Le Tour de l’Aubrac en 9 jours

Vaste plateau situé au sud du Massif Central, l’Aubrac est « à cheval » sur 3 régions et 3 départements : la Lozère, l’Aveyron, le Cantal.
Alors que l’été ensoleille la Vallée de la Loire, Alain s’applique à préparer le matériel de randonnée : Bâts, sacoches… Pacha et Coco se tiennent à deux pas, dans leur pré : ils voient passer les objets qui symbolisent les vacances et la liberté. Ils regardent Alain fixement, comme pour lui signifier : « alors, on y va ? »
Ainsi, le 11 juillet 2006, Coco et Pacha, montent dans le van pour un voyage de 2h30 environ
Vers 18h, arrivés à Aumont Aubrac, ils sautent enfin sur l’herbe ! L’aventure pourra alors commencer le lendemain… pour 9 jours et 180km environs.

Mercredi 12 juillet 2006
Aumont Aubrac – Le Gibertès : 24 kms

Aumont Aubrac (1050m d’altitude) se situe sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Ce joli petit bourg abrite des maisons coiffées de toits de lauze.
A 8h, la température s’élève déjà à 23,25°C. Enfin libres, nous bouillons de marcher. Tout est prêt ! L’itinéraire, les réservations, les baluchons…
Il est temps de transformer nos 2 baudets en porte-bagages.
Perché sur ses pattes à 1,15m d’altitude, Coco attend, placide. Je prépare les sacoches : « c’est prêt » dis-je. Alain prend grand soin de régler le harnachement avec attention.
« Et moi, ne m’oubliez pas » pense Pacha.
Tour à tour, nos 2 ânes sont chargés de bagages et victuailles. Ils semblent heureux de ce nouveau départ. Ils marchent d’un bon pas, oreilles en bataille. Nous montons lentement (et la température aussi) dans un sous bois de pins.
L’après-midi, l’orage éclate, et nous avons « les pieds dans l’eau ». Arrivés à Trémouloux, ouf, nous pouvons nous abriter dans un garage.
« La pluie semble s’arrêter, il reste encore 6 kms, on y va » dit Alain.
Par un chemin goudronné, nous descendons jusqu’au Château de la Baume, magnifique demeure construite en 1630.
Ensuite nous arrivons enfin au gîte du Gibertès (1151m d’altitude).
Coco et Pacha sont libérés de leur charge et, heureux, ils gambadent jusqu’au pré tout proche. C’est la fête, que l’herbe est bonne ! Et hop, une, deux roulades toutes pattes en l’air !
Pour nous, l’accueil au gîte sera très chaleureux ; nous goûterons la compote à la rhubarbe.
Puis un dernier regard vers les « moutons » et nous plongeons dans le sac de couchage

Jeudi 13 juillet 2006
Le Gibertès – Les Rajas : 19 kms

L’orage a rafraîchi l’atmosphère. Le ciel est d’un bleu immaculé.
Nous traversons, sereins, un bois où dominé le hêtre.

Pacha qui randonne souvent sans être attaché n’oublie pas çà et là ses feuilles de route : « quel délice ! » pense-t-il.
Nous écoutons « radio-oiseaux », nous ressentons le bonheur simple d’être en chemin, ouverts à toutes les émotions et méditations
Après le village de la Blatte, nous traversons un ruisseau surmonté d’un joli pont romain.
L’ascension au Plo de Grail (1375m) est assez sportive.
Le panorama est grandiose : d’immenses plaines vallonnées où paissent paisiblement depuis des siècles, de belles reines froment aux yeux noirs, aux cornes hautes et fines en forme de lyre aux jambes courtes et à la croupe large, dénommées « Aubrac ».

« Quelque part sur terre …. ».

