| Marc Favresse, un artiste s'est éteintUn grand nom de la peinture s'est éteint brutalement. Il était installé depuis plus de trente ans à Siminane-la-Rotonde, un village qu'il aimait et qui l'avait adopté.
Marc Favresse - Photo ©2003 Axel REUTER |
Marc Favresse s'est éteint à Marseille à l'âge de 65 ans suite à une crise cardiaque. "Il était une belle présence, il est une perte pour la peinture". Ce mot (résumé) du peintre Hervé Dubreil dit tout. Né à Brissy-Hamégicourt (Aisne), installé à Simiane-la-Rotonde, depuis 33 ans, "depuis le jour où ma voiture est tombée en panne dans ce coin ", aimait-il raconter, très vite adopté par ce village, il s'impliqua dans sa vie associative. Généreux, courtois, disponible, modeste comme savent l'être les grands, il laisse derrière lui à la fois un grand vide et une uvre immense dont les neufs premiers livrets du catalogue raisonné ont été édités sous la forme d'un coffret De Simiane à Paris, de Perpignan à Genève (où il possédait une galerie), de par le monde, il allait sans bruit. Enfant terrible de la peinture, qui n'est jamais passé par les Beaux-Arts, il doit sa vocation à la simple fréquentation d'amateurs d'art alors qu'il voulait être journaliste. Une rencontre avec Balthus fera le reste via Publicis et la décoration jusqu'au jour où "j'ai essayé de peindre ", disait-il modestement. L'uvre de Marc Favresse se caractérise par une architecture des lignes brisées, par la transparence des couleurs exhalées par la brume légère des matins empruntée à son pays natal. Aimant inverser le cours du temps et de la lumière (l'aube devient crépuscule), c'était une façon de s'évader, de défier le sens des choses dans leur rencontre avec l'angoisse que contient toute forme de création. Marc Favresse avait le sens de l'évasion, de la liberté, celle du regard par la fenêtre, de l'oiseau à la cage symbolisée par un fil à la patte comme si le peintre voulait absolument maîtriser la force de son expression. Couleurs distantes, à la flamande, prisonnier de la recherche permanente, de l'huile il passe la terre, au plâtre, au ciment, jusqu'à échanger le pinceau pour la truelle comme pour s'opposer à la dimension céleste d'une âme en migration permanente provoquant les déchirements, les lézardes, qui laissent pénétrer le génie où il ne l'attend pas.
Peu à peu, l'architecture sublime de femmes drapées deviendra la "porteuse du temps" qui a toujours dévoré le peintre. Enfin graveur, poète, ce n'est pas moins de 6'000 plumes Sergen-Major qui aideront son uvre à s'envoler vers tous les cieux du monde au travers de plus d'une centaine d'expositions. Il reste une place dans le coffret, celle du X° livret qui ne paraîtra plus mais à sa place est tout autant l'âme d'un très grand artiste qui écrivait: "Liberté ... tu vas d'Agonie en agonie". R.I.d'ARGENCE |