« L’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire l'espérance. Or, l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs » (Rom. 5,3-5) --- « Nous nous adressons aux leaders politiques et religieux du Moyen Orient et du monde entier, en les appelant à créer des principes et des engagements en faveur de la coexistence pacifique entre les croyants des différentes traditions religieuses, tout en déclarant notre  solidarité avec tous ceux qui endurent la discrimination, la violence et la persécution » (Extraits du message des primats)

C’est avec un message d’audace, de vérité et d’espérance que les primats orthodoxes, réunis au Phanar, Istanbul, siège du Patriarcat Œcuménique de Constantinople, du 1^er au 3 septembre 2011, ont clôturé leur SYNAXE exceptionnelle causée essentiellement par la situation politique difficile au Moyen Orient et, plus particulièrement, par les risques et menaces qui pèsent sur le vécu des chrétiens et leur avenir dans cette région. Ce message exprime la gravité de la situation du Moyen Orient et interpelle les leaders religieux et politiques de cette région mais aussi ceux du monde entier. En rappelant la parole de l’apôtre Paul, selon laquelle dans l’Eglise du Christ, « si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie » (1 Cor. 12,26), le message des primats indique que c’est sur « invitation et sous la présidence du premier parmi eux » qu’ils se sont rencontrés au Phanar « pour vivre et déclarer l’amour du Christ qui les lie (2 Corinthiens, 5,14) en tout temps et plus particulièrement, dans les temps d’épreuve et de souffrance ». Les points saillants du message sont relatés ci-après en français. Pour consulter l'intégralité du message en anglais sur le site du Patriarcat Oecuménique, cliquez sur ce LIEN.

Les racines chrétiennes du Moyen Orient !

Les primats reviennent longuement sur les racines chrétiennes du Moyen Orient en rappelant que « l’Eglise du Christ, en tant que réalité historique, est née par la volonté de la Divine Providence, dans la région dénommée Moyen Orient » et que tous les évènements de la vie du Christ et de l’Eglise naissante se sont déroulés sur cette terre. Puis, avant de proclamer que « personne ne possède le droit moral d’oublier ou de négliger ces faits », les primats ont indiqué dans leur message que « c’est dans cette région [du Moyen Orient] que les premiers grands centres du christianisme ont été fondés et ont prospéré –les Eglises d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem et de Chypre- et que l’ensemble du système de l’Eglise une et indivise a été institué… ».

Menaces sur l’avenir !

Face à aux menaces sur la pérennité de la présence chrétienne au Moyen Orient, les primats ont tenu à indiquer que« les chrétiens des Eglises Orthodoxes ont vécu dans cette région depuis des siècles et qu’aucun ‘nettoyage ethnique’ ou ‘purge religieuse’ ne peut les déplacer ou en tout état de cause empêcher leur libre existence ou activité sans violer les droits humains les plus élémentaires ». Les primats orthodoxes déclarent par ailleurs que « l’intolérance n’a jamais été la caractéristique de l’Eglise Orthodoxe » et que cette Eglise « n’a jamais entravé les personnes d’autres convictions religieuses de coexister pacifiquement avec elle dans cette région ». Davantage, ils rappellent que « même quand la terre sur laquelle l’Eglise orthodoxe a vécu pendant des siècles a été acquise par la force par d’autres religions, celle-ci a trouvé des moyens pour s’adapter et coexister avec les fidèles d’autres religions ».

Appel pour le dialogue de réconciliation !

Avant de considérer que les orthodoxes ne vont pas s’abstenir de demander « la protection qu’ils sont en droit de recevoir des Etats dans lesquels ils vivent », les primats ont indiqué que les orthodoxes « n’ont pas peur des autres personnes, en raison de leur religion », qu’ils les traitaient « comme des frères et sœurs, et attendaient d’eux de se comporter de la même manière à leur égard ». Ils considèrent ainsi que la solution des problèmes du Moyen Orient mais aussi du monde entier, réside dans le respect mutuel et dans le dialogue. Ils en appellent alors à intensifier le dialogue de réconciliation, sur les plans interchrétiens et interreligieux. « Nous applaudissons et supportons l’effort du Patriarcat Œcuménique dans le domaine du dialogue interreligieux avec les autres religions monothéistes en application des décisions de la 3^ème Consultation Panorthodoxe Préconciliaire de 1986], spécialement en ces temps difficiles, où la violence secoue la région [du Moyen Orient] où le commandement d’amour et le message de paix ont été entendus pour la première fois ».

Appel aux leaders religieux et politiques !

« Nous nous adressons aux leaders politiques et religieux du Moyen Orient et dans le monde entier, en les appelant à créer des principes et des engagements en faveur de la coexistence pacifique entre les croyants des différentes traditions religieuses, tout en déclarant notre  solidarité avec tous ceux qui endurent la discrimination, la violence et la persécution ». Tout en indiquant comprendre « le désir des peuples et leur demande pour la liberté politique », les primats ont appelé les gouvernements concernés à apporter sans tarder les assurances et les garanties de ces droits. « L’Eglise, indiquent-ils à cet égard, n’interfère pas dans les affaires politiques, rendant ‘à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu’ (Matthieu 22,21) ». Mais tout en reconnaissant que les « affaires politiques qui sont un moyen pour résoudre les problèmes des êtres humains, ne sont pas les affaires de l’Eglise » les primats affirment cependant que l’Eglise ne peut rester indifférente à ces « problèmes et aux principes fondamentaux, anthropologiques et sociologiques, selon lesquels ils sont réglés, spécialement quand ces problèmes menacent ou mettent en danger la dignité et la liberté des personnes humaines en tant « qu’image de Dieu » (Genèse. 1.26) ou en tant que Sa « très bonne » création (Genèse 1.31).

Appel pour une Charte de la Méditerranée pour la protection de l’environnement !

A propos de la question centrale de la protection de l’environnement, les primats appellent de leurs vœux la tenue d’une conférence regroupant tous les leaders religieux du Moyen Orient pour adopter et proclamer ensemble une forme de « Charte de la Méditerranée ». Les primats ont à cet égard, tout en soutenant les initiatives du Patriarcat Œcuménique dans ce domaine, fortement stigmatisé la « fausse et dangereuse perception » selon laquelle « cette question serait, sous la pression des problèmes politiques, sociaux et économiques actuels de la région du Moyen Orient, d’une importance secondaire ».