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Bridge My World = Wecena 2.0 ?

De 2008 à un peu après 2012, j’ai essayé de mettre les informaticiens en intercontrat au service de la solidarité en développant un modèle économique original de mécénat de compétences. Ça a relativement bien marché, avec l’aide de gens extraordinaires : 8 associations bénéficiaires, 8 entreprises de services numériques mécènes, et le soutien d’Antropia, l’incubateur d’entreprises sociales de l’ESSEC et de la Caisse d’Epargne. Mais ça n’a pas suffisamment bien marché : impossible de mobiliser un flux suffisant d’informaticiens pour générer suffisamment de recettes pour faire décoller l’entreprise. Après 4 ans passés avec une portion seulement de mon salaire précédent, j’ai dû mettre la clef sous la porte et trouver une autre manière de faire de l’innovation numérique pour la solidarité (en devenant directeur de l’innovation du CNED). Au moment de fermer l’entreprise Wecena, j’ai appelé de mes voeux que le concept wecena puisse reprendre un jour, sous une autre forme, le wecena 2.0.

Antoine et Joseph sont deux entrepreneurs sociaux qui se sont lancés dans l’aventure du volontariat humanitaire et veulent explorer la faisabilité de nouvelles formules de mécénat de compétences, peut-être sur intercontrats. Leur projet Bridge My World va-t-il représenter le wecena 2.0 ?

Pour les aider, et aider tous ceux qui souhaiteraient trouver comment développer des formes durables de mécénat de compétences numérique sur intercontrat, je vous invite à trouver ci-dessous l’essentiel des supports de vente que j’utilisais pour développer le wecena 1.0. Je distribue l’intégralité de ces contenus sous licence Creative Commons-Paternité-Partage à l’identique (CC-BY-SA), ce qui vous autorise à étudier, utiliser, modifier et redistribuer vos propres versions de ces contenus, du moment que vous le faites sous la même licence et indiquant que j’en suis l’un des contributeurs (avec une mention « Jean Millerat » et/ou un lien vers https://www.akasig.org/).

Volontaires du service civique pour la solidarité numérique

J’admire le travail effectué par Unis Cité, depuis ce tout premier dossier monté en 1994 par Lisbeth Shepherd, jusqu’en 2010 et l’entrée en vigueur de la loi sur le service civique, en passant par le modèle d’entrepreneuriat social incarné par Marie Trellu-Kane. Étant donné que je reviens cet été en région parisienne et que je réfléchis à mon prochain job (directeur de l’innovation numérique et solidaire, ça existe ?), j’en profite pour imaginer de nouveaux projets. Et si Unis Cité tirait le meilleur parti du crowd sourcing et du machine learning pour mettre 100 000 volontaires au service de la solidarité numérique ? Imaginons un peu…

Les communautés d’internautes pour la solidarité numérique

L’Internet a permis à d’immenses communautés de se constituer autour d’objectifs de solidarité numérique. Cela a commencé par des communautés d’informaticiens :

  • plus de 300 informaticiens ont écrit ensemble le logiciel Apache HTTPd qui fait fonctionner la moitié des 880 millions de sites qui font le World Wide Web
  • plus de 15 000 informaticiens ont écrit ensemble le noyau logiciel linux qui équipe plus de 1,5 milliard de smarthpones et ordinateurs dans le monde

Mais, au-delà de ces communautés technologiques, ce principe du « crowd sourcing » et des communautés open source s’est étendu. Ce sont tous les internautes qui ont été invités à contribuer au sein de communautés ouvertes et en ligne. Par exemple, la communauté Wikipedia est riche de plus de 20 millions de contributeurs (dont 70 000 actifs tous les mois) qui écrivent et tiennent à jour une encyclopédie de plus de 38 millions d’articles, consultée par 374 millions de lecteurs par mois.

La communauté OpenStreetMap, riche de plus de 2 millions de contributeurs, a cartographié plus de 3 milliards de repères géographiques et 300 millions de routes et chemins dans le monde entier. Et ses cartes sont utilisées par plus de 20 millions d’utilisateurs chaque mois. Des équipes de professionnels de l’humanitaire utilisent ces cartes pour mieux coordonner leurs interventions d’urgence en cas de catastrophe naturelle (séismes, inondations, ebola, …). Des militants l’utilisent pour mieux cartographier des événements majeurs tels que conflits armés ou manifestations. Des personnes handicapées l’utilisent au quotidien pour préparer leurs déplacements et connaître l’accessibilité des trajets jusqu’aux lieux publics ou privés auxquels ils souhaitent se rendre.

De nombreuses autres communautés se sont organisées pour atteindre des objectifs d’intérêt général aussi originaux que variés :

  • rendre les ouvrages classiques de la littérature et les vidéos du web plus accessibles à tous les internautes quelle que soit leur langue maternelle, quelle que soit leur situation de handicap (Wikisource, Amara, …)
  • faire avancer la recherche en neurologie, en biologie moléculaire, en ingénierie génétique, en phylogénétique, en lutte contre le cancer (Eyewire, EteRNA, Phylo, FoldIt, …)
  • détecter des planètes autour d’étoiles lointaines, mieux comprendre comment s’organise l’univers, comment naissent et meurent les étoiles, la géographie de la planète Mars, le réchauffement climatique de la planète Terre, l’organisation générale de l’univers, l’histoire intime des soldats de la première guerre mondiale, (ZooNiverse)
  • identifier individuellement chaque baleine à bosse dans les océans, mieux comprendre les comportements des chimpanzés ou les cris des chauve-souris pour mieux les protéger (Zooniverse également)
  • mieux choisir les aliments que l’on achète en fonction de leurs ingrédients, leurs caractéristiques nutritionnelles, leur empreinte carbone et leur prix (Open Food Facts)
  • apprendre aux ordinateurs à mieux comprendre la voix humaine par exemple pour permettre la commande vocale par des personnes en situation de handicap (Voxforge)

Thomas, volontaire pour la solidarité numérique

2017. Thomas a 19 ans. Avec un bac STMG en poche, il aimerait travailler dans la banque, pas forcément comme trader même si ce serait son rêve, mais peut-être en tant qu’assistant commercial. Il ne sait pas trop. Pour l’instant, il fait son volontariat, en tant que volontaire numérique. Il a commencé il y a quelques semaines déjà.

Il est content : cette semaine encore, il est dans la même équipe que Léa, Nathan et Alexandre. Il sort tout juste du McDonald’s où s’est déroulé le planning hebdomadaire de l’équipe. Son objectif personnel, pour cette semaine, c’est d’atteindre le niveau 3 en cartographie humanitaire. Et l’équipe a estimé pouvoir s’engager à atteindre un score de contribution de 380 points d’ici vendredi soir. C’est l’objectif collectif de la semaine.

Thomas est rentré chez lui. Sa mère le laisse contribuer tranquille sur son ordinateur perso. Mais il pense qu’il va plutôt aller contribuer chez Nathan cet après-midi, pour qu’il lui explique comment on utilise le wiki pour la cartographie humanitaire : c’est en anglais et l’anglais, ce n’est pas le fort de Thomas… De toute façon, le wifi chez Nathan est bon aussi. Le seul problème, chez Nathan, c’est son abonnement Netflix… Plutôt tentant. Mais il sait que Léa, l’animatrice de l’équipe, elle aussi volontaire mais en fin de service, veille au grain et vérifiera sa production du jour sur openstreetmap : il n’a pas trop intérêt à traîner, il n’a pas envie de perdre des points d’expérience en cartographie comme l’autre jour.

Thomas se connecte au slack de l’équipe et met son casque. Nathan est déjà connecté (il habite en face du McDo…) et tchatte plutôt de contribuer.  » Nathan, bouge-toi si tu tiens aux 380 points de la semaine !  » Nathan répond à Thomas  » Check-moi plutôt 1A755D8978FECAA24 « . Thomas hausse les épaules et saisit le code du jour de Thomas dans le formulaire de pointage de l’équipe. Thomas copie-colle dans le tchat son propre code de pointage du jour, pour que Nathan puisse à son tour attester de sa présence en ligne. A chaque heure, c’est l’appel et on a que 10 minutes pour copier-coller les codes de chacun.

C’est parti pour la carto humanitaire niveau 3. Où est le lien de la grille de l’Afghanistan ? Le voila… Thomas choisit la case C32 de la carte : aucun volontaire ne s’en est occupée jusqu’ici. L’image satellite affiche un paysage désertique et montagneux. La rivière qui traverse la case C32 est bien visible. Thomas clique à chaque coude de la rivière pour la tracer en bleu sur le fond de carte. Tant qu’il y est, il poursuit le tracé de la rivière sur les cases C33 et D33. De temps en temps, il valide son tracé et enregistre dans le formulaire de l’équipe le lien de son nouveau tracé : autant de points qui vont faire grimper le score de l’équipe.

Léa leur a expliqué que les inondations de l’an dernier ont été terribles. Et l’une des équipes d’urgence du Croissant-Rouge n’avait aucune des rivières de cette province sur ses cartes, ce qui a considérablement retardé l’aide aux populations des villages les plus touchés. C’est pour ça que la communauté mondiale des cartographes bénévoles « OpenStreetMap » a mis en place ces outils de contribution pour volontaires en ligne. Depuis le séisme d’Haïti en janvier 2010, une équipe de professionnels de l’humanitaire s’est même associée aux cartographes bénévoles pour coordonner les efforts, de manière à en maximiser l’impact sur le terrain. Il parait que des bénévoles sont en train de mettre au point des drones pour accélérer la cartographie de terrain en cas de nouvelle catastrophe naturelle.

Déjà 1 heure passée à tracer les détours de cette rivière du bout du monde. A ce rythme là, si toute l’équipe s’y met, les 380 points devraient être largement dépassés d’ici vendredi. Mais il est déjà 11H. Nathan a fait 3 blagues douteuses dans le slack. Chacun y va de son « lol » poli. On dirait que Nathan a compris : ses blagues ont changé de registre. Thomas vérifie son emploi du temps : aujourd’hui, 11H, c’est transcription ! Chacun colle son nouveau code de pointage, pour répondre à l’appel.

Thomas et la plupart de ses équipiers doivent maintenant sous-titrer une série de vidéos humoristiques pour permettre à des internautes sourds d’en profiter. Thomas a compris le projet, la dernière fois pendant la séance de découverte. Mais il n’a pas encore entièrement compris comment utiliser la plate-forme de sous-titrage : il commence juste le niveau 1 en transcription. Alors il se connecte au wiki de formation des contributeurs et reprend le tutoriel là où il en était.

Il lance la vidéo du tuto et reconnaît la voix et le bureau virtuel d’Alexandre. Alexandre explique d’une voix monocorde où et quand il faut cliquer sur les différents boutons pour contrôler le défilement de la vidéo et saisir les sous-titres. Décidément, Alexandre n’est pas fait pour devenir commentateur sportif, ni commentateur d’enregistrement vidéo d’ailleurs… Thomas se dit qu’il faudra qu’il lui fasse un tutoriel sur comment parler avec enthousiasme dans un tutoriel vidéo (Thomas est de niveau 4 en enregistrement de tutoriels). Bref. Thomas écoute attentivement Alexandre, répond au quiz, se connecte à la plate-forme de transcription et s’exerce sur une vidéo d’exemple. Il colle dans le formulaire à la fin du tutoriel le lien vers son essai de transcription, dans l’espoir qu’Alexandre vienne l’évaluer d’ici peu et lui valider sa compétence de sous-titrage.

Il reste un peu de temps d’ici le déjeuner. Thomas en profite pour se connecter à l’historique des contributions du matin. Il voit les liens de contribution cartographique de son équipe mais n’a pas le droit de l’évaluer. Il ne serait pas très objectif : c’est son équipe, après tout. Alors il clique sur le tracé cartographique d’une certaine Manon… Manon a saisi les noms de toute une série de villages afghans en les recopiant à partir d’une vieille carte de la CIA. Thomas vérifie 3 ou 4 noms de village. Ils sont conformes à ce qui est écrit sur la carte. Thomas donne un like à Manon. Un point de plus pour l’équipe de Manon, en tant qu’évaluée. Et un point de plus pour l’équipe de Thomas, en tant qu’évaluateur.

Thomas s’arrête là après une matinée bien chargée. Au programme de l’après-midi : encore un peu de cartographie humanitaire, chez Nathan donc. Il a aussi une heure de classification de galaxies (lesquelles sont en spirale, lesquelles sont avec une barre centrale, …) et une heure d’enregistrement de phrases pour apprendre aux ordinateurs à comprendre la voix humaine. Il compte sur la récréation de l’après-midi pour que Nathan lui raconte ce nouveau projet qui consiste à photographier la liste des ingrédients de tous les aliments de ses placards pour aider les gens à acheter des aliments meilleurs pour la santé et à chasser les mauvais additifs alimentaires…

Ce soir, il se dit qu’il aura des chances de rêver de sourds afghans de la CIA qui nagent dans des rivières lactées sans conservateur… Espérons qu’il dorme bien : demain matin, Thomas est invité dans une banque du quartier pour expliquer aux employés ce en quoi consiste le volontariat pour la solidarité numérique (eux aussi peuvent apprendre à contribuer). Avec un peu de chance, il fera la connaissance du directeur de l’agence.

Organisation du volontariat numérique

Le volontariat numérique s’effectue en équipes de 4 à 8 volontaires. Les volontaires se retrouvent en présence au moins une fois par semaine, dans un lieu associatif ou public avec du wifi (café, fast food) ou chez l’un des volontaires, selon leur préférence. Le reste du temps, ils travaillent à distance, depuis un ordinateur personnel connecté en haut débit.

Pour devenir volontaire numérique, il faut donc disposer d’un ordinateur personnel, d’une connexion haut débit (ADSL, …) et savoir utiliser sans difficulté la messagerie électronique, le Web, les réseaux sociaux (Facebook, …) et la conférence à distance par webcam (Skype, …).

Le volontariat est organisé selon un emploi du temps individuel très contraint. Au cours d’une journée, à chaque heure, chaque volontaire contribue à l’un des 10 projets ouverts. En fonction de son niveau d’expérience dans les différents rôles proposés par ce projet, il doit contribuer en suivant des consignes précises. Chaque contribution laisse des traces numériques (un lien hypertexte) que le contributeur vient coller dans la liste des contributions de son équipe. Ses contributions sont évaluées par des volontaires d’autres équipes. Et, s’il a le niveau requis en compétence d’évaluation, il peut évaluer les contributions d’autres équipes.

Chaque projet permet différents types de contributions en ligne : des contributions les plus simples à celles nécessitant le plus de compétence et d’expérience dans le projet. Chaque type de contribution de chaque projet peut s’apprendre via une autoformation en ligne ou auprès d’un volontaire plus expérimenté et reconnu comme formateur compétent. Chaque volontaire dispose d’un profil de compétences pour chaque projet.

Chaque équipe de volontaires est animée par un volontaire plus expérimenté qui a réussi à apprendre le rôle d’animateur. Chaque projet dispose de formateurs reconnus, eux-même formés par des volontaires jouant le rôle d’instructeurs. Certains instructeurs sont devenus concepteurs de formations ou bien ambassadeurs. Les ambassadeurs gèrent les relations entre les volontaires et les communautés ouvertes d’internautes bénévoles à l’origine des projets (par exemple la communauté wikipedia, la communauté openstreetmap, …).

Tous les volontaires ont également un rôle d’ambassadeur du numérique, auprès de leur quartier (associations, établissements scolaires, lieux publics, entreprises) pour faire découvrir le bénévolat numérique et faire contribuer ponctuellement le plus grand nombre possible de personnes sur des tâches numériques d’intérêt général très simples.

Parmi 1 000 volontaires numérique, on peut compter 800 volontaires faisant principalement office de contributeurs sur les divers projets, mais aussi 160 volontaires jouant le rôle d’animateurs d’équipes, 32 volontaires agissant comme formateurs, 6 volontaires concepteurs de formations et 2 ambassadeurs servant d’interface avec les communautés d’internautes.

Objectifs

  • Année 1 : 1 000 premiers volontaires, 000 contributeurs à temps plein
  • Année 2 : 10 000 volontaires contributeurs à temps plein et jusqu’à 90 000 bénévoles contributeurs ponctuels, soit 10000 contributeurs au total
  • Année 3 : 100 000 volontaires contributeurs à temps plein et jusqu’à 900 000 bénévoles contributeurs ponctuels, soit 000 000 de contributeurs au total dans le monde

Moyens

Pour développer et animer une communauté de 1 000 000 contributeurs dont 100 000 volontaires à temps plein, plusieurs rôles doivent être assurés par une équipe solide de professionnels salariés à temps plein :

  • 4 personnes : gestion administrative et financière, et formation,
  • 1 personne : web design, rédaction Web et animation de communauté,
  • 2 personnes : développement logiciel et administration système (devops fullstack),
  • 1 personne : data science et machine learning,
  • 1 personnes : direction de projet, stratégie technologique et managériale.

Qu’en pensez-vous ?

Un lab pour que l’État démocratise les blockchains ?