Comme l’orage menace, nous parcourons 16 kms, afin de nous rapprocher du Hameau de Bonnecombe.
Le mini pique-nique sous les arbres se fera sans suite, à cause de l’orage qui menace, quel dommage ! Heureusement, nous trouverons un abri dans une auberge proche.
Dans les prairies, l’eau est devenue abondante. Le Bès, naît près des Rajas, sous la forme d’un ruisseau.
Juste avant l’arrivée au buron, notre grand berrichon Pacha fait « un plouf » de ses 4 pattes : « J’ai peur, j’ai de l’eau jusqu’au ventre, quel cauchemar, Alain aide-moi. »
Notre âne-baroudeur s’en sort bien ! J’aperçois le buron, bâti sur un site remarquable : blotti contre d’énormes « bols » de granit couchés comme des dolmens.
Vite débatés, Coco et Pacha vont brouter toute la nuit sous les étoiles …
Au gîte, quelle agréable surprise : une douche fonctionne au gaz !
Dans la salle à manger, 21 randonneurs affamés vont faire honneur au repas, dans une ambiance très conviviale !
Puis fatigués et repus, nous nous glissons dans nos sacs de couchage.

Vendredi 14 juillet 2006
Le buron des Rajas – Saint-Chély d’Aubrac : 18 kms

Réveillés en pleine forme à 6h30 après une nuit à 1330m d’altitude, nous contemplons le lever du soleil. Le spectacle est grandiose, calme et ennivrant.
Le sentier traverse d’immenses collines parsemées de burons.
Nous entrons dans la forêt et au devant sur le sentier, Pacha dresse les oreilles : « est-ce un rêve, des bêtes marrons avec 1 grosse bosse, je m’approche, j’en renifle une, oh, elle claque les babines ! Je dois avoir de la fièvre à cause de la canicule ! »
« Des chameaux en ballade en Aubrac » dit Alain.
Près du village des Enfrux, nous repérons un joli site près d’une marre : enfin un repos pique-nique bien mérité ! Nos ânes goûtent même sur 3 pattes au délice de la sieste …
Vers 16h, après une longue descente, sous un soleil ardent, nous distinguons Saint-Chély d’Aubrac (792 m d’altitude).
Quelques enjambées, une traversée sur le joli pont romain de la « Boralde de Poujade » (passage de nombreux pèlerins) et nous arrivons au gîte communal. Il est situé au-dessus de l’office du Tourisme (situé dans une bâtisse du 18ème siècle avec de magnifiques salles voûtées). Une dame d’une extrême gentillesse, va nous aider pour trouver le pré communal.
« Viens Pacha, j’ai trouvé plein de chevaux, on va faire la fête toute la nuit, dans une immense prairie qui surplombe la rivière. Et en plus, c’est chouette, sous un ciel parsemé d’étoiles … Bonne nuit » semble dire Coco.

Samedi 15 juillet 2006
Saint-Chély d’Aubrac – Le Vayssaire : 20 kms

Saint-Chély d’Aubrac : mon coup de cœur pour le plus joli village traversé en Aubrac

Après un bon petit déjeuner et munis de nos paniers pique-nique, nous voilà parés pour quelques heures de marche. Il reste à poser les bâts sur nos ânes, puis à charger nos bagages. Chapeau sur la tête, porte-cartes en main, gourde remplie, allez en route ! Et c’est de nouveau l’aventure. Nous grimpons dans la forêt et surprise : la grotte d’Enguillens. Elle servit de refuges à des résistants pendant 1 an et demi. Dans la grotte aménagée en cuisine, la chèvre Dudule fournissait le lait !
Au gré de cette magnifique ballade, nous picorons des framboises. Nous franchissons à gué un ruisseau, Coco et Pacha se désaltère,
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Alain mouille sa casquette. Il fait toujours une chaleur caniculaire.
Un peu plus loin, Pacha se bloque devant sol humide et mouvant : souvenir du dernier bain ? L’âne a de la mémoire ! Alain le fait bifurquer, tout va bien, Pacha lance a le regard rassuré.
En fin d’après-midi (6h de marche), nous accédons au gîte du Vayssaire. C’est notre première journée sans orage ! Le repas est à la fois copieux et délicieux avec ses spécialités aubracoises : charcuterie, farçou, gratin au cantal. La patronne est fort aimable et l’ambiance chaleureuse. La soirée sera rythmée par la guitare et les chansons d’un groupe d’Avignon.
Avant de fermer nos paupières, nous admirons les lumières de Rodez, toute proche, à vol d’oiseau.
Ce soir, nous dormons plus au sud, en Aveyron …

Dimanche 16 juillet 2006
Le Vayssaire (1086m d’altitude) – Saint-Urcize : 23 kms

Il fait chaud, très chaud pendant ces heures de marche sur le goudron brûlant.
« J’en ai plein les pattes », pense Coco.
« J’en ai marre, vivement les vacances », se dit Maryse.
« J’en ai plein les sacoches », braie Pacha.
Au bout d’une bonne heure, nous traversons Laguiole (6 siècles de coutellerie), un joli bourg animé par la coutellerie depuis 6è siècle. Des négoces s’égrènent au fil des ruelles. Le passage est remarqué par les nombreux touristes.
L’ascension se fera en 4 heures jusqu’à Pra Selves (1304 m d’altitude) sous un soleil de plomb !

