In concert on July 20: Patrimonio @ Nuits de la Guitare

PHOTOS

Tracy Chapman in Patrimonio on July 20, 2009 © Louis Vignaroli
Tracy Chapman in Patrimonio on July 20, 2009 © Louis Vignaroli
Tracy Chapman in Patrimonio on July 20, 2009 © Louis Vignaroli
Tracy Chapman in Patrimonio on July 20, 2009 © Louis Vignaroli

REVIEW

  • Tracy Chapman, voix engagée, à Patrimonio – par Michel Contat, Summertime, le blog jazz estival de Michel Contat, Le 21 juillet 2009

Tracy Chapman en chiffres : née en 1964 (déjà), huit albums (le premier, éponyme, en 1988 ; le dernier en date, Our Bright Future, en 2008 ; 18 millions de disques vendus) ; première apparition en 1988 lors d’un concert pour l’Afrique du Sud de Mandela (il n’y pas que Carla Bruni-Sarkozy). Première fois que je l’ai entendue : à Montreux, en 1990, je crois. Sensationnelle. Voix qui vous prend par la nuque pour vous mener à la plus proche manifestation. Chanteuse de folk-blues ou de folk-rock. S’accompagne à la guitare. Compose ses chansons, paroles et musique.

À Patrimonio pour la première fois. Patrimonio, village de Haute-Corse, est à l’origine un festival de guitare, créé par un fan de jazz manouche, Jean-Bernard Gilormini, lui-même guitariste (amateur), toujours là. Au fil des ans, les « Nuits de la guitare » sont devenues un festival de jazz avec prédominance de la guitare mais pas exclusivement. Cette année, pour le vingtième anniversaire, évidemment c’est guitare toute. L’endroit est fabuleux : au milieu des vignes (excellent vin local, capiteux), au flanc d’une colline au-dessus de Saint-Florent, un théâtre de verdure donne, par une échancrure, sur la mer que l’on devine plutôt qu’on ne la voit danser, la nuit, le long des golfes clairs. Belle scène, capacité d’un millier de spectateurs assis avec parfaite visibilité. Les concerts commencent tard, Tracy Chapman passe à onze heures, on a le temps de dîner, fort bien, à la Pergola. Une idée du bonheur sur terre. Il y a quelques années, dans l’hôtel d’un Corse aujourd’hui emprisonné, autour de la piscine, les meilleurs guitaristes du monde faisaient tranquillement le bœuf et les journalistes étaient aux anges.

Pour une jauge de mille places, ce sont quatre mille personnes qui sont venues de toute la Corse et sans doute aussi du continent assister, debout, au concert. C’est dire l’énormité de cette vedette qu’est Tracy Chapman. On raconte sur elle des anecdotes pour compenser l’absence d’interviews : elle n’en donne pas, refuse les autographes, demande une garde rapprochée, met trois heures pour la balance, file aussitôt après le concert sans avoir parlé à personne et assez peu au public, sur scène. On dit qu’elle déteste dire non aux gens, alors elle dit d’avance non à tout. Elle est menue, toute de noir habillée, les cheveux en dreadlocks, le visage jeune. Un trio l’accompagne, trio traditionnel, guitare, basse, batterie, en plus de sa guitare à elle, une guitare sèche. L’avantage de ne pas connaître toutes les paroles de ses nouvelles chansons, c’est qu’on se concentre sur sa voix. Etonnamment juvénile, cette voix d’ambre, avec du corps, un frémissement, une tendresse, de l’autorité, quelque chose de très réconfortant. Une voix de jeune mère, une voix que Roland Barthes aurait aimée parce qu’elle est absolument dénuée d’hystérie. Une des plus belles voix d’aujourd’hui et cela fait vingt ans que cet aujourd’hui dure.

Ses chansons parlent de la vie, de sa vie à elle, mais pas sous l’angle autobiographique, ou alors très discrètement, sous l’angle social. Elles parlent de l’Amérique, des crimes de la conquête (America). Elles parlent des gens, de leurs souffrances, de leurs désirs faussés (Fast cars), de leurs espoirs (Dreamin’), de leurs effrois (Behind the wall), de leurs révoltes (Born to fight). Des chansons engagées ? Si l’on veut, mais d’un engagement plus existentiel que politique (Be, and be not afraid). Des chansons qui ont de la conscience, aucune niaiserie, de la fragilité surmontée, de la force tranquille. Elle les enchaîne avec simplicité, laissant parfois s’installer d’assez longs silences, il n’y a rien là d’un show à l’américaine. Plutôt un gigantesque hootenanny qui confinerait au meeting. Le public suit, fasciné, aimant, conquis. Elle a quelque chose de très touchant et de tout à fait inédit dans l’univers du spectacle : de la vérité. À la fin, par une gradation quand même de grande professionnelle, elle chante en rappel Talkin’ bout a revolution, la chanson de son premier album qui l’a fait connaître partout, puis l’hymne engagé de Bob Marley : Stand up for your rights. On part avec à l’oreille et jusque dans le corps cette injonction fraternelle : Don’t give up the fight. Elle est très nécessaire, Tracy Chapman. On est heureux de l’avoir entendue.

Tracy Chapman Patrimoniu

 

INFOS

Venue: Nuits de la Guitare
Other Act: Bjorn Berge

 

Share this article
Shareable URL
Prev Post

In concert on July 18: Nice @ Nice Jazz Festival

Next Post

In concert on July 22: Arezzo @ Fortezza Medicea

Comments 2
  1. Hi,

    I attended Tracy’s first Corsican concert in Patrimonio

    I found it to be a great concert but it was my first Tracy concert so I cannot really compare to her other gigs.

    She sang for about 1H30, all her greatest hits and some title from her new album.
    She seemed very shy and she nearly never talked to the audience.
    Many people were disappointed as she didn’t really communicate with us, even looking at us seemed difficult…

    She just told us it was her first time in corsica, that she found the place beautiful and the food really good. She tasted beer flavoured with chestnut and it was her first time too. She told us the band went swimming as they arrived the day before the show and had some free time. But she didn’t go swimming cause she doesn’t know how to swim.

    I think she did no cover song or maybe did I miss it…

    She finished with Talking about a Revolution and Get up stand up, and then she left just waving her head and walking out of the stage… a very simple and small leave.

    Photos or videos were not allowed and her manager kept on jumping on everybody with a camera.

    I left after the show so I don’t know if she left immediately or stay longer to give signature.

    I spent a marvellous evening..as many of her fans on that evening.. but the newcomers were quite disappointed.

  2. Thank you very much for your review Emilie :) It seems to be as all the other concerts, except in Nice where the set was waaaay shorter!

Comments are closed.

Read next