La technologie des blockchains va transformer notre société de manière au moins aussi radicale que le Web. L’État a besoin d’un laboratoire de recherche et développement dédié aux blockchains :

  • pour accélérer la transformation numérique des métiers du financement et de la sécurisation des politiques publiques,
  • pour en démocratiser les applications d’intérêt général, de manière à éviter que cette technologie ne renforce exclusivement des pouvoirs privés (notamment financiers),
  • et pour renseigner nos gouvernants et hauts fonctionnaires sur les menaces et opportunités liés à cette technologie ainsi que ses capacités et limites réelles.

La Caisse des Dépôts et Consignations a récemment annoncé la création d’un groupe de travail sur ce thème (voir aussi leur communiqué de presse). Développer ce genre de laboratoire serait une aventure passionnante au service de laquelle je souhaiterais mettre mes compétences professionnelles.

La blockchain bouleverse la régulation des relations sociales

La « blockchain » est la technologie sous-jacente aux cryptomonnaies telles que Bitcoin. Le caractère monétaire, plus ou moins intraçable et anonyme, de Bitcoin n’a qu’une importance anecdotique. Sa technologie sous-jacente est, elle, révolutionnaire.

Une blockchain est un ordinateur mondial unique qui, au lieu d’être installé dans un immense hangar spécialisé, est installé de manière « distribuée » sur les millions d’ordinateurs et smartphones des utilisateurs qui l’exécutent tous ensemble, simultanément en se coordonnant les uns avec les autres de manière automatique via Internet. Comme tout ordinateur, un ordinateur « blockchain » exécute des applications logicielles. Les premières blockchains, telles que celle de Bitcoin, permettaient principalement d’exécuter des logiciels de transaction financière entre utilisateurs (« Alice transfère 1 bitcoin à Bob »). Mais les blockchains plus récentes, comme celle d’Ethereum, permettent d’exécuter des applications multi-utilisateurs aussi complètes que celles auxquelles nous ont habitués nos ordinateurs et smartphones. A la différence d’un ordinateur ou d’un smartphone habituel, une blockchain, en pratique, ne peut pas être éteinte ni piratée : il ne s’agit pas d’une infrastructure informatique entre les mains d’une personne, d’un groupe d’individus ou d’un opérateur mais d’un ordinateur virtuel unique ultra-sécurisé car s’exécutant simultanément sur des millions d’ordinateurs. Si quelques-uns des ordinateurs participants viennent à « tricher » ou défaillir, ils sont automatiquement détectés par les autres et leurs déclarations sont rejetées.

Étant donné qu’une blockchain est un ordinateur multi-utilisateurs, on qualifie ses logiciels de « contrats intelligents » (« smart contracts ») ou contrats algorithmiques auxquels souscrivent ou non les utilisateurs qui le souhaitent. Un utilisateur de blockchain est un souscripteur de contrat algorithmique. Contrairement à un contrat traditionnel, les contrats algorithmiques apportent une garantie mathématique d’exécution : étant donné qu’il s’agit de logiciels sur un ordinateur que nul ne peut éteindre ni compromettre, ces contrats seront exécutés tels qu’ils ont été écrits (avec leurs éventuels bugs de conception), sans échappatoire possible.

La blockchain est donc une technologie sociale qui permet de conclure et d’exécuter des contrats entre personnes dans des conditions de sécurité telles qu’elles rendent inutile de faire confiance aux contractants ou à un tiers de confiance, à un magistrat ou un arbitre, pour en obtenir l’exécution prévue. On parle de technologies « sans confiance », c’est-à-dire qui permettent de s’exonérer de tout tiers de confiance.

En résumé, la technologie des blockchains, sous-jacente à Bitcoin et aux autres cryptomonnaies, redéfinit la manière dont se régulent certaines relations sociales. La blockchain rend possible des relations contractuelles (y compris des contrats de propriété) tellement sûres qu’elles rendent inutiles les tiers de confiance et les arbitrages humains habituellement requis pour la garantie d’exécution d’un contrat. La décision humaine intervient lors de la conception du contrat et lors de sa souscription. Mais elle n’intervient plus lors de son exécution.

L’histoire se répète, c’est le moment de s’y mettre

A titre prospectif, voici un scénario d’évolution des blockchains qui suit la même logique historique que celle de la démocratisation de l’Internet et du Web. D’ici 2018, la technologie des blockchains, jusqu’ici réservée aux spécialistes des cryptomonnaies et autres cryptanarchistes gagnera en maturité au point d’être utilisable facilement par l’ensemble de la population. A partir de 2018, la blockchain connaîtra une démocratisation de même envergure que celle du Web dans la deuxième moitié des années 1990.

Histoire du Web

Histoire des blockchains

1963 = idée d’un réseau global d’ordinateurs 1988 = concept de cryptomonnaie (David Chaum)
1973 = définition de TCP/IP 1998 = définition des premières cryptomonnaies distribuées (b-money et bit-gold)
1983 = adoption de TCP/IP et du concept d’Internet, premier serveur DNS 2008 = invention du bitcoin
1990 = invention du World Wide Web 2015 = invention de Ethereum, la première blockchain à langage de programmation complet
1993 = début de la démocratisation du Web avec le premier navigateur Web multimédia « NCSA MOSAIC » 2018 = début de la démocratisation des blockchains avec les premières applications mobiles d’utilisation de de contrats algorithmiques.

Les applications de la blockchain

Les blockchains vont être appliquées dans tous les domaines où la sécurité économique est importante et où les tiers de confiance sont traditionnellement présents. Elles redéfiniront le rôle des intermédiaires financiers et contractuels (phénomène de désintermédiation).

Poursuivons notre exercice de prospective :

Les applications immédiates, d’ici 2 à 5 ans, sont les suivantes :

  • blockchains bancaires privées pour la sécurisation des transactions financières (cf. le laboratoire créé en 2015 par les banques Barclays, Goldman Sachs, BBVA, UBS, Credit Suisse, JP Morgan, Royal Bank of Scotland, Commonwealth Bank of Australia, et de State Street)
  • sécurisation des registres, certificats et actes administratifs : gestion du cadastre (cf. les intentions exprimées au Ghana et au Honduras), transformation numérique des métiers notariaux, sécurisation des actes juridiques, sécurisation et ouverture des registres du commerce, des listes d’organismes agréés, des diplômes et certificats de compétences, etc.
  • sécurisation et automatisation des transactions administratives et des versements associés (Chèque Emploi Service Universel, allocations familiales, déclarations administratives, déclaration et collecte des impôts et taxes, …)
  • identification partielle des migrants et réfugiés, renforcement de la coopération policière européenne, lutte contre l’évasion fiscale, …
  • émergence de la propriété collaborative (« smart property ») dans la continuité des AirBNB et autres Uber.

Les applications à moyen terme, d’ici 5 à 10 ans, pourraient être les suivantes  :

  • démocratisation des micro-paiements et des portes-monnaies individuels sur blockchains, « explosion » du nombre de contrats et développement des nouveaux usages autour de la consommation collaborative, accélération des phénomènes « d’ubérisation » ; de même que chaque nouvel internaute avait sa « page Web » ou son « mur Facebook », chaque internaute publiera sur une blockchain sa collection de souscriptions et contrats et y gérera les transactions de sa vie quotidienne, en plus ou moins grande conformité avec les législations locales,
  • développement à grande échelle de la propriété collaborative (exemple : je possède cet objet de telle heure à telle heure et uniquement si telles conditions sont remplies, et tu en es propriétaire le reste du temps), nouvelles formes de contrats de prestations et de travail collaboratif (par exemple résolution de problèmes algorithmiques contre paiement, ou participation à des oracles collaboratifs organisés autour du principe du Point de Schelling),
  • nouvelles formes de collecte de dons et impôts volontaires, nouveaux modes de redistribution des richesses (cf. revenu de base, smart basic income), démocratisation des monnaies alternatives spécialisées,
  • nouveaux instruments pour le financement des politiques publiques (exemple : smart Social Impact Bonds)
  • sécurisation de l’open data pour en faire une infrastructure informationnelle publique utilisable pour les transactions de la vie courante,
  • développement et fiabilisation des marchés de prédiction semi-automatisés par appel à une foule d’internautes livrant des prédictions (crowd-sourcing) et aux capacités croissantes de prédiction et d’apprentissage automatisé (machine learning)
  • émergence des premières D.A.O. (Distributed Autonomous Organizations), organisations gouvernées sans intervention humaine : banques sans banquiers, assurances sans assureurs, mutuelles sans administrateurs, sociétés privés sans gérants ni conseils, associations sans conseil d’administration, partis politiques sans bureaux politiques, complexes logiciels et intelligences artificielles restreintes.

Les applications à long terme, d’ici 10 à 20 ans, donneront toute sa dimension à la révolution blockchain. En particulier, la société sera marquée par de nouveaux sentiments identitaires d’appartenance à des communautés fondées sur des contrats algorithmiques. Après la tribu ou la famille, puis la nation et la société privée, les contrats algorithmiques créeront une surcouche de régulation sociale au travers de communautés contractuelles transnationales, concept exploré par plusieurs auteurs de science-fiction de style « cyberpunk » ou « steampunk » comme par exemple les « phyles » de Neal Stephenson (L’Âge de Diamant).

Impact sur les acteurs économiques

A court terme, la technologie des blockchain annule une part croissante de la valeur ajoutée de tout ou partie des tiers de confiance, en les rendant inutiles et obsolètes. Le phénomène est à rapprocher de la manière dont le Web a annulé une partie de la valeur ajoutée des distributeurs de contenus culturels, ce qui avait entraîné la crise de l’industrie du disque et de la presse. Les blockchains transforment la confiance contractuelle en une matière première faiblement différenciatrice, dont tous les opérateurs économiques peuvent disposer à faible coût, sans pouvoir y construire un avantage concurrentiel durable.

En banalisant (commoditization) la technologie des opérateurs et tiers de confiance, la blockchain détruit les rentes des « intermédiaires » de confiance et déplace les gisements de valeur ajoutée vers une « couche technologique » plus élaborée : celle des applications et usages des blockchains. Ce faisant, elle crée un phénomène d’ « innovation de rupture » qui érode les parts de marché des opérateurs traditionnels « de confiance » (banques, assurances, mutuelles, professions réglementées de la confiance, voire administrations) et les acculera progressivement vers des niches à plus forte valeur ajoutée mais à plus faible volume, jusqu’à les faire disparaître. Le périmètre exact des industries concernées reste à préciser.

Les innovation de rupture permises par la blockchain permettent à de nouveaux acteurs de concurrencer ces opérateurs traditionnels sur leurs segments « bas de gamme » qu’ils leur délaisseront progressivement au fur et à mesure que les applications des blockchains gagneront en maturité, en simplicité, en praticité et donc se démocratiseront. Les nouveaux acteurs des blockchains proposeront des offres « sans tiers de confiance » tellement simples, pratiques et peu coûteuses qu’ils y donneront accès pour des segments de clientèle très nombreux, très volumineux et jusqu’ici exclus du marché des applications traditionnelles de la confiance contractuelle.

On devrait, par exemple, voire émerger des offres de services bancaires sans banques, de crédit sans organisme de crédit, d’assurance sans assurance, de mutuelles sans mutuelles, de notaires sans notaires, d’huissiers sans huissiers, pour des contrats simples, pratiques et peu coûteux jusqu’ici hors de portée des particuliers. On peut d’ailleurs constater les prémisses de ce phénomène à travers l’émergence des prêts entre particuliers.

Des excès de la financiarisation ou de l’ubérisation de l’économie sont à craindre. Mais des innovations sociales solidaires de très grande ampleur sont également à espérer.

A plus long terme, l’administration et les services publics sont directement concernés. En effet, l’administration publique a aussi une raison d’être qui est de nature économique : celle d’offrir aux citoyens des services publics dans le respect de l’intérêt général et avec un haut niveau de confiance, celui inspiré par la puissance de l’État et sa capacité régalienne de violence (police, justice, prison, armée). Supposons que les citoyens puissent commencer à obtenir des services similaires en souscrivant à des contrats algorithmiques et que les preuves mathématiques d’exécution de ces contrats, offertes par leur nature algorithmique, leur inspirent davantage confiance que l’État (qui est plus fiable : les mathématiques ou les États ?). Alors ils se tourneront progressivement vers ce nouveau mode de régulation de leurs relations, meilleur garant de l’intérêt général que l’État. Leur qualité de souscripteur pourrait prendre plus d’importance à leurs yeux que leur qualité de citoyen. Jusqu’à il y a peu, l’État exerçait une sorte de monopole sur la défense de l’intérêt général, monopole déjà largement érodé par le développement du secteur associatif et celui, plus limité, du mécénat privé. Mais rien n’empêchera désormais un collectif de personnes d’écrire un contrat algorithmique défendant la vision de l’intérêt général à laquelle ils souscrivent (leur politique), d’y souscrire et d’y trouver un substitut pratique aux services publics avec toute la confiance mathématique conférée par la nature algorithmique de ces contrats.

Et si les citoyens, plutôt que d’espérer changer le monde par le débat démocratique et le vote, se mettaient à vouloir changer de monde en souscrivant à des contrats collectifs reflétant leurs valeurs et leur vision politique ? Et si l’État, prenant les devants, proposait des applications blockchain et des contrats algorithmiques incarnant les valeurs et principes de notre démocratie et promouvant l’intérêt général, tout en laissant au citoyen la possibilité d’y exprimer ses besoins et aspirations individuelles ? Et si on mettait les blockchains au service de l’État, de l’intérêt général et de l’innovation sociale ?

Apprendre à coder, quelles solutions pour mes enfants ?

Mes enfants ont 8 ans et 11 ans, garçons et filles (oui, j’ai des multiples…). Je tiens à ce qu’ils apprennent la culture et les bases du code informatique car je crois que le code modèle en partie la société et que ceux qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui sauront « bidouiller » (hacker) la société et non ceux qui se feront bidouiller par elle. Bref. Comment leur donner les moyens et l’envie d’apprendre à bidouiller du code ?

Après réflexion, examen des solutions populaires sur le Net et quelques tests avec mes enfants, en me basant également sur mes propres souvenirs d’enfance (j’ai commencé à coder à 8 ans), je crois que l’approche et les outils à privilégier dépendent grandement de l’âge. Et qu’il ne s’agit pas uniquement de choisir un langage de programmation pour en enseigner les bases mais plutôt de trouver un environnement d’apprentissage adapté à l’âge, motivant et ludique pour créer de l’engagement, du plaisir et de l’effort. En résumé, je pense que, jusqu’à 11 ans, l’environnement idéal est Scratch, ou les jeux blockly. De 11 ans à 14 ans, l’environnement idéal me semble Minecraft. Au-delà, des environnements plus « sérieux », probablement autour du langage python pourraient être plus appropriés.

En plus de cette approche « par âge », j’ai été séduit par ce que peuvent apporter les activités d’apprentissage :

  • autour de l’écriture de « fictions interactives » (livres dont vous êtes le héro) qui tirent partie de l’interdisciplinarité entre la littérature, les arts et le code,
  • autour du matériel informatique (Arduino, Raspberry Pi, Lego Mindstorms ou tout simplement assembler un ordinateur)
  • mais aussi en « mode débranché » pour découvrir l’algorithmie théorique, sans matériel informatique, avec du papier, un crayon, des allumettes, etc.

Je me dis que ce qui manque aussi probablement, étant données les tendances technologiques de fond, ce sont des activités pour faire découvrir le machine learning aux enfants, les bases de la probabilité appliquée à la résolution automatisée de problèmes (raisonnement bayésien, etc.).

Enfin, quel que soit l’âge ou les types d’activités, se pose un défi pédagogique : comment animer ces activités lorsqu’on a soi-même peu de temps (ou beaucoup d’enfants…) ? Pour répondre à cela, deux pistes se dégagent :

  1. les ateliers animés par des professionnels (mais il y en a peu sur le territoire français, en dehors de Paris et quelques grandes villes)
  2. ou bien les mécanismes de jeu qui, avec le bon scénario et la bonne plate-forme éducative, guident la progression des apprenants avec moins de dépendance à un animateur (donc de manière moins coûteuse en temps et en argent).

Les mécanismes de jeu (le gameplay, règles, système motivationnel de quêtes et badges) et le scénario (imaginaire adapté et motivant) sont importants, mais la richesse visuelle du jeu importe presque autant (on ne refait pas nos vieux cerveaux…). Le fait de pouvoir changer le personnage d’un jeu en un petit panda a fait un gros effet (positif) sur ma fille… Presqu’autant que si elle avait pu le transformer en pingouin tux.

Voici donc, en vrac, une sélection de ressources pour illustrer sur quoi s’appuient mes croyances actuelles.