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Alain ne cesse d’ouvrir et refermer les portes de multiples pâturages. Il faut même démonter une clôture de fils de fer barbelés pour éviter de se trouver nez à nez avec un taureau ! Il doit peser environ 1 tonne !
Après le pique-nique, le ciel s’assombrit, s’accompagne d’éclairs géants. Vite, vite, il faut faire de grandes enjambées.
« Allez Coco, allez Pacha : ARRRRR », dit Alain en roulant les ’’R’’ comme au Maroc.
« Dépêche-toi Maryse, il faut sortir de ce couloir de lignes électrique, c’est dangereux si çà pète ! »
Nous marchons très très vite malgré la fatigue … J’ai la frousse, pourvu qu’on arrive au village avant la pluie !
Mon pauvre petit Coco, chargé , essaie de trottiner malgré son gros fardeau.
Mon grand Pacha, exténué, semble tout déhanché !
Les éclairs se multiplient … On aperçoit le village de Saint-Urcize après la descente … vite … vite , le ciel semble se déchirer ! L’orage éclate et, de justesse, nous réussissons à nous abriter sous un balcon. Dans la minute suivante, après un grand coup de canon, (fort heureusement nos ânes ont déjà eu « le baptême du feu » à la Fête du Roi l’Oiseau en septembre dernier) dans un bruit métallique, des éclats sont projetés devant nous sur le rue.. Une sirène retentit, puis suit un deuxième coup de foudre. C’est impressionnant !
Coco et Pacha n’ont pas bougé d’un poil ! Nous avons eu de la chance !
Après l’orage, nous nous approchons du gîte, logé dans l’ancienne chapelle. Nous libérons nos 2 baudets. Pour la nuit, un agriculteur nous prête gentiment un immense pré en friche. Quelle aubaine !
Pour Alain et moi, le réconfort sera synonyme de repas du soir, chez François. Le menu sera composé d’aligot (avec des fils plein les moustaches) , accompagné d’un pavé de bœuf (d’Aubrac, bien sûr) succulent, le tout arrosé d’un petit vin rosé. Dans la chapelle, près du Bon Dieu, nous dormirons à deux seulement …les anges passent….

Lundi 17 juillet 2006
Saint-Urcize (1113m d’altitude) – La Chaldette (1002m d’altitude) : 18 kms

Au lever, l’air est léger comme une fleur. Après le petit déjeuner, Pacha et Coco nous attendent : « Allez Coco, allez Pacha, on y va », dit Alain.
Toujours avec beaucoup de patience, nos « Cadichons » se laissent toiletter comme chaque matinée et soirée : brossage, curage des pieds, lotion anti-parasitaire, sans oublier les caresses. Les sacoches sont chargées : en route !
A Recoules d’Aubrac, nous remarquons la belle église romane du 17ème siècle, avec, à ses côté, le cimetière.
Aux environ du village, est plantée une croix sculptée en granit. Il s’agit de « la Croix des Morts ». Autrefois, on avait coutume d’emporter les morts à dos d’homme jusqu’à l’église. Celle-ci était souvent très éloignée du domicile d défunt. Ces croix marquaient l’endroit où les porteurs pouvaient poser la bière et se relayer.
Ensuite, nous accédons à Pont de Gournier. L’itinéraire franchit un pont qui enjambe le Bès (affluent de la Truyère). Le panorama est grandiose. Nous traversons plusieurs ruisseaux aux eaux translucides et fraiches. Pacha et Coco aiment s’y désaltérer. Alain mouille sa casquette.
En fin de matinée nous randonnons sur les crêtes, chauffés par le soleil.
Par crainte de l’orage, nous faisons l’étape sans arrêt pique-nique.
La Chaldette abrite une jolie petite station thermale où coule le Bès. Après le pique-nique savouré en toute tranquillité à l’intérieur du gîte, j’en profite pour faire trempette dans la rivière. L’eau est à 20°C environ, quel délice !
Nos 2 ânes ont une bonne pâture, près de la maison, face à la rivière. Ils lient connaissance avec un petit chaton gris – blanc, heureux d’avoir trouvé de la compagnie. Le matin, il sautera sur le dos de Coco, impassible ! Il aurait souhaiter partir avec ses nouveaux compagnons.



