jour (samedi 27.02)

Aujourd’hui, nous allons à Dakshinkali : un temple y est dédié à Kali, la femme du dieu Shiva, mais sous sa forme la plus sanglante… Les hindous y viennent sacrifier leurs bêtes, poules, chèvres, buffles (des mâles seulement, non castrés) pour satisfaire l’insatiable soif de sang de la déesse noire. Les bêtes sont égorgées, puis dépecées et coupées avant d’être ramenées à la maison, ou avant d’être partagées à un grand pique-nique. L’ambiance y est particulièrement sereine malgré les tortures et la mort qui règne ici. Les gens viennent par centaines, voire par milliers, et font la queue plusieurs heures avant d’atteindre le temple. Ce rituel est important pour les hindous, qui viennent ici avec leurs enfants et leur bête à abattre. Les enfants assistent à la scène morbide, tout le monde marche pieds nus sur le sol rougeâtre, étalant le liquide vital des bestioles sur plusieurs mètres carrés. La souffrance ne semble pas être prise en compte, pas de semblant d’empathie : les uns s’occupent de couper les gorges les unes après les autres avec leur couteau bien aiguisé, les autres s’occupent d’ébouillanter les bêtes tandis que les suivants les dépècent, les vident et les coupent alors que la température corporelle n’a pas encore eu le temps de baisser… Une boucherie gigantesque dans laquelle le sang coule à flots, mais où tout le monde a le sourire.

 

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Nous allons ensuite à Patan, une ville newar relativement importante séparée de Kathmandu par la rivière. Elle y cache de nombreux stupas, de nombreux temples, des bassins, des « chowk » (cours autour desquelles se trouvent des maisons, des bâtiments, où nous trouvons généralement un stupa, un point d’eau ou un bassin, et où il n’y a aucune circulation, à l’exception de quelques scooters), des ruelles agréables et possède une architecture impressionnante. On y trouve de nombreux tapis tibétains artisanaux (le sud ouest de la ville est le centre de tissage de tapis de la vallée, les habitants étant majoritairement tibétains). L’excursion valait le coup d’œil, la ville est plus calme que Kathmandu bien que très civilisée. Les magasins de vêtements de mode sont nombreux, les marchés particulièrement grands, mais les rues sont accessibles, et la circulation moins dense. C’est là-bas que nous avons mangé vers 13h, dans un boui-boui népalo-indien, avec un repas à base de fritures : samossas, « tserel » (beignets de légumes), … et un dessert à base de lait… Repas consistant qui pour une fois, finit avec un peu de douceur ! 0,60€ le repas.

Nous rentrons à la maison en fin d’après-midi en taxi, pour éviter les bombes à eau. Nos vêtements n’étaient pas aptes à recevoir des couleurs vertes, rouges ou autres ! Apparemment, certains s’amuseraient à envoyer de l’eau sale, des produits toxiques aussi… Ils sont peu nombreux, mais ils existent. Il y en a partout que voulez vous ! Il fallait être doué pour éviter les bombes aujourd’hui, veille de Holi : tout le monde y a droit, jusqu’aux bus ! Et ils visent bien les s… ! Une fenêtre ouverte, et on peut être sûr qu’ils arrivent à jeter leur bombe dedans ! C’est comme ça que dans les rues de Patan, Cécilia s’en est pris quelques unes bien sympas, dont une bien copieuse dans la tête ! Mais l’eau était propre, c’est déjà ça !

 

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Ce soir, soirée tranquille. Laurianne est partie et nous a laissé son ordinateur portable, nous avons donc pu commencer à écrire cet article. Repas à base de soupe de légumes et de gingembre, et toasts au fromage de yack. Petit thé, lecture, et dodo…

 

57ème jour (dimanche 28.02)

C’est Holi !!! La fête de l’eau et des couleurs bat son plein… Les enfants dans la rue sont chargés de munitions rouges, vertes, noires, argentées pour d’autres.... Les touristes sont les premières cibles, mais tout le monde y passe, il y en a largement assez pour tous les passants ! Nous, on reste à la maison aujourd’hui. Une journée de vrai repos, sieste, cuisine maison, bronzette, nettoyage, rangement, lecture et on traine, on traine. C’est trop bon ! Cela nous permet aussi de terminer cet article pour demain. On n’a jamais passé une journée reposante en fait, et cela nous fait le plus grand bien, d’autant que la maison est à nous (Saru doit rester avec Pramod les treize jours d’exil).