Autour de Scratch

Autour de Blockly

  • les jeux Blockly proposent une bonne progression pour découvrir les bases de l’algorithmie (boucles, branchements conditionnels et variables), c’est ce que j’ai pu vérifier avec ma fille (11 ans), mais on est vite frustrés par la raideur de certaines étapes de cette progression : soit on maîtrise déjà les concepts et ça passe très vite, soit réussir à franchir certaines étapes ressemble à un casse-tête assez douloureux ; j’aurais aimé voir une progression plus longue, plus variée et plus « pas à pas » parfois
  • RapidRouteur est une progression ludo-éducative basée sur blockly, avec plus de 100 niveaux de jeu et qui mène peu à peu à découvrir Python (malheureusement seulement en anglais)
  • pencilcode ressemble à blockly et propose des tutoriels mais reste en anglais seulement pour le moment
  • Code4Kids est une solution française d’animation pédagogique proposée pour les écoles du premier degré par Catchu, autour d’un environnement Blockly
  • Sur une logique Blockly mais sur téléphone, l’appli iOS HopScotch propose un environnement pour apprendre à programmer des jeux mobiles ; mais est-ce vraiment du blockly là-dessous ? je n’ai pas vérifié

Autour de Minecraft

  • avec les super « Guides officiels » (débuter, construction, combat, Redstone, …) pour découvrir toutes les arcanes du jeu
  • l’intérêt pédagogique de Minecraft est démultiplié si on utilise les bons serveurs, « mods » et leurs tutoriels, mais cela implique d’accéder à un serveur adapté voire de se créer son propre serveur :
    • Gnancraft est créé et utilisé par Raphaël Pierquin et l’équipe des Coding Goûters
    • ThoughtStem propose des ateliers de programmation avec Minecraft pour les enfants dans la Silicon Valley mais également quelques activités en ligne
    • LearnToMod est une plate-forme payante pour apprendre la programmation à travers la modification de minecraft
    • ComputerCraft est un mod minecraft destiné à la découverte de la programmation et qui permet d’apprendre à scripter en langage LUA
    • Avec Minecraft, vous l’aurez compris, on est dans un environnement très immersif et très bidouillable alors pourquoi ne pas enseigner les mathématiques via Minecraft ?

Autour de Python :

  • Parmi les langages de programmation généralistes qui ont un véritable usage industriel, python est sans doute le plus utilisable pour l’apprentissage de la programmation car il combine une syntaxe très lisible et un modèle exemplaire de programmation orientée objet ; il ne lui manquerait plus qu’une syntaxe en français pour faire fureur dans les bacs à sable des lycées… En attendant, faut-il imaginer faire découvrir la programmation au collège ou au lycée en utilisant pygame et piglet comme environnements ? sans doute serait-ce un choix plutôt risqué car on peut lire des doutes crédibles sur la vivacité de la communauté pyglet, sur son usage des decorators qui est difficile à expliquer pour des débutants et ressemble donc à une magie arbitraire et fort peu éducative…
  • Etant donné la popularité et la richesse de la communauté python, de bons livres existent certainement en français pour pour apprendre la programmation avec python,
  • Checkio est un jeu en ligne très séduisant pour apprendre à programme avec python

Autour de JavaScript

Quand on devient plus grand et qu’on veut manipuler du code « pour de vrai », python est une excellente solution mais JavaScript s’étant imposé partout sur le Net ces dernières années comme langage généraliste, y compris côté serveurs, il n’est pas idiot d’apprendre la programmation avec JavaScript, même si ça a un petit côté maso et casse-cou. Alors pourquoi ne pas découvrir carrément la programmation par ce biais, avec par exemple Code Monster (en anglais). JSWarrior fait pâle figure à côté d’autres plate-formes ludo-éducatives et place la barre un peu haut pour les débutants : animateur indispensable.

Avec des fictions interactives ?

Les « Livres dont vous êtes le héro » (également appelés « Livres-jeux », « Choose Your Own Adventure », « CYOA » ou « gamebooks), sous forme numérique, sont des contenus interactifs qui permettent de visiter sous une forme créative et motivante des concepts simples d’algorithmie (branches conditionnelles, variables, voire conception objet), de programmation (compilation, exécution) mais aussi de design de jeu. Bien sûr, on peut faire une fiction interactive avec de simples liens hypertextes dans un wiki, mais les logiciels pour écrire les fictions interactives sont devenus très sophistiqués en s’inspirant des premiers jeux textuels en liens (les muds) et en introduisant donc des possibilités algorithmiques amusantes et créatives. Je n’ai pas cherché de proposition de progression pédagogique pour découvrir l’algorithmie à travers l’écriture de fictions interactives mais je suis à peu près sûr que ça existe. Cet angle de découverte de la programmation pourrait très bien convenir aux enfants les plus férus de lecture, d’écriture… et d’aventure. De nombreuses solutions logicielles très éprouvées et plus ou moins faciles à prendre en main existent pour créer des fictions interactives plus ou moins sophistiquées informatiquement. Parmi les logiciels de création les plus connus, on peut citer Twine, le vénérable Inform7, TADS, ADRIFT, ALAN mais aussi, avec un côté plus récent, squiffy et QuestKit. Il faudrait y regarder de plus près. Des bibliothèques en ligne permettent ensuite de partager et découvrir les créations, pour les lire et s’y plonger sur ordinateur ou sur smartphone.

Avec du matériel bidouillable

Pour les enfants et parents qui n’ont pas peur de leurs doigts…

Bien sûr, on doit citer les vénérables mais toujours d’actualité Lego Mindstorms, pour les plus familles qui en ont les moyens. Mais on regardera surtout du côté de  :

Autour de plate-formes ludo-éducatives « tout-intégré »

Il existe des sites Web proposant des progressions ludiques pour apprendre la programmation. La plupart sont fondés sur des logiciels dits privateurs. Vous n’avez pas le droit de les utiliser comme vous voulez, de les étudier, de les partager, bref de les bidouiller, ce qui est un peu paradoxal. Mais l’avantage de ces plates-formes peut résider dans leur caractère « intégrée » : elles pourraient offrir une expérience ludique plus agréable et pédagogiquement plus efficace si elles accompagnent de A à Z les programmeurs en herbe. Mais au risque de disparaître corps et âme en cas de faillite commerciale. Quelques-unes de ces plate-formes utilisent du libre, mais ce ne sont pas forcément les meilleures pédagogiques.

  • Autour de C++ : quitte à être maso, pourquoi ne pas apprendre la programmation avec un langage beaucoup compliqué à apprendre que python ou même JavaScript, c’est le défi que propose pourtant codowl.io (ah tiens, c’est en français ?)
  • Code.org propose des progressions en français sous forme de sélection d’activités débranchées, de jeux algorithmiques et d’activités de programmation. C’est un peu la Khan Academy de la programmation : une association américaine à but non lucratif fait vivre cette plate-forme, à grands renforts de dons de Microsoft, Facebook et autres Google. Très Silicon Valley. Le code qui fait tourner la plate-forme est libre mais pas les contenus des activités pédagogiques qu’elle héberge. La richesse et la qualité des activités proposées semble pertinente. Hum… Pas mal.
  • Codecombat.com vous embarque dans un vrai jeu vidéo pour apprendre à programmer, avec des contenus graphiques et sonores de qualité. Le joueur a le choix du langage de programmation qu’il veut apprendre (au moins au niveau de la syntaxe) : python, coffescript, clojure, … le choix est vaste. Et franchement, c’est du joli ! Ca donne envie de jouer et d’apprendre… A signaler encore quelques bugs et défauts de traduction en français.
  • Blackvoxel est un jeu en logiciel libre, pour apprendre le C++, l’assembleur et le graphisme 3D. On dirait bien là un jeu pour apprendre à programmer des jeux « à la dure » plutôt qu’avec des progressions pédagogiques pour débutants. A réserver pour des lycéens ou des passionnés qui se seront déjà fait la main sur des langages et des environnements plus simples ? Blackvoxel semble proposer des modalités intéressantes pour impliquer un enseignant dans la progression de ses élèves-joueurs.
  • Encore pour des lycéens (ou pour des grands collégiens, +13 ans), LiveCode propose une solution d’apprentissage du code pour développer des applis mobiles.

Bon, voila pour mon petit tour du moment. Je suis surpris par la quantité de solutions proposées, y compris en français, et par la première impression très positive que me donnent certaines d’entre elles. Pour mes enfants, je compte explorer les pistes blockly mais surtout Minecraft car la communauté des modders Minecraft est tellement grande qu’il existe déjà tout un tas de réponses à des problématiques pédagogiques récurrentes. Par exemple, il existe des systèmes de gestion de quêtes dans Minecraft qui me semblent intéressantes. Et si je pouvais promettre 5 minutes de Minecraft de plus à celui de mes enfants qui fera la vaisselle demain soir ? ou à celui qui aura bidouillé avec succès tel ou tel aspect de notre vie familiale ?

Et vous, vous en faites quoi de tout ça ?

Smart Contracts, crypto-monnaie et Revenu Libre d’Existence

J’ai un ami qui dédie sa carrière au « libre » et aux « biens communs » et je m’apprêtais à lui soumettre une idée d’innovation solidaire par email. Mais je lui ai dit que ça pouvait aussi t’intéresser, cher lecteur-contributeur. Ca parle donc de liberté, de solidarité mais aussi de cryptomonnaie (bitcoins, ethers) et de programmation de « smart contracts » solidaires. Donc essentiellement de numérique et d’innovation sociale.

L’idée de base, c’est d’essayer de rendre libres et communs des biens rivaux, ce qui est théoriquement impossible. J’ai évoqué cette idée ici il y a quelques années mais en anglais. Le principe est inspiré du Pay-It-Forward et de l’économie de communion. Un peu comme avec une licence de logiciel libre (copyleft), on rédige un contrat entre nous du style suivant.

Je te donne ce stylo (je te le « libère ») à condition que tu t’engages à donner à ton tour un stylo de valeur égale ou supérieure à celui-ci à la première personne qui t’en fera la demande dès qu’elle t’en fera la demande et acceptera les mêmes conditions que celles-ci et sans poser aucune restriction supplémentaire sur cette personne, le stylo ou l’usage que cette personne en fera.

Le stylo en question devient donc « libre » dans la mesure où plus personne ne peut se l’approprier au point d’en priver les autres. Mais tout le monde peut l’utiliser, l’étudier, l’améliorer et le partager. Presque comme un logiciel libre. Bien sûr, la différence principale c’est que, dès que je rend ce stylo à mon prochain, je ne l’ai plus. On ne peut pas l’utiliser simultanément à plusieurs. Mais je n’en suis pas non plus définitivement privé puisque je peux le redemander. Et si je l’use trop, c’est à moi de le réparer, de le remplacer ou de l’améliorer pour que je rende toujours une valeur au moins égale à celle que j’ai reçue.

Ce qui est amusant, c’est que si on inclut cette notion « d’intérêts » au sens financier (je te donne 1 stylo si tu t’engages à en donner 2, ou bien je compense au moins « l’usure » du stylo) et une notion de prix comparable ou de valeur au moins équivalente (je te donne des biens de valeur X si tu t’engages à en donner de valeur X * 2, pas forcément les mêmes biens) alors on peut imaginer contaminer ainsi tous les biens rivaux de la planète et, en théorie, mettre fin en pratique à la propriété privée. En pratique… en théorie.

Je te libère 1 euro la prochain fois que je te vois à condition que tu t’engages à en libérer 2 fois plus à la première personne qui t’en fera la demande, dès qu’elle t’en fera la demande et acceptera les mêmes conditions que celles-ci et pas une de plus. Par effet boule de neige, ce contrat librement contaminant pourrait, à terme, empêcher quiconque de refuser de partager son argent avec son prochain…

Bon, l’idée peut paraître amusante mais, en pratique, elle est difficile à implémenter à grande échelle. Il serait coûteux de faire respecter un contrat de ce type. Difficile de savoir qui détiendrait, à un instant t, des biens libres, lesquels et de quelle valeur, selon quelle version du contrat. Difficile de s’assurer que le bien rendu est effectivement de valeur égale ou supérieure au bien libéré. Et ensuite difficile d’obtenir d’un système judiciaire qu’il fasse appliquer ce contrat en allant jusqu’à faire saisir les biens libres de cette personne. Sans compter les personnes qui organiseraient leur insolvabilité par malhonnêteté ou seraient tellement endettées que ça ne serait pour elle qu’une dette insolvable de plus, cette fois vis-à-vis de tous tiers. Des dettes communes, en quelque sorte. Les insolvables agiraient alors comme des trous noirs à biens communs, en profitant mais en privant alors définitivement les tiers. Une tragédie..

Mais les choses sont plus facilement maitrisables avec la notion (compliquée) de smart contract. Je ne vais pas expliquer ici ce concept mais supposer que tu sais ce qu’il en est. Pour ce qui nous intéresse, on peut imaginer programmer un token de cryptomonnaie basé sur Ethereum selon un contrat de liberté inspiré de la GPL et du pay-it-forward : Alice donne ce token à Bob à condition que, etc. L’intérêt du smart contract c’est que Charles et David n’ont pas besoin de faire confiance à Bob pour savoir que le contrat va s’appliquer. Le contrat s’applique automatiquement, informatiquement, et avec une traçabilité parfaite. On peut programmer le contrat pour savoir à tout moment qui détient quels tokens libres et combien et selon quel contrat, et ces tokens peuvent être obtenus automatiquement par n’importe qui en ferait la demande. Il y a bien sûr un risque de fraude si on permet aux tokens d’échapper au contrat. Par exemple, si j’échange mon token contre des euros et que je m’approprie les euros obtenus au lieu de les laisser soumis au contrat qui me lie ainsi au reste de l’humanité. Qui va garder la contrainte de liberté lié au caractère « commun » de ce token ? Celui qui a obtenu les euros ? Ou celui qui aura récupéré le token libre ? Que vaut un token libre s’il ne peut pas être utilisée aussi librement qu’une monnaie non libre ? L’idéal serait que le détenteur de token libres puisse effectivement les échanger contre des euros libres, qu’il garde la charge de liberté initialement attachée au token mais désormais attachée aux euros dans le monde hors numérique dans lequel le smart contract ne s’applique plus automatiquement. Mais ce risque doit être quantifiable, limitable et gérable.

Du coup, ça m’a donné une idée d’extension autour du concept de revenu d’existence. L’idée est de faire circuler des smart contracts programmés pour permettre une redistribution équitable et universelle des richesses monétaires entre les personnes. Un revenu d’existence qui ne serait pas émis par une administration pour ses administrés seulement mais qui serait auto-organisé par contrat et librement consenti par ses souscripteurs en fonction de leur générosité (et de leurs besoins). Imaginons donc le contrat suivant.

    Alice verse 1 ether à Bob en tant que « revenu libre d’existence » (RLE) à condition que Bob s’engage à reverser un RLE :

  • à la première personne physique vivante qui en ferait la demande pour une période donnée, (Bob ne choisit pas le demandeur Charles qui lui demandera un RLE pour le mois de juillet 2015)
  • dès que cette personne en fait la demande, (Charles le demande le 9 août 2015 et donc l’obtient immédiatement, automatiquement, sans que Bob puisse s’y opposer comme il s’y est engagé initialement auprès d’Alice)
  • tant que la somme cumulée des reversements de RLE effectués par Bob est inférieure à la somme cumulée des RLE reçus par Bob, multipliée par un facteur d’intérêt F supérieur ou égal à 1, (tant que Bob n’a pas déjà reversé à des tiers F fois le montant total de RLE dont il a bénéficié ; une fois que Bob a beaucoup reversé de RLE, il s’est acquitté du contrat de RLE qui le liait à Alice)
  • et, étant défini que le montant nominal du RLE d’une personne pour une période donnée est égal à la somme cumulée des RLE reversés au cours de cette période divisée par le nombre de personnes ayant reçu ces reversements, (par égalité, le montant nominal du RLE est un partage égalitaire de tous ce que les gens ont pu reverser comme RLE à cette période), tant que Bob, pour la période demandée, n’a pas déclaré avoir touché comme revenus totaux un montant inférieur à 4 fois le montant nominal du revenu d’existence pour cette période, (c’est une exception au principe de liberté au nom de la solidarité ou de la fraternité : par solidarité, on autorise Bob à s’approprier temporairement le RLE qu’il a perçu tant qu’il est pauvre et donc à priver les tiers du reversement de ce RLE)
  • d’un montant égal au montant nécessaire et suffisant pour que cette personne ait bénéficié, au titre de cette période, du montant nominal du RLE d’une personne pour cette période, (on reverse à Charles ce dont il a besoin pour bénéficier d’un RLE complet pour cette période, mais pas plus)
  • sous les mêmes conditions que celles énumérées dans ce contrat ou dans toute version de ce contrat émise ultérieurement par Jean Millerat (il pourrait s’agir d’un auteur plus compétent, comme une Free Software Foundation de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, composée de juristes confirmés…)
  • et sans apporter de restriction ou condition supplémentaire.

Donc tous les bénéficiaires du RLE reversent à leur tour un RLE aux personnes qui le demandent. La machine est amorcée par les personnes solidaires qui acceptent de libérer un peu d’argent de temps en temps (les Alice). La machine est entretenue par tous les bénéficiaires suffisamment riches pour reverser leur RLE et un peu plus, à toute la planète (les Bob et les Charles). Et la machine bénéficie à tous ceux qui, à un moment de leur vie, n’ont pas assez de revenus pour reverser immédiatement un RLE (parfois Bob, parfois Charles). C’est une espèce de gigantesque mutuelle automatisée, en quelque sorte.

