Historique

Voici les résumés d'études ou de dépêches placées chronologiquement. Ils permettent de voir l'évolution des pensées sur l'organisation et le rôle attribué à  la Place d'Albertville. On peut aussi suivre les coûts des différents ouvrages  et l'effort financier pour leur entretien et leur modification jusqu'à 1920.

Bref résumé.

Annexion de la Savoie par la France 1860.
Guerre Franco-Prussienne, juillet 1870-janvier 1871.
Reconnaissance des Alpes en septembre/octobre 1871, le général Séré de Rivières étudia les possibilités défensives de la Savoie.
Exposé du système défensif "Séré de Rivières" le 20 mai 1874 devant le Comité de défense.
Début des travaux aux environs de 1875 pour la place d'Albertville.

Contexte politique.

Suite à sa victoire sur la France en 1871, le Reich allemand devint le meneur de jeu en Europe continentale et se fut autour de lui que les alliances se recomposèrent contribuant à un isolement politique durable de la France.
Le royaume d'Italie devient donc un adversaire potentiel par le jeu de ces alliances.

Note de la direction du génie de Grenoble sur la position d'Albertville (10 août 1873).

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Résumé des différentes positions que l'armée devrait occuper pour y créer la place centrale du système de défense de la Savoie.

Déjà lors des reconnaissances de 1861-1862, la position d'Albertville avait attirée l'attention des inspecteurs généraux du génie.
Il ne semblait pas que leur intention était de créer une place considérable sur ce lieu, mais tout simplement un ouvrage sur le plateau de l'Etraz
au dessus d'Albertville.


Pour que cette place puisse servir de base au futur système de défense, il faudrait qu'elle cumule les avantages suivants :

  1. Être capable d'une résistance "moyenne"
  2. Interdire toute communication dans son rayon d'action
  3. Être suffisamment importante pour que l'ennemi ne puisse la négliger
  4. Empêcher l'usage des voies de communication environnante en combinant son action avec d'autre point fortifié ou en servant de point d'appui à des troupes, ayant pour but de les neutraliser
  5. Servir de base logistique pour les troupes opérant autour
En regardant la carte on s'aperçoit vite que l'occupation d'un ou plusieurs points situé sur le contrefort repéré par la reconnaissance de 1864 ne suffirait pas pour remplir les conditions ci-dessus.
De plus il faudrait occuper les sommets environnant, autrement les troupes cantonnées dans la plaine seraient à la merci d'un ennemi établit sur les hauteurs.

Ouvrages à prévoir pour la Place.
  • Un ouvrage sur la pointe du Tal
  • Un autre à Château Vieux
  • Un troisième sur la croupe sud du Cornillon
  • Un quatrième à la pointe de la Tête noire
  • Un dernier aux Granges Gorin
Grâce à ces ouvrages, Albertville deviendra un camp retranché apte à assurer la logistique pour de nombreuse troupes opérant contre les colonnes ennemi qui auraient pénétré dans nos vallées.
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Positions envisagées en 1873 avec les voies de communications de l'époque.

Mémoire sur le projet de la Place d'Albertville (7 octobre 1874).

Rôle de la défense de la Place d'Albertville.

Elle peut se résumer comme il suit :
S'opposer à la jonction de deux colonnes arrivant d'Italie par les cols du Petit St Bernard au débouché de la Tarentaise et du Mont Cenis au débouché de la Maurienne.

Pour la défense du débouché de la Tarentaise.
  • Le noyau de la défense est le plateau du Tal, l'arête de Villard-dessous est nettement indiquée pour l'installation d'une solide batterie retranchée et pouvant servir de réduit à ce secteur. Elle sera épaulée aux Granges par une batterie en terre, plus des abris. De plus les mamelons et replats autour pourront servir à l'installation de batteries mobiles.
  • Pour s'opposer au contournement de la place en cas d'une pénétration du côté de Roselend, il faut établir sur le mamelon de Lestal en face du col de la Forclaz un fortin. Il sera chargé d'interdire le passage par ce col ou par les gorges de l'Arly. 
  • Il faudra établir une position sur le Tal pour relier les deux positions précédentes, en installant sur le point culminant un fortin. De plus une batterie avec abris voûtés sera positionnée en face du débouché du Doron et de la route de Beaufort sur la position de Lançon.
  • En plus de ces ouvrages il faudra installer une batterie à Conflans, destinée à refouler l'ennemi en Tarentaise et un fortin à Farette destiné à la protéger.
  • Plus toute une série de route reliant ces ouvrages et permettant une retraite des unités.

