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Le Brésil adopte une loi pour l’exploitation de l’Amazonie

octobre 24, 2006

interet-general.info

BRASILIA (ATS) Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a divulgué, jeudi 2 mars 2006, une loi permettant aux entreprises privées d’exploiter de manière rationnelle et contrôlée les ressources de la forêt amazonienne. Il s’agit de la protéger du déboisement et d’activités agricoles illégales.

Grâce à cette nouvelle loi dite de « gestion des forêts publiques », le gouvernement accordera des concessions d’exploitation de forêts pour une période de quarante ans maximum à des entreprises, par le biais d’appel d’offres.

Ces zones seront situées en dehors des réserves indigènes ou de préservation de l’environnement.

Le gouvernement prévoit qu’au cours des dix prochaines années, phase de tests, il accordera des concessions sur 13 millions d’hectares de forêt, équivalents à 3 % des zones forestières de propriété publique au Brésil. Au Brésil, 60 % des forêts appartiennent à l’Etat et en Amazonie ce pourcentage monte à 75 %.

La loi crée également un Service Forestier chargé de veiller à ce que les entreprises respectent les contrats. Les surfaces de forêts cédées seront soumises à des audits extérieurs prériodiques. 80 % de l’argent recueilli avec les concessions sera partagé entre les Etats fédérés possédant des zones forestières, les municipalités et un Fonds de développement forestieres, les municipalités.

L’organisation écologique Greenpeace s’est félicité de la loi.

Depuis les années 1970, quelque 700000 km2 de la forêt amazonienne ont été détruits, par la coupe des arbres et les incendies volontaires destinés à agrandir les zones de paturage. Sur 24 millions de mètres cubes de bois extraits d’Amazonie en 2004, 45 % l’ont été de manière illégale, selon des chiffres officiels.

BRÉSIL – Poumon de la planète à vendre

octobre 23, 2006

Courrier international

Par Ramy Wurgaft – El Mundo  

 Le gouvernement brésilien, applaudi par Greenpeace, privatise une partie de la forêt amazonienne. Heureuse initiative ou désastre écologique

La première fois que Lula a exposé son projet, les ministres ont cru que le président plaisantait. Privatiser la forêt amazonienne brésilienne ?
 
Cette immensité de forêts et de fleuves qui représente 73 % du territoire national ? A la surprise générale, le projet a obtenu l’approbation du Congrès et même la bénédiction de Greenpeace, la plus exigeante organisation de défense de la nature.

La ministre brésilienne de l’Ecologie, Marina da Silva, elle-même originaire d’un Etat amazonien, a aussi donné son feu vert. 
 
La loi, entrée en vigueur début mars, envisage d’octroyer des concessions payantes à des entreprises privées sur 130 000 des 5 millions de kilomètres carrés de l’Amazonie, berceau de la plus grande biodiversité de la planète.

L’objectif de ces concessions est d’éviter l’exploitation illégale des ressources naturelles par des aventuriers comme Paulo do Sosa Almeyda, un vendeur de journaux devenu propriétaire de plusieurs casinos flottants [sans aucune autorisation] sur le bassin du fleuve Amazone et d’une flottille de petits avions. Sosa Almeyda a falsifié un titre de propriété de l’Etat et s’est approprié 5 millions d’hectares de forêt vierge. En moins de deux ans, il a fait fortune grâce au commerce de bois précieux. 

Pour mieux protéger la forêt, le raisonnement du président Lula et de la majorité des députés table sur le fait que la vente de ces 13 millions d’hectares à des entreprises privées va en interdire l’accès aux défricheurs illégaux, ainsi qu’aux garimpeiros (prospecteurs clandestins d’or et de pierres précieuses) et même aux prétendues ONG qui, sous couvert d’aider les communautés indigènes, volent des plantes médicinales pour les revendre à de grands groupes pharmaceutiques.

Cette tentative de privatisation de l’Amazonie montre bien que le coûteux dispositif de surveillance [notamment par satellite] mis en place pour éloigner ceux qui en convoitent les richesses n’a pas atteint son objectif. 

Les détracteurs du projet soulignent que cette privatisation engage le pays dans un début de renoncement à sa souveraineté sur le poumon de la planète. [Un débat récurrent au Brésil, où l’on craint que la forêt amazonienne ne soit internationalisée.] “Au lieu d’avoir le drapeau d’une puissance étrangère flottant sur la forêt, nous aurons des clôtures électrifiées avec des panneaux annonçant : ‘Interdiction d’entrer, propriété privée de telle ou telle entreprise’”, s’indigne Leão Vargas, conseiller municipal de Manaus [capitale de l’Etat d’Amazonas]. 