Je vais donc jeter un coup d’oeil à la programmation de smart contracts sur Ethereum pour voir dans quelle mesure ce concept est implémentable et donc ensuite essayer de le tester.

A noter : ce concept peut être étendu à de nombreuses autres formes d’innovation sociale, c’est le tour de force des smart contracts et des cryptomonnaies, qui « informatisent la confiance » (qui rendent la confiance inutile dans certaines transactions en automatisant leurs conditions d’exécution). Par exemple, plutôt que de prévoir une exception solidaire de non-reversement immédiat par les plus pauvres, on pourrait imaginer un contrat dans lequel Charles peut définitivement s’approprier le montant perçu (ne pas avoir à le reverser) à condition d’avoir produit un bien commun dont la valeur est estimée par un panel de souscripteurs comme étant au moins égale au montant perçu. Un peu comme si Charles avait convertit un token de cryptomonnaie libre en un bien commun tel qu’un logiciel libre, des contributions à la wikipedia, à OpenStreetMap, etc. Le contrat devient alors un modèle de financement de la création de biens communs.

Tu imagines d’autres applications possibles de contrats de ce type ? Qu’est-ce que ça t’inspire ?

vers du wecena 2.0 ?

64 informaticiens ont fait du wecena pendant leur intercontrat depuis notre démarrage il y a 4 ans, pour un total d’environ 700 jours.hommes de prestations numériques au profit d’associations dédiées à l’accessibilité (handicap), l’éducation ou l’insertion sociale. C’est bien. Mais c’est loin d’être assez. C’est notamment insuffisant pour continuer à faire bouillir la marmite familiale et je ne peux tout simplement pas continuer à en vivre. Il me faudrait au moins 3 équivalents-temps-plein de contributeurs en intercontrat pour être à l’équilibre. Cet équilibre a été atteint et dépassé au premier semestre puis 2 des 3 SSII mécènes les plus importantes ont suspendu leurs envois de nouveaux contributeurs et ne reprennent que petit à petit. Depuis début 2012, je tourne à 1 équivalent-temps-plein, soit une rémunération d’un tiers seulement de ce qui est nécessaire pour ma famille. Du point de vue chiffres, il est temps de tirer une conclusion : le wecena est un échec.

Que peut-on en apprendre ? Voici mes impressions :

  • Le wecena est un modèle économique innovant et compliqué. Il nécessite un effort d’éducation des SSII que j’avais sous-estimé. Je tablais sur des délais de vente initiaux d’environ 9 mois à 1 an (classique pour de la vente de service en B2B) mais, bien souvent, il a fallu entre 18 mois et 2 ans entre la rencontre initiale avec la SSII (« Le wecena ? J’ai compris, quelle bonne idée ! Ça va motiver nos salariés et ça ne va pas nous coûter grand chose ! ») et le premier contributeur en intercontrat effectivement mobilisé pour une association. Bien souvent, mon interlocuteur à la communication ou aux RH doit convaincre son comité de direction et ce n’est pas choses facile. Sur des aspects plus techniques, comme par exemple le calcul des économies d’impôts permises par le mécénat, la plupart des SSII vérifient le calcul avec moi et se l’approprient. Mais j’ai été surpris dans 10% des cas, de rencontrer des « comptables » d’entreprises (internes à l’entreprise et non des cabinets d’expertise comptable) qui n’arrivaient pas à comprendre comment calculer correctement l’économie d’impôts sur les sociétés permise d’une part par un don en nature (avec perte de déductibilité des charges faisant l’objet du don) et d’autre part par un don en numéraire (pour laquelle l’impact de la réintégration extra-comptable est nul puisqu’il s’agit de donner une part de bénéfices qui sont imposés dans tous les cas, avec ou sans don). Les entreprises françaises ne sont pas habituées au mécénat. Elles sont encore moins habituées au mécénat de compétences. C’est encore moins le cas dans le secteur des SSII. Et lorsqu’il s’agit de calculer quel montant d’économie d’impôts peut être consacré au financement d’un projet, certains contrôleurs de gestion ou chargés de comptabilité s’arrachent les cheveux. C’est compréhensible.
  • La RSE et le mécénat ne sont pas une urgence pour les SSII. Lorsque le wecena est mis à l’ordre du jour du comité de direction, c’est en tout dernier item sur la liste et il est donc reporté de CODIR en CODIR… Quand la décision est prise, les choses trainent, le passage à l’acte souffre d’autant plus de l’inertie de l’organisation que la conduite de ce changement ne revêt aucun caractère d’urgence pour le business : RH, image, éthique, convictions personnelles, les enjeux sont trop « soft » et pas assez cash. Le wecena est relégué sur la voie des véhicules lents. Aux yeux du business, la moindre affaire sera toujours plus urgente que l’optimisation des intercontrats (à moins que celle-ci ne rapporte du cash, mais c’est une autre histoire).
  • La RSE et le mécénat sont parfois réduits à un outil de communication corporate. Pour pouvoir communiquer sur sa RSE, il suffit parfois de recueillir un témoignage de salarié, inutile d’en mobiliser 100 sur l’opération. Il n’y a pas besoin de s’engager sur du volume, ou de faire bouger son entreprise pour mobiliser un grand nombre de salariés. Communication corporate ne rime pas avec volume, valeur économique et impact social. Donc une fois qu’un contributeur a été envoyé sur un projet (voire même avant), la SSII communique publiquement sur son engagement et ne se sent pas vraiment obligée de traduire son engagement par du volume ou de la régularité. Ce n’est pas de l’engagement sérieux.
  • Un projet RSE qui ne rapporte pas de cash a une valeur quasi-nulle pour les dirigeants de SSII. De nombreuses SSII ont refusé de faire du wecena au motif que le mécénat ne rapporte d’argent immédiatement : le mécanisme fiscal est utilisé pour financer la formation et l’encadrement des contributeurs en intercontrat, pas pour être encaissé par l’entreprise mécène. L’utilité sociale auprès des personnes démunies n’a pas de valeur pour la plupart des dirigeants de SSII. Pire, les bénéfices qu’en tirent sa société sur le plan de la gestion des ressources humaines (motivation des salariés, fierté d’appartenance, …) sont négligeables pour la plupart d’entre eux. Les dirigeants les mieux renseignés au sujet du développement durable et du concept de « triple bottom line » argumentent :  » Si le mécénat ne rapporte pas d’argent, c’est qu’il ne s’agit pas de développement durable puisqu’il ne produit pas un impact positif sur la bottom line financière » et en concluent :  » On veut bien faire du wecena, mais uniquement si ça rapporte du cash ». Autrement dit :  » Si le wecena ne nous rapporte pas de cash, ça ne nous intéresse pas, et ce même si ça ne nous coûte rien.  » Au final, seuls les plus convaincus acceptent d’en faire. Mais un peu trop « à la légère » pour la plupart d’entre eux.
  • Convaincre une SSII de faire du mécénat, ça ne suffit pas à la convaincre d’en faire beaucoup et régulièrement. Il y a celles qui en font « pour la communication » et se satisfont donc d’un maigre volume. Et il y a celles qui en font « pour les RH » mais, même dans ce cas, la frustration des porteurs RH est grande devant l’incompréhension et le manque d’enthousiasme et d’attention des dirigeants commerciaux. Dans le secteur de sous-traitance qu’est celui des SSII, la culture commerciale l’emporte largement sur celle du développement des ressources humaines. Et même quand le comité de direction est enthousiaste et partant, le moindre coût de Trafalgar sur le business met le mécénat en danger : ce n’est pas une priorité et ça passe à la trappe si le RH a d’autres soucis à gérer pour un temps. Le mécénat est la dernière roue du carrosse, juste après les RH vus comme centre de coût voire comme un luxe inutile. « Faire de la RSE » en soi ne suffit pas, « occuper utilement les intercontrats » non plus, rendre ses salariés heureux ou fiers d’eux-même ou de leur société est un luxe.
  • Ce qui freine la RSE, ce n’est pas son coût mais la difficulté à en percevoir et à en communiquer la valeur aux parties prenantes. Dans ce contexte, le modèle économique du wecena est trop compliqué. Ce DG de SSII l’avait bien compris :  » Monsieur Millerat, j’ai beaucoup de sympathie pour votre projet ! » me dit-il tout sourire en me confiant une coupe de champagne lors du cocktail d’assemblée générale de Syntec Numérique. Plusieurs mois après, une responsable RH de sa société m’avoue :  » Nous avons bien compris que le coût du wecena est remboursé par des économies d’impôts. Mais, finalement, nous ne ferons pas de wecena car, même si cela ne nous coûte rien, notre DG serait alors obligé d’expliquer à la maison mère pourquoi notre résultat avant impôts a baissé même si cette baisse est compensée à 100% par l’économie d’impôts. Les échanges avec la holding corporate sont déjà assez compliqués comme ça, notre ‘bande passante’ est limitée, on ne va pas ajouter le wecena en plus, les actionnaires ne prendraient pas la peine de comprendre. De plus, comme les bonus de nos managers sont indexés sur notre résultat avant impôts, cela nous obligerait à expliquer à nos managers pourquoi nous modifions la définition de leur bonus et donc pourquoi nous faisons du wecena. Le jeu n’en vaut pas la chandelle… « . Le wecena, même si il ne coûte rien en soi, revêt un caractère d’engagement social de toute l’entreprise et de toutes ses parties prenantes. Dans une culture dominante éloignée de l’innovation sociale, la communication sur le wecena risque soit d’être insuffisante et donc inefficace, soit trop coûteuse car le message serait trop éloigné des réalités et réflexes habituels de l’entreprise qui n’est pas habituée à ce genre d’initiative.
  • Une forte proportion des grosses SSII ne paie pas d’impôts sur les sociétés. Même bénéficiaires, les grandes entreprises ont tiré partie de règles fiscales leur permettant d’éviter l’impôt sur les sociétés. Il s’agit notamment des mécanismes de report de déficit : si une société avait un gros déficit une certaine année, elle pouvait reporter son déficit pour compenser les bénéfices des années suivantes et, ainsi, ne jamais avoir d’impôts sur les sociétés à payer jusqu’au moment où ses bénéfices excèderaient largement les déficits des années passées.
  • Le montage contractuel du wecena est trop compliqué : une convention de mécénat entre chaque SSII et chaque association, ça fait beaucoup de paperasses, des négociations contractuelles parfois disproportionnées en temps (au regard du volume des dons obtenus par la suite), des délais de gestion administratives, des reçus fiscaux et des flux financiers qui se multiplient.

Conclusion pour faire au plus court : le wecena version 1.0 est trop compliqué et pas assez stratégique.

Alors que faire ?

Première chose à faire, pallier aux urgences :

  • refaire bouillir la marmite familiale en prenant un job salarié, je deviens à partir de ce lundi directeur de l’innovation du CNED (de l’innovation numérique à finalité sociale, je poursuis dans mon élément),
  • suspendre le remboursement de mes 2 prêts Antropia : l’incubateur social Antropia m’avait permis de financer cette phase de vente initiale aux SSII qui s’était avérée plus longue que prévue, grâce à un prêt d’honneur à Wecena SARL. L’activité n’est pas suffisante pour continuer à rembourser. Antropia m’aide à trouver la meilleure solution pour la suite.
  • faire l’économie de la prospection des SSII : trop de temps passé à essayer de convaincre sur une offre qui n’emporte pas assez d’enthousiasme, mes moyens commerciaux ont été dépassés par l’ampleur de la tâche ; il faudra s’y remettre mais sous une autre forme qui reste à définir et à maintenir dans les limites d’un emploi secondaire (puisque mon engagement professionnel principal devient mon job salarié au CNED)…
  • imaginer un wecena plus simple et/ou plus stratégique : centraliser les dons en créant un fonds de dotation unique et d’intérêt général ? simplifier la tarification ? appuyer le développement des dons sur un réseau d’affiliés (cf. les 20.000 ¤ de cadeaux que vous pouvez gagner et partager sur http://defi.wecena.com/via/jean) ? construire avec un partenaire comme LIENS une offre à plus forte valeur stratégique pour les SSII et lui confier le « développement commercial » ? se focaliser sur des projets de solidarité plus proches des métiers et mettant les contributeurs en contact direct avec des populations en difficulté ? proposer aux SSII de conserver une part de l’économie d’impôts mécénat progressant avec leur engagement et espérer que cela suffise à déclencher un bouche à oreilles plus efficace et vertueux ? proposer aux SSII des contreparties plus « stratégiques » telles que des actions de formation technique au bénéfice de leurs salariés, des actions de recrutement de nouveaux salariés issus de la diversité, des actions d’animation et de communication en lien avec des directions achats de grands comptes … ? vous demander votre avis pour imaginer ce que serait une opération de mécénat de compétences qui pourrait revêtir un caractère réellement stratégique pour une SSII ? Sans doute un peu de tout cela et d’autres choses encore (vos suggestions seront les bienvenues)…
  • poursuivre le wecena au quotidien : plusieurs SSII continuent à jouer le jeu, malgré toute la frustration que je peux ressentir au vu du faible volume d’engagement, et leurs salariés contributeurs continuent à s’activer au quotidien de manière extrêmement utile et appréciée auprès des associations de solidarité. Il faut donc continuer à les accueillir, les former, les encadrer, assister l’association bénéficiaire dans la conduite des projets. Je continue à m’en charger : pour le flux actuel de 1 équivalent-temps-plein, ça me prend environ 2 demi-journées par semaine, réparties entre les mêlées téléphoniques qui ont lieu entre midi et deux, et les travaux du soir, sans compter que mon nouvel employeur accepte que je consacre quelques jours de congés sans solde à cette période de transition. Des amis consultants sont prêts à prendre le relais dans ce rôle d’assistance à la conduite de projets agiles et à distance. Pour moi, il s’agit également de maintenir en conditions opérationnelles la plate-forme wecena.com et de continuer à l’exploiter pour la production des reçus fiscaux et des éléments de reporting nécessaires aux associations et aux SSII.

Voila, voila. Vous l’aurez compris, c’est la crise aussi pour le wecena. Le wecena se poursuit malgré tout et, tant qu’il reste des SSII prêtes à remonter les manches de leurs salariés pour les faire contribuer à des projets de solidarité, le wecena continuera à exister. Le fait de reprendre un boulot de salarié me permet d’envisager avec plus de sérénité l’avenir du wecena (je n’ai plus le couteau sous la gorge), cela se traduira peut-être par un rythme d’évolution plus modeste, mais cela se traduira sans doute également par une plus grande ouverture et l’implication d’un plus grand nombre de partenaires.

Qu’est-ce que tout cela vous inspire ? À vous lire !

Le calcul causal peut prouver l’utilité d’une innovation sociale sans expérimentation

Quand on est décideur politique, entrepreneur social ou financeur d’innovations sociales (fondations,…), on aimerait bien savoir si l’innovation sociale ou la politique publique que l’on décide de financer ou de mettre en ½uvre sera réellement utile ou non pour la société. Par exemple, si je promets un sac de lentilles gratuit à toute famille africaine qui vient au dispensaire pour faire vacciner son enfant, est-ce qu’il y aura plus d’enfants vaccinés que si je ne fais pas cet effort ? Cet effort en vaut-il la peine ?

On aimerait mesurer (et même prédire) l’impact social de sa nouvelle initiative, de sa nouvelle intervention. Il y a des méthodes pour cela, comme par exemple la méthode du Social Return On Investment (SROI). Mais l’un des points faibles de ces méthodes (outre leur important coût de mise en ½uvre) est qu’elles ne permettent pas d’évaluer de manière très fiable si l’effet obtenu (il y a plus d’enfants vaccinés qu’auparavant ou bien qu’ailleurs) est réellement causé par son intervention (la distribution du sac de lentilles) ou bien si elle n’est pas due à d’autres facteurs (une meilleure information des familles par le bouche à oreilles, le fait que les familles aient pris l’habitude de se rencontrer sur les lieux de vaccination, ou l’influence astrale de la position des planètes…). On peut raisonnablement supposer que le sac de lentilles a contribué à une meilleure vaccination. Mais peut-on attribuer cet accroissement de la vaccination à cette intervention ? Difficile à dire…

Alors on recourt souvent à des hypothèses contestables et peu solides sur « ce qui se serait passé si mon innovation sociale n’avait pas été mise en ½uvre » et sur « ce qui, maintenant que mon innovation sociale existe, contribue à produire le même effet ou à le renforcer ». Comme les historiens qui cherchent à identifier la cause d’un événement, on essaie de faire preuve d’imagination et on formule des hypothèses peu solides car difficilement prouvables :  » Et si mon innovation n’existait pas, que se passerait-il ? ». Malheureusement, la méthode SROI a un niveau de complexité tellement inhabituel pour le champ de l’innovation sociale, que ces hypothèses au c½ur de la méthode restent souvent cachées, réduites à un 1 ou 2 ratios rapidement posés dans un coin du calcul et sont rarement contestés par les décideurs et financeurs, déjà impressionnés de voir que tel innovateur a mis en marche une telle méthode aux apparences de rigueur scientifique… Bref, le SROI, c’est très bien et généralement vertueux, c’est assez bluffant et utile, mais c’est loin d’être parfait.