Mardi 18 juillet 2006
La Chaldette – Fournels : 20 kms

Nous quittons la station thermale tôt le matin, toujours par crainte de l’orage. Nous passons devant un magnifique four banal. Dans chaque village, le four était utilisé 1 fois par mois. Chaque famille faisait cuire des tourtes et des fougasses.
Et hop, une grimpette : nous dominons la vallée verdoyante, c’est splendide !
Le chemin nous conduit au Rocher du Chylaret (ancien volcan). Sur le conseil de randonneurs, nous faisons un détour d’1 km à Saint-Juéry.

Saint-Juéry (931 m d’altitude) : mon coup de cœur pour le pique-nique
C’est l’un des plus beaux villages qui enjambe le Bès. L’église est remarquable par sa tour surplombant la rivière.
Nous installons notre sacoche de casse-croûte au bord de l’eau : un rêve ! Le ciel est d’un bleu limpide. Les doigts de pieds « en éventail », nous apprécions cette pause dans un site aussi pittoresque.
A proximité, de l’eau fraiche coule dans l’abreuvoir : Coco et Pacha apprécient l’apéritif eux aussi !
En fin d’après-midi, nous apercevons le magnifique château de Fournels (960 m d’altitude) : maison forte de la baronnie d’Apcher, puissant, puissants seigneurs du Moyen-Age.
Puis, nous prenons le souper chez « Tintin ». Couchés à 21h, l’ancienne cure reconvertie en gîte va nous assurer un sommeil long et réparateur !

Mercredi 19 juillet 2006
Fournels – Fau de Perre

Après le petit déjeuner, nos ânes nous attendent dans le pré, fidèles au poste, comme chaque matin.
Prêts pour une petite étape, nous prenons la direction de Thermes, un joli village situé sur une butte à 1140 m d’altitude.
Exceptionnellement, ce matin, le ciel bourgeonne et la température n’est pas caniculaire. De plus, les sous-bois nous ombragent. Le sentier est facile et bien balisé. Nous picorons des framboises.
Puis nous marchons, marchons … Alain s’impatiente : tous les prés sont clôturés. Finalement, harasser de fatigue, 1 km avant l’arrivée, nous franchissons une clôture : vite, vite, casse-croûte et dodo ! Le ventre plein, nous pouvons enfin nous adonner au plaisir de la sieste. Même Pacha va s’allonger, et Alain à son tour, dort près de son « gros doudou ».
Le soir, nous souperons au restaurant de Fau de Perre, réputé pour sa riche gastronomie, excellente pour les randonneurs.

Jeudi 20 juillet 2006
Fau de Perre – Aumont Aubrac : 10 kms
Dernier matin de la randonnée,entre Aubrac et Margeride :9h sonnent au clocher « peigne » de Fau de Perre. Il fait beau dehors et dans notre cœur .L’étape est courte.
A Aumont - Aubrac un commerçant nous indique un joli bois de pins sylvestres. La grimpette est raide. A la fontaine, nous remplissons les gourdes ; Dernier déjeuner, le soleil éclaire la table posée sur l’herbe. Coco, par l’odeur alléché, s’approche « Hum, c’est bon, du melon ! » pense t’il. Le cou s’étire et nous lui donnons les restes du ½ melon. Cela nous amuse beaucoup.
Gentils ânes, heureux près de leurs maîtres et toujours près à les suivre pour d’autres aventures…..

Le tour des monts d’Aubrac en ce beau mois de Juillet 2006 a été ponctué de souvenirs inoubliables : la gentillesse de ses habitants, une riche gastronomie, des villages pittoresques baignés par des rivières, des paysages grandioses, …

« On y trouve les plus beaux matins du monde » Nicolas Hulot
Maryse et Alain ,Pacha et Coco

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