La sylviculture du cèdre

  • Avertissement
  • Les qualités du Cèdre
  • Recommencer à planter du Cèdre, à quelles conditions?
  • Comment assurer la meilleure réussite des introductions de Cèdre?
  • Sylviculture des peuplements installés
  • Sources et bibliographie

  • Les qualités du Cèdre

    Protection contre l'incendie

    Feuillage peu inflammable (y compris les aiguilles anciennes) constituant une litière très compacte et très peu combustible; les boisements denses de Cèdres, au couvert sombre, sont très résistants au feu. Les zones incendiées sont en outre assez rapidement colonisées par les semis naturels.

    Dans les Calanques, la cédraie du vallon de Chalabran a résisté au violent incendie de 1990, alors que toute la pinède contiguë a brûlé; le feu s'est arrêté seul à la première rangée de Cèdres, qui ont souffert mais ne sont pas morts. Les cèdres des crêtes de Chalabran, espacés dans des pierriers, ont également résisté alors que les pins placés dans les mêmes conditions ont brûlé.

    Paysage

    Arbres de grande valeur esthétique, au port remarquable, très largement apprécié; formant des forêts d'agrément très riches en oiseau. et à la flore variée.

    Protection des sols

    Reconstitution de milieux forestiers dégradés grâce à leur relative rusticité et à leur capacité de dissémination naturelle.

    Bois

    Production (dans les Bouches du Rhône): au mieux classe IV, soit une production de 3m3/ha/an, production qui dépasse tout de même celle du pin blanc et des chênes.

    Qualité : brun jaune ou rosé, aromatique, tendre et assez léger (densité 0,5 à 0,6), à grain fin, sans canaux résinifères; retrait moyen; sciage facile et séchage rapide ne causant pas de déformations et peu de fentes; bon usinage; très durable (traitements inutiles); utilisable en menuiserie extérieure, charpente, ébénisterie, déroulage et tranchage; coffrage et bois d'industrie pour les débits noueux ou les produits d'éclaircie; une scierie spécialisée à St Cyr sur Mer (SICARDI).


    Recommencer à planter du Cèdre, à quelles conditions?

    Outre le Cèdre de l'Himalaya, le genre Cedrus compte plusieurs espèces circumméditerranéenne: le Cèdre du Liban, le Cèdre de Chypre et le Cèdre de l'Atlas, originaire d'Algérie et du Maroc, qui s'est très bien adapté en France; il a prospéré, se régénérant très facilement dans la plupart des zones où il a été introduit.

    Les résultats obtenus sont pourtant inégaux, en raison de ses exigences écologiques et des facteurs limitants sa croissance.

    La croissance du Cèdre de l'Atlas

    Le Cèdre pousse lentement dans le jeune âge, et d'autant plus que le sol est squelettique; la concurrence est donc à craindre dans les régénérations et les plantations, vis à vis d'essences à croissance plus rapide, de Ia végétation adventice et même des graminées; il pousse par contre plus longtemps que les pins et les rattrape à l'âge adulte, continuant de croître légèrement au-delà de 90 ans. Il est plus longévif, malgré des descentes de cimes souvent marquées.

    Fertilité

    Les sols décarbonatés (réaction nulle ou faible de la terre fine à HCL) même peu abondants sont très favorables au cèdre, au contraire des sols filtrants (sur marnes, sables, grès, schistes) même profonds, alors que sur sol calcaire la fertilité dépend fortement du volume de sol et de sous-sol exploitable par les racines et de son aération.

    La fertilité dépend aussi de la topographie, les positions favorables de bas de versant, de vallon ou de plaine correspondant souvent à des colluvions épaisses ou des sols profonds qui assurent une bonne alimentation en eau.

    Conseil d'utilisation pour l'introduction du Cèdre

    En dessous de 400 m d'altitude, l'introduction du Cèdre est possible si les conditions de sol, et notamment le volume de substrat exploitable par les racines, et une exposition générale nord ou est, peuvent compenser les effets défavorables du climat (pluviométrie annuelle < 650 mm).

    Au dessus, il faudra éviter les marnes et les dolomies sableuses, tout substrat massif, compact et rechercher au contraire les facteurs d'hétérogénéité plus propices à constituer des substrats aérés, meubles.


    Comment assurer la meilleure réussite des introductions de Cèdre?

    Choix du matériel végétal

    Résultats provisoires des expérimentations de l'INRA à 10 ans:
    Cèdre de l'Atlas Cèdre du Liban Cèdre de Chypre Cèdre de l'Himalaya
    Résistance à la sécheresse 2(a) 1 1 3(b)
    Résistance aux pucerons 3 1 1 2
    Résistance aux gelées 2(c) 3(d) 3 1
    Vigueur 1(e) 2 3 2(b)
    Légende: du meilleur (1) au pire (3),

    notes:
    (a) les provenances de l'Aurès et du Haut-Atlas (Idikel), (b) d'Afghanistan, semblent les plus résistantes à la sécheresse;
    (c) 2 à 3 semaines de différence dans Ia date de débourrement selon les provenances;
    (d) les provenances de Turquie (Taurus) ont un débourrement plus tardif;
    (e) les provenances françaises et celles du Moyen-Atlas (Ijdrane) sont les plus vigoureuses.