Cela ne nous empêche pas d’entendre tous les cris des passants, de voir les ballons de couleurs vives passer d’un bout à l’autre à une vitesse grand V, ni de sentir la joie mélangée au questionnement de certains touristes déjà imbibés (les bombes sont principalement préparées avec un mélange d’eau et de poudre vermillon). Le sourire malgré tout est sur tous les visages, c’est une fête adorée des népalais, et certains la préparent depuis plusieurs jours.

Nous voyons les jeunes, les enfants, les adultes, les moins jeunes, passer devant notre maison, totalement peints, de la tête aux pieds ! On croirait voir des tribus parfois ! La plupart sont complètement rouge, tous ont prévus des vêtements peu importants pour l’occasion. Partout dans la ville, et dans de nombreuses villes du Népal, c’est ainsi que ça se passe.

A Thamel, le quartier touristique, nous pouvons assister à une véritable euphorie : les gens se postent à des terrasses en hauteur pour pouvoir atteindre et arroser les autres plus bas : seaux d’eau colorée, bombes à eau de toutes les couleurs, pistolets à eau énormes… Impossible d’y échapper ! Cela dure toute la journée, mais la fête est particulièrement réussie le matin et en début d’après-midi. A priori, nous devrions tenter d’éviter certaines bombes et certains seaux d’eau encore quelques jours…

 

La semaine prochaine, le plus gros de notre intervention aura lieu : nous serons chaque jour à l'école pour récolter les idées des élèves concernant la règlementation, et les améliorations possibles pour leur établissement. Plus de détails dans quelques jours! Photos à l'appui, bien sûr...

58ème jour (lundi 1er mars)

         Aujourd’hui commence le projet de réalisation du règlement intérieur de l’école avec les élèves. Nous avons déjà effectué une trame suite à nos observations sur le terrain. Nous avions des craintes quant à la crédibilité de notre document, nous l’avions donc fait passer au principal de l’école, qui aurait du le faire lire et corriger par les professeurs. Cela n’a pas été fait malgré les relances. Nous avons pu solliciter quelques professeurs, entre deux couloirs, pour avoir leur avis sur la question, mais nous n’avons pas eu l’avis de tous. Juste une minorité. Le document présenté semble leur convenir, et ils en profitent tous pour nous réclamer plus de discipline au sein de l’établissement. Nous avons ainsi le soutien de plusieurs personnes, notre travail est convaincant.

Ce matin, nous travaillons avec la classe 1A (à peu près similaire au C.P. en France). La consigne nous parait simple, car nous avons adapté nos consignes en fonction des âges des enfants. Mais nous nous apercevons vite que les difficultés sont plus importantes que prévues ! Les élèves à cet âge-là ne comprennent que très mal l’anglais. Ainsi, lorsque nous expliquions ce que nous attendions d’eux, ils semblaient totalement perdus. Une institutrice était présente, et leur a fait la traduction en népali, ce qui leur a simplifié la tâche…  La consigne consistait à réfléchir sur ce qu’ils aimeraient changer dans leur école, s’il y avait des choses qu’ils n’aiment pas et ce qu’ils aimeraient y avoir. Réfléchir par soi-même n’est pas une chose simple, et il leur a fallu beaucoup de temps avant de se lancer à répondre ! Les idées fusent ensuite, mais toutes tournent autour des mêmes choses : les jeux. Forcément, c’est de leur âge ! Une piscine pour les uns, du sport pour les autres, et plus de jeux. Après que l’institutrice leur ait tendu plusieurs perches, ils ont dit qu’ils étaient d’accord avec elle : l’école est sale. Mais cela ne vient pas d’eux, et lorsqu’on leur demande s’ils se sentent bien à l’école, ils disent que oui. Rien à changer, juste avoir plus de jeux. Ils ont ensuite dessiné leurs idées, qu’ils ont peintes ensuite. Certains dessins sont très réussis. La peinture est un support très largement apprécié de tous les enfants, l’engouement est général…

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Cet après-midi nous travaillons avec la classe 4 (C.M.1). Le travail est différent ; cette fois après leur avoir expliqué les consignes, nous leur demandons de rédiger un texte en répondant aux questions suivantes :

Avez-vous des idées pour l’élaboration du règlement qui vous concerne ?

