C'est quand la vague bleue, le passage de la palombe ?

Pourquoi un oiseau venu du Nord et dédaigneusement appelé pigeon, devient-il noble palombe en passant la Loire et déchaîne-t-il autant les passions dans le Sud-Ouest ? 

A la Saint-Luc, lou gran truc, avait-on l'habitude de dire autrefois en référence au pic migratoire des palombes à la mi-octobre.
A la Saint-Luc, lou gran truc, avait-on l'habitude de dire autrefois en référence au pic migratoire des palombes à la mi-octobre.

Entre acquis culturels et des traditions régionales, c’est le mois bleu de la palombe. Au sommet de pylônes bâtis sur les chênes, à l'affût dans les cols du Pays Basque comme dans les Landes, en octobre, les chasseurs guettent les vols bleus, et si les palombes se font plus rares, la passion est toujours là !

Les palombes survolent la France pendant l’automne pour leur descente sur les zones d‘hivernage, et remontent au printemps, toujours sur le sol français, pour regagner leurs zones de reproduction. Certains de ces oiseaux ne font que passer, et d’autres s’installent pour des périodes plus ou moins longues. Il est donc difficile de comprendre les mouvements de ces palombes qui se déplacent à l’intérieur de nos terres.

La palombe occupe une place spéciale dans la culture de nombreuses régions où elle est présente. Elle est souvent associée à la saison de la chasse, notamment en France, où la chasse à la palombe est une tradition ancestrale. De plus, la palombe a été célébrée dans la littérature, la poésie et l'art au fil des siècles, en raison de sa grâce et de son élégance.

Comment reconnaître la palombe ?

La palombe (Columba palumbus) est un pigeon reconnaissable à son plumage caractéristique. Elle peut avoir la taille d'une buse avec environ 40 cm de longueur et une envergure d'ailes d'environ 75 cm. Le mâle est plus petit que la femelle. Son plumage est principalement gris-bleu avec une bande blanche sur le cou et une tache blanche distinctive sur le côté du cou, formant une sorte de "collier." Les ailes de la palombe sont bordées de blanc et affichent un motif de croix lorsqu'elles sont déployées. Elle a également un petit bec noir et des yeux rouges vifs.

D'où viennent les palombes ?

L'un des aspects les plus fascinants de la palombe est son comportement migratoire. Chaque année, des milliers de palombes quittent leurs aires de reproduction en Scandinavie au nord de l'Europe et aussi au Nord de la Russie, pour se rendre dans des régions plus chaudes, notamment dans le sud de l'Europe et en Afrique du Nord. Ce voyage migratoire peut couvrir des milliers de kilomètres et implique souvent des vols en formation spectaculaires. Les palombes sont également connues pour leur capacité à naviguer en utilisant le champ magnétique terrestre. Elles évitent le massif central pour emprunter le couloir des landes et du Pays basque, lieu de passage en point bas des Pyrénées.

C'est quand la migration des palombes ?

Le passage des palombes, également connu sous le nom de "migration des palombes," varie en fonction de la région et des conditions climatiques. En général, la migration des palombes dans le sens nord-sud pour s'éloigner du grand froid  a lieu à l'automne, en particulier au mois de novembre, mais cela peut varier légèrement selon les régions.

Le "passage ou la vague bleue de la Saint-Luc" est une expression populaire qui fait référence à une période de temps sec et ensoleillé qui se produit généralement à la fin du mois d'octobre, autour du 18 octobre. C'est plutôt une tradition folklorique où cette période est caractérisée par une accalmie météorologique après une période de temps plus instable et pluvieux à l'approche de l'automne. Il n'a pas toutefois de signification météorologique scientifique précise. La météo devenant très changeante, elle peut varier ainsi d'une année à l'autre et d'une région à l'autre.

Anecdotes sur la chasse aux palombes

Cyril de POEY-LESCAR (64) nous donne des éléments de réponses dans un témoignage mis en ligne sur Palombe.com

J'aime la palombe : parce que je suis né dedans ; depuis que je sais marcher je vais à la palombière de mon père (qui se trouve en vallée d'Ossau), qui m'a tout appris. C'est donc la tradition familiale. J'aime la camaraderie entre hommes, se lever tôt le matin, arriver dans la forêt alors que la nuit est encore là, tout préparer dans la nuit et voir l'aube se lever au fur et à mesure que notre travail de mise en place se termine. Palombe : la vague bleue attendue dans le Sud-Ouest

C'est partager la beauté du paysage, le temps des champignons et des châtaignes, les bons repas, les histoires sans cesse ressassées des vols d'antan et des grands coups de naguère, bien évidemment les vols (ou le seul vol !!) du jour, des actions de chasse toujours uniques avec chaque geste disséqué mille fois une fois le vol reparti, les actions de chasse ou simplement l'attente sous un superbe ciel (mais parfois nuageux, venteux ou pluvieux). 

C'est donc se retrouver entre amis, parents autour de ce bel oiseau qui passe du matin au soir. c'est bien évidemment (hélas !) tuer l'oiseau (mais c'est la dernière phase de toute cette beauté, et certainement pas la plus belle, un peu comme la mise à mort du taureau dans l'arène : on l'attend, mais elle ne nous ravit pas).

Il faut avouer qu'à l'origine la chasse de la palombe était d'abord une source de revenus et de compléments alimentaires. Aujourd'hui, les besoins ne sont plus les mêmes, et la chasse de profit a laissé place à la chasse de loisir. Les méthodes sont les mêmes et sont devenues au fil des ans des acquis culturels et des traditions régionales. L'objectif, on l'a donc vu, n'est plus de capturer massivement des oiseaux. Qu'est-il donc alors ?

Pourquoi ces hommes passent-ils leur temps libre et leurs jours fériés à préparer la palombière tout au long de l'année ? Pourquoi ces hommes prennent-ils leurs vacances au mois d'Octobre pour capturer une cinquantaine d'oiseaux qu'ils trouveraient facilement dans les rayons surgelés des grandes surfaces en directe provenance de Grande Bretagne ? Qu'est-ce qui anime cette petite flamme bleue dans l'œil de chacun de nous lorsqu'on aperçoit LE premier vol de la saison ? Pourquoi cette fièvre, cette maladie bleue, .... cette "palombite" ?

C'est rentrer fatigué le soir, poindre le bout du nez dehors avant d'aller se coucher en espérant que le ciel sera bleu le lendemain, attendre fin Septembre en frissonnant et en quêtant le premier qui dira : "elles sont arrivées ! quelqu'un en a vu à tel endroit !". Puis hélas Novembre, les derniers jours qui se révèlent car plus rien ne passe, alors il faut tout ranger, tout plier pour l'année suivante, qu'on attend maintenant plus facilement en allant les admirer dans les réserves (cela rend l'attente d'Octobre plus supportable!).

Palombe : la vague bleue attendue dans le Sud-Ouest

C'est aussi guetter tout ce qui se dit, s'écrit, se fait, se filme, se chante ou se photographie sur elle, car la palombe ne peut être qu'une fièvre, qu'une maladie, qu'une maîtresse quasi exclusive qui la rend "royale" (car royale est sa chasse, si prenante, si exigeante en temPalombe.comps, énergie, voire dépenses), si aimée dans le coeur des hommes de ce Sud-Ouest qu'elle incarne tant qu'il faudrait qu'elle en devienne le symbole vivant ! C’est donc la chasse royale de l'oiseau-roi car seule elle demande et donne autant de passions, d'amours, de fièvres, souvenirs, espérances, déceptions et  joies, bref le BONHEUR !!!"

Sources Palombe.com