Alors comment aller plus loin ? Et comment prouver que le projet que l’on promeut (distribuer des sacs de lentilles) est bien la cause que l’on peut attribuer à l’effet que l’on promet (avoir plus d’enfants vaccinés) ? Pour pouvoir prouver la cause réelle de l’effet attendu, il est préférable, et souvent indispensable, de mettre en place une expérimentation randomisée en double aveugle, comme le promeut par exemple le Poverty Lab d’Esther Duflo. C’est le même genre de problème, et de rigueur expérimentale nécessaire, que dans le domaine médical où l’on veut être sûr de l’impact d’une nouvelle thérapie avant de la mettre sur le marché.

Cependant, les études randomisées en double aveugle sont elles-mêmes coûteuses à mettre en ½uvre puisqu’il faut étudier deux fois plus de personnes. Il faut comparer l’effet attendu sur un groupe de personnes qui bénéficient de l’innovation (combien de familles font vacciner leur enfant parmi celles  à qui on promet le sac de lentilles) et le même effet sur un groupe de personnes que l’on prive de notre intervention (combien de familles font vacciner leur enfant en l’absence d’une promesse de sac de lentilles). Ce doublement du coût de la mesure est-il vain ? Certainement pas, il est indispensable sinon l’expérimentation ne démontre rien. Mais ce coût est à prévoir et donc à financer…

Et ces situations posent aussi des problèmes éthiques et de relations publiques : allez-vous priver « pour la science » des enfants d’une chance supplémentaire de se faire vacciner en décidant que leur famille ne se verra pas motivée par un sac de lentilles ? Allez-vous laisser mourir des enfants du « groupe témoin » pour pouvoir prouver que votre sac de lentilles est vraiment efficace et aurait pu les sauver si vous aviez été moins rigoureux ? Un raisonnement éthique bien posé devrait permettre de trouver rapidement la réponse. Mais ce raisonnement n’en reste pas moins difficile à communiquer.

Une solution nouvelle à ce problèmes semble émerger d’une théorie mathématique appelée la théorie du calcul causal, en probabilité. En effet, cette théorie permet, dans certains cas, de « remplacer » de manière tout aussi rigoureuse l’étude randomisée en double-aveugle par l’étude statistiques de données supplémentaires. Cette théorie aide à déterminer quels sont les indicateurs qui, si ils sont mesurés dans la situation actuelle (donc sans expérimentation randomisée en double aveugle), permettent par le biais de calculs, de démontrer l’efficacité d’une intervention. C’est presque magique, l’application de cette théorie permet de répondre de manière rigoureuse à des questions du type  » Que se serait-il passé si ces personnes avaient été privées de mon innovation ? » ou bien, à l’inverse, « Que se serait-il passé si ces personnes avaient été forcées à bénéficier de mon innovation ? ». Le prix à payer réside dans la nécessité de devoir formuler des hypothèses plus précises sur la  manière dont la cause promue (le projet, l’intervention, l’innovation, le sac de lentilles) produit l’effet promis (l’impact social, le nombre d’enfants vaccinés), par exemple par quelles étapes intermédiaires la cause produit son effet. Et ces hypothèse peuvent à leur tour être contestées. L’autre prix à payer, c’est qu’il faut mesurer un plus grand nombre d’indicateurs, correspondants aux hypothèses supplémentaires qui ont été formulées. Enfin, la théorie du calcul causal ne s’applique pas à tous les cas de figure. Mais l’avantage est énorme : pas besoin d’expérimentation !

Je découvre tout juste cette théorie et je ne saurais pas la mettre en ½uvre. D’ailleurs, je ne pense pas qu’elle ait déjà été mise en pratique par qui que ce soit dans le domaine de la mesure d’impact social (si ?). Mais quelle formidable découverte si elle permet, par l’analyse de données (vive l’open data), de s’économiser la mise en ½uvre d’une procédure expérimentale coûteuse, longue et à l’éthique parfois douloureuse.

Vivement que des chercheurs et des ingénieurs puissent outiller cette théorie et en faire bénéficier le champ de l’entrepreneuriat social !

NB : au passage, j’ai découvert le paradoxe de Simpson (rien à voir avec Bart) qui démontre combien notre intuition interprète mal la signification des probabilités.

Adapter des documents texte pour des travailleurs handicapés

À partir de ce mois-ci, Wecena n’adapte plus de livres pour BrailleNet notamment car BrailleNet expérimente un nouveau mode d’adaptation d’ouvrages, appuyé sur des bénévoles intervenant sur leur temps libre (plutôt que des volontaires intervenant sur leur temps d’intercontrat). Mais j’ai encore des volontaires qui désirent faire de l’adaptation de documents pour les déficients visuels. Nous nous rapprochons donc de la communauté Wikisource pour adapter des ouvrages du domaine public.

Cependant, j’aimerais mettre l’accent sur l’adaptation de documents ayant une utilité professionnelle, pour faciliter l’embauche ou le maintien dans l’emploi de travailleurs handicapés. Je me pose donc la question suivante : dans la vie professionnelle de travailleurs handicapés, en général ou bien dans des cas très spécifiques, quels sont les types de documents professionnels les plus utiles à rendre accessibles ?

J’élimine d’office les documents trop difficiles à adapter pour les volontaires débutants : documents graphiques, documents riches en tableaux ou diagramme. Je me limite donc volontairement aux documents très riches en texte, et avec de la structure comme dans un roman (plan, notes de bas de page, annexes, etc.).

Je pense donc à des documents comme :

  • contrats de travail
  • contrats commerciaux
  • notes administratives, circulaires,
  • textes de loi (mais ne sont-ils pas déjà tous accessibles sur legifrance ?)
  • décisions de jurisprudence (déjà accessibles quelque part ?)
  • devis, propositions commerciales,
  • brevets (sauf les diagrammes)
  • documentation technique (si pas trop riche en diagrammes)
  • documentation commerciale, catalogue (si pas trop graphiques)

Vous connaissez un travailleur handicapé dans la lecture de certains documents : pourriez-vous m’aider à compléter cette liste ? En dehors des livres, sachant qu’il y a des volontaires pour rendre plus accessibles des documents textes, quels seraient les adaptations sur lesquelles ces volontaires seraient les plus utiles, en particulier pour des travailleurs handicapés ?

Crowd sourcing, machine learning et intérêt général

[ J’avais envie d’envoyer ce message par mail à mes anciens collègues du laboratoire de recherche Personalization and Knowledge Lab de Motorola mais je me suis dit que ça pourrait inspirer d’autres personnes alors je le poste sur mon blog… ]

Salut les ex-PKLers…

J »ai une idée tordue et j’aimerais avoir votre avis à son sujet, si vous avez le temps et que le c½ur vous en dit… C’est un peu long, je vous préviens, on ne se refait pas…

La finalité de mon idée est de faire bénéficier certaines associations humanitaires (ou d’autres organismes d’intérêt général) des possibilités de prédiction et de recommandation offertes par les technos du machine learning.

La raison pour laquelle je réfléchis à ce sujet est triple :

  1. le machine learning, c’est vachement rigolo et ça me manque…
  2. il y a une grosse SSII qui me propose des informaticiens mais uniquement si c’est sur des projets ayant une dimension plutôt innovante sur le plan scientifique,
  3. je rêve de trouver un moyen d’utiliser mes notions de  machine learning pour des projets humanitaires ou d’intérêt général.

Pour avoir encore un peu de contexte, mes sources d’inspirations, pour cette idée, sont :

Mon idée est de trouver un moyen pour faire travailler de nombreux salariés de SSII en intercontrat sur la production de services de prédiction/recommandation, pour des ONG, via une plate-forme conçue à cet effet. Ma question est : est-ce faisable et si oui comment ?

Autrement dit, peut-on abaisser la « barrière à l’entrée » pour permettre à des informaticiens non spécialistes du machine learning et qui ont peu de temps à consacrer à ce projet, de contribuer de manière utile pour produire à plusieurs un service de prédiction/recommandation ?

Autrement dit encore et avec quelques détails en plus : en supposant que j’ai chaque jour 20 informaticiens en intercontrat à ma disposition, que chacun reste sur le projet sur une durée de 2 à 5 semaines, est-ce que je peux utilement les faire travailler via une plate-forme conçue à cet effet pour produire un service de prédiction/recommandation ? Est-ce que les résultats produits risquent de converger très rapidement (en 1 ou 2 mois) vers un certain niveau de qualité médiocre et ne jamais en décoller pendant le reste de l’année ? Ou bien est-ce que je peux espérer, en les faisant travailler de manière adéquate, produire une progression qui se poursuive pendant 1 an sur le même dataset ? jusqu’à obtenir des prédictions de qualité acceptable ?

Là où mon idée commence à devenir tordue, c’est que les informaticiens en question n’ont aucune compétence en machine learning. Ça va de l’analyste-réalisateur mainframe senior au spécialiste du module SAP dédié à la comptabilité des amortissements des sociétés de transports, en passant par le développeur J2EE junior et l’administrateur réseau Cisco. Comment faire travailler ensemble sur ce projet une foule d’informaticiens non spécialisés en analyse de données ?

Or, à la fois dans le Netflix prize et dans les prix de kaggle, il semble y avoir comme un leitmotiv :

  1. bien sûr, la qualité et la taille du dataset d’origine est absolument essentielle,
  2. au final, c’est l’approche « ensemble learning » qui semble marcher le mieux,
  3. les types d’algorithmes à mettre dans cet ensemble (réseaux de neurones, classifieurs bayésiens, ou autres) n’importent pas tant que ça, et il y a des algorithmes généralistes assez robustes qui donnent des résultats souvent pas trop mauvais (les decision trees mis en random forests par exemple), l’important c’est d’avoir une bonne diversité d’algorithmes et de paramétrage de ces algorithmes,
  4. la différence entre les gagnants se fait en grande partie sur leur capacité à traiter les données en amont de ces algorithmes : pour en extraire des indicateurs et des paramètres qui seront pertinents pour les algorithmes (normalisation, moyennage, discrétisation, combinaison de données, réduction/sélection des données, dérivation des données éventuellement en faisant intervenir des jeux de données de référence supplémentaires, etc.)
  5. pour avoir de bonnes intuitions quand aux enrichissements/dérivations/réductions à apporter au dataset en amont des algorithmes d’apprentissage, une certaine connaissance du métier ou du domaine fonctionnel dont parlent les données peut aider, mais ce n’est pas indispensable et une absence de connaissance du métier peut être partiellement compensée par la mise en place de bonnes visualisations de ces données.

Résumé de l’approche qui est sensée marcher le mieux : Bon dataset => Visualisation inspirantes => Nombreuses et diverses dérivation ou réductions => Divers algos d’apprentissage => Ensemble.

Est-ce que ce que je dis là vous semble plutôt vrai ? ou est-ce que le démon se cache dans le détail de mes erreurs ?

En continuant sur cette lancée, je me dit que des informaticiens qui ne sont pas des « data scientists » mais ont 3 ou 4 semaines à consacrer à ce type de problèmes pourraient commencer par apprendre à produire des visualisation du jeu de données pour chercher des intuitions quant à la manière dont il faudrait l’enrichir (point 5 ci-dessus). Ensuite, ils pourraient écrire des petits scripts dans le langage de leur choix pour enrichir le dataset avec des données dérivées (point 4 ci-dessus) ou pour en réduire la dimension en sélectionnant certaines de ces données. Leur travail s’arrêterait là.

Ensuite, une batterie pré-définie de quelques algorithmes plutôt pas mauvais en général pourrait mouliner ces datasets enrichis et, en mettant le tout dans un Ensemble, fournir des résultats pas trop médiocres ? En ayant un nombre et une diversité suffisamment grands de contributeurs, en les faisant partager leurs intuitions via une bonne animation en ligne (rencontres, discussions, forum, wiki,…) et en les faisant travailler avec les bons outils collaboratifs (partage de code, …), qu’est-ce que ça donnerait ?

Autrement dit, est-ce qu’on peut compenser une absence d’expertise en machine learning par :

  • une population suffisamment grande et diverse d’informaticiens non experts et ne pouvant rester plus d’1 mois ou 2 sur le sujet,
  • et une plate-forme de machine learning bien pensée.

Est-ce que, ainsi, pour un dataset donné et moyennant un travail initial de quelques semaines pour mettre en place la plate-forme puis pour la « régler » pour ce dataset, je pourrais faire utilement travailler pendant un an 20 informaticiens disponibles chacun pour une durée de 2 à 6 semaines ?

Ou bien est-ce que je ne fais qu’énoncer le paradoxe du singe savant ?

Voila. Si jamais cela inspire quelqu’un, qu’il réagisse en commentaire SVP !

Elèves de Grandes Écoles = carottes pour SSII ?

Vous connaissez le concept des carrotmob ? On trouve un commerçant qui accepte un deal du style :  » On vous amène 200 clients ce soir et, en échange, vous vous engagez à consacrer 30% du chiffre d’affaires correspondant pour remplacer toutes vos ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation et pour ajouter des produits équitables dans votre catalogue pendant un an ».

Bref, on agite devant le commerçant une carotte (les nouveaux clients) en échange d’un engagement solidaire pour la planète ou les plus démunis (investissement dans du nouveau matériel, changement de fournisseur d’électricité, etc.). Ensuite, « yapluka » rameuter les clients en foule « pour la bonne cause ». Si ça marche, tout le monde y gagne :

  • les clients bénévoles ont fait leur bonne action (et leurs courses !)
  • le commerçant a un chiffre d’affaire suffisant pour investir dans du nouveau matériel bon pour l’environnement ou dans de nouvelles pratiques plus solidaires et durables
  • une bonne cause a été servie de manière concrète (environnement, solidarité, …)

Le concept est américain, sympa et se développe en Europe : avec un certain succès en Allemagne, plus lentement en France. Le plus dur semble être de trouver les commerçant prêts à s’engager : c’est nouveau alors ça suscite forcément un peu de méfiance…

Dans le cas qui m’intéresse, les commerçants sont des SSII. Et les carottes pourraient être… les futurs jeunes diplômés de grandes écoles ! Les élèves intéressés pourraient participer en acceptant d’assister à des journées de recrutement de SSII (présentation de la boîte, simulations d’entretiens) en échange d’un engagement concret de la SSII au profit d’une grande cause (handicap, éducation, pauvreté…). L’idée serait donc la suivante : je trouve une ou plusieurs SSII prêtes à s’engager : pour tout élève de telle ou telle école qui participe à son événement de recrutement, elle s’engage à offrir X journées de travail de ses salariés à une association de solidarité. Les SSII ne s’engagent pas à embaucher les élèves ni les élèves à répondre à n’importe quelle offre d’emploi de la SSII. Les étudiants participants s’engagent juste à participer à l’opération de recrutement, à ouvrir leurs yeux et leurs oreilles pour découvrir l’entreprise, à y déposer leur CV, éventuellement à s’entretenir avec des salariés ou des manages de l’entreprise… De leur côté, les SSII s’engagent à un offrir un nombre important de jours de prestations pour chaque participant. Et je contrôle par la suite que les engagements sont tenus dans les temps. En bonus, les élèves les plus motivés peuvent également aider bénévolement les associations de solidarité qui bénéficient de l’opération.

L’intérêt principal que j’y vois, c’est que les SSII raffolent des futurs jeunes diplômés des grandes écoles et que ce serait une sacrée carotte pour faire en sorte qu’elles fassent davantage don des temps morts de leurs salariés aux associations de solidarité pour lesquelles je travaille. Actuellement, les SSII qui font déjà du wecena font preuve de bonne volonté. Mais, en interne chez elles, convaincre ses collègues, patrons et subordonnés de l’importance de faire du mécénat de compétences n’est pas chose aisée : il manque une carotte concrète !

La question que je me pose encore est la suivante : y aurait-il suffisamment d’élèves de grandes écoles prêts à participer à de telles opérations de recrutement de manière à développer les dons de compétences des SSII au profit des associations de solidarité ? A votre avis ?

Exercez vos neurones pour une bonne cause

Nicolas et Maxime sont élèves à l’École Centrale de Paris. C’est la 3ème fois qu’on se rencontre. Cette fois-ci, ils m’ont invité à faire plancher leurs camarades sur la résolution de problèmes éventuels que rencontrerait Wecena. Un amphi de 300 centraliens qui exercent leur créativité pour me filer un coup de main ? Je ne dis pas non ! D’autant moins que je garde au chaud, depuis le lancement de cette aventure, une liste de problèmes à résoudre. Je maintiens cette liste sous la forme d’une carte heuristique mais je vais d’en extraire, sous forme linéaire, 3 problèmes essentiels pour les partager sur ce blog. Attention, il ne s’agit pas de problèmes technologiques ! Des futurs ingénieurs peuvent-ils contribuer à leur résolution ?

Comment attirer plus de volontaires parmi les salariés des SSII participantes ?