Qu’aimeriez-vous changer au sein de votre école ?

Avez-vous repéré des dysfonctionnements ?

Avez-vous des idées pour en améliorer le fonctionnement ?

Le travail rédigé devra ensuite être dessiné pour l’exposition de dimanche (durant laquelle nous lirons le règlement, avec la présence de tous les élèves, et tout le personnel). Il en ressort des réponses absolument sans équivoque : les élèves demandent de l’eau potable, et de l’eau dans les toilettes pour pouvoir se laver les mains, demandent plus de discipline au sein de l’école, tant pour eux que pour les professeurs qui sont soit absents soit en retard et qui n’ont pas leur tenue (tous les élèves, et tous les enseignants doivent avoir un uniforme), ils veulent que les professeurs arrêtent de les taper, ils demandent de la nourriture fraiche pour le lunch, mais aussi plus de matériel pour jouer et faire du sport… Certains dessins ensuite effectués seront tout aussi parlants que leur rédaction. Là encore, nous avions rencontré quelques problèmes de traduction, mais dans l’ensemble, tout le monde a réussi à se faire comprendre. C’est tout de même plus simple avec les grands ! ;) En revanche, bien que toutes les 35min un enseignant différent doive prendre le relai avec chaque classe, nous n’en avons vu que deux de la journée (au lieu de huit). En fait, lorsqu’un professeur voit que sa classe est « prise en charge » par une autre personne, il s’en va. Quand les volontaires interviennent au sein d’une classe, les professeurs en profitent généralement (pas tous) pour esquiver leur responsabilité. Dommage, leur aide aurait été utile pourtant… Donc, journée à être plus ou moins livrées à nous-mêmes dans l’élaboration du règlement ! Non, le principal n’était pas là non plus, non… 

Le soir, c’est bureau ! Il faut écrire l’article, commencer la rédaction du règlement, faire le tri des travaux des élèves pour l’exposition de dimanche, répondre aux commentaires du blog, aux mails… Il fallait s’occuper tee-shirts pour l’association aussi. Et là, une tempête soudaine et particulièrement impressionnante… En tout et pour tout, elle a du durer une demi-heure. Il s’est mis à pleuvoir d’un seul coup des trombes d’eau, et la grêle est venue quelques secondes plus tard, nous offrant des boules de glace de plus d’un centimètre de diamètre. Le vent s’est déchainé, tout s’envolait, même la tôle de certains toits : nous avons cru que tout allait s’effondrer d’une seconde à l’autre. Puis les grêlons ont laissé la pluie faire son travail destructeur : tout était inondé en quelques minutes, les gens affolés, tout rangé, les rues étaient subitement désertes et totalement sans dessus-dessous. Nous nous sommes abritées et avons assisté à cette scène étrange avant qu’elle ne disparaisse, quelques minutes après l’agitation… puis tout est revenu à la normale : les commerçants ont repris leur activité, les touristes ont repris leur shopping et leur ballade pendant que les autres népalais jouaient à ramasser la glace parterre pour faire des batailles de grêlons !

Puis on est rentré, on a mangé une soupe de lentilles avec des toasts de fromage de yack, on a fini le « chowmein » (plat d’ici, fait de pâtes telles que des spaghettis, avec des légumes comme du chou, des oignons et des carottes, revenus ensuite dans ce liquide noirâtre qu’on appelle sauce soja…)Un petit thé, et fin de journée. Demain, la même journée qu’aujourd’hui nous attend.

