Pour la période brésilienne de la vie du Père Jean Fugeray,(mais cette période ne s'est jamais terminée !) les repas du Seigneur avaient leur couleur propre et indélébile, celle des petites communautés. C'était un style participatif qui plaisait à Jean et dont il avait gardé une forte nostalgie.
Les jeunes souvent très présents, une guitare ou un accordéon, des dialogues à l'homélie, les petits enfants sur le sein de leur mère, quelques personnes âgées assises sur les cotés, les réunions du Conseil qui les précédaient ou les suivaient, les baptêmes en grand nombre, la chaleur étouffante et dans les communautés plus riches un ventilateur bienfaisant, les nouvelles des malades et les projets pour un monde meilleur, voilà quelques aspects de ces longs repas du Seigneur dont Jean inlassablement relayait l'invitation auprès des paysans et des ouvriers des banlieues : oui, heureux étaient-ils d'être ensemble, les laïcs et leur prêtre, leur Padre Joao (dont un paysan confiait un jour à l'évêque: il parle très mal portugais, mais il explique très bien) nourris d'une Bible en portugais simple, rendue accessible par des cercles bibliques bien suivis, par des dessins, des théâtres, des cantiques.
Nous sommes heureux de nous joindre à la longue action de grâce de Jean, prêtre de ce diocèse et de l'autre, envoyé en mission ici et là-bas, disponible, batailleur et râleur, joyeux dans l'adversité, inquiet pour des riens, tranquille pour l 'essentiel.
Avant que je le rejoigne, Jean était heureux de me vanter les charmes de cette Eglise de Vitoria qui, assez vite après le Concile, avait entamé cette conversion, ce choix prioritaire des pauvres.
Il a désormais rejoint les deux évêques Dom Joao et Dom Luis, le frei Lauro son grand ami, Gabi le martyr et le prophète, et les nombreux militants assassinés ou morts de leurs fatigues, mais aussi tous ces baptisés dont Jean admirait toutes les qualités humaines et spirituelles : les voilà tous assis à la table du Seigneur, humbles et donc pleins de reconnaissance, pour ce que Dieu avait fait en eux et par eux, parlant entre eux sans accent la langue de l'amour.
Oui: Heureux es-tu Jean et tous les invités au repas du Seigneur !
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