L’effectif cumulé de toutes les SSII qui ont accepté de faire du wecena est de plusieurs milliers de salariés, soit plusieurs centaines de salariés en intercontrat chaque jour. Pourtant, le volume de volontaires (salariés qui décident de faire du wecena pendant leur intercontrat) a du mal à décoller au-delà de 3 équivalents-temps plein (et encore, ya certains mois…). Sans chercher à mobiliser de nouvelles SSII (c’est un autre problème), comment transformer une plus grande proportion de leurs salariés disponibles en volontaires Wecena ?

Deux conditions me semblent nécessaires et suffisantes :

  1. que les salariés en intercontrat soient informés qu’ils peuvent faire du wecena : le taux d’information dépend des actions de communication interne par le service communication lorsqu’il y en a un (mais leur bande passante est limitée et leurs canaux facilement saturés et faiblement efficaces car les salariés qui passent leur vie « chez le client » n’ont pas le réflexe de lire le mag interne, l’intranet corporate ni même leur boîte email corporate), et des actions des équipes de management dans les agences. Lorsque le responsable RH local est motivé et que le directeur d’agence (manager commercial) lui donne son feu vert, l’effet est visible : des volontaires pointent le bout de leur nez. Mais, parfois, certaines agences ne donnent aucun signe de vie. Puis-je y faire quelque chose sachant que je n’ai pas la main sur la vie interne de ces entreprises ?
  2. une fois informés, qu’ils décident de se porter volontaires : actuellement, c’est peut-être ce taux de recrutement de volontaires qu’il faudrait optimiser en priorité (l’information semble déjà passer). Les volontaires sont « recrutés » soit par leur RH local soit par d’autres volontaires mais uniquement dans le cas où ceux-ci effectuent leur intercontrat en agence (et non à domicile comme c’est parfois le cas en région parisienne), grâce au bouche à oreilles. Cependant, la proportion de volontaires reste faible. Le bouche à oreilles demande des efforts et est difficilement stimulable de l’extérieur. La « viralité » a ses limites surtout quand les salariés en intercontrat ne se croisent que quelques jours et surtout parce que l’effet du bouche à oreilles est limité à la portée de la machine à café (une poignée de salariés qui se cotoient en intercontrat pendant quelques jours seulement). Par ailleurs, j’observe que près de 50% des volontaires sont des femmes alors qu’elles représentent moins de 15% des effectifs. Pourquoi ? La marque Wecena manque apparemment d’attractivité pour les hommes ? Résonne plus avec l’instinct maternel, compatissant et nourricier (« les pauvres enfants handicapés du Tiers-Monde… ») et pas assez l’instinct du mâle (protecteur ? séducteur ? conquérant ?…) ? Faut-il masculiniser cette marque et comment ? Comment éviter les clichés marketings masculins ? Comment développer l’univers symbolique de la marque en veillant à sa « compatibilité » avec des cultures très hétérogènes et parfois allergiques au marketing (le manager commercial de SSII qui pense performance et profit, l’informaticien salarié qui pense maîtrise technologique, le salarié d’association qui pense respectabilité et dévouement, …) ?

Et comment agir sans créer d’effet de « fatigue » ? Il ne peut pas s’agir exclusivement de communication événementielle sur le mode « notre société a décidé de venir en aide de telles associations : devenez volontaire si vous êtes en intercontrat » ? L’effet doit être constant puisque de nouveaux intercontrats débutent chaque jour. Quel intérêt pour le management et pour les salariés à désirer, à chaque nouvel intercontrat, devenir volontaire Wecena ?

Bref, quand on n’y connait pas grand-chose en marketing et qu’on se rend compte que c’est une partie absolument essentielle de son problème, comment faire ? :)

Comment s’adapter à la cyclicité des taux d’intercontrat ?

Sans en avoir les preuves, je suppose que les taux d’intercontrat connaissent deux cyclicité :

  • une cyclicité sur un an, au rythme des achats de prestations par les clients : dépenses de fonds de tiroir en fin de cycle budgétaire, fins de projets en fin d’année civile et en fin d’année scolaires, absence des commerciaux en périodes de vacances soclaires et intercontrat de pré-rentrée, etc.
  • une cyclicité sur plusieurs années, au rythme de l’état général du marché et notamment du marché de l’informatique : grosso modo, au rythme de la bourse ! quand les DSI doivent se serrer la ceinture pour cause de réduction budgétaire, les SSII vendent moins de prestations et l’intercontrat augmente (puis se stabilise) ; quand on contraire, les directeurs des finances débloquent des budgets d’investissement pour leur DSI, les SSII vendent à tour de bras et recrutent, et l’intercontrat baisse puis se stabilise.

Cette variabilité du taux d’intercontrat influe fortement sur le débit en volontaires. Dans une certaine mesure, plus il y a d’intercontrat, plus le potentiel de chiffre d’affaire de Wecena est élevé (même si il y a de nombreuses limites et effets contraires à cela). En tout cas, dans une situation de reprise après crise, les taux d’intercontrat baissent jusqu’à un certain point (sans jamais s’annuler), le temps pour les SSII de recruter à nouveau. Même si le nombre de salariés en intercontrat parmi les SSII déjà participants est dans tous les cas de plus de 100 (il y a toujours un gros « vivier » de volontaires potentiels), la proportion de salariés décidant de faire du wecena (devenir volontaires) reste sans doute constante et le volume de volontaires est donc a priori proportionnel au volume d’intercontrat. Comment s’adapter à cette cyclicité ? Comment éviter un intercontrat interne à Wecena ??? Ou comment le gérer intelligemment ??? Et comment le prévoir et le financer en conséquence ?

Comment mesurer l’impact social du Wecena ?

L’impact social du Wecena sur les bénéficiaires finaux (exemple : personnes handicapées lisant les livres de braillenet, etc.) est d’autant plus difficile à mesurer que les méthodes de mesure de l’impact social (SROI), déjà balbutiantes et à la fiabilité toute relative, supposent un accès direct aux bénéficiaires finaux pour pouvoir les impliquer dans la démarche, recueillir leur parole et leurs données. Sachant que cet accès direct n’est pas possible, que cette méthode est déjà coûteuse à mettre en ½uvre dans les cas simples et qu’il s’agit de mesurer l’impact social sur plusieurs projets à la fois, comment faire ? Quelle meilleure méthode ? Comment garantir que l’État (le contribuable), en rendant possible le financement du wecena via le régime fiscal du mécénat, « en a pour son argent » ?

Voila. Si on pouvait déjà résoudre ces trois problèmes (et en particulier le 1er !), ma vie serait laaaaaargement plus facile. :)

Free money

Not « free money » as in « free beer » but free as in « free speech ». I mean « Libre money », like « Libre software ». Money made free. Goods made free so that they make people freer. What could this mean ?

Could the concept of copyleft found in the realm of software and intellectual creativity be transposed to material and rival goods so that humans get freer from their dependency on material goods and property ?

Let’s pretend I have a pencil in hand (or 10 euros). Here is my (imaginary) offer to you be : you can get this pencil if and only if :

  • after some predefined time (let’s say after 10 seconds) you must accept to give this pencil (or an equivalent pencil ?) further (not back) to anyone who asks for it and accepts some predefined conditions (the contract)
  • the most important condition this futher person/borrower must accept is to further transfer the goods along with their freedom contract once the defined delay has expired : they can’t put any additional restrictions to the freedom of people wishing to get these pencil(s)
  • maybe you will have some interest to add to it (for instance the condition may be that you must accept also giving a second pencil under these conditions after 10 seconds)

Once you get the pencil under such a contract, you are free to do anything you want with this pencil (you may draw a picture for instance). 10 seconds later, you may still keep it as your own (and keep on drawing pictures meanwhile) until someone comes to you and asks for this pencil. Then you must propose this pencil and an additional one under the conditions above. If the further person accepts these conditions, she may take this pencil (or these 2 pencils) and do the same : do anything she wishes during some time then keep doing anything she wants until someone gets the (1, 2, 3 or 4) pencil(s) under the same contract.

From now on, these pencils are made free. They are still the property of the persons who initially set them free. But, as long as the conditions of the contract are respected, they will freely flow from person to person. If there is an interest rate defined in the contract (the second pencil or 100% interest rate in the example above), then these interests are also made free and will contribute to the total amount of free rival goods in circulation. In some future, the whole population of pencils of planet earth may be made free in such a process !

You may note that this whole concept I am proposing here :

  • is rooted in the free culture of free software
  • is also rooted in the culture of giving in freedom which the economy of communion tries to promote
  • gets inspiration from the current trend of sharing stuff via the Internet, and optimize the ownership and use of material goods, including the fabulous freecycle network
  • somehow relates to the American ideal of « giving back to the community » (once you are richer) but with a twist
  • allows charitable gifts to poor people to be made less humiliating because the gift is now a loan and « officially » recognizes that the person receiving goods (the « poor » person) also receives a debt not toward the giver but toward humanity, while still giving merit to the initial loaner who « sufffers » from the « loss » of the items made free
  • is a common practice in many traditions such as master/apprentice  or teacher/student or parents/children relationships : master transfers some trade knowledge to apprentices as long as a moral obligation to further transfer this tradition/knowledge to future generations of apprentices/would-be-masters.

Now there are several practical problems with any attempt at contractualizing these practices of « giving back to the community » :

  • what if someone is materially not able to further give/transfer the good when the loan delay has expired ?
  • how to limit the risks of having malicious people exploit the system at their own profit and break the chain of freedom ?
  • are interests rate desirable or even morally acceptable ?
  • which sets of conditions would best guarantee the development of the freedom of humanity with regards to these goods ?
  • could such contracts be drafted and enforced world-wide despite borders and disparities among national laws ?
  • in order to maximize the probability that people don’t abuse the system and protect the freedom of these goods in further paying their debts, should the power of this contract mainly rely on justice (a judge may take your goods in order to pay your freedom debt) ? or on social mechanisms (such as only accepting female borrowers or borrowers who come as a group of independent but socially related people, in a way similar to some practices in the field of microcredit) ? or both ?
  • could such a system be made viable offline ? or will it necessarily rely on online trust mechanisms (identity, reputation, social networks, cryptography, …) ?
  • could such a system be made viable without a central platform ? can it work in a peer-to-peer fashion in the same way free software licences work (the only central point of failure for the GPL is the unique power of the FSF to release later versions of the GPL) ?
  • could the risk of failing borrowers (people not paying their debt further) be covered by some insurance mechanisms and agents ?

My real purpose here (beyond playing with an attractive concept) is to invent a contract which can be useful in order to augment the freedom of people to access and use goods they don’t own while still protecting (and contributing to) the freedom of further people to do so.

With your comments and contributions, maybe we could find the perfect combination of conditions a freedom loan contract should impose in order to meet the purpose above.

In further comments or posts, we/you may :

  • tell the fiction of several goods released under free loans/free debt contracts in order to explore the potential advantages and drawbacks of some combinations of conditions,
  • propose several such loans « for real » to readers in order to practically experiment and play with these concepts.

(But please DO NOT ASK for money here. Money will not be given to you. People asking for money and not usefully contributing to this conversation may be banned as spammers.)

Agrégeons les missions de volontariat, bénévolat et mécénat de compétences

Je suis en train de regarder la video de la conférence Digital4Change avec M.Yunus et M.Hirsch chez HEC la semaine dernière.

Et la première intervention de Martin Hirsch me laisse croire qu’il y a une action technologique à fort impact social qui pourrait être lancée par un geek qui s’ennuierait un peu (ça doit bien exister, non ?). L’objectif social serait de faciliter l’engagement des jeunes (et moins jeunes) dans des actions de volontariat (à temps plein, indemnisé), de bénévolat (sur le temps libre, non indemnisé) ou de mécénat (à temps partiel ou plein, sur le temps de travail) auprès d’associations d’intérêt général. Ce que je suggère, c’est d’agréger et publier en linked data l’ensemble des missions de volontariat publiées par les diverses agences de service civique, en commençant par l’agence nationale française. Il y a même déjà un flux RSS 2.0 des missions.

Ensuite, il y a Unis Cités, le précurseur français. Pas de flux RSS ?

En France, on a aussi les missions de bénévolat. Je pense à Passerelles & Compétences et de multiples autres organisations similaires.

A l’étranger, il y a des dizaines de sites équivalents. Je pense notamment à idealist.org (qui a aussi un flux RSS de missions) et d’autres.

Ce serait vraiment génial de publier des flux interopérables de toutes ces bases de volontariat et d’en publier une vue agrégée sur un site central, avec possibilité de recherche multicritère et d’alerte (en flux RSS ou par email).

Bon, ceci dit, c’est un peu nul de ma part de suggérer cette idée dans la mesure où je ne prendrai probablement pas le temps de lancer techniquement une telle initiative. Mais je serais ravi d’y participer et d’y inclure les flux de missions de plate-forme ouvertes de mécénat de compétences (Mecenova, Wecena, et pourquoi pas makesense et d’autres, …). Ca inspire un hacker de passage par ici ?

Des volontaires pour CrisisCommons et/ou OpenStreetMap ?

Le contexte

CrisisCommons est un mouvement d’internautes bénévoles qui a pour vocation d’aider les ONG humanitaires à tirer le meilleur parti possible des communautés de volontaires technophiles sur Internet pour participer à la gestion des catastrophes (tsunami, tremblement de terre).

OpenStreetMap est une communauté de cartographes amateurs et un système d’information géographique libre (données libres) dont l’un des champs d’application est la gestion des crises humanitaires.

Je désire mettre des informaticiens en intercontrat au service de ces deux communautés dont le travail est non seulement innovant mais absolument remarquable. L’enjeu, ici, est de sauver des vies grâce à des bénévoles, de la techno et des données libres !

Depuis quelques semaines, j’essaie donc de cadrer ma mobilisation de volontaires, à l’aide des contributeurs français de ces communautés. Et notamment, avec les suggestions de :

  • Claire Ulrich, représentante de Global Voices et d’Ushaïdi en France et contributrice CrisisCommons de renom,
  • Ratzillas, contributeur de premier plan de la communauté OpenStreetMap en France et représentant de la branche « données libres » de l’association OSGéo-FR, et fort contributeur de CrisisCommons en France,
  • Sarah Aizenman, coordinatrice et représentante de l’association Fondation Casques Rouges
  • et de toute personne qui postera un commentaire plus bas ;)

Pour fonctionnert

Pour pouvoir mobiliser des volontaires en entreprise, voici la liste des ingrédients qui seraient requis :

  1. un organisme d’intérêt général (au sens de l’article 238 bis du code général des impôts) pour valider institutionnellement le projet et, fiscalement, les dons : la Fondation Casques Rouges ? l »association OSGéo-FR ?
  2. des sources de tâches humanitaires à réaliser, en recherche de volontaires ; on les a, sous la forme du wiki Crisis Commons et de la communauté OSM (notamment la Humanitarian Openstreetmap Team)
  3. un comité des sages qui, seul, a le pouvoir de décider, parmi ces tâches, lesquelles doivent être confiées à des volontaires et lesquelles doivent être ignorées, sur la base de leur véritable utilité humanitaire (espoir d’impact social positif) et d’une charte publique à définir (style Croix-Rouge : neutralité, etc.). Ce comité est investi de son pouvoir par l’organisme d’intérêt général. Ce comité pourrait être constitué de… Claire, Gaël, Sarah ! (par exemple)
  4. un staff maîtrise d’ouvrage = du temps homme, pour coordonner au quotidien, de manière opérationnelle, les volontaires. Peut-être que ce temps (et donc ce pilotage au quotidien) pourrait être assuré par la Fondation Casques Rouges, qui me semble être la seule à disposer de temps.homme salarié destiné à ce type de réalisation ?
  5. un système d’information pour gérer les volontaires et la répartition des tâches = wecena.com, je l’ai fait pour ça
  6. un représentant du projet auprès des sociétés mécènes (pour gérer les relations au quotidien et en chercher d’autres) = moi, c’est mon job
  7. du temps.homme de conseil pour mettre en place, rôder et assister la maîtrise d’ouvrage, équiper et outiller les volontaires et professionaliser le support opérationnel aux volontaires (= tutoriels pour réaliser les tâches, etc.) = moi, c’est l’essentiel de mon job
  8. des volontaires et des sous pour que je puisse faire mon job = les SSII mécènes

Cette réflexion s’est entamée il y a quelques semaines et se poursuivra cet après-midi à l’occasion du 2ème Crisis Camp Paris, de 16H à 21H à La Cantine.

Envie de jouer à l’entrepreneur social ?

Parfois, vous rêvez de vous lancer dans une création d’entreprise ? Qui plus est une entreprise à vocation sociale, pour rendre le monde meilleur ou aider les plus démunis ? Je vous propose de jouer avec moi à l’entrepreneur social en m’aidant à déterminer, sur laquelle des 13 pistes de développement ci-dessous je devrais concentrer l’essentiel de mes efforts. L’objectif est de trouver ensemble le meilleur moyen pour développer les pratiques de mécénat de compétences en entreprises (don de temps de travail au profit d’une association) et, plus particulièrement, de développer le wecena (don de leurs intercontrats par les SSII).