 

59ème jour (mardi 02.03)

Comme prévu, une longue journée nous attendait ! Ce matin, on travaille avec la classe 1B (C.P., mais du côté des moins bons élèves : la classe 1 est séparée en deux groupes : les bons, et les mauvais…), et cet après-midi nous travaillons avec la classe 5 (C.M.2).

La matinée a été particulièrement difficile : grosses difficultés de compréhension, lacunes au niveau de la communication, et hyperactivité ! Les élèves parlent principalement le népali, parlent très peu anglais et le comprennent mal. Cette fois, nous n’avons pas eu l’aide d’un professeur, ce qui a ajouté à nos difficultés. Nous avons fini par faire appel à Basenta, le fameux homme à tout faire qui fait tout bien ! Il leur a traduit nos consignes, une fois de plus adaptées et simplifiées. Mais les élèves, cette fois, n’avaient absolument aucune idée. Rien ne leur venait. Sans doute n’avaient-ils encore pas bien compris ce que nous attendions d’eux, peut-être qu’ils n’étaient pas en mesure de réfléchir sur la question… Nos ambitions avec ce groupe se sont avérées trop prétentieuses. La peinture ensuite a été bénéfique pour eux : ils s‘en sont servi à bon escient, et ils ont réussi à exprimer certaines choses, comme l’envie d’avoir plus de jeux au sein de l’école, et de pouvoir jouer aux petits chevaux, ou au basket. C’était laborieux tout de même et leur manque d’imagination est surprenant!

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L’après-midi a été plus constructif pour le règlement en lui-même : les élèves ont eu de nouvelles idées, mais la notion d’hygiène ressort très souvent. Ils veulent une école propre, des murs aux bancs en passant par les toilettes et le sol, de l’eau, de quoi faire du sport, et travailler dans de bonnes conditions. Le respect mutuel professeurs/élèves est relevé plusieurs fois, la discipline aussi et nombreux, comme hier, sont ceux qui réclament justement un règlement, tant pour eux que pour les professeurs. D’autres idées, totalement censées, sont aussi ressorties, mais elles sont trop nombreuses pour pouvoir toutes le

s lister ! Les photos de l’exposition (exposition à la népalaise, donc n’imaginez pas les galeries d’art ok ?!) vous feront peut-être part de tout ce qui a pu émerger durant ce travail de réflexion.

Après l’école, pas d’internet au bureau, donc nous allons au cyber. Blog, mails, paperasse… l’administration de base ! Puis, nous finissons la journée dans un restaurant newar, qui n’avait plus grand-chose de newar à la carte d’ailleurs ! Au choix : de la langue, de l’estomac ou de la cervelle. Ca vous dit ? On a choisi un « vegetable burger » et des momos. Pas très newar, mais copieux, pas cher et très bon ! Nous avons même eu droit à un petit cours de cuisine après que tout soit cuisiné. Mais pour mieux comprendre comment on fait tout ça, ou d’autres plats, nous sommes invitées demain au même resto, mais en cuisine cette-fois… Atelier momo en vue, et on pourra apprendre à confectionner quelques petits plats népalais !

 

60ème jour (mercredi 03.03)

Ce matin Cécilia doit retourner à l’ambassade de l’Inde pour récupérer son visa (qu’elle n’obtiendra pas ce jour d’ailleurs) et Justine ira à l’école pour travailler sur le règlement avec la classe 2 (CE1). Nous aurons du renfort pour la matinée avec la présence d’Emilie, la stagiaire Française de l’agence de voyage de Pramod. Toujours pas de professeur dans les parages et nous n’en verrons pas pendant nos 3h d’intervention… Les élèves comprennent mieux l’anglais que la classe 1 mais nous nous apercevons que les questions posées sont tout de même trop complexes. Est-ce dû à l’absence de traducteur ou au fait qu’ils n’aient pas l’habitude de devoir réfléchir par eux-mêmes ni de laisser libre court à leur imagination ? Nous simplifions donc la consigne en leur demandant de remplir un tableau avec d’une part ce qu’ils aiment à l’école et d’autre part ce qu’ils n’aiment pas. Malgré tout nous n’obtiendrons pas de nouvelles idées, toujours autant de succès pour le sport et les jeux et quelques remarques sur la propreté douteuse de l’école… Le second exercice consiste à choisir un mot dans le tableau et à le dessiner. Encore une fois nous sommes étonnées par le manque d’imagination, ils cherchent un modèle dans leur livre ou copient leur voisin. Généralement dans une classe il y a un ou deux bons éléments qui trouvent les idées et les autres s’en inspirent grandement. Enfin pour le dernier exercice, nous leur avons demandé de dessiner « l’école de vos rêves ».