La somme prévue pour la défense de l'Isère est de 6 millions de francs, dont la moitié pour la Place d'Albertville.
Compte tenu des imprévus lors de la construction, la répartition de l'argent se fera ainsi :

Cout évalué pour le projet en 1874

Ouvrages Cout en francs année 1874 (prévision) cout en euros constant année 2008
Batterie de Villard-dessous  200 000 732 000
Batterie des Granges 100 000 366 000
Batterie de Lançon 40 000 146 000
Fort de Lestal 700 000 2 562 000
Tall 510 000 1 867 000
Batterie de Conflans 100 000 366 000
Fort de Farette 350 000  1 281 000
Routes et chemins d'accés 335 000 1 228 000
Frais de bureau et de surveillance 35 000 128 100
Acquisition de terrain 213 000 780 000
Total 2 583 000 9 470 000

Dépêche du Ministre de la guerre relatif au projet de la Place d'Albertville 8 juillet 1876.

La base de la défense est toujours la forêt du Tal.

Les ouvrages destinés à la défense de la rive droite sont :
  • Le fort de Lestal, en charge d'interdire le col de la Forclaz, la vallée du Haut-Arly et celle de Faverges. Il est en cours de construction, il peut déjà recevoir les 12 canons de sa batterie basse.
  • La batterie de Lançon, elle doit contrôler le débouché du Doron et la route de Beaufort, l'ouvrage est terminé et peut recevoir ses 16 canons.
  • La batterie des Granges, face à la vallée de l'Isère. Elle est terminée et peut recevoir ses 28 pièces.
  • Le fort de Villard-dessous en cours de construction, sans doute terminé pour 1877. Il sera armé de 12 pièces.
  • Le fort de Tamié, il domine la vallée allant du col du même nom jusqu'à Faverges, son rôle est d'empêcher la Place d'être tournée, de plus il peut servir de base d'opération et de ravitaillement et de réduit si la place tombait. Les travaux ne sont pas commencés.

Pour la rive gauche :

Ces ouvrages ont pour but de surveiller la vallée de l'Isère, la route nationale 90 et la vallée de Beaufort. Ils assurent de plus le rôle de bases d'opérations aux troupes servant entre Beaufort et Roselend.
  • Les batteries de Conflans sont terminées, elles doivent battre la vallée de l'Isère, elles sont organisées pour recevoir 14 pièces.
  • Le fort du Mont, il doit empêcher l'installation de batterie sur les hauteurs d'Albertville, il doit recevoir des pièces sous casemates pour son front de tête. Il n'est pas  commencé pour le moment.

Autre ouvrage construit pour la Place :

  • La caserne B, elle est terminée et peut recevoir un effectif de 418 hommes.

Sommes déjà dépensées ou provisionnées :

Dépenses engagées en 1877

Nom de l'ouvrage Cout en Francs Date de fin de construction
Fort de Villard-dessous 328 000 Prévu pour 1877
Batterie des Granges 70 000 Fini en 1876
Batterie de Lançon 40 000 Fini en 1876
Fort de Lestal 700 000 Prévu pour 1877
Routes et chemins stratégiques 480 000 En cours
Batterie de Conflans 55 000 Fini en 1876
Caserne B d'Albertville 275 000 Fini en 1876

Chronologie de la construction des ouvrages.

Place d'Albertville

  • Début 1875, construction des batteries des Granges, Lançon, Conflans et de la plupart des routes et chemins d'accès à ces ouvrages. Le tout sera fini en 1876.
  • Construction du Fort de Villard-dessous 1875-1878.
  • Construction du Fort de Lestal 1875-1878.
  • Fort de Tamié 1876-1881.
  • Fort du Mont bâti entre 1877 et 1881.
  • Blockhaus du Laitelet et des Têtes 1883.
  • Blockhaus de l'Alpettaz 1888.

Ensemble de Chamousset 1875-1884

Bourg St Maurice 1890-1900

Ensemble de St Michel de Maurienne 1886-1908

Ensemble de Modane 1885-1908

Etat des dépenses faites pour les ouvrages au 2 septembre 1920.


Total des dépenses jusqu'en 1920

Nom de l'ouvrage Dépense faites en Francs  Euros constant année 2008
Fort de Villard-dessous 799 300 2 933 000
Batterie des Granges 99 000 363 000
Batterie de Lançon 51 000 187 000
Fort de Lestal et sa batterie annexe 1 438 000 5 272 000
Batterie de Conflans 136 600 501 000
Fort du Mont 1 411 000 5 173 000
Fort de Tamié 855 400 3 136 000
Blockhauss de l'Alpettaz 61 700 223 000
Blockhauss du Laitelet et des Têtes 79 600 292 000
Total 4 931 900 18 077 000


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