Lisez puis votez pour la piste qui vous paraît la plus prometteuse en laissant un commentaire à la fin de cet article ! Je réunis en octobre un jury composé d’experts en management des SSII et en mécénat de compétences (il s’agit de mon comité consultatif stratégique). Ils désigneront avec moi la piste qui deviendra ma priorité principale pour les semaines à venir. Vous saurez ainsi si vous avez parié sur la piste la plus prometteuse mais, surtout, vos votes et commentaires influenceront ce jury. Ils influenceront aussi peut-être les autres structures qui, comme wecena, essaient de développer le mécénat de compétences (je pense notamment à Mecenova, Koeo, l’Admical, …). Alors participez, commentez !

Le problème

Comment obtenir plus de volontariat en intercontrat de la part des SSII ? Ce problème se décline de différentes manières :

  • comment obtenir un plus grand nombre de volontaires ?
    • soit en convaincant plus de SSII
    • soit au sein des SSII déjà partenaires de Wecena mais qui ne mobilisent pas tous leurs intercontrats
  • comment obtenir des volontaires mobilisés à temps quasi-plein plutôt qu’à temps très partiel ? (en fonction de leur motivation)
  • comment obtenir des volontariats plus longs, non pas en terminant plus tard (le retour en mission lucrative reste prioritaire) mais en commençant plus rapidement dès le premier jour d’intercontrat (optimisation des process et réactivité) au lieu d’attendre plusieurs jours avant le début du volontariat ?

Les pistes

J’ai identifié 13 pistes et j’hésite dans la détermination de la piste sur laquelle concentrer mes efforts. Sur laquelle de ces pistes seriez-vous prêt à parier mon temps et mes efforts ?

  1. Renforcer l’animation du volontariat
    • en animant le volontariat comme un jeu (serious game),
    • en mettant en avant des scores de résultat social (par exemple : « combien de fois les livres que j’ai adapté en braille en tant que volontaire ont été lus par des personnes aveugles ? »)
    • ou d’impact social (par exemple : « les adaptations d’exercices de maths que j’ai faites pour les enfants dyspraxiques ont une valeur de 1.324 euros aux yeux de leurs parents ») via la méthode SROI,
    • en mettant en place une notion de « niveau d’expérience », de difficulté des tâches et de progression des volontaires (comme dans les jeux video ou jeux de rôles)
    • c’est amusant, innovant et prometteur, mais c’est risqué et pas forcément faisable
    • en faisant des endorsements/recommandations/remerciements systématiques via les réseaux sociaux Viadeo, Linked In, Facebook
    • en animant, avec du contenus (interviews, video, …) des groupes de volontaires via les social media, organisé par projet associatif ou par entreprise d’appartenance
    • en systématisant les interviews/demandes de témoignage des volontaires
    • mais ça demande beaucoup de temps
    • en facilitant le bouche à oreille entre collègues pour mobiliser d’autres intercontrats, voire pour introduire le wecena chez le prochain employeur du volontaire (en cas de démission/licenciement pendant l’intercontrat)
    • le bouche à oreilles semble bien marcher aujourd’hui
  2. développer un réseau de prescripteurs parmi les élèves et anciens élèves des écoles d’ingénieur en informatique
    • par exemple en organisant un mini-défi pour élèves ingé au profit des associations soutenues
    • en mobilisant des junior entreprises pour faire du marketing auprès des anciens via les annuaires des anciens
    • comme lors de notre mini-défi organisé avec les élèves de l’ENSEIRB
    • mais peu d’anciens sont dirigeants de SSII et les junior entreprises ont un coût et l’organisation d’animation pour étudiants prend beaucoup de temps pour des résultats incertains
  3. développer un réseau de prescripteurs via les instances représentatives du personnel en SSII

    • comités d’entreprises
    • CHSCT
    • DP
    • sections syndicales
    • mais les syndicats ont-ils réellement une influence sur les DRH et les DG ? et si cette influence était plutôt négative ?
  4. développer un réseau de prescripteurs parmi les acheteurs de prestations informatiques chez les grands comptes des SSII
    • « le client est roi » et donc influent mais c’est assez indirect et les SSII se méfient de l’importance réelle accordée au critère RSE dans les politiques achats de leurs clients (« est-ce vraiment important à leurs yeux ? »)
    • les acheteurs mettent déjà une pression monstrueuse sur les SSII, faut-il vraiment leur demander d’en faire plus ou autrement ?
    • qu’est-ce que le mécénat de compétences à côté d’un discount de 3%
    • est-ce vraiment faisable et efficace ?
  5. développer un réseau de prescripteurs parmi les prestataires de formation pour informaticiens
    • la formation est une priorité en intercontrat et une pratique courante
    • le mécénat de compétences comme première expérience pratique sur un cas réel ?
    • potentiellement très attractif pour certaines SSII mais les associations ne sont pas là pour essuyer les plâtres des apprentis
  6. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en mécénat ou responsabilité sociétale et environnementale (RSE)
    • mais les SSII représentent justement une part infinitésimale du secteur du conseil en mécénat et RSE
  7. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en stratégie RH et notamment stratégie recrutement
    • mais il faut bien distinguer les recruteurs et les consultants en stratégie RH et ont-ils un vrai pouvoir de prescription sur la gestion de l’intercontrat ?
  8. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants positionnés sur la niche des directions générales des SSII
    • très peu nombreux ?
  9. développer un réseau de prescripteurs via les fédérations professionnelles (Syntec Informatique, 3CSI)
    • bonne relation à renforcer avec Syntec Informatique mais effet très limité jusqu’à présent
  10. créer une petite carotte fiscale en réduisant les prestations aux associations et en laissant les SSII mécènes conserver une partie des économies d’impôts mécénat
    • diminuer de 2,5 ¤ le volume d’assistance aux associations pour faire gagner 1 ¤ seulement aux SSII (car on perd alors le levier fiscal du mécénat), est-ce vraiment judicieux ?
    • il y a un risque potentiel d’abus de droit fiscal en fonction de la motivation des SSII (la carotte est-elle une raison essentielle pour eux ou non ?)
    • ça peut être efficace pour ouvrir les portes ?
  11. renforcer la prospection directe
    • faire tous les salons emploi informatique pour les premiers contacts avec des RH en SSII
    • relancer plus activement les SSII au téléphone et professionnaliser mes techniques de « vente »
    • prendre un stagiaire commercial
    • tenter un publipostage aux DRH des SSII de taille moyenne ?
  12. rassurer davantage sur le plan fiscal
    • en améliorant/clarifiant mes supports de présentation du calcul de l’économie d’impôts mécénat
    • en packageant une étude avec une grande marque du droit fiscal
  13. monter des projets associatifs plus attractifs
    • des thèmes plus « sexy » (projets à caractère humanitaire ?)
    • des projets plus en lien avec les compétences métier hors développement
    • avec des « grandes marques » associatives grand public (Croix-Rouge Française, Restos du Coeur, …)

Voici pour les 13 pistes. J’ai trop tendance à courir 13 lièvres à la fois. Lequel devrais-je courser selon vous ? Qu’en pensez-vous ?

Urgent : mobilisons les managers humanistes en SSII !

Pour transformer les SSII françaises en mécènes, Wecena s’entoure de conseillers bénévoles, les « guides du wecena ». Vous connaissez un dirigeant ou manager senior de SSII ou de société de conseil qui a la fibre humaniste ou citoyenne ? Il/elle dispose de l’expérience et de la carrure nécessaires pour guider Wecena dans son développement ? Il est prêt à consacrer quelques pauses déjeuners au développement d’une culture du don et du mécénat dans son industrie ? Envoyez-moi ses coordonnées pour que je le contacte au plus vite.

Attention, cerise sur le gateau : si il accepte dès ce mois d’août d’offrir ses conseils à Wecena, l’incubateur social Antropia (ESSEC et Caisse d’Epargne) offrira un nouveau financement de près de 30.000 euros pour faire décoller le wecena ! Faisons vite, il ne reste plus que quelques jours !

2 guides se sont dores et déjà engagés à soutenir le développement de Wecena :

  • François Hauser, associé fondateur du cabinet Neoxia, plus de 20 ans d’expérience en direction et développement d’entreprises de conseils et de services en informatiques,
  • Patrick Bertrand, président fondateur de Passerelles & Compétences, pionnier en France des relations entreprises/associations et du bénévolat de compétences,

A ce jour, Wecena a permis à 13 salariés de 5 SSII (Open, Neoxia, AMD Conseil, IORGA Consulting, Maltem Consulting) de consacrer une période d’inter-contrats aux projets de 3 associations d’intérêt général. Ensemble, ils ont :

Comment faire pour passer à 130 puis 1300 salariés volontaires ? à 50 puis 500 SSII mécènes ? à 30 puis 300 chantiers associatifs soutenus ? Les associations ont besoin de la générosité des managers de l’industrie des services en informatique. Sollicitez les plus humanistes d’entre eux pour qu’ils guident Wecena !

Pour en savoir plus sur le rôle des guides du wecena :
http://www.wecena.com/apropos/participer/conseil-strategique

Et, si vous avez un compte sur Facebook, n’oubliez pas de rejoindre et de faire connaître la page « Je préfère les SSII qui font du wecena ! ».

Défi Wecena: 2ème étape = identifier des étudiants solidaires

La 1ère étape du défi wecena, c’était… d’imaginer faire quelque chose ensemble et de faire connaissance. Après nos premiers échanges par email, une importante SSII m’a signalé son intérêt pour aider des étudiants à relever ce défi. Et, ce soir, j’ai fait la connaissance en visioconférence de Christelle et Valentin, les 2 étudiants de l’école d’ingénieurs ENSEIRB/MATMECA à Bordeaux avec qui je monte le défi. Ensemble, nous avons défini une nouvelle étape préparatoire du défi : rejoignez-nous pour réussir cette étape !

Les objectifs de cette deuxième étape :

  1. trouver 2 étudiants : d’ici la fin de la semaine prochaine, identifier le plus grand nombre possible d’étudiants prêts à relever le défi wecena (c’est-à-dire au moins 2 autres étudiants !).
  2. trouver 1 SSII : trouver au moins une SSII prête à organiser d’ici fin mai une ou 2 réunions, entre midi et deux, entre les salariés en intercontrat dans l’une de ses agences et les étudiants participants, pour que ces étudiants tentent de les convaincre de les rejoindre pour relever ensemble le 1er défi Wecena

Voici la définition dont nous avons convenu pour le 1er défi Wecena :

  • L’équipe gagnante est celle qui aura réussi à ajouter le plus grand nombre de livres possibles à la bibliothèque numérique pour aveugles de l’association BrailleNet d’ici fin juin (date possible : le 26 juin).
  • Pour réussir le défi, les membres de chaque équipe inscrite peuvent d’une part essayer d’adapter eux-même sous traitement de texte les livres fournis par BrailleNet (environ 4H par livre) et d’autre part, pour démultiplier leur capacité de travail, convaincre des salariés de SSII en intercontrat de rejoindre leur équipe dans le cadre du wecena. Et je suis au service de ces étudiants pour les aider à convaincre des salariés en intercontrat et, si besoin, les mettre en relation avec les SSII potentiellement intéressés.
  • Pour pouvoir participer, chaque équipe doit être constituée d’une part d’au moins 2 étudiants d’écoles d’ingénieur, de commerce ou d’université (formations diplomantes en informatique si possible) et d’autre part d’au moins 1 salarié de SSII ou de cabinets de conseil.
  • Le prix sera constitué par de généreux donateurs dont les éventuelles SSII mécènes ; il pourra comporter une partie en nature telles que des propositions de stages, d’entretien avec des équipes recrutement, ou autre.
  • Le prix sera remis fin juin par un jury qui présentera l’utilité sociale immédiate du travail accompli par les équipes et désignera l’équipe qui aura fourni le plus de livres adaptés à BrailleNet !

L’esprit de ce défi n’est pas de proposer une invention technologique extraordinaire qui pourra peut-être, hypothétiquement, aider, peut-être, une ou quelques personnes dans un pays lointain. L’objectif est de se retrousser les manches ensemble pour produire un impact social ici et maintenant : offrir un accès immédiat à la lecture de romans et livres de qualité à des lecteurs aveugles.

Le 1er défi wecena commence maintenant. Trouvons des étudiants prêts à retrousser leurs manches pour BrailleNet aux côtés de professionnels de l’informatique ! (Inscrivez-vous en laissant un commentaire sur cet article).

Concours Wecena pour étudiants en informatique

Mardi soir, je reçois un email de Christelle et Valentin, deux étudiants en école d’ingénieur en informatique. Je leur réponds ici. A la fin de cette discussion, nous imaginons créer un concours wecena destiné aux étudiants en école d’informatique et aux SSII friandes de jeunes diplômés dynamiques (et pas chers ? :)   ).

Christelle a écrit :
Nous sommes deux étudiants en école d’ingénieur (spécialisée en informatique, électronique, télécommunications, modélisation mathématique et mécanique). Nous avons découvert votre site via Antropia et l’avons lu et parcouru avec beaucoup d’intérêt.

OK

Nous partageons les mêmes valeurs et sommes convaincus que les TIC peuvent apporter également une plus-value sociale en contribuant à l’action associative.

Oui.

Nous trouvons votre concept génial et nous en restons très admiratifs.

Merci ! Je vous nomme co-présidents de mon fan-club. ;-)

Nous souhaitons vous poser quelques questions par rapport à votre parcours et à votre idée :
– Comment vous est venue cette idée, quel a été votre cheminement jusqu’à Wecena ?

Ca remonte à loin :

Quand j’étais petit, ma maman animait bénévolement un centre pour jeunes en difficultés. Depuis que j’ai 8 ans, je suis scout (de France) même si je ne suis plus actif depuis la fin de mes études (mais je reprend bientôt avec mes enfants !). Puis je suis devenu bénévole successivement chez Ingénieurs Sans Frontières puis équipier secouriste à la Croix-Rouge. Via les scouts et un copain prêtre et travailleur social, j’ai découvert la vie dans les quartiers des banlieues « sensibles » puis
ai monté bénévolement une asso qui est intervenue dans 10 banlieues françaises auprès d’assos de quartier de type associations de grands frère, et je leur proposais l’Internet comme activité pour attirer les petits frères et monter des animations autour de ce prétexte. Je créais ainsi des petits espaces publics numériques de quartier avant que ça ne prenne ce nom.

Bref, je suis tombé dans la marmite des associations de solidarité quand j’étais petit. Etant aussi un geek, j’ai constaté qu’on pouvait y faire des choses intéressantes en informatique, qu’on trouvait facilement du logiciel (libre par exemple) et du matériel (notamment de récup) mais que la ressource rare restait le temps-homme et les compétences.

En prépa, je me demandais vraiment si c’était ma voie et si je ne devais pas plutôt faire Science-Po ou un truc du genre. A la sortie de l’école, je me demandais que faire : peut-être de la recherche ou du conseil en sciences des organisations voire en politiques publiques ? non, trop pipo pour moi et l’Etat ne peut pas vraiment innover… Alors avec un copain je me suis lancé dans une première création d’entreprise. Au moment de se lancer, je me demandais comment combiner démarche entrepreneuriale et désir d’utilité sociale. N’ayant pas trouvé de réponse, l’entreprise créé a été classique (prestations de conseil et de veille via Internet).

Elle a planté après 2 ans et, comme c’était le moment où je me mariais et voulais créer une famille, je me suis posé tranquillement dans la direction informatique d’une multinationale (Saint-Gobain). En continuant une veille active sur le Net, j’ai alors découvert le concept d’entrepreneuriat social via les podcasts d’Ashoka et de la Social Innovation Review de Stanford. Je me suis mis à lister des idées de création d’entreprise plus ou moins sociale sans rien trouver de convaincant en 2004/2005. 2005, je quitte Saint-Gobain où je ne me voyais pas de perspective d’avenir à moyen terme et où je m’ennuyais. Je saute sur un super job de recherche en informatique chez Motorola (un paradis pour geeks, avant que tout n’y soit détruit). J’y prends mon pied mais continue à être frustré de manque d’utilité sociale (et de manque d’utilité tout court, d’ailleurs). En continuant à lister des tas d’idées de création, je fais le lien entre le besoin de compétences
informatiques dans le monde associatif et le phénomène des intercontrats chez les SSII qui avaient été mes prestataires chez Saint-Gobain. En en parlant à un copain, il me parle du mécanisme fiscal du mécénat et c’est là que ça fait tilt : « j’ai mon modèle économique ! c’est viable (sur le papier) ! ». Dans les mêmes semaines, un plan social mondial est déclenché chez Motorola et mon voisin de bureau se trouve ciblé pour la « charette ». Il est pas content du tout car plus près de sa fin de carrière que du début, il s’inquiète pour son employabilité. Je négocie alors avec lui et ma direction pour qu’il prenne mon poste et qu’on accepte de me laisser partir avec un beau chèque pour me lancer.

C’était fin 2007. Et depuis ce moment, je suis à temps plein sur Wecena.

Avez-vous eu d’autres idées, correspondant aux valeurs que vous défendez, que vous avez tenté de mettre en place mais qui n’ont pas pu aboutir ?

Oui pour avoir des idées. Mais aucune qui ne me soit apparu aussi réaliste que le wecena. Or je n’ai toujours pas réussi à prouver la viabilité économique du wecena… Et je n’ai pas tenté de mettre en place d’idée d’entreprise sociale autre que Wecena, du moins pas aussi sérieusement.