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Dans l’après midi, Cécilia revenue de son excursion à l’ambassade et Emilie retournée au bureau, nous rejoignons la classe 6, petite classe de 12 élèves (plus on monte en âge moins il y a d’élèves dans les classes). Cette fois, comme ils sont plus grands (12ans) nous avons prévu de les faire travailler en groupe, une bonne façon de les habituer au travail d’équipe et d’optimiser leur potentiel. Dans un premier, travail individuel : réflexion sur la règlementation de l’école, et sur ce qui pourrait valoriser ou améliorer l’école selon eux. Dans un deuxième temps, mise en commun de leur travail par groupe de trois, et explicitation de leurs idées. Les travaux rendus sont intéressants, comme souvent, même si leurs préoccupations principales sont dues à une relation entre une prof et le principal, ou le fait que les professeurs arrivent bourrés en classe… Ils ont profité qu’on leur laisse écrire TOUT ce qu’ils voulaient pour écrire quelques cancans ! Mais le travail au final, est de bonne qualité. Productif cet après-midi !

Depuis plusieurs jours, nous n’avons pas vu le principal, et le temps nous est compté. Alors nous décidons de lui écrire une lettre (à défaut de pouvoir communiquer verbalement). Nous lui rappelons alors tout ce que nous lui avions demandé et qui n’a pas été fait. La lettre n’est pas très sympathique, nous ne passons pas par quatre chemins, mais il faut bien que les informations passent, et que le travail soit fait à un moment donné… Nous craignons sa réaction à la lecture de la lettre peu diplomate, mais après tout, qu’importe, si cela le fait réagir…

Vers 19h nous retournons au restaurant de la veille et cette fois nous observons et participons à l’élaboration du repas depuis le départ : au menu, « momos » à la viande et « momos » végétariens. Avant de commencer on a droit à une petite assiette de soupe pour se caler car la préparation de la pâte (à base de farine de riz) est assez longue. L’atelier cuisine commence à la lueur de la bougie, nous sommes 5 dans la petite cuisine, c’est un moment de partage et d’apprentissage très sympathique et très intéressant. Les consignes sont approximatives, pour savoir quand la pâte est prête, c’est au bruit que ça fait quand on la déchire ! Ce n’est pas si facile que ça à faire les momo… Il faut le coup de main pour réussir à les fourrer et les fermer convenablement. En tout cas même si les nôtres n’étaient pas très beaux, ils étaient très bons ! Les momos ont joué le rôle d’apéritif, nous sommes ensuite allées à un autre restaurant avec Emilie et un collègue, Mickaël, pour manger un vrai bout, et tester la « Tumba » : c’est de l’orge fermenté dans un petit tonneau de bois, que l’on partage ou non avec ses amis, et dans lequel on plonge de l’eau chaude. L’eau absorbe le goût de l’orge, et cela se boit à la paille. Pas mal ! Apparemment, les jeunes en prennent un chacun généralement avant d’aller en boîte. Il faut savoir qu’avec ce tonneau, un thermos de 1,5l d’eau nous avait été apporté. Effet garanti avant de danser ! Mais nous, nous allons nous coucher.