    Conclusion: utiliser les sources françaises pour l'essentiel des reboisements (région de provenance 01: région méditerranéenne); employer à titre prospectif le Cèdre du Liban (origine turque) dans les stations les plus sèches.

    Récolte des semences

    Semis direct

    Possible avec précautions; souhaitable pour maintenir intact l'enracinement pivotant des Cèdre; à réaliser en décembre ou janvier après stratification; réussite irrégulière nécessitant des soins importants (cloche en plastique).

    Elevage en pépinière

    Stratification des graines dans du sable humide entre 2° C et +4° C, durant 2 à 6 semaines (d'autant plus longtemps que les graines ont été récoltées tôt et qu'elles n'ont pas été conservées au froid); semis traditionnellement effectué entre février et mai; les semis tardifs sont très sensibles à la fonte (la désinfection du substrat est alors recommandée); semis en octobre-novembre, sous tunnel plastique, envisageable avec repiquage en décembre;

    Elevage pendant 7 à 8 mois maximum en conteneur (plants 1-OG), afin de diminuer le risque de déformations racinaires (enroulements et chignon) qui peuvent s'avérer ultérieurement dramatiques pour l'avenir du boisement; le volume optimal du conteneur est voisin de 500 cm3.

    Méthode d'introduction

    En plein dans les boisements de production situés en conditions favorables;

    En bandes (dérogation au règlement F.F.N,) dans les boisements de protection situés en secteur venté; installer les bandes perpendiculairement au vent dominant; largeur de la bande comprise entre 2 et 3 fois la hauteur de l'abri; surface de l'interbande de l'ordre de 30 %.

    L'intégration dans le paysage de placeaux de dissémination est bonne, mais l'expérience a montré que leur installation et leur entretien sont difficiles; les remplacer plutôt par des lignes de dissémination équidistantes d'environ 100 m.

    Plantation

    De préférence en automne; le chignon éventuel doit être sectionné. Plusieurs expériences ont démontré que le fait de briser la motte au moment de la mise en terre permet de mieux disposer les racines et ne diminue pas le taux de reprise; Ia protection des plants contre les lapins est nécessaire.

    Régénération naturelle

    Forte production de graines tous les 3 à 5 ans sur les arbres de plus de 30 ans; gel et humidité sont nécessaires à la désarticulation des cônes (difficultés à basse altitude). Les semis de 1 an sont très sensibles à la sécheresse, leur survie est favorisée par un sol meuble, une faible concurrence herbacée, un couvert arbustif léger et l'absence de gelées tardives. L'abondance de la régénération est liée à la fertilité de la station

    Sensibilité

    Les cèdres sont très sensibles à plusieurs agents:

    Des chenilles:
    la tordeuse (Epinotia cedricica), causant des défoliations périodiques en hiver, reconnaissable par les débris d'aiguilles consommées demeurant sur les branches avec les déjections (octobre à avril). Présente dans beaucoup de reboisements, elle est en progression, mais peu dangereuse;

    la processionnaire causant de très graves dégât et provoquant la mort de nombreux arbres.

    Un puceron: (Cedrobium laportei), causant des défoliations pouvant entraîner la mort des arbres à basse altitude dans les mauvaises classes de fertilité, reconnaissable par la chute des aiguilles non consommées et la présence d'un manchon noir sur les branches (printemps et automne); un hyménoptère parasite est actuellement introduit pour le combattre.

    Un insecte parasite de la graine (Megastisgmus suspectus), en particulier les années de faible production (ne récolter que lors des fortes productions).

    Les lapins et les lièvres attaquent parfois les jeunes plants (manchons de protection nécessaires), ainsi que les sangliers (fouissement de la motte)


    Sylviculture des peuplements installés

    Traitement

    En futaie régulière.

    Eclaircies

    Facteur d'espacement proche de 25 %; pour les plantations réalisées à la densité de 1100 plants/ha, des éclaircies modérées tous les 10 ans sont conseillées à partir de 30 ou 40 ans; désigner et favoriser dès que possible 300 à 500 tiges d'avenir dès le premier passage.

    Elagage

    Nécessaire pour obtenir des produits de qualité dans les boisements de première génération; se limiter aux arbres de place.

    Exploitation

    Entre 80 et 100 ans, pour un diamètre moyen supérieur à 50 cm.

    Régénération

    Mettre les semis en lumière entre 2 et 5 ans; dépresser si nécessaire vers 20 ans.

    BIBLIOGRAPHIE

    Christian RIPERT, Bénédicte BOISSEAU; Ecologie et croissance du cèdre de l'Atlas en Provence - décembre 1993 - CEMAGREF

    INSTITUT POUR LE DEVELOPPEMENT FORESTIER (1974). n°6 et 8 comprenant des article consacrés aux reboisements en cèdre

    MARQUESTAUT J. (1983). Le Cèdre, AFOCEL, Information-Forêt, n] 2, fasc. 219, pp. 99-109.

    QUIQUANDON B. (1976). Le bois de Cèdre provenant des reboisements français, Centre technique du bois, Paris, 31 p.

    TOTH J. (1978). Contribution à l'étude de la fructification et de la régénération naturelle du Cèdre de l'Atlas dans le sud de la France, Thèse de docteur-ingénieur, Université d'Aix-Marseille 111, Faculté des Sciences de St-Jérôme, 136 p.