Par ailleurs, Vargas doute de la capacité des entreprises commerciales à respecter les limitations imposées par la loi à leurs activités. Celle-ci prévoit en effet que les concessions seront octroyées pour quarante ans, avec l’obligation de se soumettre tous les trois ans à un contrôle de la gestion forestière pour vérifier le caractère durable de l’exploitation des ressources naturelles.

Un amendement prévoit également la création d’un Service forestier brésilien (SFB) qui sera chargé de délimiter les zones concédées, tout en assurant la préservation des réserves indiennes. Les agents du SFB seront envoyés sur des points stratégiques comme les fleuves, afin de contrôler les marchandises qui partent vers les marchés étrangers.

Les artisans de cette loi font valoir que les piratas [exploitants illégaux et contrebandiers], non contents de surexploiter la forêt avec les graves conséquences écologiques que l’on connaît, ne partagent pas leur butin avec l’Etat.

Or, selon les estimations, cette vente devrait renflouer les caisses de l’Etat à hauteur de 4 milliards de dollars (environ 3 milliards d’euros) grâce aux impôts et taxes diverses. Autre argument majeur : cette initiative devrait créer 5 000 emplois, dans une région ravagée par le chômage. Lula passera-t-il à la postérité comme le sauveur de l’Amazonie ou comme l’auteur d’une hécatombe écologique?

Lula, garde forestier de l’Amazonie

octobre 23, 2006

Liberation.fr : http://www.liberation.fr

Chantal RAYES – février 2006 –  São Paulo de notre correspondante 

Le gouvernement brésilien a approuvé une loi pour freiner la déforestation.

Présentée comme le principal acquis du gouvernement de Lula en matière d’environnement, la loi réglementant la gestion des forêts publiques du Brésil a été approuvée mardi par le Congrès. Jugée cruciale pour la préservation de la végétation primaire et la lutte contre le défrichement illégal, cette loi s’applique à tous les biomes (les régions bioclimatiques) du Brésil, à commencer par l’Amazonie, la plus grande forêt pluviale de la planète, qui couvre plus de la moitié du pays.

« Concessions payantes ».

Entre autres modalités d’exploitation «durable» des ressources forestières, le texte prévoit l’octroi de concessions payantes, pour une durée maximale de quarante ans, à des entreprises nationales et étrangères (sous conditions), ou à des associations communautaires, sur treize millions d’hectares de forêts au cours des dix prochaines annés.

L’objet de la concession sera l’extraction de produits forestiers (bois, résines, huiles essentielles) et l’écotourisme, selon des normes d’exploitation «durable» qui seront fixées dans l’appel d’offres. L’un des critères de sélection du concessionnaire (qui n’aura pas le droit d’acquérir la terre) sera le faible impact de son activité sur l’environnement.

Ce mécanisme de concession vise à développer l’économie locale tout en réduisant la spoliation des terres publiques, l’un des principaux facteurs de déboisement, notamment de l’Amazonie dont ces terres couvrent 75 % de la superficie. Il devrait freiner aussi l’extraction illégale du bois.

La ministre de l’Environnement, Marina Silva, à l’origine de cette loi, s’est voulue pragmatique : puisque l’exploitation de la forêt est inévitable – 20 millions de Brésiliens vivent dans la région amazonienne -, autant limiter les dégâts. Pour elle, cette loi va consolider la baisse du rythme de défrichement de l’Amazonie (19 000 km2 détruits entre août 2004 et juillet 2005, soit 30 % de moins que la période précédente). 

« Risque énorme ».

Si certains écologistes, et notamment les «radicaux», pour qui la forêt doit rester intouchable, voient dans ce texte une carte blanche pour sa destruction, les grandes associations de défense de l’environnement, comme Greenpeace, ont salué son adoption. Elles soulignent néanmoins que l’Etat doit se doter des moyens de faire appliquer la loi, et appellent le président Lula – qui doit encore la promulguer – à opposer son veto à un amendement introduit par la droite : l’inclusion, dans le conseil chargé de la gestion des forêts, du ministère de l’Agriculture d’où «le risque énorme de voir l’agrobusiness [l’un des responsables du défrichement de l’Amazonie, ndlr] obtenir un pouvoir de décision sur l’usage de la forêt».

Une partie des exploitants de la filière bois se félicite également de cette loi. Les concessions permettront de garantir qu’ils agissent légalement en Amazonie, où la plupart des titres de propriété sont forgés et où 42 % du bois proviennent d’exploitations clandestines. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à vouloir faire certifier leur production par le Forest Stewardship Council pour répondre aux exigences du marché extérieur, et notamment européen.