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61ème jour (jeudi 04.03)

Aujourd’hui, nous arrivons très tôt à l’école, 7h30, car nous espérions pouvoir continuer à poncer tant que les élèves n’étaient pas arrivés. Nous voyons alors le principal, tout sourire ! Il a bien lu la lettre d’hier soir, et il s’est bien bougé… Il a pris les choses en main, fait ce qu’il y avait à faire, nous donne toutes les informations que nous lui avions demandées… Changement radical ! Dans la journée, il nous accompagnera et nous soutiendra dans nos démarches avec les élèves et les professeurs, etc. La lettre a du le bousculer un peu, et les répercussions sont très positives pour nous. Il profitera même de la cérémonie du matin, où tous les élèves et les professeurs sont regroupés, pour leur transmettre toutes les informations non transmises jusqu’à ce jour. Royal !

Aujourd’hui en revanche, c’est le jour des classes difficiles ! Matin : classe 3. Après-midi : classe 7. Un professeur nous prévient que les deux classes ne sont pas faciles à gérer avant qu’on y aille. D’ailleurs, juste une personne viendra nous aider dans la journée. Les professeurs qui devaient avoir cours avec eux ne sont pas venus, ou du moins, sont juste venus voir comment cela se passait avant de rejoindre la salle des profs pour…boire, papoter ou dormir, au choix ! Bref…

La classe 3 a eu besoin qu’une professeur leur explique en népali ce qu’est un règlement scolaire avant de pouvoir commencer l’exercice. La classe compte 27 élèves, c’est beaucoup par rapport aux autres classe, et cela leur donne la liberté de parler, chahuter ou être plus distrait. C’est moins facile, certes, mais aucun écart de conduite flagrant. Les idées qui ressortent de leur travail individuel sont à la fois nombreuses et pertinentes. Bonne productivité encore une fois ! Ensuite, chacun a du choisir puis dessiner une des idées notée au tableau (brainstorming de leur travail effectué au tableau). Les dessins sont pas mal aussi : tout le monde aime dessiner, chacun se prend au jeu. Comme dans toutes les classes, il y en a qui ne répondent pas aux consignes : tous ceux-là, quelque soit la classe ou l’âge, dessinent une belle maison, parfois avec le drapeau népalais.

La classe 7, bien que moins remplie, a été plus difficile à gérer… C’est dur l’adolescence ! Deux temps de travail : le premier, seul, le second, en groupe. Le travail individuel se passe bien malgré quelques élèves qui bavardent et rient entre eux. Mais le travail en groupe a été particulièrement difficile !!! Suite aux remarques des classes précédentes, au vu du contexte et de la culture népalaise, et étant donné leur âge, nous proposons un travail par groupe de deux : un jeune homme, une jeune fille. Mais là, c’est le drame, tout s’effondre pour eux ! Il est hors de question qu’ils puissent travailler ensemble, et personne ne peut expliquer. Un professeur arrive à ce moment-là : nous en profitons pour lui dire que nous ne comprenons pas leur réaction : peut-être qu’au Népal, cela ne doit pas se faire… (les filles et les garçons sont séparés en classe). Le professeur nous dit « Ok ! », il ferme la porte, et commence par remettre un peu d’ordre dans la classe en tapant les élèves debout, ou ceux qui n’ont pas l’air sérieux. Ensuite, il impose les paires de partenaires : telle fille avec tel garçon. Certaines sont à la limite de pleurer, d’autres ne veulent pas et restent assises (le professeur leur tirera les cheveux pour qu’elles obéissent). Quant aux « mâles » de la classe, ce sont les coups de poings dans le dos qui leur feront écouter les consignes. Nous expliquons au professeur que ce n’est pas ce que nous avons demandé : nous voulons comprendre leurs agissements, savoir si c’est culturel, scolaire, ou si c’est juste dans cette classe qu’ils sont ainsi. La réponse reste floue mais nous comprenons, par le biais des élèves, que c’est parce qu’ils ne s’entendent pas. Rien de culturel. Peut-être l’adolescence qui fait des siennes !

