Cela implique de passer,
nous thérapeutes, par cette expérience d’une
dissolution des contraintes qui va nous rendre ou nous donner
notre cohérence et faire de nous des « transmetteurs»
possibles.
Cette approche, je l’ai constaté, a des effets
antalgiques très nets, par la neutralisation de la lutte
qu’engendrent les contraintes et de la lutte que provoque
la douleur. Et ceci dans tous les cas, qu’il s’agisse
d’un conflit interne des structures articulaires ou ostèo-
tissulaires, ou bien de lésions causées par un traumatisme
externe (choc, fracture…)
Dans tout trauma il y a morcellement, c’est-à-dire
rupture dans l’unité sensori-motrice de l’ensemble.
Ce morcellement, cause d’inconfort durable, est invalidant.
Il est indispensable de remettre en route un processus de réunification
du territoire physique propre du sujet en s’aidant de son
imaginaire, en lui proposant de mettre de la pensée là
où c’est flou, isolé, absent (contour, espace,
sensation de volume, de limite, présence).
Les représentations mentales, selon qu’elles correspondent
à la réalité ou non, ont un rôle non
négligeable dans la posture et la façon de bouger
et il est nécessaire de les repérer par le questionnement,
l’observation et le toucher.
|
|
Travailler ainsi,
c’est travailler AVEC le patient et non SUR le patient,
en lui enseignant une façon d’aborder tout problème
différemment :
-Dans la globalité de sa personne « physico-mentale
», au lieu de se laisser enfermer par le symptôme.
-Dans le non-faire, c’est-à-dire sans chercher à
réparer, à corriger, mais en permettant un suspens
de toute action , de tout activisme sur la matière, ce
qui laisse le système s’équilibrer de lui-même.
Dans de nombreux cas cela suffira à faire disparaître
le problème.
Cette pratique, plus sereine grâce à un plus grand
confort physique et psychique dû à la dissolution
des contraintes chez le kinésithérapeute lui-même,
n’est plus un corps à corps avec le patient : il
y a un tiers et ce tiers c’est la matière et sa capacité
d’être et de se transformer quand on la laisse faire
son chemin.
Dans ces échanges à trois, de ces conversations
à trois, naîtront les réponses aux différents
problèmes apportés par le patient, représentés
par le symptôme.
Le thérapeute n’endosse pas la toute-puissance sur
ce qui va advenir, il n’en est pas le seul détenteur.
Lila GUILLERMO
Kinésithérapeute
|