21 septembre 2017
Franck Delplanque, architecte de terrain

Avec un père et un grand-père architectes, une enfance imprégnée de l’atmosphère studieuse de leurs agences éponymes, l’architecture s’est vite imposée comme une vocation naturelle. Associé fondateur de 2DLC, Franck Delplanque a choisi la technique pour accomplir son destin d’architecte.
6 questions posées à ce professionnel des défis :

Quelles influences ont accompagné votre carrière ?
Les souvenirs de l’agence paternelle certainement, passant par les odeurs qui ont marqué mon enfance (douce de la gomme verte, acide des tirages à l‘ammoniaque…), une sensibilité créative qui a imprégné mon adolescence, successivement exprimée par le trait de crayon et le graphos, et traduite enfin en maquettes (villas, immeubles, équipements…).
Plus tard, ce sont les géants du XXe siècle, Franck Llyod Wright, Mies van der Rohe, qui ont façonné mon regard…
Aujourd’hui, si la plastique des œuvres de Frank Gehry me séduit, véritables sculptures de métal et de verre, je suis plus sensible à l’architecture d’un Renzo Piano ou d’un Christian de Portzamparc, qui ont su allier fluidité, élégance et réalité urbaine.
Le métier d’architecte reste néanmoins, selon moi, très éloigné de l’image renvoyée par ces « icônes » qui ont souvent pu, lors de concours et commandes publiques, s’exonérer des contraintes réglementaires et financières qui font notre quotidien.

Comment envisagez-vous l’architecture ?
Elle ne se limite pas à la forme et la fonction ; les savoir-faire des hommes de l’art recèlent une ingéniosité et une créativité extraordinaires, sans lesquelles rien ne serait possible.
C’est la voie que j’ai choisie, sur le terrain, au contact des artisans avec lesquels nous avons la chance de collaborer. Je retire une immense satisfaction de cette fonction, qui me permet de vivre chaque phase du projet, de la consultance lors de la conception, au développement technique en vue de l’exécution. Je me déplace très souvent sur les chantiers, où je suis l’interlocuteur des maîtres d’ouvrage mais aussi et surtout des corps d’état.

Quels défis vous animent ?
Sans aucun doute le contrôle et respect permanent de trois paramètres fixés dès le départ…et confronté aux aléas d’environ 18 mois de chantier : enjeux du projet (quels que soient les difficultés de mise en œuvre incidentes), du budget et du planning.
Chaque nouveau mandat est un « challenge » sollicitant nos compétences, notre expérience, et engageant notre réputation.
Il est difficile aujourd’hui d’imposer, dans la phase projet, une signature créative libre qui se heurte à une réglementation stricte et des contraintes politiques.
La phase exécution donne en revanche l’opportunité, née du contact et dialogue avec tous les acteurs et usagers, de se concentrer sur le confort et le bien-être, objectifs tout aussi essentiels de l’architecture.

Une architecture fonctionnelle en somme ?
Oui, mais qui ne s’oppose pas à la recherche de formes nouvelles et d’un travail d’avant-garde.
L’architecte doit néanmoins créer des espaces générant une meilleure qualité de vie…plus que de créer de beaux objets vides de sens…si ce n’est de servir une gloire personnelle.
Nous devons lutter pour un habitat apaisant, un urbanisme fluide.

Est-ce possible sans beauté ?
André Gide disait « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ».
Je reste pour ma part convaincu qu’au contraire le rôle primordial de l’Architecte est de réconcilier forme (la beauté) et fonction (l’utile).
En architecture, le design prend rendez-vous avec la sensation de liberté, de maîtrise de l’espace, de logique. Son rôle est de créer un attachement au lieu de vie, passant par la création d’un espace équilibré, savamment éclairé, intimiste et aisément appropriable…
La façade, parfois sans connexion réelle avec l’espace de vie, a son importance par le dialogue urbain qu’elle entretient avec le quartier, la Ville…et l’expression d’une identité spatiale qu’elle offre à l’usager.

Comment imaginez-vous l’architecture, dans son futur ?
Je pense que la proximité de la terre est vitale pour le bien-être des êtres humains.
L’hyper-concentration des villes ne trouvera pas de solution heureuse dans la verticalité.
Il est donc probable que les campagnes, désertées il y a quelques années, verront le retour d’une population jeune, en quête d’une vie authentique, de nature, de calme.