Le travail met donc du temps à démarrer, mais ils finissent par se faire à l’idée et travaillent ensemble. Ils doivent mettre leurs idées en commun, sont obligés de parler, de débattre ensemble et de bien présenter leur travail pour rendre un document valide pour l’exposition finale. Dur labeur pour certains, et nous demanderons à 5 d’entre eux de rester en classe une fois le travail terminé. Ils n’ont pas écouté leurs collègues, n’ont pas voulu s’investir et ont passé leur temps à perturber la classe plus qu’autre chose. Ils jouent les têtes dures lorsque nous leur demandons « Pourquoi est-ce que l’élaboration du règlement ne vous intéresse pas ? » et «  Pourquoi ne voulez-vous pas améliorer votre école ? ». Nous leur expliquons qu’il ne s’agit pas d’une punition si on leur demande de rester plus tard que leurs camarades, mais qu’on voudrait juste comprendre, et que dès lors qu’ils auraient répondu, ils seraient libres. Impossible pour eux de répondre. Nous n’aurons droit qu’à des excuses et des phrases banales que les professeurs doivent leur faire répéter lorsqu’ils ont mal agit. Dommage ! Mis à part ce petit malentendu, le travail a, là encore, été constructif, tant pour eux que pour nous.

Pendant ce temps, le ferronnier est venu rapidement avant la coupure pour réparer les pieds de la balançoire qui étaient éventrés. C’est plus solide ainsi et surtout beaucoup moins dangereux.

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Nous passons par le bureau à la fin de notre journée d’école. Tri des travaux des élèves pour l’exposition, qui n’aura finalement pas lieu dimanche, mais mardi matin : nous apprenons en effet que l’école sera fermée samedi, dimanche, et lundi… Cela bouscule notre planning, mais dans notre malheur on a de la chance : cela nous permettra d’aller à l’école sans qu’il y ait les enfants, et de finir nos peintures ainsi que l’installation du matériel tranquillement pour leur reprise mardi.

Le soir, nous allons récupérer les tee-shirts pour l’association : ils ne sont pas prêts. Alors quelques courses, et on rentre : il est peut-être 20h30.

 

62ème jour (vendredi 05.03)

Arrivée à 8h à l’école, nous avons rendez-vous avec le principal pour faire le point sur le travail effectué, le travail restant, et faire le point surtout sur les demandes des élèves. Certaines demandes, nous le savions, sont inaccessibles, comme la demande qu’il y ait une piscine au sein de l’école ! En revanche, certaines demandes paraissent évidentes mais ne sont pas d’actualité non plus, comme la demande d’eau potable ou une simple arrivée d’eau pour se laver les mains ou tirer la chasse… Le souhait de chacun a été entendu, comme nous l’avions promis. Ils sont divers, mais généralement, ils tournent principalement autour de la demande de discipline au sein de l’école ; les élèves veulent du cadre, pas des coups. Ils veulent du sport et plus de pédagogie en cours. Ils veulent des professeurs sur lesquels ils puissent prendre exemple. Ils veulent des livres à la bibliothèque, et que la bibliothèque soit accessible. Ils veulent que les meilleurs élèves soient valorisés. Ils veulent une école propre et des cours qui leur apprennent plus de choses. Plus ils sont âgés, plus ils sont motivés à avoir un avenir prometteur, et l’école ne semble pas toujours être un bon outil pour eux (après analyse des travaux rendus). La parole leur a été donnée, ils se sont exprimés : à nous de gérer tout ça !

Nous jouons le rôle d’intermédiaire entre eux et la hiérarchie, nous faisons en sorte qu’ils puissent se faire entendre, et qu’ils puissent faire connaître leur opinion. Nous pouvons améliorer leur condition physique grâce à l’achat de matériel sportif et en rénovant le terrain de sports. Nous pouvons faire en sorte qu’ils aient plus d’espaces et de matériel ludiques (rénovation du terrain de jeux extérieur, achat de matériel de dessins et de jeux). Nous pouvons remplir la bibliothèque de nouveaux livres adaptés. Et nous pouvons trouver des outils pour faciliter l’accès à certaines demandes. Par exemple, pour la valorisation des meilleurs élèves, nous élaborons une trame de diplôme que l’école n’aura plus qu’à remplir au moment voulu. Pour la piscine, l’école s’engage à mener les élèves à la piscine municipale l’année prochaine.

