jeudi 17 avril 2008

25ème Rencontre Annuelle des Musulmans de France Thématique - Famille : Réalités et défis

La famille, cellule de base de la société, est certainement l’une des structures qui a eu à relever le plus de défis au cours des dernières décennies.
Ainsi, depuis plusieurs années, des changements conséquents se sont opérés sur la cellule familiale :
Sa définition est sans cesse revue et corrigée et des spécificités sont à chaque fois rappelées : famille recomposée, famille monoparentale, famille « traditionnelle », famille adoptive….
Elle se réduit à la cohabitation de deux générations. Les grands parents qui assuraient la mixité intergénérationnelle vivent aujourd’hui, pour beaucoup d’entre eux, seuls ou dans des structures professionnelles adaptées pour y passer leurs derniers printemps...
Dans notre société, le mariage est de plus en plus déconsidéré. Parfois, il se réduit à une formalité purement administrative. Le divorce ne cesse de progresser, ses répercussions négatives sur les enfants et sur la société sont indiscutables, et les causes en sont multiples…

Le PACS a été institué comme une nouvelle modalité de contrat dans un couple. Si l’on se réfère au nombre grandissant de PACS contractés pour prouver son succès, il est tout de même important de rappeler que ce succès est dû à la facilité avec la quelle ce pacte se défait. À l’union sensée être engagée « pour le meilleur et pour le pire », on préfère un autre mode de contrat qui démarre dès le début avec l’intention de ne pas s’engager. Rien ne semble donc remplacer la charge solennelle et affective que revêt le mariage.
Malgré les difficultés auxquelles ne peuvent échapper les couples mariés, le mariage constitue un cadre indispensable pour fonder une famille ; il permet au couple de s’engager dans l’entraide et la confiance mutuelles.
L’islam fait du mariage le seul moyen de relation intime, et dont le but est à la fois la recherche du bonheur conjugal, et l’édification d’une famille.

Aussi, le problème de filiation se pose de plus en plus dans notre société. Nul doute qu’un enfant a besoin de ses parents. Même s’il n’a pas pu vivre avec eux, on ne peut lui ôter le droit naturel et inaliénable de se reconnaître comme descendant d’un père et d’une mère identifiés.
Le lien génétique est irremplaçable. Les parents ne peuvent, sans conséquences dommageables, laisser libre cours à leur propre désinvolture, aux dépens des générations futures. Celles-ci ont besoin de référents solides pour affronter la vie avec assurance.

Alors que certains acteurs politiques et observateurs s’en prennent aux parents quant aux problèmes générés par leurs enfants, on ne cesse de remettre en cause l’autorité parentale. Celle-ci, sans être synonyme d’autoritarisme, doit être préservée pour que soient données aux enfants les règles du vivre ensemble. La famille reste la matrice indispensable à l’épanouissement des enfants et à leur intégration dans la société. L’éducation reste une mission capitale de la famille.
L’école, certes, apporte beaucoup dans la construction personnelle de l’enfant, mais quelles sont ses limites ? Comment concilier l’instruction apportée par l’école à la transmission de valeurs, d’une mémoire et d’une spiritualité au sein de la famille ? Comment échapper à la « schizophrénie » que pourrait engendrer chez les enfants un sentiment de rejet des acquis apportés par la famille ? Comment éduquer des enfants à être autonomes sans se renier ? Comment convaincre les parents à reprendre le chemin de l’école de leur enfant, et comment celle-ci accueille-t-elle les parents ? L’éducation est une action conjointe, elle ne peut réussir qu’avec l’étroite collaboration entre la famille et l’école…
Certains parents sont démissionnaires, par impuissance ou inconscience, mais il existe encore beaucoup d’expériences réussies. L’heure n’est pas au fatalisme, ni au catastrophisme. L’éducation demande des efforts, mais rien ne remplace le bonheur de voir ses descendants grandir, se construire et devenir des citoyens libres et responsables

Les jeunes, dans notre société, ne doivent plus être considérés comme d’éternels êtres assistés et inaccomplis, car une société ne peut progresser sans sa jeunesse. Face à celle-ci, les défis ne manquent pas. Comment redonner aux jeunes le goût de l’effort ? Comment les réconcilier avec une société dont ils se sentent parfois rejetés ? Quelle éducation reçoivent-ils pour appréhender la sexualité, le mariage, la famille, l’école et, plus généralement, la société ? Quelles relations entretiennent-ils avec leurs parents ? avec toute la famille élargie ? Quelle place pour la famille dans une société où les difficultés économiques sont grandissantes ? Quel accueil pour les enfants dans la famille moderne ? Quel est l’impact des médias sur eux ? La famille a encore des défis à relever…

Et les personnes âgées, comment sont-elles considérées dans la famille d’aujourd’hui ? Quelle place est réservée aux grands parents ?
La famille est une institution responsable devant Dieu et devant les Hommes. Deux intimités s’y confient, des liens familiaux plus larges en résultent, et des enfants peuvent en émaner. Les familles qui se considèrent musulmanes sont naturellement désireuses de réaliser, autant que faire se peut, l’idéal que leur apporte leur référence spirituelle. Cependant, l’approche éclairée de cet idéal peut faire défaut, et le contexte social est parfois perçu comme défavorable.

Beaucoup de familles vivent une réalité de faiblesse et de fragilité. Il s’agit donc d’un sujet incontestablement important, et c’est ce que l’UOIF, à l’occasion de la 25ème Rencontre Annuelle des Musulmans de France, édition-anniversaire, se propose d’aborder à travers des conférences et des débats, pour tenter un diagnostic et proposer des pistes de réflexions

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