En fait, je pense qu’une fois qu’on a pigé ce qu’est l’entrepreneuriat social, on peut assez facilement décliner des idées d’entreprises classiques en entreprises sociales.

En plus, l’entrepreneuriat classique lui-même peut devenir radicalement social en changeant peu de chose : par exemple en devenant entreprise de
l’économie de communion, ou bien en adoptant un modèle coopératif et/ou du social business.

D’après votre blog/site, vous évoquez la possibilité de communiquer au sein des écoles d’ingénieurs.

Oui, mais je n’ai pas réfléchi plus sérieusement que ça à cette piste qui me semble coûteuse en temps, longue à fournir des résultats et incertaine en résultat. Mais je suis prêt à le faire avec votre aide. Allons-y.

Pourquoi ne pas ouvrir les portes de Wecena aux étudiants en informatique ? Certes, ce serait du bénévolat, plus du mécénat.

Oui. La plupart des projets sur wecena.com sont déjà ouverts au bénévolat.

Sinon, pourquoi ne pas organiser un concours étudiant, sponsorisé par une/des entreprise(s) mécène(s), qui proposerait plusieurs types de sujets (Web, logiciel etc…) que des étudiants ou équipes d’étudiants devront réaliser puis présenter à l’association ?

Certaines SSII font déjà des choses de ce genre (je pense notamment à Solucom ou dans une moindre mesure à Altran), sur leur budget mécénat. Ca leur coûte un peu (quelques milliers d’euros en prix et quelques milliers d’euros en coût d’organisation) et leur rapporte en amélioration des relations avec les écoles et donc en qualité potentielle du recrutement. Le marché n’est sans doute pas suffisant pour que je puisse développer une offre du type « SSII, sous-traitez-moi l’organisation d’un concours étudiant ». Par contre, la forme « concours » peut effectivement être un bon moyen d’animation pour motiver des étudiants à participer à un mouvement.

Vous aurez la garantie d’avoir un outil fonctionnel à la fin. Les étudiants seront motivés par les prix promis par le concours, par l’expérience technique acquise et par la plus-value sociale à laquelle ils auront contribué.
En terme de communication, vous pourriez avoir des retombées intéressantes à court et long terme :

  • à court terme, l’évènement peut faire buzz au sein de l’école, via des réseaux types facebook ;
  • à long terme, les étudiants deviennent salariés de SSII puis directeurs, ils pourront ainsi plus aisément intégrer le concept d »inter-contrat.

Ce sont des retombées intéressantes mais trop indirectes pour permettre un investissement immédiat (en temps). La retombée qui m’intéresse, c’est qu’une SSII accepte de donner son temps d’intercontrat. Et qu’elle le fasse vite.  :)

Concernant les entreprises mécènes (qui sponsoriseraient le concours), vous leur donneriez l’opportunité de communiquer sur elle auprès des étudiants, dans un contexte attractif et utile, bien différent des salons de recrutement classiques.
Que pensez-vous de l’idée (peut-être y avez-vous déjà songé) ? Nous concevons qu’elle n’est pas si simple à mettre en place.

L’idée est très sympathique et généreuse mais elle a un gros inconvénient : elle pourrait apporter du bénéfice (= des volontaires en intercontrat) plusieurs mois voire carrément années après l’investissement alors qu’elle demande un investissement immédiat. Or, actuellement, les seuls investissements que je peux me permettre sont à court terme (= transformer une SSII en mécène d’ici fin juin). Les investissements à plus long terme sont toujours intéressants, mais uniquement si ils sont hyper-léger (du genre y consacrer une journée et basta).

Concrètement, au quotidien, je passe une bonne partie de mon temps à relancer par téléphone (puis de visu) les SSII avec qui je suis en contact pour les séduire avec les avantages liés au wecena. C’est de l’effort de « vente » qui peut payer à court terme si telle ou telle passe à l’acte. Pour que je puisse faire autre chose en ayant l’espoir que cela paye en quelques semaines, il faut que ce soit sacrément lié à l’espoir de faire bouger une SSII vite fait, ou bien que ça ne me coûte presque rien en temps.

Pour qu’un concours étudiant soit le plus utile et viable possible dans le cadre du wecena, je pense que son objectif essentiel ne devrait pas être de fournir une réalisation logicielle à une association. Son objectif essentiel devrait être d’impliquer très activement les SSII, de mobiliser des volontaires à temps plein pour l’association. L’objet du concours devrait être orienté plus directement sur l’implication des intercontrats des SSII. La réalisation pour l’association pourrait n’être qu’un moyen pour « amorcer la pompe » (des volontaires en intercontrat).

J’imagine la chose suivante (scénario à titre d’exemple) :

Christelle et Valentin, avec quelques copains, crééent l’équipe <MON-ECOLE> du concours Wecena. Leur objectif : rendre 120 nouveaux livres lisibles en braille ou en synthèse vocale par les lecteurs aveugles de la bibliothèque numérique BrailleNet. Pour réussir, une seule solution : mobiliser une armée de volontaires en intercontrats dans les SSII car ce travail est long et un peu fastidieux (compter 4 heures par livre ?). Jean fournit donc à Christelle et Valentin son carnet d’adresses des responsables RH de SSII. Christelle et Valentin choisissent de solliciter Julien, responsable communication et recrutement de la SSII IT Link (coucou IT Link, mon cobaye préféré !). En effet, Christelle connait un ancien de son école qui est consultant chez IT Link. Avec ce consultant, ils sollicitent Julien : « Pour remporter le concours Wecena, nous avons besoin de volontaires en intercontrat. Nous voulons que notre équipe devienne l’équipe <NOM DE L’ECOLE + NOM DE LA SSII> ! » Soucieux d’établir de bonnes relations avec les écoles d’ingé informatique, Julien obtient l’accord de son directeur général : 1 équivalent-temps-plein en intercontrat chez IT Link va bosser pour BrailleNet au nom de cette équipe. Wecena aide BrailleNet à le faire bosser. Christelle et Valentin font eux-même quelques livres pour bien maîtriser le process, accueillent par téléphone les nouveaux intercontrats fournis par IT Link (je vous expliquerai le process), leur servent de « coach » par email ou téléphone, participent à l’amélioration des supports d’autoformation en ligne des nouveaux volontaires, voire proposent des améliorations techniques dans le process BrailleNet. Par exemple, le process BrailleNet implique actuellement une tâche un peu longue (jusqu’à 1 heure) de repagination manuelle des livres alors que le logiciel OCR utilisé semble déjà insérer des « sauts de section » continus. Ne pourrait-on développer un petit script qui transforme ces sauts de section continue en sauts de page de manière à faire gagner du temps et volontaires et ajouter ainsi encore plus de livres en moins de temps ? Pendant que les intercontrats IT Link bossent pour BrailleNet, Christelle et Valentin développent donc ce script. Leur équipe devient la plus performante et le projet est un succès. Tout le monde y gagne : les étudiants en faisant un projet sympa, pour la bonne cause et « pour de vrai » (ce n’est juste faire un prototype pour s’amuser mais offrir un vrai service à une vraie association) ; les écoles et les SSII apprennent à mieux se connaître en bossant ensemble ; les assos ont non seulement des volontaires wecena sur leur chantier mais aussi des étudiants qui proposent des solutions innovantes pour rendre ces volontaires plus productifs ; et moi j’ai plus de volontaires sur mes chantiers !

Bon, voila…. Donc l’idée pourrait ne pas être de développer un logiciel pour une asso avec les SSII en simples rôles de sponsor mais carrément de monter des équipes école/SSII pour mobiliser des armées de volontaires wecena et les rendre plus performantes (petits scripts à développer par ci-par là). L’équipe qui abat le plus de travail en un minimum de temps pour l’association gagne le concours. L’un des principaux critères pour gagner le concours serait l’impact social du projet (au sens de l’entrepreneuriat social) = le bénéfice réel et mesuré qu’en tirent les personnes en difficulté.

Qu’en pensez-vous ?

Est-ce que vous vous sentez prêts à :

  1. constituer à vous deux une première équipe et choisir votre projet wecena,
  2. inviter des copains d’autres écoles à constituer une 2ème équipe et à choisir leur projet,
  3. solliciter directement des SSII avec mon aide pour leur demander de rejoindre votre équipe,
  4. amorcer votre chantier d’équipe auprès de l’asso choisie et y accueillir les volontaires de votre/vos SSII/s partenaire/s

?

A travers un premier coup d’essai (= 2 équipes d’étudiants qui mobilisent les SSII), j’organiserais ainsi notre concours wecena de manière itérative et collaborative. Tentés ?

Pixmania, ça craint [ou] pas [?] !

[Update du 11/02: j’ai mis à jour le titre car l’histoire se termine bien : Pixmania, ça craint pas.]

J’ai acheté un disque dur Samsung chez Pixmania et je le regrette maintenant.

En effet, après quelques heures, il tombe en panne. Conformément à ce qu’indique Pixmania, je le renvoie donc quelques jours après au SAV de Samsung. Plusieurs mois plus tard (!) Samsung me renvoie un disque neuf. Je l’installe. Quelques heures plus tard, il se révèle également défectueux !

Je contacte donc Pixmania pour leur demander un remboursement. Je n’ai pas envie d’attendre encore plusieurs mois pour que Samsung me renvoie encore un autre disque dur défectueux. Et voici la réponse de Pixmania :

Merci de nous avoir contactés.

Suite à votre email, j’accuse réception de votre demande, à savoir la panne de votre Samsung Disque dur HD154UI EcoGreen F2 – 1.5 To – 5400 rpm – 32 Mo – 3.5″ – SATA-300 (HD154UI) et voussouhaitez le remboursement.

Je vous rappelle que le délai légal pour vous rétracter est de 15 jours exceptionnellement dans notre enseigne PIXMANIA.COM

Or, vous êtes en possession de votre commande depuis le 08/09/2009, vous ne pouvez par conséquent prétendre à un remboursement ou un échange.

Je vous informe que celui-ci est actuellement dans la 1 ère année de garantie, donc pris en charge par le constructeur.

Je vous invite à contacter directement le fabricant, qui vous communiquera les coordonnées d’un distributeur agrée prés de chez vous, où vous pourrez éventuellement déposer votre appareil.

Hum. Ai-je demandé un remboursement au motif de mon délai de rétractation pour prise de commande à distance ? Non, pas du tout. Le problème n’est pas là et cette personne ne semble pas avoir lu avec attention ma demande de remboursement.

En achetant un produit chez Pixmania, j’espère également acheter un service après vente de qualité : j’attends que si le produit ne fonctionne pas, on m’en retourne un neuf (ou réparé). Et rapidement. Or le SAV de Pixmania (assuré par Samsung, certes) n’a pas été conforme aux engagements contractuels pour cet achat : non seulement il m’a fallu attendre plusieurs mois pour obtenir un produit de remplacement mais, en plus, ce produit était défectueux. Puisque Pixmania ne remplit pas ses engagements contractuels, il me semble normal de demander un remboursement. Et encore, je n’ai pas demandé de dédommagement.

Allez, je vais être bon client et envoyer cet article explicatif dans un nouveau message au service clientèle de Pixmania. Peut-être vont-ils comprendre et me proposer le remboursement que j’attends ? On peut rêver, non ?

Recherche grande marque du droit fiscal pour accélérer le mécénat informatique

Connaissez-vous un juriste, dans un grand cabinet de conseil juridique, qui serait prêt « pro bono » (gratuitement) à publier un mémo/ »white paper » portant sur le mécénat façon wecena ? Chez CMS Bureau Francis Lefebvre ? Ernst & Young ? quelles sont les vrais grandes marques du droit fiscal en France ?

En tant qu’entrepreneur social, mon objectif est de développer le mécénat en nature (compétences) des sociétés de conseil et de service en informatique (SSII). J’ai mis au point le wecena et j’ai réussi à convaincre certaines SSII de s’engager au bénéfice des associations d’intérêt général pour lesquelles je travaille. Mais pour aller plus vite et plus loin, je dois trouver tous les arguments pour convaincre les directeurs administratifs et financiers de toutes les SSII françaises que, oui, faire du wecena est une bonne chose pour l’entreprise : oui, on peut faire don de ses temps morts et de ses économies d’impôts en toute sécurité fiscale, du moment que c’est bien pour l’intérêt général. Je cherche donc une grande marque du droit fiscal pour m’aider de la manière suivante.

* L’objectif (résumé) :

Rassurer les directions générales des sociétés de conseil et de services en informatique (SSII) quant à la sécurité fiscale du dispositif dit « du wecena » de manière à les encourager à s’y engager. Pour cela, réaliser et publier une courte étude signée d’une grande marque faisant autorité en matière de droit fiscal.

* L’enjeu :

Le monde associatif a trop rarement accès aux compétences informatiques à la hauteur de leurs ambitions d’innovation sociale. Les consultants et ingénieurs informaticiens coûtent souvent trop cher pour leurs budgets. Or, chaque jour en France, de l’ordre de 10.000 consultants et ingénieurs salariés sont inoccupés car dans l’attente de leur prochaine mission lucrative (situations dites « d’intercontrat »). L’enjeu consiste à mettre cet énorme gisement de compétences au service de l’intérêt général et de l’innovation sociale grâce à une forme particulière de mécénat, le « wecena ».

Sans l’avis d’une grande marque du droit fiscal, la prudence fiscale (et parfois l’ignorance) n’incite pas les directions de société à passer à l’acte. Comment débloquer cette situation et donner confiance, pour que ces sociétés mettent leurs compétences au service de l’intérêt général ?

* Faire du wecena, qu’est-ce que c’est ?

Pour un cabinet de conseil ou une SSII, faire du wecena consiste à faire don du temps de travail de ses salariés en situation d’intercontrat. Ces dons s’effectuent sans engagement de durée : les volontaires interrompent leur intervention individuelle sans préavis, du jour au lendemain, dès leur affectation à une nouvelle mission lucrative. Ainsi, la société mécène ne souffre d’aucun manque à gagner.

De manière à rendre ces volontaires productifs malgré la durée réduite et imprévisible de leurs interventions, les associations organisent de manière professionnelle l’accueil, l’encadrement et l’exploitation de ces prestations. Pour cela, elles s’appuient sur Wecena, une société de conseil en conduite de projets informatiques participatifs. Le budget pour rémunérer les prestations de Wecena est fourni par les sociétés mécènes.

En effet, les sociétés mécènes s’engagent également à reverser à leur association bénéficiaire 100% de l’économie d’impôts « mécénat » correspondant à l’opération, soit un montant des deux tiers du coût de revient des prestations offertes.

* Résumé du montage contractuel (cf. ce schéma explicatif)

La société mécène est uniquement en contrat avec l’association bénéficiaire, via une convention de mécénat qui a pour objet un don en nature (prestation effectuée sur les temps d’intercontrat) et un don en numéraire (d’un montant des deux tiers du coût de revient de la prestation effectuée).

L’association bénéficiaire est en contrat avec Wecena, via un contrat de prestation. Ce contrat a pour objet une prestation de représentation (Wecena représente l’association auprès du secteur des SSII), de location de système d’information (le site sécurisé wecena.com permet d’automatiser la gestion administrative des transactions entre associations bénéficiaires et sociétés mécènes) et de conseil (en conduite de projets informatiques participatifs, pour professionnaliser l’accueil et l’encadrement des intervenants volontaires).

* La question posée par les SSIIs qui veulent faire du wecena :

 » En faisant don de 66,67% du coût de revient de la prestation offerte sur mes temps d’intercontrat, vais-je bien obtenir, en clôture d’exercice, une économie d’impôts d’un montant égal à celui des dons en numéraire ainsi effectués ? « 

La SSII effectue 2 dons :

  1. un don en nature donnant lieu à une économie nette de 26,67% (60% – la réintégration extra-comptable du coût de revient salarial qui n’est alors plus une charge déductible)
  2. un don en numéraire fixé contractuellement à 66,67% de la valeur du don en nature et donnant lieu à une économie nette de 60% (pas de déductibilité perdue donc pas de surplus d’IS)

L’économie d’impôts totale en fin d’année est donc de 26,67% + 60% * 66,67 % = 66,67% du montant du don en nature, soit un montant égal à celui des dons en numéraire.

Les conditions de validité sont celles, habituelles, du mécénat : activité bénéficiaire d’intérêt général, limite du plafond de 5 pour mille du chiffre d’affaires, report sur 5 ans, conformité des reçus fiscaux au modèle CERFA ad hoc, pas d’obligation de rescrit, disproportion des contreparties éventuelles, etc.

Pour accélérer leur engagement dans le mécénat de compétences, les DAF des SSII ont besoin qu’on les rassure en leur rappelant les conditions du régime fiscal du mécénat et leur application au cas de leur wecena. Il ne « manque plus » que d’avoir un argumentaire juridique synthétique de tout ceci, signé par une grande marque rassurante en matière de droit fiscal.

Bien évidemment, les SSII concernées ne sont pas prêtes à payer « pour voir » et je n’ai pas encore les moyens de m’offrir une telle étude… Y a-t-il un juriste compétent et intéressé dans la salle ?