Pour la pédagogie des professeurs et leur motivation, nous ne pouvons rien faire de notre place. La seule chose que nous puissions changer est d’interdire que les professeurs tapent les élèves. Dans le règlement des élèves, il sera stipulé qu’ils peuvent et qu’ils doivent avertir le principal de l’école s’ils ont reçu des coups. Le professeur sera sanctionné par la hiérarchie (vu avec le principal).

Après le travail avec le principal, qui nous apprend qu’il ne sera pas là mardi pour la lecture du règlement ni pour l’exposition du travail des élèves (car il doit faire un trek, ghrr…), nous devons travailler une heure avec les classes 8 et 9 sur le règlement. Ensuite, nous partons visiter le « Palais royal », qui est aussi le « national museum », pour parfaire la culture de leur pays. Aucun élève ne connait, aucun n’y est allé. Ils semblent intéressés par cette visite… Arrivés au musée, nous prenons les entrées pour tout le monde (vingt-deux élèves et deux professeurs), et nous apprenons que le prix pour les volontaires est … 25 fois plus cher que l’entrée pour les étudiants ! Cette visite est au frais de l’association, et nous n’étions pas en mesure de payer nos places. Les élèves y sont donc allés avec les professeurs ainsi qu’un guide, et nous sommes allées travailler au bureau (re ghrr…). Nous avons ensuite été acheter les chaines en acier pour les balançoires puis avons rejoint quelques élèves à l’école pour aller se balader à Thamel : elles voulaient nous montrer les magasins tenus par leurs familles. Les échanges en dehors du cadre de l’école furent très intéressants, chacun apprenant sur le pays et la culture de l’autre. Une élève nous demanda par exemple qu’elle était notre caste ! Enfin nous terminons la soirée chez Sugita, un professeur qui nous a bien aidé dans nos projets à l’école, pour manger un daal bhat délicieux. En attendant l’heure du repas, nous étions tous (Sugita, sa fille, sa belle-mère et sa belle-soeur) dans leur petit magasin attenant à la maison, à discuter toutes ensembles, Sugita ayant le rôle de traducteur anglais-népali.  Un autre prof de l’école est passé par là avec un de ses amis et ils sont restés quelques temps avec nous à jouer de la guitare et chanter des chansons népalaises mais aussi du James Blunt ! Retour à la maison à pied et dans le noir vers 20h30 pour un repos bien mérité.

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63ème jour (samedi 06.03)

Nous arrivons à l’école à 9h ce matin et commençons tout de suite par le travail le moins agréable : finir le ponçage ! A midi nous avons enfin terminé avec cette corvée et pouvons démarrer la peinture (après un daal bhat, évidemment…). On attaque les panneaux de basket et c’est sportif ! L’échelle n’est ni droite ni stable, le panneau est branlant, donc l’une doit maintenir l’échelle pendant que l’autre peint en hauteur. Ensuite, nous repeignons la marelle pour qu’elle ait des traits et un aspect plus attrayants, et nous commençons la peinture du terrain de sports. Le problème, c’est que nous n’avons pas de matériel adapté : et quand c’est comme ça, tout est long, pénible et le résultat n’est pas à la hauteur du temps que nous passons dessus. Les traits paraissent bâclés malgré nos efforts de présentation, car nous faisons tout cela au vieux pinceau !

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Après six heures passées à l’école, nous rejoignons le groupe de musique pontivien « Kerlenn Pondi » à leur hôtel. Il s’agit d’une association regroupant des musiciens et des danseurs de danse folklorique traditionnelle bretonne. Ils sont là pour le cinquième festival de musique folklorique du Népal, et ils nous ont aidé à acheminer un carton de fournitures scolaires pour l’U.R.S.A. Major Children’s Academy, carton d’une vingtaine de kilos. Nous prévoyons leur venue au sein de l’école le dimanche 14 mars, pour une visite des lieux et sans doute une petite démonstration/initiation musicale avec les élèves. Quelques échanges et un verre de coca plus tard (c’est bon le coca au Népal !), nous allons déposer le carton à l’école, et retournons à la maison.

Nous mangeons, profitons de l’électricité pour faire deux machines, et finissons l’article que vous lisez… bonne nuit les petits !







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